Josep Giró – l’in­ti­mi­té incandescente

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Déci­dé­ment, l’Es­pagne réus­sit de plus en plus sou­vent à me séduire, et après Mar Rodri­guez  avec ses varia­tions sur le froid et le chaud et Sarah con Hache avec ses Pin-ups, c’est aujourd’­hui le des­si­na­teur et illus­tra­teur cata­lan Josep Giró qui s’in­vite dans la Bauge lit­té­raire pour y pré­sen­ter sa vision des ravages déli­cieux de la lec­ture éro­tique. Et qui fait mon­ter la tem­pé­ra­ture jus­qu’à l’in­can­des­cence en intro­dui­sant les inter­nautes dans l’in­ti­mi­té d’une lec­trice aux gestes aus­si indé­cents que pré­cis. Une lec­trice qui rend un hom­mage expli­cite à cette lit­té­ra­ture qui se lit d’une seule main, encore que la chan­tilly se trans­forme ici en cou­lée de lave et que le plai­sir dépasse de très loin l’ins­tant concé­dé aux hommes.

Josep Giró, Illustration pour la Bauge littéraire (ébauche)
Josep Giró, Illus­tra­tion pour la Bauge lit­té­raire – de l’ébauche…
Josep Giró, Illustration pour la Bauge littéraire
… au tra­vail fini.

Comme si sou­vent depuis un cer­tain temps déjà, j’ai décou­vert l’art de Josep Giró à tra­vers son pro­fil sur Deviant Art, une plate-forme – que je ne sau­rais trop recom­man­der à qui­conque cherche des illus­tra­teurs de talent ! – qui per­met aux artistes de pré­sen­ter leurs œuvres et d’en­trer en contact avec des clients et des ama­teurs un peu par­tout autour du globe.

Un petit coup d’œil sur le pro­fil de Josep suf­fit pour se rendre à l’é­vi­dence – voi­ci un artiste qui a tout pour plaire à votre ser­vi­teur. Que ce soit son trai­te­ment du corps fémi­nin – une sorte de déli­ca­tesse har­die qui tra­hit sa fas­ci­na­tion pour leurs courbes ravis­santes et la magie de leurs regards – ou encore le choix de ses sujets dont cer­tains tra­duisent un humour aus­si délu­ré que serei­ne­ment sca­breux, Josep se montre à la hau­teur des défis qui lui sont lan­cés d’un peu partout.

À lire :
E.T. Raven, Amabilia – Petite Mort
Josep Giró, Kill Bill - The day after
Kill Bill – The day after. Varia­tion aus­si indé­cente que pleine d’hu­mour grin­çant sur l’af­fiche du film culte de Quen­tin Tarantino.

Que ce soit sa ver­sion très per­son­nelle de l’af­fiche de Kill Bill où Bea­trix Kid­do troque l’é­pée contre la ser­pillière pour assu­rer le « ser­vice après ven­geance », que ce soit Darth Vador en train de se ser­vir de la Force pour réus­sir la cuis­son d’une crêpe, ou encore la petite guer­rière mao­ri s’ap­prê­tant à assé­ner un grand coup de Taia­ha au requin qui, lui, semble se réjouir rien qu’à l’i­dée du mor­ceau juteux qui lui saute dans la gueule, on n’ar­rête pas de s’é­mer­veiller devant ces com­pri­més de lumière et d’indécence.

Josep Giró, Maori Warrior (détail)
Josep Giró, Mao­ri War­rior (détail)

Et puis­qu’on est en train de par­ler de mor­ceau juteux : Je vous invite à contem­pler cette guer­rière toute en courbes, arc ban­dé prêt à envoyer sa charge mor­telle, ses seins qui bon­dissent sous la force balis­tique, son ventre déli­cat qui n’est rien moins qu’un plain-chant dédié à la séduc­tion, ses tresses qui font pen­ser à une Méduse qui aurait emprun­té les traits de son visage à une noire Vénus en colère. Ajou­tez à cela la fraî­cheur de l’eau, le contraste entre la vio­lence des eaux et la séré­ni­té du ciel, et vous aurez une idée du mélange savam­ment com­po­sé de malice, de joie et de savoir-faire que Josep Giró uti­lise pour faire de ses des­sins de l’art. Et on ne sau­rait assez sou­li­gner le rôle de la lumière dans tout cela – que ce soit de par sa pré­sence ou son absence – une qua­li­té que Josep Giró manie comme un outil d’une impor­tance capitale.

L’art de cet artiste d’outre-Pyré­nées se décline donc sur trois axes – humour, lumi­no­si­té, indé­cence – et c’est l’é­qui­libre plus ou moins nuan­cé de ces ingré­dients qui fait de ses des­sins et de ses illus­tra­tions des mer­veilles qu’on ne cesse de vou­loir contem­pler. Et puis, et c’est quelque chose qui a failli me ren­ver­ser, l’art de Josep ne serait ce qu’elle est sans la joie que celui-ci met dans son exé­cu­tion. Quand je lui ai fait part de ma per­plexi­té quant à sa vitesse et la finesse de ses inter­pré­ta­tions, il a répon­du par une phrase très simple : « I love the job ». Le moyen de résis­ter à cela ?

À lire :
ChocolatCannelle, Vacances à l'Auberge rose

Vous pou­vez trou­ver Josep Giró sur un grand nombre de plate-formes consa­crées aux artistes numé­riques et tra­di­tion­nels. Voi­ci quelques pistes, n’hé­si­tez pas à les explo­rer. Vous ne le regret­te­rez pas :-)

Avant de vous lais­ser, un der­nier échan­tillon pour la route, un tra­vail qui illustre à la per­fec­tion l’u­sage des trois prin­ci­paux ingré­dients de l’art de Josep Giró, sa ver­sion d’une Dae­ne­rys en train de cuire une crêpe (ou peut-être une tor­tilla ?), des­sin où humour et éro­tisme se ren­contrent dans une volup­té superbe illu­mi­née par les flammes de l’en­fer, le tout épi­cé par un emprunt au style man­ga et à ses héroïnes qui allient inno­cence et séduction.

Josep Giró, Faire la cuisine avec Daenerys (détail)
Josep Giró, Faire la cui­sine avec Dae­ne­rys (détail)
Dessin d'une femme nue debout, vue de profil. Elle tient un gode dans la main droite qu'elle est en train de s'introduire dans le vagin.
Dessin réalisé par Sammk95