Cela fait assez longtemps que je tourne autour des textes signés Ziggy Kaïros sans pour autant pouvoir me décider à franchir le cap. Je ne saurais pas trop vous expliquer le pourquoi du comment de cette réticence. Après tout, une trentaine de pages pour 0,99 cents sur Amazon, comment refuser une telle proposition ? Au pire, si la qualité n’était pas au rendez-vous, j’aurais perdu même pas un roro. Et j’ai payé bien plus pour des daubes, je vous assure ! Cette fois-ci pourtant, c’était la bonne, et je ne regrette pas d’avoir cédé à la proposition de ma librairie en ligne préférée dont les algorithmes m’ont si chaudement recommandé les Paroles d’une lectrice en chaleur, première partie des Affaires Sexe Sensibles.
Le point de départ du récit est des plus séduisants : Deux autrices qui se fréquentent sur Wattpad, plateforme d’écriture pour auteurs en herbe [1]plateforme que Ziggy Kaïros a elle-même fréquentée avant d’en avoir été virée un beau jour du mois d’avril 2017., papotent à propos de leurs créations et des aléas de la vie, puis il y a un malentendu, un quiproquo, et voici Ziggy en possession des secrets d’Ilana, une fille aussi naïve que délurée, à peine majeure et en proie à une curiosité sans borne pour tout ce qui relève du sexe, surtout dans ses formes les plus crues, celui où les orifices sont envahis, bourrés, ramonés sans que qui que ce soit se soucie d’autre chose que de son orgasme, un orgasme bien crade qui fout des liquides gluants partout, qui fait coller les toisons qu’on porte – bien sûr ! – entières, toute pensée d’esthétique étant reléguée à mille lieues du plaisir qu’on prend où il se trouve, de préférence en mauvaise compagnie. Et c’est ce qui arrive à Ilana qui, inconsciemment peut-être à ses débuts, avance à tâtons, ne s’avouant qu’à moitié qu’elle ne cède que trop volontiers les reines à ses pulsions, installées en maîtresse le temps d’une chevauchée loin au-delà du convenable, au-delà de ce que l’on se croirait permis. Dans le cas d’Ilana, le résultat est une partie de jeu qui consiste à se lancer des défis jusqu’à se retrouver devant des choix qui n’ont plus qu’une seule issue. Le plus drôle, c’est pourtant que l’envie de sexe, la volonté toute puissante de prendre son pied et de jouir toutes voiles dehors, se met à l’abri derrière des prétextes sans la moindre substance et qui ne servent qu’à éviter de relever le seul défi véritable, celui d’assumer ses désirs.
Avec Ilana, cela se termine dans un premier temps par une levrette avec une « racaille ». Rien de très particulier, vous dites ? Ouais, sauf qu’Ilana se voit sortie du rôle d’une fille comme il faut. Le titre de ce premier récit est une bonne indication : Ilana, 18 ans, traitée comme une pute pour sa première levrette. Certes, l’autrice nous dévoile tout, mais elle nous réserve le plaisir de voir s’enchaîner les gestes qui mènent Ilana au point de non-retour, quand elle doit se résoudre à bien se cambrer pour accueillir dans sa chatte une belle bite.
Pour ce qui est d’ailleurs de belles grosses bites, on comprend vite qu’Ilana a le chic de dégoter les mecs capables de bien lui remplir les orifices. C’est au moins ce qui lui arrive dans le deuxième récit où on retrouve cette héroïne très peu comme il faut dans une discothèque en train de se chauffer les méninges et l’entre-cuisse en lisant du porno sur son portable. Il faut croire que la chaleur qu’elle irradie ne manque pas de faire des effets et d’attirer le chaland. Bref, un mec se pointe, insolent comme Ilana les aime, et je vous laisse le plaisir de découvrir la suite.
Quant au troisième récit, quel ne fut pas mon plaisir de découvrir que Ziggy ne dédaigne pas les parties de baise entre femmes ? Je ne vais pas priver mes valeureux lecteurs du plaisir de découvrir de quelle façon Ilana va se retrouver en train de gouiner et de plonger sa langue dans une chatte débordant de mouille. C’est sans aucun doute une des meilleures scènes lesbiennes qu’il m’ait été donné de lire, avec toutes les marques d’un désir authentique, d’un incendie ravageur déclenché par le geste le plus simple, par une rencontre des plus inattendues, qui vire du vaudeville à un tel épanchement de liquides et de sentiments que le lecteur reste bouche bée devant une telle capacité de lâcher prise pour aller au fond des choses. Juste un paragraphe pour vous mettre l’eau à la bouche
« J’avais juste passé une main entre ses fesses pour lui retirer sa culotte et j’avais senti un gros coup de chaud. Mon petit doigt avait croisé la route d’une touffe de poils noyée dans le sirop. Chatte contre chatte, je nous sentais tituber l’une sur l’autre dans un crépitement de poils agglutinés, à en inonder les draps de nos flots de mouille embrouillés. » [2]Ziggy Kaïros, Paroles d’une lectrice en chaleur, chap. Ilana, petite salope en chaleur, suite et fin
J’ai bien dit « l’eau à la bouche », mais en relisant le paragraphe que je viens de citer, c’est sans doute un autre liquide qu’il faudrait nommer, au moins pour ce qui est de la partie féminine de mon public…
Il y a un énorme plaisir à considérer la franchise de Ziggy dans son approche du porno, libre de toute fausse pudeur, capable d’appeler une chatte une chatte, et de montrer les pulsions à l’oeuvre sans devoir se cacher derrière la moindre bienséance. La baise, c’est un univers à part qui n’obéit qu’à ses propres règles, un univers où il faut se confronter à la bestialité qui est, en fin de compte, le propre de l’homme. Et de la femme, comme Ziggy sait si bien le montrer. Permettez-moi de citer du Woody Allen en guise de conclusion :
« Est-ce que le sexe est sale?… – Seulement quand il est bien fait. »
Plus rien à rajouter. Sauf ceci : Lisez du Kaïros, cela vous fera du bien :-)
Ziggy Kaïros
Paroles d’une lectrice en chaleur
Auto-édition
ASIN : B0754QQG4H