
Pour toutes celles et tous ceux qui me suivent dans mes aventures estivales et littéraires, Ardem est loin d’être un inconnu. C’est son titre Vacances de rêve qui a fait de lui, il y a sept ans déjà, un incontournable pour l’aficionado de la belle saison, et c’est avec un énorme plaisir que je l’ai accueilli pour l’édition 2021 des Lectures estivales du Sanglier. Avec un titre qui lui aussi tourne autour du sujet des vacances, même si la protagoniste en est réduite, pour des raisons qu’elle ne tardera pas à dévoiler, à les passer loin de la mer où elle a pourtant ses habitudes. Et nous voici plongés dans l’ambiance d’un été pas comme les autres, un été dont on peut affirmer qu’il commence mal pour Céline. Au lieu de partir, comme tous les ans, en Bretagne pour y retrouver ses plages et ses copines et copains, elle se retrouve fourrée dans un bus censée la conduire au fin fond d’une France tellement profonde que tout plaisir semble s’y être engouffré dans le petit trou de la planète pour y disparaître à tout jamais. Et pour de bon.
L’album a vu sa publication initiale il y a déjà un quart de siècle, en 1996, dans la collection Confessions érotiques BD de Média 1000, sous un de ces titres étrangement ampoulés et convolutés chéris par les éditeurs de l’époque : À la campagne, pendant mes vacances, j’ai découvert le vice. Peu importe l’illusion autobiographique censé donner un attrait supplémentaire au titre afin d’attirer du chaland assez naïf pour imaginer la nature peuplée de telles créatures, le volume a eu droit à un beau parcours sous les drapeaux de la Musardine et de BDAdultes, un parcours qui l’a conduit droit entre les pattes du Sanglier qui, après l’avoir dévoré avec sa légendaire voracité, le propose aujourd’hui à l’attention de ses lectrices et de ses lecteurs

C’est donc suite aux difficultés économiques de ses parents que la petite Céline se trouve coupée du plaisir de vivre un été sous le soleil, les pieds dans la flotte et les regards des garçons en train de se promener sur sa poitrine opulente. Néanmoins, elle va vivre un été très spécial, même si elle ne le sait pas encore au moment de descendre du bus dans un bled paumé où son cul devient aussitôt une des rares attractions et la cible des remarques salaces de la gent masculine du coin. L’été sera d’ailleurs tellement spécial que la belle Céline au corps statuaire en sera changée de fond en comble, bouleversée par un plaisir insoupçonné et bien différent de tout ce qu’elle a pu imaginer dans sa tête d’adolescente.
Tout d’abord, en contemplant l’héroïne, c’est son physique de bombasse qui saute aux yeux. Un cul bien en chair et rond comme il faut pour mettre en branle la mécanique des fantasmes, des hanches larges pour offrir un appui aux mains grossières qui fermement la saisissent et la tiennent en place, et des seins comme des obus qu’on aimerait soupeser encore et encore pour sentir le poids entier d’une féminité bien éclose. Des attributs dont on imaginerait dotée une MILF épanouie de trente ou de quarante ans, tandis qu’avec Céline, on a affaire à une jeune fille de seize ou de peut-être dix-sept ans, vierge encore et ayant l’habitude de passer les vacances en compagnie de ses parents.
Une fois débarquée, la nouvelle arrivée ne manque pas de croiser la jeunesse du coin, une troupe d’ados qui, et c’est le moins qu’on puisse dire, n’arrivent pas à retenir son attention ni à commander une quelconque forme de respect. On imagine le plaisir que tire notre demoiselle de la perspective de passer les semaines à venir en si lamentable compagnie ! Mais c’est faire ses comptes sans un autre personnage qui, sournoisement et en catimini, a fait son entrée dans l’histoire et, par la même occasion, dans la vie de Céline sans que celle-ci puisse s’en douter le moins du monde. Il s’agit du conducteur du bus qui l’a conduite sur les lieux de sa villégiature et qui se chargera de lui faire découvrir des secrets capables de bousculer notre belle héroïne dans la prochaine étape de sa vie, des secrets qui consistent principalement à comprendre le niveau de flexibilité dont sont capables d’abord certaines idées véhiculées par une morale à la bourgeoise et ensuite certains muscles de son anatomie à des endroits où la belle n’aurait jamais cru pouvoir dénicher la moindre étincelle de plaisir. Les adeptes de littérature porno m’auront vu venir et de bien loin : il s’agit évidemment de la région anale destinée ici à jouer un rôle capital au point qu’on pourrait comprendre l’histoire de la Petite vicieuse comme une sorte d’épopée de l’anal dans laquelle le petit orifice joue carrément un rôle de protagoniste tellement il y est mis à l’avant, dans un renversement quelque peu curieux des réalités anatomiques.
Maintenant, on se demande comment tout cela a bien pu se produire, et de façon aussi peu habituelle quand il s’agit, pour une jeune fille, de faire les premiers pas dans le monde du sexe. Mais avant de pousser plus loin dans l’éclaircissement des circonstances ayant conduit à une initiation aussi particulière, il faut sans doute mentionner le fait que Céline, dans une disposition tout à fait en phase avec l’ouragan hormonal qui se produit dans les cerveaux des ados, est sujette à une curiosité bien naturelle quand il s’agit de découvrir les galipettes. Et dans son cas, ce sont d’abord celles des autres, en l’occurrence celles de son cousin et de sa « concubine », qu’elle surprend sans pouvoir ensuite oublier un spectacle qui se poursuit dans sa tête et qui la conduit à mettre la main à l’ouvrage, à savoir – sa chatte. C’est d’une telle occasion que profite Antoine, le conducteur de bus sus-nommé, pour apprivoiser notre protagoniste qu’il soumet à une séance de baise buccale sauvage, séance marqué par le mépris d’ailleurs clairement exprimé face à la jeune femme dont il se sert comme d’un trou sur pattes tout juste bon à servir de vide-couilles et à recevoir sa bonne dose de semence.

À considérer la suite de leurs aventures, on dirait qu’Antoine vient de trouver le ton qu’il faut pour se faire obéir par la demoiselle, et il continue à soumettre Céline à ses volontés avec le dernier mépris. Après la baise buccale, elle se trouvera ainsi soumise aux explorations en profondeur de son cul, intromission aussi spectaculaire que douloureuse vu l’absence de toute douceur dans ce qui ressemble plutôt à une saillie qu’à un acte entre adultes consentants. Il ne faut pourtant pas croire Céline arrivée au bout de son chemin de croix ! Antoine sait trouver le moyen de la conduire à l’orgasme en rajoutant une bonne grosse dose d’exhibitionnisme et d’humiliation aux douleurs subies par la demoiselle, le point culminant de cette descente aux enfers étant sans doute le voyage en bus où elle sera offerte aux copains d’Antoine en guise de payement des dettes de jeux de ce dernier. À sa plus grande surprise, c’est grâce à ces pratiques très loin de ce que peuvent imaginer les jeunes filles de son âge qu’elle se découvre un plaisir dont l’intensité la surprend au point de la rendre honteuse :
C’est arrivé d’un seul coup. […] Une vague de sensations indescriptibles prit naissance quelque part entre mes fesses , irradiant chaleur et frissons d’extase le long de mon dos et dans mon ventre … C’était fort, extraordinaire, des explosions de jouissance me laminaient délicieusement.1
Si vous n’êtes pas trop obnubilés par ces séances de baise brutale dénuées de la moindre notion de tendresse, vous aurez sans doute remarqué une différence de taille entre les deux illustrations, et je ne parle pas ici de l’activité que Céline est en train de subir ! C’est que celle-ci a dû se soumettre à un autre traitement brutal imaginé par le conducteur sadique, à savoir à des coups de ciseaux vigoureux qui l’ont privée de sa belle chevelure féminine pour lui donner des airs de garçons, surtout quand on la contemple de derrière, position préférée d’Antoine qui passe des heures à lui enfiler le petit trou sans s’occuper le moins du monde d’une paire de nichons pourtant difficiles à ignorer. C’est qu’il y a effectivement un petit « secret » derrière tout ça, secret dont Céline a bien compris l’existence sans pour autant avoir la moindre idée qu’il pourrait s’agir de l’homosexualité de celui qu’on peine à qualifier d’amant. Une fois qu’elle l’aura compris, elle décide presque aussitôt de se tirer, sans toutefois omettre de profiter d’un des garçons du village pour se faire débarrasser des derniers vestiges de son état de jeune fille.
C’est ainsi que prennent fin des vacances très peu ordinaires, des vacances qui auront fait naître une femme fière de son nouvel état :
Je n’ai pas honte de le dire, je suis devenue une vraie salope avec les mecs ! Le genre qui prend et qui jette, celle qui baise sur et non sous le garçon…2
Je pense pouvoir affirmer que cette BD n’est pas pour tout le monde, avec ses scènes de sexe empreint de violence dont certaines ne sont pas loin de ressembler à des viols. En même temps, cette violence semble sourdre des murs du village et des pierres de la nature environnante, comme si le milieu façonnait les habitants à l’image de sa propre rugosité. Et quant à la naissance de la salope telle que Céline se décrit elle-même à la fin de l’ouvrage, il est fascinant de suivre la façon dont évolue son comportement avec les garçons du coin, et comment elle fait répercuter sur eux la violence et l’humiliation subies. Les textes d’Ardem ne sont jamais tendres, et les protagonistes masculins ressemblent à s’y méprendre à des brutes plutôt qu’à des humains, et cela s’exprime non seulement par leur comportement, mais aussi par les traits de leurs visages où la laideur et la brutalité font bon ménage. Lire Ardem, c’est se confronter à une vision assez peu optimiste du genre humain et des relations entre les individus. Mais l’artiste réalise l’exploit de faire naître l’envie et le désir même dans un décor pareil, il suffit de contempler la protagoniste et ses traits en train de se liquéfier sous l’assaut de la bite d’Antoine lui travaillant les fondements pour s’en convaincre.
Ardem
Petite vicieuse
Dynamite
ISBN : 9782362342301