
Annie est une jeune femme qui allie l’opulence de ses formes appétissantes à une certaine (ou plutôt : totale) inconscience à propos des effets que celles-ci peuvent avoir sur son entourage. Des effets qui ne tardent pas à se manifester quand elle débarque, conduit par son père, devant son nouveau « kot » – une chambre ou petit studio pour étudiants chez nos voisins belges – et que ses charmes lui attirent, à peine sortie de la voiture, la bienveillance spontanée d’un de ses nouveaux voisins. Une bienveillance qui, il est vrai, se prend comme une douche froide en pleine gueule dès que le père sus-mentionné de la belle choisit d’intervenir afin de freiner de façon abrupte l’élan du jeune homme un peu trop entreprenant – et obsédé sans doute par une silhouette qui ferait baver d’envie jusqu’au plus myope des hommes. Un fait dont son père est très conscient comme la suite des événements ne tardera pas à l’illustrer. Mais comment, je vous le demande, éviter de tomber sous le charme d’une jeune femme qui réussit à se présenter dans le plus banal des décors comme si elle venait de descendre de son piédestal où un sculpteur aussi antique qu’amoureux l’aurait placée afin de célébrer à travers elle une Aphrodite vêtue de la plus ferme – et en même temps la plus malléable – des chairs ?
Pour Annie comme pour tant d’autres, les études – loin des parents (c’est au moins ce qu’elle aimerait croire) et du monde fréquenté pendant la scolarité – s’annoncent comme l’entrée dans un nouvel univers prometteur de liberté et d’aventures. Mais c’est sans compter sur son père décidé de mettre la main à la pâte pour défendre l’honneur de sa fille chérie – envers et contre tous les dangers, et en premier lieu contre ceux (encore qu’il faut un sacré culot de la part de votre serviteur pour qualifier de « danger » ce qui risque d’arriver à la jeune beauté si jamais celle-ci choisissait de céder aux tentations et aux innombrables propositions !) que lui attirent des atouts aussi proéminents qu’ils la font remarquer partout où elle décide de mettre les pieds, peu importe que ce soit chez ses colocataires, en salle de classe, à la laverie automatique ou encore à la plage. Où, il est vrai, il lui arrive un nombre incroyable de mésaventures.
Mais prenons un peu de recul afin de consacrer quelques instants à celui qui a su créer une demoiselle aussi charmante. Et vers laquelle je vous promets de vous reconduire à la première occasion…

Vincenzo Cucca est un dessinateur italien originaire de Naples qui a pu mettre son talent au service de quelques grandes marques comme Disney, Marvel (She Hulk), Le Lombard (Le Maître des ogres) ou encore Glénat (Colonisation, Pandamonia). Si une grande partie de ses publications s’inscrit dans un registre plutôt « classique », quelque part entre le fantastique et la Science Fiction, il a aussi à son actif des ouvrages bien plus épicés comme Hot Charlotte, publié en 2012 chez Glénat, maison où l’auteur côtoie quelques-uns des plus grands noms de l’érotisme littéraire comme Manara ou Serpieri (Druuna), ou encore Titania chez GDBM, une série sur fond mythologique qui carrément verse dans le genre pornographique. Et à chaque fois qu’il s’agit de décrire les héroïnes de Cucca, il y a un attribut qui revient avec la belle régularité d’un chronomètre helvétique sous la plume des chroniqueurs – « pulpeux », parfois suivi d’un « opulent » juste un brin plus littéraire. Il suffit pour s’en convaincre de contempler l’héroïne de Hot Charlotte ci-contre.

Vous savez déjà que ces mêmes épithètes peuvent s’appliquer avec justesse à la dernière créature sortie de l’imaginaire du dessinateur italien, et rien qu’à contempler la couverture avec sa juteuse beauté qui arrive à peine à contenir ses charmes à l’aide d’une serviette, j’ai eu envie de découvrir le dernier opus de Cucca, accompagné dans l’aventure par le scénariste britannique LeOn. Annie va à la fac vient de paraître, en mars 2022, chez Tabou Éditions, un des rares rescapés – avec principalement la nébuleuse gravitant autour de la Musardine – du naufrage de l’édition érotique française. Mais Annie, mine de rien et malgré son état de première année, a déjà quelques années sur le dos. Dès que j’ai vu l’annonce d’Annie va à la fac dans une newsletter des Éditions Tabou adressée aux chroniqueurs, je me suis souvenu de quelques conversations avec Vincenzo sur Facebook – du temps que je fréquentais encore les réseaux soi-disant sociaux – datant d’il y a sept ou huit ans. Et je me souviens qu’il y a été question d’Annie et qu’il y a même eu une page que le dessinateur lui avait dédiée. Quelques recherches plus tard je me suis effectivement retrouvé sur une page Facebook version mobile que j’ai pu consulter sans y être inscrit et qui remonte jusqu’au 30 septembre 2014, une date qui correspond assez bien à mes souvenirs. Une des premières entrées y présente l’ébauche de la future protagoniste, tellement ravissante dans sa simplicité noir et blanc que je n’ai tout simplement pas pu passer à côté sans la présenter ici même à mes lectrices et lecteurs.
Si le portrait d’Annie laisse effectivement songer à une ébauche, on y trouve d’autres pages – et ce dès le début – qui ne semblent plus avoir changé depuis leur première mise en ligne jusqu’à la publication « officielle » qui semble avoir eu lieu aux Pays-Bas, chez l’éditeur Silvester Strips, en octobre – 2021. C’est au moins la seule indication d’une publication antérieure à celle de 2022 chez Tabou que j’aie pu trouver, malgré l’affirmation de Cucca, le 31 août 2016, que la publication était imminente :
This will be the cover for the Durch release of the first issue of Anne in october. Negotiations going on for a French publication, and we’ll try to get it also published in English and Italian. But the Dutch people will get the scoop.1
Si la couverture et le titre (Anne Eerstejaars) correspondent à ceux de la publication néerlandaise de 2021, le nom de l’éditeur a changé. Dans une réponse à l’article sus-cité du 31 août, Cucca (ou plutôt le propriétaire de la page) indique le nom de Mediageuzen Comics avec un lien vers une page Facebook qu’on peut toujours consulter, mais qui s’arrête sec en 2017. On y trouve toujours, à la date du 18 septembre 2016, l’annonce suivante :

L’URL mediageuzen.be mène aujourd’hui vers le site d’une agence de publicité, mais il suffit de remonter le temps grâce à la Wayback Machine pour y trouver des traces d’activités éditoriales. Celles-ci semblent avoir pris fin en 2017, et c’est sans doute cela qui explique le long silence de presque cinq ans qui s’installe sur la page d’Annie à partir d’octobre 2016 jusqu’à la première activité des Éditions Tabou qui date – du 10 mars 2022. Je ne peux que spéculer sur les raisons ayant conduit à l’avortement de cette première publication envisagée, mais je me réjouis plutôt du fait que notre belle bien en chair ait finalement trouvé un chez soi d’où elle peut enfin inviter au rendez-vous les amateurs d’érotisme et d’humour.
Après cette petite parenthèse érudite et historique, le temps est venu de fournir quelques détails à propos de la publication en question. Cucca et son scénariste, LeOn, ont choisi de placer leur héroïne au cœur de quelques épisodes courts où sa jeunesse et son manque d’expérience la conduisent dans des situations cocasses où elle finit dans la plupart des cas par exposer ses charmes à un public ravi – que ce soit dans un auditoire où son fessier charnu attire les regards grâce au pantalon moulant qu’elle a choisi de mettre tout en faisant abstraction de culotte ; au bar où elle doit se fourrer dans un costume de serveuse bavaroise tellement trop juste que ses seins sont carrément projetés à l’air libre ; à la plage où ses différents maillots semblent comploter à qui glisse mieux et plus loin afin de faire profiter le maximum de badauds de ses chairs opulentes. Et ceci n’est qu’un échantillon loin d’être complet de ce qui lui arrive. À vous de découvrir ses autres séances d’exhibition accidentelle et involontaire – dans lesquelles elle est parfois, il faut l’avouer, conduite par les ruses de parties intéressées. Encore que ces parties-là ne profitent pas toujours impunément du succès de leurs machinations, le père d’Annie se chargeant d’appliquer une justice aussi sommaire qu’exemplaire. Et celle-ci peut parfois prendre des formes – quand elles ne conduisent pas ses victimes carrément à l’hôpital – presque aussi cocasses que les (més)aventures d’Annie. Attendez de voir celle qui sera administrée à la belle Tina, jeune blonde au corps plutôt gracile, à l’opposé de celui d’Annie, mais plein de charmes…

J’ai suivi les épisodes d’Annie va à la fac avec grand plaisir, emporté par l’humour des deux2 complices créateurs de la belle brune statuaire, même si cet humour peut parfois être un brin lourdaud – à l’image du père omniprésent que la faune masculine à intérêt à éviter, à moins de vouloir profiter des attentions de quelque infirmière qui se laisserait peut-être tenter par un beau mâle provisoirement mis HS.
À part cela, on rigole bien avec Annie – même si c’est le plus souvent à ses dépens. Et à côté de l’humour, il y a évidemment le plaisir qu’on peut concevoir en découvrant ses chairs pulpeuses en fleur qui invitent à en profiter. Même si je dois avouer que j’aimerais la voir enfin profiter à son tour, dans des aventures futures, des caresses d’un beau mâle ou d’une belle demoiselle capables enfin de pousser leurs avantages jusqu’à conclure entre les bras et les cuisses d’une Annie qui aurait enfin consenti à se laisser admirer – et tripoter – dans le plus beau des costumes. En attendant – je vous invite à plonger dans les pages de cette belle bande dessinée afin de vous délecter d’une beauté qu’on ne croise pas tous les jours.
LeOn (scénario)
Vincenzo Cucca (dessin)
Annie va à la fac
Tabou Éditions
ISBN : 9782359541809
- « Ce sera la couverture de la sortie néerlandaise du premier numéro d’Anne en octobre. Des négociations sont en cours pour une publication en français, et nous essaierons de la faire publier également en anglais et en italien. Mais les Néerlandais auront le scoop. » cité d’après la publication du 31 août 2016 sur la page Facebook d’Annie. L’information est d’ailleurs quelque peu erronée, le premier éditeur envisagé étant – belge… ↩︎
- Je ne voudrais pas passer sous silence un troisième nom qu’on voit régulièrement apparaître sur la page Facebook d’Annie depuis les débuts de celle-ci en 2014 avant de disparaître quelque part entre 2021 et le jour présent, celui de Mariacristina Federico. Les bonnes gens de Mediageuzen la mentionnent comme « inkleurster », terme qui se traduit par « coloriste », fonction dans laquelle elle est toujours mentionnée sur la fiche d’Anne, Eerstejaars chez Silvester Strips à l’occasion de sa première mondiale en 2021. Mariacristina est par contre absente de la publication française, au moins du document PDF que j’ai reçu de la part des Éditions Tabou qui se borne à citer LeOn comme scénariste et Vincenzo Cucca comme dessinateur. Je n’ai aucune idée du pourquoi et du comment de cette absence, je me borne donc à la relever. ↩︎