En-tête de la Bauge littéraire

Jack Val­mont, Mar­ti­na à la plage

Il y a quelques mois, j’ai reçu une petite sur­prise de la part de Jack Val­mont, un auteur que je ne connais­sais pas encore, mais qui, ayant devi­né le goût de votre ser­vi­teur pour la chair chauf­fée à blanc et les fan­tasmes tra­duits en paroles, s’est pré­sen­té devant mon repaire pour m’of­frir un de ses récits, Mar­ti­na à la plage. Quand on sait que le San­glier n’i­ma­gine rien de plus sédui­sant que des gali­pettes sous le soleil, de pré­fé­rence sur le sable brû­lant, avec comme seule témoin la Grande Bleue (et encore…), on ima­gine que je me suis jeté des­sus avec la vora­ci­té qui est le propre de mon espèce.

En temps nor­mal, je vous aurais aus­si­tôt par­lé des frasques de Mar­ti­na, une jeune femme qui n’a pas froid aux yeux, ni entre les cuisses. Mal­heu­reu­se­ment, les temps sont loin d’être nor­maux, et je passe le plus clair du mien à maî­tri­ser la haine que j’é­prouve face aux dérives auto­ri­taires de nos gou­ver­nants. Mais aujourd’­hui, entre la lec­ture d’un ouvrage excel­len­tis­sime consa­cré à la chute de la civi­li­sa­tion de l’âge de bronze en 1177 avant notre ère et une autre soi­rée pas­sée en com­pa­gnie des per­son­nages de mes séries pré­fé­rées, je me suis dit qu’il fal­lait quand même sor­tir de ma tor­peur et me lais­ser séduire par les bonnes choses. Et pour­quoi est-ce que je ferais payer l’ad­di­tion de ma mau­vaise humeur à un auteur qui a su m’emballer en me pro­po­sant le texte qu’il fal­lait ? Arrê­tons donc de bou­der notre plai­sir et pas­sons quelques ins­tants en com­pa­gnie de cette jeune per­sonne qui pro­met – de nous emme­ner à la plage !

Mar­ti­na à la plage fait par­tie d’un recueil, Des Filles à évi­ter, dans lequel, selon l’au­teur, on risque de croi­ser des filles qui

à toutes les époques, en tous lieux, dans toutes les occa­sions, […] déploient leur ima­gi­naire éro­tique.[1]Pré­sen­ta­tion du recueil sur le site d’Amazon.fr

L’au­teur s’ef­fa­ce­rait donc au pro­fit de ses per­son­nages qui, elles, pren­draient les devants de la scène afin de séduire le gibier et le faire tom­ber dans les pièges ten­dus par l’é­mi­nence grise qui se conten­te­rait d’en­cais­ser nos sous ? Une belle illu­sion qui fait oublier la peine qu’un auteur se donne afin d’ar­ri­ver à ses fins (qui ne se bornent pas à tendre la main, je vous l’as­sure !) et qui en même temps donne une idée assez juste de ce que peut être la rela­tion entre l’au­teur et ses créatures.

Celle qui nous inté­resse aujourd’­hui s’ap­pelle donc Mar­ti­na, et il faut consta­ter qu’on n’ap­prend pas vrai­ment grand chose d’elle au cours de ses aven­tures – sauf qu’elle est par­tie en vacances avec ses parents et qu’elle adore la gali­pette, peu importe le nombre ou encore le sexe de ses par­te­naires. Ce qui m’in­cite à lui don­ner quelque part entre 16 et 20 ans, une époque de la vie qui conjugue le fait de (devoir) pas­ser les vacances en com­pa­gnie de ses parents avec un appé­tit déme­su­ré pour le sexe et les décou­vertes. À part cela, l’au­teur est un peu avare quand il s’a­git de four­nir à ses lec­teurs des détails à pro­pos de la belle indé­cente qu’il s’a­muse à pro­me­ner sous nos yeux. Mais ne soyons pas trop exi­geant, non plus, on apprend quand même le prin­ci­pal, à savoir qu’elle a la chatte épi­lée et des che­veux clairs qui donnent « l’impression d’un voile d’or ». Et qu’elle aime se pro­me­ner sans culotte afin d’at­ti­ser les appé­tits sexuels de ses par­te­naires. Geste très peu néces­saire quand il s’a­git d’ex­ci­ter des ado­les­cents qui viennent de se rin­cer les yeux en contem­plant la chatte d’une fille peu avare de ses charmes. Des ado­les­cents qui, de toute façon, n’i­ma­ginent plus rien d’autre, du haut de leur viri­li­té en rut, que de défon­cer l’in­so­lente qui les mène du bout de leurs glands.

À lire :
Agathe Legrand, Exhib, chantage et sexe

Bon, après avoir fait connais­sance avec la pro­ta­go­niste, on peut se deman­der quelles aven­tures le Sieur Val­mont a pu ima­gi­ner pour offrir à sa créa­ture le pré­texte pour se pro­duire sous tous les yeux en dévoi­lant jus­qu’au moindre de ses charmes ? On constate rapi­de­ment que, les aven­tures, ce n’est pas ce qui manque dans ce récit où les intrigues se bous­culent – à moins qu’il ne faille dire qu’elles se culbutent. On pour­rait même dire qu’il s’y passe presque un peu trop de choses sur les quelques pages du petit récit : Tout d’a­bord, il y al’é­pi­sode de la plage que Mar­ti­na visite en com­pa­gnie de Charles et de Ger­main, les jumeaux relu­queurs de chatte qui arrivent à leurs fins avec presque trop de faci­li­té et qui manquent d’obs­tacles à sur­mon­ter avant de pou­voir plon­ger leurs bites dans la cavi­té bouillon­nante de la jeune nymphe. Ensuite, il y a l’é­pi­sode les­bien qui met notre héroïne dans un face à face avec la belle Inès, une beau­té brune entrea­per­çue la veille à la plage entre deux par­ties de jambes en l’air, le modèle même de la MILF tout ce qu’il y a de plus sédui­sant et qui n’est que trop prête à céder aux avances de la jeune blonde qui, elle, a hâte de faire du « face à face » un déli­cieux « bouche à chatte ». Et comme on adore pro­lon­ger son plai­sir, voi­là que, pour ter­mi­ner loin de toute dou­ceur, notre blonde à l’ap­pé­tit déme­su­ré qui se montre en bonne sœur sou­cieuse de la san­té psy­chique de son frère tou­jours en attente de sa pre­mière fois. Et pour­quoi ne pas pro­fi­ter des bonnes grâces d’une Inès que le hasard a mise sur notre route et qui vient de don­ner de si belles preuves de sa dis­po­si­tion à céder au plai­sir – et de sa capa­ci­té de le provoquer…

Vous aurez com­pris que la vitesse des enchaî­ne­ments me laisse un peu per­plexe. Mais j’ai quand même pas­sé quelques bons ins­tants en com­pa­gnie de cette belle per­sonne qui sait pro­fi­ter d’une jeu­nesse prompte à céder au désir, que ce soit le sien ou celui des autres. Un désir qu’elle sait pro­vo­quer et entre­te­nir avec tout le charme de son corps en fleur. Un corps qui, loin de toute inno­cence, fait rayon­ner toute la soif sexuelle qu’on peut éprou­ver à cet âge-là. Et l’au­teur pro­fite des quelques pauvres pages du récit pour don­ner une belle preuve de sa capa­ci­té d’ar­ran­ger les mots et les phrases pour en dis­til­ler des situa­tions qui ne peuvent lais­ser indif­fé­rents. Et le tout dans l’es­pace archi-res­treint où la mul­ti­tude des intrigues ne lui laisse fina­le­ment que peu de loi­sir pour ame­ner – et ani­mer – les ren­contres entre ses per­son­nages. C’est pour cela que j’ai très vite eu l’im­pres­sion que cela se bous­cu­lait un peu trop dans le récit, et on prend un malin plai­sir à ima­gi­ner l’au­teur séduit par sa propre créa­ture, au point de ne pou­voir s’empêcher de la jeter entre les bras et les cuisses de ses mul­tiples par­te­naires afin d’en pro­fi­ter à son tour.

À lire :
Barbara Shumway, Moving into the Lesbian World

Je com­prends bien sûr cette pul­sion de jouir d’une pro­ta­go­niste qu’on a inves­tie de tous les atouts, mais on peut aus­si se deman­der si les lec­teurs n’au­raient pas été mieux ser­vis si on leur avait lais­sé un peu plus de temps pour décou­vrir les per­son­nages sous toutes leurs cou­tures, pour mieux goû­ter à la jeu­nesse insou­ciante d’une Mar­ti­na qu’on voit pro­fi­ter à fonds de ses ren­contres ou pour appré­cier à sa juste valeur une Inès qui sait quand il faut aban­don­ner toute résis­tance afin de céder aux pul­sions. Je ne parle évi­dem­ment que pour moi, mais j’au­rais pré­fé­ré décou­vrir des femmes aus­si appé­tis­santes à tra­vers des textes plus four­nis dans les­quels l’au­teur aurait pris soin de déve­lop­per les intrigues, de pré­sen­ter comme il faut les membres de sa ména­ge­rie éro­tique, de leur four­nir une his­toire, peut-être même de faire res­sor­tir leur res­sen­ti face à des évé­ne­ments aus­si bou­le­ver­sants que des pre­mières fois : Le trio­lisme (pour les jumeaux), un pre­mier amour les­bien (au moins pour Inès, quant à Mar­ti­na, on ne le sait pas trop) et ensuite une pre­mière fois tout court (pour Benoît). S’il est vrai qu’on ne demande pas trop de rigueur psy­cho­lo­gique à un texte cen­sé gui­der le lec­teur vers l’ins­tant chan­tilly, j’au­rais quand même ado­ré pas­ser bien plus de temps en com­pa­gnie de cette dame qui n’hé­site pas à inves­tir la plage pour en faire le décor d’un spec­tacle ins­pi­ré par les fan­tasmes les plus ban­dants. Une dame qui donne envie de décou­vrir ses consoeurs, même si l’au­teur semble vou­loir nous en empê­cher en pré­ten­dant que ce seraient « des filles à éviter »…

Jack Val­mont
Mar­ti­na à la plage, in :
Des filles à évi­ter
Auto-édi­tion
ASIN : B08C7ZTX36

Réfé­rences

Réfé­rences
1 Pré­sen­ta­tion du recueil sur le site d’Amazon.fr