À mon ami, Ji Bocis, ce grand bonjour amical et littéraire !
Chère lectrice, cher lecteur, tu auras compris que la Bauge littéraire connaît une période difficile. Ou plutôt son propriétaire… Il est vrai que je n’ai pratiquement plus rien écrit depuis des mois, et l’année passée a vu la publication de treize pauvres, petits (!) articles. Un chiffre ridicule quand on le compare aux années 2016 à 2018 pendant lesquelles votre serveur a mis en ligne une soixantaine d’articles. Respectivement ! Depuis, il y a évidemment eu les années de plomb où les gouvernants se sont emparé de la panique comme moyen de contrôle des populations, nous privant de nos libertés sous le prétexte de notre plus grand bien. Une expérience qui m’a profondément ébranlé et qui m’a laissé avec une haine viscérale des abus de pouvoir tel qu’on a pu les constater pendant cette période de crise civique. On doit constater que ma créativité est une victime collatérale de tout cela. Malgré une première phase où cette créativité m’a aidé à surmonter le premier choc, entretenant l’illusion de pouvoir continuer comme si de rien n’était. Si vous cherchez bien, vous trouverez que 2020 a été une période de fiévreuse activité. J’ai publie Confinement impudique dans la collection Kindle Unlimited en avril 2020, et j’ai travaillé sur mes textes antérieurs – Les aventures intimes de Nathalie et Les Chattes – afin de les intégrer dans cette même collection après la frustration d’avoir vu disparaître, en 2018, les Éditions Numériklivres – et sans laisser de traces. C’est là aussi que j’ai publié le roman qui, depuis, me tient le plus au coeur, La Fiancée de la douleur, en juillet 2020.
Mais cette fièvre-là, cette rage de compenser la frustration grandissante par le travail, a effectivement été le symptôme d’une maladie plus profonde dont je ne suis pas encore – c’est le cas de le dire – tout à fait sorti. Et le seul motif qui a eu comme effet de me faire provisoirement sortir de ma léthargie et d’entamer un article pour enfin m’exprimer, jeter un peu de lumière sur mon silence, c’est une amitié littéraire que je ne voudrais pas du tout voir remis en question. Je parle de celle qui me lie à Ji Bocis, un habitué de ces colonnes qui a su me mettre sous le charme par ses efforts prodigieux et la couleur estivale de certains de ses textes. Je parle, évidemment, surtout de Rita, la Serveuse nue, une créature qui réunit tous les attraits et qui évolue sous le ciel bleu et le soleil resplendissant des contrées enchantées du Midi. L’article que je lui ai consacré est d’ailleurs un des rares que j’ai eu l’énergie de publier en 2022. Depuis, Ji Bocis a publié un nouveau texte, Aude et son étoile, qu’il a eu l’espoir de voir entrer dans les colonnes animées par le Sanglier. Et jusqu’ici, il s’est brisé contre un silence de plomb malgré plusieurs mails de plus en plus inquiets quant à l’état de ma santé. Ce qui m’a profondément touché. C’est pour cela je lui ai enfin répondu – de façon un peu trop cavalière sans doute – et que j’ai pris la décision de terminer et de publier enfin cet article en guise de réponse par Bauge interposée.
J’ai brièvement évoqué dans le paragraphe précédent le dernier texte de Ji Bocis. S’il est vrai que celui-ci me parle nettement moins que ses titres précédents, il n’est quand même pas sans mérites – loin de là – et il ne mérite surtout pas d’ếtre écarté ainsi, d’un geste trop brusque. J’ai donc résolu de sortir l’aventure d’Aude de l’enfer de ma liseuse et de lui concéder quelques heures de lecture supplémentaire. Et vous me verrez bientôt reprendre mon stylo numérique afin d’en dire tout le bien et le mal que j’en pense. Un auteur honnête mérite au moins cette attention de ma part, comme j’ai déjà pu le dire auparavant. Et je n’ai pas la moindre intention de remettre en question cette sorte de politique éditoriale du Sanglier :
Tout d’abord, sachez que je respecte chaque texte, dans la mesure où celui-ci représente un effort littéraire.1

Cet effort littéraire est bien présent dans tous les textes du Sieur Bocis, et me voilà obligé de respecter ma propre parole. Et, pour être tout à fait franc, comment ne pas rendre cet infime service à un auteur et ami qui commande assez de forces pour me faire sortir d’une torpeur qui a bien trop duré ?
Bon, revenons au point de départ de cet article, les Lectures estivales. Celles-ci ont commencé en 2013, année difficile où j’ai eu du mal à joindre les bouts, pris entre un boulot mal payé, une vie de famille avec son lot de difficultés et une soif de dépaysement que je n’ai pas eu les moyens de satisfaire. Le seul moyen de céder à cette envie de voir le large et de me vautrer sur la plage a été – littéraire, et j’ai donc pris la route de l’imagination. Ma situation matérielle a depuis changé, mais la soif de textes débordant de soleil et d’une existence bercée par le clapotement des vagues n’a jamais plus cessé, et c’est ainsi que les Lectures estivales ont continué à marquer, depuis maintenant dix ans, le point culminant de l’année. Si je me suis quand même posé la question initiale, c’est que je me suis senti désarmé face à la paralysie née de la haine et du désespoir. Et c’est quand, ce matin même, je suis tombé sur un nouveau2 titre d’un auteur déjà présent dans les Lectures estivales, Clara Le Kennec, que je me suis dit qu’il fallait enfin répondre à cette interrogation qui me rongeait depuis des semaines : Que faire des Lectures estivales, si chères à votre serviteur ? Et j’ai enfin trouvé la force de reprendre ma plume afin de m’adresser à vous, mes lectrices et lecteurs, et à vous surtout, mes ami(e)s autrices et auteurs que j’ai depuis bien trop longtemps délaissés ! J’espère que j’aurai la force de continuer dans cette bonne voie, de toute façon, ce ne sera pas la nourriture qui me fera défaut ! Il y a, sur mon bureau, des textes de Ji Bocis (Aude et son sacré étoile donc qu’il ne faut sans doute plus nommer), des Raven (le dernier tome tant attendu d’Amabilia), de Thalia Devreaux (qui, elle aussi traverse une période difficile), une BD signée Reina Canalla, autrice et dessinatrice espagnole qui raconte les aventures rocambolesques de la douce Anne-Marie aux prises avec Jezzabel Avery, une pirate lesbienne des Caraïbes du XVIIIe siècle. Et avec tout cela, il y a une bonne partie des titres retenus pour l’édition 2022 des Lectures estivales – presque avortée – qu’il me reste à découvrir ou à relire après les avoir négligés voire ignorés pendant des mois. Vous voyez qu’il me reste assez de travail à faire et que j’ai surtout de quoi me mettre sous les dents afin de satisfaire aux appétits littéraires indécents qui continuent et continueront à animer l’esprit de la Bauge littéraire.
Voilà mes deux centimes pour aujourd’hui. Merci à toutes celles et à tous ceux qui ont eu la patience et le courage de m’attendre et de me chercher là où je me suis fourré. Et à bientôt !
- Thomas Galley, Les nourritures très peu célestes du Sanglier ↩︎
- Quand je dis « nouveau », je parle uniquement pour moi, le texte – Job d’été – Le Pacte – ayant déjà été publié en juin 2021 dans la collection Kindle. ↩︎