Pier­rot Sep­time, Mireille, l’i­ni­tia­trice (Jérôme et les cou­gars, t. 1)

On le sait depuis déjà belle lurette, le San­glier, pour assou­vir sa soif de lec­tures éro­ti­co-por­no­gra­phiques, n’hé­site pas à s’a­ven­tu­rer sur des ter­rains par­fois peu recom­man­dables, comme l” « Enfer » numé­rique des rayons Kindle où un grand nombre de textes aux titres raco­leurs s’ex­posent sous les yeux avides des poten­tiels clients. On peut avoir l’im­pres­sion que c’est là que la lit­té­ra­ture perd jus­qu’aux der­niers ves­tiges de son inno­cence, fai­sant appel au sou­ve­nir des bonnes vieilles cabines mas­tur­ba­toires des salles de ciné­mas d’ar­rière-cour et ren­dant en même temps un témoi­gnage indé­cent des aspi­ra­tions « Chan­tilly » de leurs auteurs res­pec­tifs. Le pro­blème, c’est évi­dem­ment de trou­ver dans cette masse indi­geste les quelques rares auteurs ayant gar­dé un sem­blant de sérieux, prêts à tro­quer un vrai texte contre nos euros dure­ment gagnés. Pas évident dans un envi­ron­ne­ment où on vous demande faci­le­ment 2,99 € en échange d’une petite dizaine de pages mal fice­lées. Mais qui a jamais dit que le métier de chro­ni­queur lit­té­raire de textes por­no était facile ? Me voi­ci donc une fois de plus en train de vous pré­sen­ter une des perles arra­chées aux bas-fonds d’A­ma­zon – le terme perle étant d’ailleurs tout ce qu’il y a de plus rela­tif, comme vous n’al­lez pas tar­der à le décou­vrir. Voi­ci donc Mireille, l’i­ni­tia­trice, pre­mière par­tie de la série Jérôme et les cou­gars, signée Pier­rot Septime.

Il est deve­nu banal de consta­ter que les cou­gars tiennent le haut du pavé, au même titre au moins que les MILF, et ceci est sans doute, au moins en par­tie, le reflet d’une réa­li­té de plus en plus répan­due et de plus en plus visible, à savoir la meilleure conser­va­tion des corps – et des envies qui s’y rat­tachent – depuis que de larges couches de la popu­la­tion ont accès à de meilleurs trai­te­ments et que la prise de conscience quant aux besoins de nos com­po­santes phy­siques a abou­ti à une volon­té mani­feste de bien se soi­gner. Et ce n’est pas pour rien qu’on entend cla­mer un peu par­tout que « 60, c’est le nou­veau 40 ! » Il suf­fit de se pro­me­ner dans les rues d’une de nos grandes villes pour consta­ter cette trans­for­ma­tion bien­ve­nue qui pro­met une exten­sion consi­dé­rable des années que nous pour­rons consa­crer aux plai­sirs. En atten­dant donc l’âge d’or des GILF, voi­ci Mireille, une sédui­sante qua­dra qui n’a aucune inten­tion de se pri­ver de jeune chair (ce qui est quand même, rap­pe­lons-le, la prin­ci­pale carac­té­ris­tique de la cou­gar !).

À lire :
Éric Mouzat, Petites confidences estudiantines

L’in­trigue de ce texte d’une qua­ran­taine de pages  ne pré­sente aucune par­ti­cu­la­ri­té et se raconte en vitesse : Jérôme, petit jeune de 18 ans qui s’ap­prête à enta­mer des études de méde­cine, est obli­gé d’ac­com­pa­gner ses parents pour assis­ter à une réunion de classe de ces der­niers. Étant le seul « jeune », il se fait vite remar­quer par Mireille, qua­dra reve­nue il y a peu de l’A­frique où elle a accom­pa­gné son mari. Cette der­nière se révèle être une femme libé­rée habi­tuée à prendre son plai­sir là où il se trouve, au plus grand bon­heur du jeune homme près de décou­vrir la jouis­sance que seuls l’ex­pé­rience et un corps épa­noui sont en mesure d’ap­por­ter. Le récit de Jérôme et de Mireille se double de celui de Mireille et de son mari qui ont décou­vert, après que l’en­nui mena­çait de s’ins­tal­ler dans leurs rela­tions, les joies de l’é­chan­gisme assai­son­nées d’une pin­cée de candaulisme.

Si le récit est plu­tôt bien construit, prin­ci­pa­le­ment pour ce qui est, d’un côté, des pas­sages ouvrant des pers­pec­tives allé­chantes sur les ren­contres futures de notre jeune héros (la pré­sence de Mar­gue­rite, sa voi­sine de table un peu « ron­de­lette », et la pers­pec­tive d’un séjour chez son oncle et la jeune femme de celui-ci) et, de l’autre, des récits imbri­qués – celui de Jérôme au mariage, et celui des aven­tures de Mireille racon­tées par elle-même -, il n’en est pas de même d’un point de vue lin­guis­tique et gram­ma­ti­cal. On trouve, dans Mireille, l’i­ni­tia­trice, un usage bien exa­gé­ré de la para­taxe qui abou­tit à des enchaî­ne­ments peu élé­gants qui font par­fois pen­ser à une méca­nique mal hui­lée, le tout accom­pa­gné de coquilles bien trop nom­breuses dont cer­taines font presque hur­ler de rage. Mais com­ment attendre autre chose d’un texte qui pousse le vice jusque à pla­cer une belle coquille en pleine vue sur la cou­ver­ture : Mireille, l’in­tia­trice [sic] ?

À lire :
Jean-Yves Masson, Rebecca

Quant à la para­taxe, si de telles construc­tions peuvent évi­dem­ment, sous une plume experte, séduire par un cer­tain appel à la sim­pli­ci­té, elles dérangent, chez Pier­rot Sep­time, par leur bana­li­té mal­adroite. En même temps, on sent l’au­teur peu à l’aise avec les usages des temps du récit, ce qui laisse une impres­sion peu favo­rable, et le lec­teur a trop sou­vent le mal­heur de buter contre un agen­ce­ment peu élégant.

Mal­gré tous ces défauts, le texte peut se dégus­ter avec un cer­tain plai­sir, grâce sur­tout à la pas­sion de l’au­teur qui s’ex­prime à chaque fois que celui-ci a l’oc­ca­sion de par­ler des femmes cou­gars, des pas­sages dont se dégage tout le bon­heur qu’on peut res­sen­tir à l’as­pect de la chair épa­nouie de cette fémi­ni­té conqué­rante. C’est grâce à de tels pas­sages qu’on se sur­prend à consi­dé­rer l’ac­qui­si­tion des tomes sup­plé­men­taires, tout sim­ple­ment pour pas­ser des ins­tants agréables, plon­gé dans une lec­ture qui ne demande aucun effort et qui pro­met quand mêmes des échap­pés bien­ve­nues pour se libé­rer la tête et don­ner libre cours à ses pul­sions peu avouables. Si on n’y trouve pas la sexua­li­té sau­vage et dévo­rante qu’un Ambre Dela­toure sait expri­mer de façon si magis­trale dans sa série Entre de bonnes mains, série dont le per­son­nel n’est pour­tant pas sans rap­pe­ler celui de Jérôme et les cou­gars, on peut quand même y trou­ver un cer­tain bon­heur. Et celui-ci ne se néglige abso­lu­ment pas.

Pier­rot Sep­time
Mireille l’i­ni­tia­trice
Jérôme et les Cou­gars, t. 1
Auto-édi­tion

La Sirène de Montpeller

Commentaires

3 réponses à “Pier­rot Sep­time, Mireille, l’i­ni­tia­trice (Jérôme et les cou­gars, t. 1)”

  1. Pierrot SEPTIME

    Votre com­men­taire me fait plai­sir, même s’il n’est pas tou­jours tendre. Il est si rare que l’on me consacre un si long article.
    Il me fau­dra reprendre ce texte et ten­ter d’ap­por­ter les amé­lio­ra­tions néces­saires à une bonne lecture.
    Merci
    Pier­rot Septime

    1. Bon­jour, et mer­ci d’a­voir pris le temps de lais­ser un com­men­taire. S’il est vrai que je n’ai pas tou­jours été tendre, vous serez content d’ap­prendre que le plai­sir res­sen­ti à la lec­ture de cette pre­mière par­tie des aven­tures de Jérôme m’a inci­té à inclure le tome 3 dans l’é­di­tion 2017 des Lec­tures esti­vales. À très bien­tôt donc pour décou­vrir mon avis à pro­pos de Caro­line.

      1. Pierrot Septime

        J’at­tends avec une cer­taine impa­tience votre com­men­taire. Déjà que vous m’ayez rete­nu par­mi les huit pre­miers titres des esti­vales 2017 me fait un énorme plaisir.
        Comme vous avez pu vous rendre compte, je suis loin d’être un écri­vain par­fait. Si je peux appor­ter un peu de plai­sir à des lec­teurs, je suis heureux.
        Je suis allé cor­ri­ger mon titre.…
        Cordialement
        Pier­rot Septime