Voici une bande dessinée que tout estivant avide d’aventures littéraires et érotiques se doit d’emporter dans sa bibliothèque portative, Les vacances de Santi & Ana. Et comme si un titre aussi prometteur ne suffisait pas, les bonnes gens de chez Dynamite ont pris le soin de choisir une couverture des plus alléchantes pour ôter le moindre doute quant à la préoccupation principale de nos deux héros pendant lesdites vacances.
Cette couverture, on peut dire qu’elle m’a fait un sacré effet rien que par sa délicieuse indécence. Mais contemplez donc la pose de la jeune femme qui s’y produit, cible de tous les regards par sa beauté impudemment étalée et par l’absence de tout décor supplémentaire, mise en relief par une énorme bordure d’un noir d’encre. Assise sur sa chaise, les cuisses grandes ouvertes, un téléphone collé à l’oreille et absorbée par la conversation avec son interlocuteur inconnu elle s’abandonne à une indécence d’autant plus bandante qu’elle en semble inconsciente. Mais c’est seulement quand le regard tombe sur un détail de la mise en scène qu’on se rend véritablement compte qu’on est en train de s’approcher d’un abîme de lubricité grouillant de tous les fantasmes. Contemplez-moi donc ce bout de tissu – un mouchoir ? – que la demoiselle tient collé à son entrejambe comme pour empêcher le liquide de s’en échapper pour venir souiller le siège sur lequel la jeune femme a posé son délicieux cul. Peu importe la situation qui aura conduit la donzelle à se produire ainsi sous les regards des lecteurs, ce dessin est comme un concentré de l’érotisme promis à qui a le courage d’aller à la rencontre de cette déesse de la chair. Et comme un érotisme si franchement avoué ne peut que séduire le Sanglier, rien de plus normal que d’en parler dans le meilleur des contextes, une Lecture estivale !
Une toute petite remarque avant d’attaquer ce si beau morceau : À regarder de près la chaise qui a le bonheur d’accueillir un cul aussi appétissant, on se rend compte que c’est une chaise de bureau. Et ben, qu’on se dit, une chaise de bureau dans une BD censée nous parler de vacances, qu’est-ce que c’est que ça ? J’ai été un peu étonné quand j’ai compris que la demoiselle retenue pour la couverture est tout simplement absente du récit consacré aux aventures érotiques de Santi, d’Ana et de leur joyeuse bande de copains, copines. Elle est par contre l’héroïne éponyme d’une petite BD de juste quelques pages, NUR, qui a valu à son auteur, SIO, de gagner l’édition 2006 du concours de la bande dessinée (« concurso de cómic » dans son espagnol natal) lancée par le magazine érotique KISS COMIX où les planches en question furent publiée pour la première fois au mois de novembre 2006 dans le numéro 182. Et comme Nur est une étudiante censée préparer ses examens avant d’opter pour une autre occupation, la chaise s’explique facilement comme faisant partie du décor. Et vu à quel point la jeune étudiante transpire l’éros, on s’accordera à qualifier le choix des collaborateurs de Dynamite de tout simplement – parfait. Surtout quand on sait que les filles qu’on peut croiser dans les pages des Vacances de Santi & Ana n’ont franchement rien à envier à leur compatriote.
Le récit de ces vacances commence avec un coup que je qualifierais de « foudroyant » plutôt que « de foudre » vu que le protagoniste y reçoit un ballon en pleine gueule. Il est vrai pourtant que le petit malheur est vite oublié face à la belle jeune femme qui s’amène pour demander pardon à la malheureuse cible du jeu à la baballe où elle s’est engagée avec la bande de gamins dont elle assure la garde « toutes les après-midi ».[1]Ego & Sio, Les vacances de Santi & Ana, p. 3

Cet incident marque le début d’une série d’aventures érotiques dans lesquelles les protagonistes éponymes sont rejoints – à moins de s’effacer à leur profit – par leurs amis et des copains / copines de circonstances croisées à la plage, l’espace par excellence d’un brassage des populations venues de partout pour profiter de la chaleur et de l’abandon temporaire de toute notion d’intimité afin de nouer des contacts le plus souvent éphémères, mais d’autant plus intenses et – profonds.
La rencontre initiale des deux protagonistes – celle du ballon dans la figure – est très vite suivie par un contact plus intime quand Santi croise une Ana bourrée et quelque peu perdue, mais qui a gardé assez d’esprit pour savoir ce qu’elle veut : se sentir remplie par la belle bite du beau gosse sur lequel elle a eu le bonheur de tomber à l’improviste à peine quelques heures plus tôt. Mais la jeunesse, l’envie de profiter de l’effet bienveillant du soleil sur les hormones et l’ambiance estivale qui réveille tous les appétits évitent à nos protagonistes – au moins dans un premier temps – la bêtise de s’amouracher l’un de l’autre au point de vouloir se priver de toute cette belle faune attirée à la plage par les belles chairs qui s’y étalent sans la moindre pudeur et prêtes à éclore au passage du prochain inconnu. Le lecteur, tombé dès les premières pages sous le charme de la joyeuse franchise du dessin d’Ego, assiste donc pour son plus grand bonheur aux multiples rencontres qui se tissent à la trame de journées ensoleillées et de nuits plus chaudes encore, et la bande de copains enchaîne les galipettes, passant d’une paire de cuisses et de lèvres à une autre sans se poser des questions.
Mais tandis que tout le monde baise comme s’il n’y avait pas de lendemain, quelque chose se trame entre les protagonistes. C’est bien pour cela que j’ai pris soin de préciser « dans un premier temps » dans le paragraphe précédent. Tout ça est bien entendu d’une parfaite banalité – de jeunes gens se croisent dans l’ambiance insouciante des vacances et se découvrent des sentiments nés de la proximité physique – mais Ego et Sio en ont profité pour en tirer un chapitre où les explications entre Santi et Ana suite à une crise de jalousie sont juxtaposées à une scène torride de baise impliquant Toni – un peu le vilain canard de la bande, mais ô combien bien monté – et Esther. Et c’est franchement un des moments les plus forts de la BD quand on voit, d’un côté et en gros plan, la bite de Toni investir la chatte d’Esther, tandis que Santi, de l’autre, se décompose sous les reproches d’Ana.
Après, il y aura encore d’autres épisodes, d’autres rencontres et des orgasmes à n’en plus compter, et au final chaque membre de la petite « bande à quatre » aura trouvé son bonheur. Un bonheur qui, dans le cas de Santi, prend finalement des teintes mélancoliques avec la fin inévitable des vacances qui voit les deux protagonistes se séparer. Mais comme toutes les occasions sont bonnes pour une partie de jambes en l’air, Ana et Santi scellent celle-ci par un orgasme d’une rare intensité. Que je vous laisse découvrir par vous-mêmes, mes chères lectrices / chers lecteurs. Par contre, je ne peux terminer ce petit article sans vous donner un aperçu de la frimousse d’Ana qui exprime un rare goût pour la queue et les plaisirs qu’elle espère en tirer.
Les vacances se terminent, Santi et Ana rentrent dans leurs chez eux respectifs, riches de leurs souvenirs partagés et déchirés par une séparation dont personne ne sait si elle sera finale ou temporaire. Encore que… La dernière case de la BD est accaparée par les deux auteurs eux-mêmes qui y donnent le résumé de ce qui vient de se passer. Un résumé qu’on peut en même temps comprendre comme l’annonce d’aventures ultérieures :
L’été a pris fin et avec lui également, les aventures de nos protagonistes. C’est la fin du début d’une grande aventure pleine de sexe, de passion, de jalousie, convoitises…[2]Les vacances de Santi et Ana, p. 75
« La fin du début »… Malheureusement, les deux compères ont pris soin de préciser – et dans la même bulle – que « cela ne sera pas pour tout de suite ». Et quand on sait que le récit des Vacances de Santi & Ana a été initialement publié en douze épisodes entre les mois de décembre 2006 et celui de novembre 2007 (ce qui correspond aux numéros 183 à 194 du magazine Kiss Comix), on constate qu’il n’y a que très peu d’espoir de voir un si beau récit se poursuivre. Autre détail peu rassurant : Ego et Sio ont tenu, chacun de son côté, un blog couvrant la période qui nous intéresse, mais on n’y trouve que très peu de mentions à propos du projet relatif à Santi et Ana, à peine quelques petites entrées de la part de Sio qui se félicite pour la publication dans un magazine renommé comme Kiss Comix. Après, il n’y a plus que silence. C’est dommage, mais on aura au moins eu la chance de découvrir leur univers si joyeusement impudique grâce aux efforts de Dynamite et de l’équipe de Nicolas Castelet. Sur ce, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter un « Bon voyage ! »

Ego & Sio
Les vacances de Santi & Ana
Dynamite
ISBN : 9782382091012