Voilà bientôt trois mois qu’on reste sans nouvelles d’Anne Dezille et de sa série érotique si délicieusement déjantée Margaret et ses Filles, série dont on nous avait pourtant annoncé douze épisodes. Est-ce un cas d’ejaculatio praecox éditoriale apte à mettre une fin définitive aux ébats de ce joyeux quatuor au féminin, ou est-ce qu’on peut espérer une relance qui permettrait à tout ce beau monde de terminer en beauté ses galipettes et, en même temps, l’aventure prévue au départ pour une année entière ?
On se souvient, l’éditeur Les Érotiques a révélé au monde littéraire, le 16 juillet 2013, son intention de publier douze épisodes d’une « saga familiale chic et sexy », sorte de feuilleton érotique, au rythme d’une parution par mois, et ce pendant un an. Maintenant, il semblerait que le quatrième épisode, paru le 18 octobre et prémonitoirement intitulé Les nuits noires, signerait la fin prématurée des aventures érotico-rocambolesques de Margaret et de ses trois filles : Vanessa, Jane et Faustine. Ce qui est bien dommage, parce que j’ai bien aimé cette idée d’un rendez-vous déluré et systématiquement renouvelé, offrant aux lecteurs la perspective de se retrouver tous les mois en charmante compagnie de quatre Grâces aussi séduisantes que singulières.
J’ai suivi leurs aventures depuis le début, et je n’ai non seulement pu m’empêcher d’en parler à plusieurs reprises, mais j’ai même fait entrer ce feuilleton dans les recommandations du Sanglier pour d’aussi beaux que littéraires cadeaux de Noël. Imaginez maintenant mon désarroi face à des lecteurs qui, privés de la suite après un tiers seulement de la série, auraient le droit de me reprocher une proposition qui ne tient pas ses promesses ! J’ai évidemment essayé de joindre l’éditeur pour lui demander les raisons de ce que je percevais, à l’époque, comme un retard, sans pour autant recevoir la moindre réponse. Je sais pourtant que le formulaire sur leur site web délivre à bon port les messages qu’on lui confie, parce que j’ai bien reçu, le 28 septembre 2013, une réponse à mon courrier les informant de la parution du premier article sus-mentionné. Réponse qui prouvait, d’ailleurs, que l’éditeur en question était au fait d’un de mes articles antérieurs, consacré à un autre titre de leur catalogue, à savoir à la Croisière du Vice. Étant donc resté dans le noir, j’ai résolu de passer par l’auteure via sa page Google+, avec pourtant le même résultat décevant.
On peut imaginer une multitude de raisons qui auraient pu causer cette halte aussi abrupte qu’imprévue, la plus probable étant sans doute un échec commercial concrétisé par des chiffres de vente trop peu élevés pour relever le défi. À moins que le talent ou l’ambition de l’auteure se soit épuisé avant le terme fixé à la série, ce qui est plutôt difficilement imaginable vu la qualité des quatre épisodes disponibles où rien ne faisait entrevoir un manque d’intérêt de la part de Madame Dezille ou de son éditeur.
Ces choses-là peuvent arriver, une maison d’édition étant une entreprise comme toutes les autres, soumise, en tant que telle, aux lois du marché, principalement à celle de l’offre et de la demande. Et il vaut sans doute mieux tirer le frein de secours avant de prendre le risque de voir le bâtiment couler, si tel était donc le cas. Mais il convient toujours, et peu importe les raisons qui auront déterminé la décision, de communiquer celle-ci aux lecteurs qui, après tout, leur ont fait confiance.
Comme je suis de nature optimiste, je continue, pour ma part, à espérer un retour sur le devant de la scène de la belle cougar et de sa descendance. Mais on va voir ce qu’on va voir.