Vous l’aurez compris, chers lecteurs, que la collaboration étroite entre les éditeurs Gallimard et Suhrkamp n’aura pas lieu. À l’origine de ce canular se trouvent MM. Laurent Margantin et Nicolas Gary, ce dernier directeur de publication d’Actualitté. Leur but était, comme l’affirme M. Margantin dans son article du 10 octobre, de s’amuser :
« En tout cas, Nicolas Gary et moi nous sommes bien amusés, et c’était quand même le but recherché »
Certes, je me suis lancé un peu vite, mais aurait-il pourtant été préférable d’attendre et de vérifier ? Parce que cette mauvaise information m’a quand même amené à m’interroger sur les conséquences qu’aurait la percée de l’édition numérique. Et il me semble que j’ai posé les bonnes questions, malgré le fait que ce ne sera pas (encore) pour cette fois-ci.
Je vous rapporte la réponse laissée sur le blog de M. Margantin pour éviter d’écrire les mêmes choses plusieurs fois. Vous verrez que je n’en veux aucunement à M. Margantin et que je le remercie plutôt d’avoir déclenché ma réaction et d’être ainsi à l’origine de discussions engagées et fructueuses. J’inviterais pourtant M. Gary à se poser des questions et à réfléchir quelque peu sur l’éthique du journalisme.
Réponse à M. Margantin, sous forme de commentaire sur son article du 10 octobre.
Bonjour,
tout d’abord, quelle est cette éthique de faire circuler de mauvaises informations ? Et de s’amuser ensuite des « analyses totalement farfelues » ? En passant, je vous remercie quand-même de qualifier mon billet de « succulent », et d’être à l’origine d’un nombre assez élevé de visiteurs, visiblement intéressés par mes réflexions.
En attendant, cette réaction, certes un peu hâtive, s’explique sans aucun doute par un réel besoin de la part des lecteurs et des auteurs. Et mon billet a déclenché quelques discussions très intéressantes, peu importe la véracité des faits rapportés par vous, très cher Monsieur.
Vous comprenez que, tandis que vous étiez sans doute occupé à ricaner, le nez collé à l’écran, d’autres ont pu se poser de sérieuses questions à propos des conséquences qu’entrainerait une véritable percée des ebooks. Ce ne sera pas pour cette fois-ci, mais cela arrivera, j’en reste convaincu. Aujourd’hui même, la « Süddeutsche Zeitung » a donné des chiffres qui témoignent de l’envolée du marché des livres numériques, même en Allemagne où les librairies sont très présentes, même dans des petites villes, et où l’engouement des lecteurs pour l’objet livre semble plus tenace qu’ailleurs.
Loin donc de vous en vouloir d’avoir semé une mauvaise information, je vous suis au contraire reconnaissant d’être à l’origine d’une réflexion qui peut faire avancer la discussion. Et je persiste, Monsieur, à inviter les acteurs de la chaîne du livre, surtout ceux qui aujourd’hui encore gagnent leurs sous dans la production de l’objet physique, à embrasser le progrès, au lieu de perdre leur temps en montant une résistance condamnée à rester sans fruits, et qui servira uniquement à créer des illusions de courte durée. L’exemple des imprimeurs, que je cite dans mon billet, montre clairement les conséquences d’un refus de la réalité.
Je persiste également, Monsieur, à inviter les petits éditeurs numériques à trouver des formes d’une collaboration plus poussée afin de réellement devenir la concurrence que doivent craindre les grandes maisons, parce que, et je pense que vous me donnerez raison, les efforts que déploient ces petits nouveaux, aidés par leurs auteurs et soutenus par une partie toujours croissante du lectorat, sont remarquables et méritent de perdurer.
Je vous souhaite une très bonne journée,
Cordialement
Thomas Galley
Une réponse à “Histoire d’un avortement annoncé ou – Gallikamp n’aura pas lieu. Réponse à M. Margantin”