Vacances de rêve, quel meilleur titre imaginer pour une lecture estivale ? Et il est à parier que l’équipe marketing de La Musardine a fait la même réflexion, quand elle a décidé de rebaptiser cette bande dessinée parue il y a vingt ans sous un titre nettement plus sobre : Flo. Cet album inaugure, en 1994, une série de bandes dessinées érotico-pornographiques publiées par Alain Mounier sous le pseudonyme Ardem, aux titres qui font penser à un défilé de jeunes filles en fleurs : Céline (1995), Valérie (1995), Mathilde – La mauvaise élève (1995), Justine (1996 à 1997), Léa (1998) et ainsi de suite. Toutes ces bédés mettent en scène de très jeunes femmes ayant à peine franchi l’âge de la majorité, confrontées à des amants rodés à une vaste gamme de pratiques, des amants soucieux de profiter de leur savoir en la matière et de dresser ces jeunes femmes à des fins assez – particulières.
Flo, qui vient de rater son passage en fac, décide de partir à la Côte avec un type qui la laisse tomber après l” « avoir sautée pendant trois jours. » (p. 3) C’est à ce moment-là que nous rencontrons la jeune femme pour la première fois, en train de se demander ce qu’elle a pu faire pour s’attirer cette poisse et de chercher des moyens pour s’en sortir. Elle découvrira très bientôt que les moyens pullulent autour d’elle, sous la forme de mecs pleins aux as qui ne demandent rien de mieux que de déniaiser une fille qui n’hésite pas à se mettre dans le plus simple des apparats dès qu’on le lui demande avec un peu de conviction. C’est ainsi qu’elle découvre le plaisir sous une grande variété de formes, augmenté encore par la transgression qu’est la prostitution et par la douleur que deux sadiques lui administrent pour pimenter la dernière nuit de ses vacances.
Un tel sujet interdit toute fausse pudeur, et les illustrations et les dialogues sont explicites, parfois crus, servis et en même temps nuancés par un dessin très sobre, presque minimaliste avec ses lignes claires, qui n’hésite pas à exploiter des jeux de renversement de perspective pour mettre en valeur le corps de la jeune protagoniste, un corps plantureux que le dessinateur excelle à rendre avec une économie de moyens en plein contraste avec l’abondance de la chair qu’arbore l’héroïne.
Le propos d’une telle bédé n’est pas de séduire par les caprices de son intrigue, et la seule profondeur qui intéresse les parties concernées est celle des pénétrations. L’intrigue se contente de fournir un fil rouge le long duquel l’héroïne glisse d’une expérience à une autre, toujours plus extrême que la précédente. Sauf que le fil en question a tendance de la conduire au milieu d’une troupe entière de Minotaures affamés de chair fraîche.
Si vous êtes adepte des séductions tout en douceur, d’un érotisme qui se contente d’allusions finement ciselées et d’un désir qui préfère agir derrière les coulisses, cette bédé n’est pas pour vous. Si, par contre, vous ne dédaignez pas une bonne dose de crudité, qui laisse pourtant une place certaine aux imaginations les plus délurées, vous saluerez avec moi l’initiative de La Musardine qui continue, à l’approche des vacances d’été, la ré-publication des titres signés « Ardem » initiée en début d’année.
Ardem
Vacances de rêve
La Musardine
Collection Dynamite
ISBN : 9782362340673
Une réponse à “Ardem, Vacances de rêve”