Bar­ba­ra Katts, Je vous aime

Étiquettes :

Cer­tains s’en sou­viennent sans doute : il y a à peu près un an, Jean-Fran­çois Gay­rard, l’é­di­teur des Édi­tions Numé­rik­livres, a lan­cé un appel à textes pour une nou­velle série éro­tique, Texte-moi, série ins­pi­rée par le suc­cès du sex­ting, la tech­nique de drague effron­tée et ultra-directe qui se sert des smart­phones comme entre­met­teurs. Après Alix Lan­ge­vin, c’est Bar­ba­ra Katts qui a répon­du pré­sente, et sa novel­la Je vous aime a fini par four­nir le deuxième texte de cette série. À moins qu’il ne faille qua­li­fier celui-ci de « second texte », vu que c’est la der­nière publi­ca­tion en date sous cette enseigne et que les auteurs (en herbe) ne semblent pas se bous­cu­ler pour répondre à l’AT sus-mentionné.

Quel que soit l’a­ve­nir de cette série, votre ser­vi­teur, appâ­té par la qua­li­té de La mau­vaise répu­ta­tion, le texte signé Alix Lan­ge­vin qui a eu l’hon­neur d’i­nau­gu­rer la nou­velle série, n’a pas hési­té à s’of­frir celui de Bara­ba­ra Katts aus­si, et il ne l’a pas regret­té. Si je vous en parle seule­ment aujourd’­hui, c’est que les auteurs à décou­vrir pul­lulent dans le domaine éro­tique et que je me laisse volon­tiers dis­traire par le grand nombre de textes qui attendent de gri­gno­ter un bout du temps que je peux consa­crer à la lec­ture, coin­cé entre la vie pro­fes­sion­nelle et celle en famille. Mais comme il n’est jamais trop tard pour par­ta­ger ses décou­vertes, voi­ci quelques lignes pour vous invi­ter à péné­trer dans le ter­rain éro­ti­co-lit­té­raire de Bar­ba­ra Katts.

Je vous aime, donc. Un titre qui tout de suite éta­blit une ambiance plu­tôt roman­tique qu’é­ro­tique, un amal­game en géné­ral peu heu­reux dont le San­glier a l’ha­bi­tude de se méfier. Détrom­pez-vous, pour­tant, l’é­ro­tisme occupe une place de choix dans ce texte, et je peux vous dire que Bar­ba­ra Katts non seule­ment maî­trise l’art de la séduc­tion, mais sait pré­sen­ter le désir fémi­nin sous un angle des plus allé­chants. Autant vous dire que sa pro­ta­go­niste, Lydie, une comé­dienne aux formes opu­lentes, ne laisse pas indif­fé­rent et que l’au­teure sait faire mon­ter avec habi­le­té la ten­sion au gré des aven­tures de sa créature.

À lire :
Le cas Dennis Cooper - La leçon des Vandales modernes

Celle-ci, ori­gi­naire d’Aix-en-Pro­vence, emmène les lec­teurs dans ses flâ­ne­ries à tra­vers les rues et les places de ce joyau pro­ven­çal et leur fait décou­vrir une ville qui, en train de sor­tir des fri­mas de l’hi­ver, se réveille tout dou­ce­ment sous les rayons d’un soleil timide encore. Une ville à l’i­mage de cette pro­ta­go­niste qui, elle aus­si, sort d’un hiver sen­ti­men­tal, d’une rela­tion bâtie sur rien que quelques par­ties – assez espa­cées, en plus – de jambes en l’air. Et qui se réveille sous les cha­touille­ments des tex­tos – de plus en plus indé­cents au fur et à mesure des rap­pro­che­ments mutuels – envoyés par un admi­ra­teur inconnu.

Il ne faut pas cher­cher beau­coup de pro­fon­deur dans ce texte, et celle ou celui qui cher­che­rait l’in­so­lite voire le trouble y serait pour leurs frais. L’his­toire de Lydie et de sa ren­contre avec Jean tire son charme de sa fon­da­men­tale inno­cence, de l’in­gé­nui­té de son héroïne qui décide de céder à la ten­ta­tion de l’in­con­nu, d’ou­vrir grands les bras au monde qu’elle vou­drait accueillir. Le tout est por­té par une écri­ture fine qui sait trou­ver les mots qu’il faut pour se fau­fi­ler entre l’en­nui du trop cru et l’excitation mono­mane du bran­leur et on finit par se dire qu’il y a un plai­sir cer­tain à suivre cette jeune femme appé­tis­sante dans ses diva­ga­tions sen­suelles dou­blées d’ex­cur­sions urbaines. Une lec­ture par­faite pour un voyage en train, une heure per­due à la plage ou à la ter­rasse d’un café, une lec­ture toute en légè­re­té qui passe comme une brise prin­ta­nière dont les effluves rem­plissent les narines avides de l’air frais d’un midi d’a­vant l’ar­ri­vée des grandes cha­leurs. Une lec­ture qu’on vou­drait ter­mi­ner avec un petit clin d’œil à l’au­teure : Res­pi­rez, il y a de la chatte dans l’air :-)

À lire :
Pierrot Septime, Mireille, l'initiatrice (Jérôme et les cougars, t. 1)

Bar­ba­ra Katts
Je vous aime
Édi­tions NL
ISBN : 9782897178093

La Sirène de Montpeller