En-tête de la Bauge littéraire

LeOn / Cuc­ca, Annie va à la fac

LeOn / Cucca, Annie à la fac, p. 3
Quand Annie débarque…

Annie est une jeune femme qui allie l’opulence de ses formes appé­tis­santes à une cer­taine (ou plu­tôt : totale) incons­cience à pro­pos des effets que celles-ci peuvent avoir sur son entou­rage. Des effets qui ne tardent pas à se mani­fes­ter quand elle débarque, conduit par son père, devant son nou­veau « kot » – une chambre ou petit stu­dio pour étu­diants chez nos voi­sins belges – et que ses charmes lui attirent, à peine sor­tie de la voi­ture, la bien­veillance spon­ta­née d’un de ses nou­veaux voi­sins. Une bien­veillance qui, il est vrai, se prend comme une douche froide en pleine gueule dès que le père sus-men­tion­né de la belle choi­sit d’intervenir afin de frei­ner de façon abrupte l’élan du jeune homme un peu trop entre­pre­nant – et obsé­dé sans doute par une sil­houette qui ferait baver d’envie jusqu’au plus myope des hommes. Un fait dont son père est très conscient comme la suite des évé­ne­ments ne tar­de­ra pas à l’illustrer. Mais com­ment, je vous le demande, évi­ter de tom­ber sous le charme d’une jeune femme qui réus­sit à se pré­sen­ter dans le plus banal des décors comme si elle venait de des­cendre de son pié­des­tal où un sculp­teur aus­si antique qu’amoureux l’aurait pla­cée afin de célé­brer à tra­vers elle une Aphro­dite vêtue de la plus ferme – et en même temps la plus mal­léable – des chairs ?

Pour Annie comme pour tant d’autres, les études – loin des parents (c’est au moins ce qu’elle aime­rait croire) et du monde fré­quen­té pen­dant la sco­la­ri­té – s’annoncent comme l’entrée dans un nou­vel uni­vers pro­met­teur de liber­té et d’aventures. Mais c’est sans comp­ter sur son père déci­dé de mettre la main à la pâte pour défendre l’honneur de sa fille ché­rie – envers et contre tous les dan­gers, et en pre­mier lieu contre ceux (encore qu’il faut un sacré culot de la part de votre ser­vi­teur pour qua­li­fier de « dan­ger » ce qui risque d’arriver à la jeune beau­té si jamais celle-ci choi­sis­sait de céder aux ten­ta­tions et aux innom­brables pro­po­si­tions !) que lui attirent des atouts aus­si pro­émi­nents qu’ils la font remar­quer par­tout où elle décide de mettre les pieds, peu importe que ce soit chez ses colo­ca­taires, en salle de classe, à la lave­rie auto­ma­tique ou encore à la plage. Où, il est vrai, il lui arrive un nombre incroyable de mésaventures.

Mais pre­nons un peu de recul afin de consa­crer quelques ins­tants à celui qui a su créer une demoi­selle aus­si char­mante. Et vers laquelle je vous pro­mets de vous recon­duire à la pre­mière occasion…

Vincenzo Cucca, Hot Charlotte
Hot Char­lotte, sorte d’archétype des beau­tés opu­lentes signées Cucca.

Vin­cen­zo Cuc­ca est un des­si­na­teur ita­lien ori­gi­naire de Naples qui a pu mettre son talent au ser­vice de quelques grandes marques comme Dis­ney, Mar­vel (She Hulk), Le Lom­bard (Le Maître des ogres) ou encore Glé­nat (Colo­ni­sa­tion, Pan­da­mo­nia). Si une grande par­tie de ses publi­ca­tions s’inscrit dans un registre plu­tôt « clas­sique », quelque part entre le fan­tas­tique et la Science Fic­tion, il a aus­si à son actif des ouvrages bien plus épi­cés comme Hot Char­lotte, publié en 2012 chez Glé­nat, mai­son où l’auteur côtoie quelques-uns des plus grands noms de l’érotisme lit­té­raire comme Mana­ra ou Ser­pie­ri (Druu­na), ou encore Tita­nia chez GDBM, une série sur fond mytho­lo­gique qui car­ré­ment verse dans le genre por­no­gra­phique. Et à chaque fois qu’il s’agit de décrire les héroïnes de Cuc­ca, il y a un attri­but qui revient avec la belle régu­la­ri­té d’un chro­no­mètre hel­vé­tique sous la plume des chro­ni­queurs – « pul­peux », par­fois sui­vi d’un « opu­lent » juste un brin plus lit­té­raire. Il suf­fit pour s’en convaincre de contem­pler l’héroïne de Hot Char­lotte ci-contre.

Vincenzo Cucca, Annie (ébauche)
Annie en noir et blanc, ver­sion 2014 repé­rée sur sa page Facebook.

Vous savez déjà que ces mêmes épi­thètes peuvent s’appliquer avec jus­tesse à la der­nière créa­ture sor­tie de l’imaginaire du des­si­na­teur ita­lien, et rien qu’à contem­pler la cou­ver­ture avec sa juteuse beau­té qui arrive à peine à conte­nir ses charmes à l’aide d’une ser­viette, j’ai eu envie de décou­vrir le der­nier opus de Cuc­ca, accom­pa­gné dans l’aventure par le scé­na­riste bri­tan­nique LeOn. Annie va à la fac vient de paraître, en mars 2022, chez Tabou Édi­tions, un des rares res­ca­pés – avec prin­ci­pa­le­ment la nébu­leuse gra­vi­tant autour de la Musar­dine – du nau­frage de l’édition éro­tique fran­çaise. Mais Annie, mine de rien et mal­gré son état de pre­mière année, a déjà quelques années sur le dos. Dès que j’ai vu l’annonce d’Annie va à la fac dans une news­let­ter des Édi­tions Tabou adres­sée aux chro­ni­queurs, je me suis sou­ve­nu de quelques conver­sa­tions avec Vin­cen­zo sur Face­book – du temps que je fré­quen­tais encore les réseaux soi-disant sociaux – datant d’il y a sept ou huit ans. Et je me sou­viens qu’il y a été ques­tion d’Annie et qu’il y a même eu une page que le des­si­na­teur lui avait dédiée. Quelques recherches plus tard je me suis effec­ti­ve­ment retrou­vé sur une page Face­book ver­sion mobile que j’ai pu consul­ter sans y être ins­crit et qui remonte jusqu’au 30 sep­tembre 2014, une date qui cor­res­pond assez bien à mes sou­ve­nirs. Une des pre­mières entrées y pré­sente l’ébauche de la future pro­ta­go­niste, tel­le­ment ravis­sante dans sa sim­pli­ci­té noir et blanc que je n’ai tout sim­ple­ment pas pu pas­ser à côté sans la pré­sen­ter ici même à mes lec­trices et lecteurs.

À lire :
Blondie Blue, Chair amie

Si le por­trait d’Annie laisse effec­ti­ve­ment son­ger à une ébauche, on y trouve d’autres pages – et ce dès le début – qui ne semblent plus avoir chan­gé depuis leur pre­mière mise en ligne jusqu’à la publi­ca­tion « offi­cielle » qui semble avoir eu lieu aux Pays-Bas, chez l’éditeur Sil­ves­ter Strips, en octobre – 2021. C’est au moins la seule indi­ca­tion d’une publi­ca­tion anté­rieure à celle de 2022 chez Tabou que j’aie pu trou­ver, mal­gré l’affirmation de Cuc­ca, le 31 août 2016, que la publi­ca­tion était imminente :

This will be the cover for the Durch release of the first issue of Anne in octo­ber. Nego­tia­tions going on for a French publi­ca­tion, and we’ll try to get it also publi­shed in English and Ita­lian. But the Dutch people will get the scoop.1

Si la cou­ver­ture et le titre (Anne Eers­te­jaars) cor­res­pondent à ceux de la publi­ca­tion néer­lan­daise de 2021, le nom de l’éditeur a chan­gé. Dans une réponse à l’article sus-cité du 31 août, Cuc­ca (ou plu­tôt le pro­prié­taire de la page) indique le nom de Media­geu­zen Comics avec un lien vers une page Face­book qu’on peut tou­jours consul­ter, mais qui s’arrête sec en 2017. On y trouve tou­jours, à la date du 18 sep­tembre 2016, l’annonce suivante :

Annonce de la publication d'Annie Eerstejaars sur la page Facebook de Mediageuzen Comics.
Ves­tiges d’une pre­mière publ­ca­tion avor­tée, l’article publié le 18 sep­tembre 2016 sur la page Face­book de Media­geu­zen Comics.

L’URL mediageuzen.be mène aujourd’hui vers le site d’une agence de publi­ci­té, mais il suf­fit de remon­ter le temps grâce à la Way­back Machine pour y trou­ver des traces d’acti­vi­tés édi­to­riales. Celles-ci semblent avoir pris fin en 2017, et c’est sans doute cela qui explique le long silence de presque cinq ans qui s’installe sur la page d’Annie à par­tir d’octobre 2016 jusqu’à la pre­mière acti­vi­té des Édi­tions Tabou qui date – du 10 mars 2022. Je ne peux que spé­cu­ler sur les rai­sons ayant conduit à l’avortement de cette pre­mière publi­ca­tion envi­sa­gée, mais je me réjouis plu­tôt du fait que notre belle bien en chair ait fina­le­ment trou­vé un chez soi d’où elle peut enfin invi­ter au ren­dez-vous les ama­teurs d’érotisme et d’humour.

Après cette petite paren­thèse éru­dite et his­to­rique, le temps est venu de four­nir quelques détails à pro­pos de la publi­ca­tion en ques­tion. Cuc­ca et son scé­na­riste, LeOn, ont choi­si de pla­cer leur héroïne au cœur de quelques épi­sodes courts où sa jeu­nesse et son manque d’expérience la conduisent dans des situa­tions cocasses où elle finit dans la plu­part des cas par expo­ser ses charmes à un public ravi – que ce soit dans un audi­toire où son fes­sier char­nu attire les regards grâce au pan­ta­lon mou­lant qu’elle a choi­si de mettre tout en fai­sant abs­trac­tion de culotte ; au bar où elle doit se four­rer dans un cos­tume de ser­veuse bava­roise tel­le­ment trop juste que ses seins sont car­ré­ment pro­je­tés à l’air libre ; à la plage où ses dif­fé­rents maillots semblent com­plo­ter à qui glisse mieux et plus loin afin de faire pro­fi­ter le maxi­mum de badauds de ses chairs opu­lentes. Et ceci n’est qu’un échan­tillon loin d’être com­plet de ce qui lui arrive. À vous de décou­vrir ses autres séances d’exhibition acci­den­telle et invo­lon­taire – dans les­quelles elle est par­fois, il faut l’avouer, conduite par les ruses de par­ties inté­res­sées. Encore que ces par­ties-là ne pro­fitent pas tou­jours impu­né­ment du suc­cès de leurs machi­na­tions, le père d’Annie se char­geant d’appliquer une jus­tice aus­si som­maire qu’exemplaire. Et celle-ci peut par­fois prendre des formes – quand elles ne conduisent pas ses vic­times car­ré­ment à l’hôpital – presque aus­si cocasses que les (més)aventures d’Annie. Atten­dez de voir celle qui sera admi­nis­trée à la belle Tina, jeune blonde au corps plu­tôt gra­cile, à l’opposé de celui d’Annie, mais plein de charmes…

À lire :
Agathe Legrand, Exhib, chantage et sexe
Cucca, Annie à la piscine.
Annie à la pis­cine. On la dirait fraî­che­ment sor­tie d’une illus­tra­tion pour la Bauge lit­té­raire, non ?

J’ai sui­vi les épi­sodes d’Annie va à la fac avec grand plai­sir, empor­té par l’humour des deux2 com­plices créa­teurs de la belle brune sta­tuaire, même si cet humour peut par­fois être un brin lour­daud – à l’image du père omni­pré­sent que la faune mas­cu­line à inté­rêt à évi­ter, à moins de vou­loir pro­fi­ter des atten­tions de quelque infir­mière qui se lais­se­rait peut-être ten­ter par un beau mâle pro­vi­soi­re­ment mis HS.

À part cela, on rigole bien avec Annie – même si c’est le plus sou­vent à ses dépens. Et à côté de l’humour, il y a évi­dem­ment le plai­sir qu’on peut conce­voir en décou­vrant ses chairs pul­peuses en fleur qui invitent à en pro­fi­ter. Même si je dois avouer que j’aimerais la voir enfin pro­fi­ter à son tour, dans des aven­tures futures, des caresses d’un beau mâle ou d’une belle demoi­selle capables enfin de pous­ser leurs avan­tages jusqu’à conclure entre les bras et les cuisses d’une Annie qui aurait enfin consen­ti à se lais­ser admi­rer – et tri­po­ter – dans le plus beau des cos­tumes. En atten­dant – je vous invite à plon­ger dans les pages de cette belle bande des­si­née afin de vous délec­ter d’une beau­té qu’on ne croise pas tous les jours.

LeOn (scé­na­rio)
Vin­cen­zo Cuc­ca (des­sin)
Annie va à la fac
Tabou Édi­tions
ISBN : 9782359541809

LeOn / Cucca, Annie va à la fac
  1. « Ce sera la cou­ver­ture de la sor­tie néer­lan­daise du pre­mier numé­ro d’Anne en octobre. Des négo­cia­tions sont en cours pour une publi­ca­tion en fran­çais, et nous essaie­rons de la faire publier éga­le­ment en anglais et en ita­lien. Mais les Néer­lan­dais auront le scoop. » cité d’après la publi­ca­tion du 31 août 2016 sur la page Face­book d’Annie. L’information est d’ailleurs quelque peu erro­née, le pre­mier édi­teur envi­sa­gé étant – belge… ↩︎
  2. Je ne vou­drais pas pas­ser sous silence un troi­sième nom qu’on voit régu­liè­re­ment appa­raître sur la page Face­book d’Annie depuis les débuts de celle-ci en 2014 avant de dis­pa­raître quelque part entre 2021 et le jour pré­sent, celui de Maria­cris­ti­na Fede­ri­co. Les bonnes gens de Media­geu­zen la men­tionnent comme « ink­leurs­ter », terme qui se tra­duit par « colo­riste », fonc­tion dans laquelle elle est tou­jours men­tion­née sur la fiche d’Anne, Eers­te­jaars chez Sil­ves­ter Strips à l’occasion de sa pre­mière mon­diale en 2021. Maria­cris­ti­na est par contre absente de la publi­ca­tion fran­çaise, au moins du docu­ment PDF que j’ai reçu de la part des Édi­tions Tabou qui se borne à citer LeOn comme scé­na­riste et Vin­cen­zo Cuc­ca comme des­si­na­teur. Je n’ai aucune idée du pour­quoi et du com­ment de cette absence, je me borne donc à la rele­ver. ↩︎