En-tête de la Bauge littéraire

Des Lec­tures esti­vales en 2023 ?

À mon ami, Ji Bocis, ce grand bon­jour ami­cal et littéraire !

Chère lec­trice, cher lec­teur, tu auras com­pris que la Bauge lit­té­raire connaît une période dif­fi­cile. Ou plu­tôt son pro­prié­taire… Il est vrai que je n’ai pra­ti­que­ment plus rien écrit depuis des mois, et l’an­née pas­sée a vu la publi­ca­tion de treize pauvres, petits (!) articles. Un chiffre ridi­cule quand on le com­pare aux années 2016 à 2018 pen­dant les­quelles votre ser­veur a mis en ligne une soixan­taine d’ar­ticles. Res­pec­ti­ve­ment ! Depuis, il y a évi­dem­ment eu les années de plomb où les gou­ver­nants se sont empa­ré de la panique comme moyen de contrôle des popu­la­tions, nous pri­vant de nos liber­tés sous le pré­texte de notre plus grand bien. Une expé­rience qui m’a pro­fon­dé­ment ébran­lé et qui m’a lais­sé avec une haine vis­cé­rale des abus de pou­voir tel qu’on a pu les consta­ter pen­dant cette période de crise civique. On doit consta­ter que ma créa­ti­vi­té est une vic­time col­la­té­rale de tout cela. Mal­gré une pre­mière phase où cette créa­ti­vi­té m’a aidé à sur­mon­ter le pre­mier choc, entre­te­nant l’illu­sion de pou­voir conti­nuer comme si de rien n’é­tait. Si vous cher­chez bien, vous trou­ve­rez que 2020 a été une période de fié­vreuse acti­vi­té. J’ai publie Confi­ne­ment impu­dique dans la col­lec­tion Kindle Unli­mi­ted en avril 2020, et j’ai tra­vaillé sur mes textes anté­rieurs – Les aven­tures intimes de Natha­lie et Les Chattes – afin de les inté­grer dans cette même col­lec­tion après la frus­tra­tion d’a­voir vu dis­pa­raître, en 2018, les Édi­tions Numé­rik­livres – et sans lais­ser de traces. C’est là aus­si que j’ai publié le roman qui, depuis, me tient le plus au coeur, La Fian­cée de la dou­leur, en juillet 2020.

Mais cette fièvre-là, cette rage de com­pen­ser la frus­tra­tion gran­dis­sante par le tra­vail, a effec­ti­ve­ment été le symp­tôme d’une mala­die plus pro­fonde dont je ne suis pas encore – c’est le cas de le dire – tout à fait sor­ti. Et le seul motif qui a eu comme effet de me faire pro­vi­soi­re­ment sor­tir de ma léthar­gie et d’en­ta­mer un article pour enfin m’ex­pri­mer, jeter un peu de lumière sur mon silence, c’est une ami­tié lit­té­raire que je ne vou­drais pas du tout voir remis en ques­tion. Je parle de celle qui me lie à Ji Bocis, un habi­tué de ces colonnes qui a su me mettre sous le charme par ses efforts pro­di­gieux et la cou­leur esti­vale de cer­tains de ses textes. Je parle, évi­dem­ment, sur­tout de Rita, la Ser­veuse nue, une créa­ture qui réunit tous les attraits et qui évo­lue sous le ciel bleu et le soleil res­plen­dis­sant des contrées enchan­tées du Midi. L’ar­ticle que je lui ai consa­cré est d’ailleurs un des rares que j’ai eu l’éner­gie de publier en 2022. Depuis, Ji Bocis a publié un nou­veau texte, Aude et son étoile, qu’il a eu l’es­poir de voir entrer dans les colonnes ani­mées par le San­glier. Et jus­qu’i­ci, il s’est bri­sé contre un silence de plomb mal­gré plu­sieurs mails de plus en plus inquiets quant à l’é­tat de ma san­té. Ce qui m’a pro­fon­dé­ment tou­ché. C’est pour cela je lui ai enfin répon­du – de façon un peu trop cava­lière sans doute – et que j’ai pris la déci­sion de ter­mi­ner et de publier enfin cet article en guise de réponse par Bauge interposée.

À lire :
Amabilia - le coup de pouce du Sanglier

J’ai briè­ve­ment évo­qué dans le para­graphe pré­cé­dent le der­nier texte de Ji Bocis. S’il est vrai que celui-ci me parle net­te­ment moins que ses titres pré­cé­dents, il n’est quand même pas sans mérites – loin de là – et il ne mérite sur­tout pas d’ếtre écar­té ain­si, d’un geste trop brusque. J’ai donc réso­lu de sor­tir l’a­ven­ture d’Aude de l’en­fer de ma liseuse et de lui concé­der quelques heures de lec­ture sup­plé­men­taire. Et vous me ver­rez bien­tôt reprendre mon sty­lo numé­rique afin d’en dire tout le bien et le mal que j’en pense. Un auteur hon­nête mérite au moins cette atten­tion de ma part, comme j’ai déjà pu le dire aupa­ra­vant. Et je n’ai pas la moindre inten­tion de remettre en ques­tion cette sorte de poli­tique édi­to­riale du Sanglier :

Tout d’abord, sachez que je res­pecte chaque texte, dans la mesure où celui-ci repré­sente un effort lit­té­raire.1

Woinic - le plus grand Sanglier du monde.
Le San­glier, ani­mal totem de la Bauge, qui ne se laisse pas ébran­ler par les vents contraires souf­flant sur les Ardennes…

Cet effort lit­té­raire est bien pré­sent dans tous les textes du Sieur Bocis, et me voi­là obli­gé de res­pec­ter ma propre parole. Et, pour être tout à fait franc, com­ment ne pas rendre cet infime ser­vice à un auteur et ami qui com­mande assez de forces pour me faire sor­tir d’une tor­peur qui a bien trop duré ?

Bon, reve­nons au point de départ de cet article, les Lec­tures esti­vales. Celles-ci ont com­men­cé en 2013, année dif­fi­cile où j’ai eu du mal à joindre les bouts, pris entre un bou­lot mal payé, une vie de famille avec son lot de dif­fi­cul­tés et une soif de dépay­se­ment que je n’ai pas eu les moyens de satis­faire. Le seul moyen de céder à cette envie de voir le large et de me vau­trer sur la plage a été – lit­té­raire, et j’ai donc pris la route de l’i­ma­gi­na­tion. Ma situa­tion maté­rielle a depuis chan­gé, mais la soif de textes débor­dant de soleil et d’une exis­tence ber­cée par le cla­po­te­ment des vagues n’a jamais plus ces­sé, et c’est ain­si que les Lec­tures esti­vales ont conti­nué à mar­quer, depuis main­te­nant dix ans, le point culmi­nant de l’an­née. Si je me suis quand même posé la ques­tion ini­tiale, c’est que je me suis sen­ti désar­mé face à la para­ly­sie née de la haine et du déses­poir. Et c’est quand, ce matin même, je suis tom­bé sur un nou­veau2 titre d’un auteur déjà pré­sent dans les Lec­tures esti­vales, Cla­ra Le Ken­nec, que je me suis dit qu’il fal­lait enfin répondre à cette inter­ro­ga­tion qui me ron­geait depuis des semaines : Que faire des Lec­tures esti­vales, si chères à votre ser­vi­teur ? Et j’ai enfin trou­vé la force de reprendre ma plume afin de m’a­dres­ser à vous, mes lec­trices et lec­teurs, et à vous sur­tout, mes ami(e)s autrices et auteurs que j’ai depuis bien trop long­temps délais­sés ! J’es­père que j’au­rai la force de conti­nuer dans cette bonne voie, de toute façon, ce ne sera pas la nour­ri­ture qui me fera défaut ! Il y a, sur mon bureau, des textes de Ji Bocis (Aude et son sacré étoile donc qu’il ne faut sans doute plus nom­mer), des Raven (le der­nier tome tant atten­du d’Ama­bi­lia), de Tha­lia Devreaux (qui, elle aus­si tra­verse une période dif­fi­cile), une BD signée Rei­na Canal­la, autrice et des­si­na­trice espa­gnole qui raconte les aven­tures rocam­bo­lesques de la douce Anne-Marie aux prises avec Jez­za­bel Ave­ry, une pirate les­bienne des Caraïbes du XVIIIe siècle. Et avec tout cela, il y a une bonne par­tie des titres rete­nus pour l’édi­tion 2022 des Lec­tures esti­vales – presque avor­tée – qu’il me reste à décou­vrir ou à relire après les avoir négli­gés voire igno­rés pen­dant des mois. Vous voyez qu’il me reste assez de tra­vail à faire et que j’ai sur­tout de quoi me mettre sous les dents afin de satis­faire aux appé­tits lit­té­raires indé­cents qui conti­nuent et conti­nue­ront à ani­mer l’es­prit de la Bauge littéraire.

À lire :
Ji Bocis, Jardin secret (Clara)

Voi­là mes deux cen­times pour aujourd’­hui. Mer­ci à toutes celles et à tous ceux qui ont eu la patience et le cou­rage de m’at­tendre et de me cher­cher là où je me suis four­ré. Et à bientôt !

  1. Tho­mas Gal­ley, Les nour­ri­tures très peu célestes du San­glier ↩︎
  2. Quand je dis « nou­veau », je parle uni­que­ment pour moi, le texte – Job d’é­té – Le Pacte – ayant déjà été publié en juin 2021 dans la col­lec­tion Kindle. ↩︎