Quand un Français entend parler de fédération ou de fédéré, il pensera invariablement soit aux événements mis en branle par la Révolution de 1789 et notamment à la Fête de la Fédération le 14 juillet 1790, anniversaire de la prise de la Bastille et mainmise sur les troupes de ligne par les Révolutionnaires, un événement compris par certains comme véritable « acte de naissance » de la Nation ; soit aux événements tragiques de la Commune de Paris où l’insurrection s’est terminée aux pieds du Mur des Fédérés où l’armée des Versaillais a fusillé, en mai 1871, 147 « fédérés », à savoir des combattants de la Commune.

S’il est vrai que le Sanglier est un inconditionnel de l’Histoire de la douce France, il est pourtant loin de s’imaginer en héritier de ces mouvements révolutionnaires. Non, quand je vous parle aujourd’hui d’une « Fédération », je pense à la dimension numérique des choses et à un réseau alternatif qui propose une réinterprétation de ce que peut être un réseau réellement social, caractérisé par l’absence des intérêts pécuniaires et des effets néfastes des algorithmes malveillants conçus par Facebook et autres « GAFA », lâchés sur les internautes pour les « engager » dans des querelles interminables grâce aux questions qui fâchent et qui finissent le plus souvent par se faire dresser les uns contre les autres.
Internet, c’était quoi déjà ?
Aujourd’hui, pour beaucoup, internet se résume effectivement à Facebook ou à Google, tandis que c’est tellement plus riche. Au départ, Internet a été pensé comme l’infrastructure ouverte d’un espace virtuel illimité où les différents services pouvaient se parler grâce aux protocoles libres et ouverts. Puis sont arrivés les réseaux à la Facebook ou Twitter où les gens ont été enfermés dans des bulles bien délimitées, à l’accès soumis à une sorte de gabelle moderne, à savoir les données que les utilisateurs fournissent eux-même ou engendrent à travers leurs interactions. Des données à la base des fortunes modernes des Zuckerberg et autres Googlocrates et le plus souvent utilisées pour manipuler les masses.
C’est face à cette situation peu ragoûtante que sont nés les réseaux libres dont vous avez peut-être déjà entendu parler et parmi lesquels il faut citer Mastodon, Friendica, Diaspora ou PeerTube, pour n’en citer que quelques-uns parmi le nombre impressionnant de services. Le propre de ces services-là est qu’ils ne sont pas contrôlés par une seule entité à la Facebook, mais que n’importe qui peut en créer une « instance » laquelle, grâce à la fédération, peut ensuite communiquer avec toutes les autres, peu importe le service concerné. Vous pouvez donc suivre l’activité d’un utilisateur inscrit sur une instance Diaspora depuis votre compte Mastodon (grosso mode une sorte de Twitter) et même laisser des commentaires qui seront visibles, grâce à la fédération, sur tous les services concernés. Par contre, essayez un peu de suivre un compte touitteur depuis votre compte Facebook – vous aurez vite fait de vous heurter contre les murs de ces bulles hermétiques derrière lesquels les algorithmes d’engagement sus-mentionnés voudraient vous enfermer.
Celles et ceux qui me suivent depuis un certain temps savent sans doute que j’ai été inscrit pendant assez longtemps – et ce depuis 2008 ! – sur Facebook. Où j’ai croisé des gens charmants et super intéressants, ce qui m’a valu de faire plein de découvertes et d’élargir mon horizon bien au-delà de mon Allemagne natale. Malheureusement, depuis, les temps ont changé et j’ai pris la décision de quitter Facebook, le réseau social le plus important avec ses milliards d’utilisateur, après avoir réalisé que les mécanismes d’engagement étaient en train de faire de moi un – salaud. Tout comme Jaron Lanier l’a si bien expliqué en 2018 dans son essai Stop aux réseaux sociaux ! 10 bonnes raisons de s’en méfier et de s’en libérer.

Quitter les réseaux pas si sociaux que ça, c’était donc le choix qui s’imposait. Malheureusement, quand on publie des articles, même si on est loin de vouloir gagner sa vie avec, on aimerait quand même les voir susciter un certain intérêt, trouver un public pour s’épanouir. C’est pour cela que j’ai gardé mon compte sur Twitter dont j’ai profité, sans grande conviction, pour parfois jeter à la mer numérique une de ces bouteilles littéraires, invitation aux internautes de venir me voir sur la Bauge littéraire. J’ai quand même toujours gardé un certain malaise à propos de ce dernier vestige, compte tenu surtout des évolutions récentes qui ont vu les « modérateurs » de Twitter se comporter avec de plus en plus de conviction comme censeurs, et c’est pour cela que j’ai lorgné de plus en plus souvent du côté des services libres du Fediverse, jusqu’à enfin sauter le pas en m’inscrivant dans une instance Mastodon francophone, diaspodon.fr où vous me trouverez sous le pseudonyme @wildschwein@diaspodon.fr.

Mais comme un Sanglier ne se contente pas de si peu, j’ai découvert un moyen pour faire de ma Bauge un tesson du grand mosaïque du libre que constitue le Fediverse grâce à son protocole sous-jacent, ActivityPub. Désormais, dès que vous vous trouvez sur un service fédéré, vous pourrez suivre les élucubrations du Sanglier en vous abonnant à mon compte @tomppa28@baugelitt.eu. Essayez un peu en suivant les liens rassemblés dans cet article, je vous promets une expérience des plus fun ! On se croirait revenu à l’époque joyeuse des pionniers où « internet » rimait sur « liberté » avec des possibilités infinies qu’il suffisait d’imaginer pour les voir se réaliser.
Je vous invite donc à me rejoindre dans le Fediverse, à partir de n’importe quel service fédéré. Mais, avant de vous laisser découvrir ce nouveau biotope, je tiens à adresser un grand merci à Matthias Pfefferle, l’auteur de l’extension qui fait d’un site WordPress une partie intégrante du Fediverse et qui m’a prêté main forte quand j’ai failli me casser la gueule dans le parcours du combattant.
Pour mieux découvrir le Fediverse, voici, en guise de conclusion, un beau point de départ, l’article d’un mastonaute italien, Cagizero, La Fée diverse déploie ses ailes. Bonne lecture, et bonnes découvertes !