Décidément, l’Espagne réussit de plus en plus souvent à me séduire, et après Mar Rodriguez avec ses variations sur le froid et le chaud et Sarah con Hache avec ses Pin-ups, c’est aujourd’hui le dessinateur et illustrateur catalan Josep Giró qui s’invite dans la Bauge littéraire pour y présenter sa vision des ravages délicieux de la lecture érotique. Et qui fait monter la température jusqu’à l’incandescence en introduisant les internautes dans l’intimité d’une lectrice aux gestes aussi indécents que précis. Une lectrice qui rend un hommage explicite à cette littérature qui se lit d’une seule main, encore que la chantilly se transforme ici en coulée de lave et que le plaisir dépasse de très loin l’instant concédé aux hommes.


Comme si souvent depuis un certain temps déjà, j’ai découvert l’art de Josep Giró à travers son profil sur Deviant Art, une plate-forme – que je ne saurais trop recommander à quiconque cherche des illustrateurs de talent ! – qui permet aux artistes de présenter leurs œuvres et d’entrer en contact avec des clients et des amateurs un peu partout autour du globe.
Un petit coup d’œil sur le profil de Josep suffit pour se rendre à l’évidence – voici un artiste qui a tout pour plaire à votre serviteur. Que ce soit son traitement du corps féminin – une sorte de délicatesse hardie qui trahit sa fascination pour leurs courbes ravissantes et la magie de leurs regards – ou encore le choix de ses sujets dont certains traduisent un humour aussi déluré que sereinement scabreux, Josep se montre à la hauteur des défis qui lui sont lancés d’un peu partout.

Que ce soit sa version très personnelle de l’affiche de Kill Bill où Beatrix Kiddo troque l’épée contre la serpillière pour assurer le « service après vengeance », que ce soit Darth Vador en train de se servir de la Force pour réussir la cuisson d’une crêpe, ou encore la petite guerrière maori s’apprêtant à asséner un grand coup de Taiaha au requin qui, lui, semble se réjouir rien qu’à l’idée du morceau juteux qui lui saute dans la gueule, on n’arrête pas de s’émerveiller devant ces comprimés de lumière et d’indécence.

Et puisqu’on est en train de parler de morceau juteux : Je vous invite à contempler cette guerrière toute en courbes, arc bandé prêt à envoyer sa charge mortelle, ses seins qui bondissent sous la force balistique, son ventre délicat qui n’est rien moins qu’un plain-chant dédié à la séduction, ses tresses qui font penser à une Méduse qui aurait emprunté les traits de son visage à une noire Vénus en colère. Ajoutez à cela la fraîcheur de l’eau, le contraste entre la violence des eaux et la sérénité du ciel, et vous aurez une idée du mélange savamment composé de malice, de joie et de savoir-faire que Josep Giró utilise pour faire de ses dessins de l’art. Et on ne saurait assez souligner le rôle de la lumière dans tout cela – que ce soit de par sa présence ou son absence – une qualité que Josep Giró manie comme un outil d’une importance capitale.
L’art de cet artiste d’outre-Pyrénées se décline donc sur trois axes – humour, luminosité, indécence – et c’est l’équilibre plus ou moins nuancé de ces ingrédients qui fait de ses dessins et de ses illustrations des merveilles qu’on ne cesse de vouloir contempler. Et puis, et c’est quelque chose qui a failli me renverser, l’art de Josep ne serait ce qu’elle est sans la joie que celui-ci met dans son exécution. Quand je lui ai fait part de ma perplexité quant à sa vitesse et la finesse de ses interprétations, il a répondu par une phrase très simple : « I love the job ». Le moyen de résister à cela ?
Vous pouvez trouver Josep Giró sur un grand nombre de plate-formes consacrées aux artistes numériques et traditionnels. Voici quelques pistes, n’hésitez pas à les explorer. Vous ne le regretterez pas :-)
Avant de vous laisser, un dernier échantillon pour la route, un travail qui illustre à la perfection l’usage des trois principaux ingrédients de l’art de Josep Giró, sa version d’une Daenerys en train de cuire une crêpe (ou peut-être une tortilla ?), dessin où humour et érotisme se rencontrent dans une volupté superbe illuminée par les flammes de l’enfer, le tout épicé par un emprunt au style manga et à ses héroïnes qui allient innocence et séduction.
