Voici enfin des nouvelles du Comte Kerkadek un des auteurs qui ont le secret de faire fantasmer le Sanglier sur les univers qu’ils savent distiller à partir du cocktail chimique de leurs pensées en désordre, des univers qui font miroiter leurs terres trempées de violence et d’insolite sous les yeux de votre serviteur qui ne demande pas mieux que de tendre la patte à ses fous délirants pour se laisser embarquer avec eux. Et voici qu’une nouvelle gracieusement offerte par ce vieux loup de mer et son éditeur, Merci pour ce macchab”, présente l’occasion de fuir mon repaire noyé dans la grisaille de l’hiver germanique et de pénétrer jusqu’aux origines de ce nain néfaste qui hante depuis bien trop longtemps la planète, de la Bretagne jusqu’à la Corée du Nord, en passant par les Amériques, le docteur Furtado, némésis du Comte, fondateur de l’Empire des poules, génie maléfique qui n’a absolument rien à envier aux méchants qui peuplent les James Bond. Un énormissime cadeau de Noël, un appel au vagabondage, l’occasion rêvée de se perdre, une bonne fois pour toutes, dans les brumes des landes bretonnes…
Et dire que tout a commencé par une dissémination, sorte de défi littéraire, à savoir celui d’écrire un roman policier sur la base d’un Tweet de Renaud Schaffhauser :
Beau projet, effectivement, et le Comte et son ami nanosomique s’y mettent à quatre mains, très bientôt confrontés à toutes les difficultés qu’un tel projet peut engendrer. Aussi, ne faut-il pas s’étonner que celui-ci n’avance que très doucement, les personnalités des deux écrivains de circonstance étant trop peu compatibles pour pondre un texte qui tienne debout. Les choses commencent pourtant à se corser quand le nain tombe sur un bouquin oublié par leur servante bigoudène, Merci pour ce moment, le texte craché par Valérie Trierweiler pour rendre compte de son parcours avec celui qu’on sait. C’est la lecture de ce texte à caractère obstétrical qui fait naître Furtado, un tour de main digne des récits d’horreur les plus horripilants, une cérémonie qui fait bien vite oublier les cruautés de seconde zone liées à la renaissance de Celui qu’on ne doit nommer, un résultat qui fait comprendre, a posteriori, les mises en garde du libraire juif qui a vendu le bouquin à la malheureuse servante.
Tout ça est évidemment à prendre au second degré, mais c’est une belle illustration de l’humour aussi noir que grinçant du Comte qui se sert des ingrédients de ce qui fait le bonheur de tous ces prestidigitateurs littéraires pour en tirer, en passant, un sourire blasé collé sur les lèvres, un texte qui se moque des complotistes de tous poils en abandonnant ses personnages et ses lecteurs au milieu de scénarios toujours plus improbables, tout en gardant un sens de la narration qui fait de ce ramassis de procédés littéraires usés jusqu’à la trame de véritables romans d’aventure qui ont le pouvoir, à leurs meilleurs moments, d’embarquer le lecteur dans un univers rendu crédible par une affabulation toute baroque, d’une vérité qu’on ne saurait trouver en dehors des livres.
La petite nouvelle dont il est question dans les lignes précédentes n’est qu’une petite mise en bouche, un hors d’oeuvre qui, s’il peut faire saliver, est censé vous laisser sur votre faim. Mais soyez rassurés, chers lecteurs, le Comte ne voudrait pas vous laisser dans un aussi piteux état, et le plat de résistance est vite servi. Il suffit de vous rendre chez votre libraire numérique préféré pour y acquérir les deux textes qui font la gloire du Comte, Atlantido et Pacifico, des romans qui, et je vous le promets, sauront vous culbuter dans des aventures fantastiques, pétries de la joie de conter que le Comte semble avoir hérité, en droite ligne, d’un Paul Scarron ou d’un Jan Potocki.
Franchement, je vous envie, vous qui êtes près de découvrir pour la première fois l’univers démentiel des romans du Comte. Profitez !
Comte Kerkadek
Merci pour ce macchab’
Éditions de Londres
ISBN : 9781910628485