Michel Bazin, Ini­tia­tion d’une jeune vacancière

Sex sells, c’est une maxime dont la per­ti­nence n’est plus à démon­trer, et ce n’est pas La Musar­dine, édi­teur éro­tique de grande renom­mée, qui la renie­rait. C’est le sexe qui a joué un rôle émi­nent dans l’a­vè­ne­ment des vidéos, ouvrant par-là la voie aux CD, DVD, Blu­Ray et com­pa­gnie, et c’est le sexe – ce coquin – qui aujourd’­hui tend la main aux e‑books et laisse entre­voir des len­de­mains qui chantent aux auteurs de textes éro­tiques ain­si qu’à leurs édi­teurs. Selon une inter­view accor­dée à Livres-Heb­do par Anne Hau­te­cœur, direc­trice édi­to­riale de La Musar­dine, le numé­rique repré­sen­tait, en 2012 déjà, « 30% du chiffre d’af­faire de la mai­son » [1]Citée d’a­près un article paru le 08 mars 2013 sur le site Aldus – depuis 2006., et ce n’est par hasard si Har­le­quin a lan­cé, à l’oc­ca­sion de son 35ème anni­ver­saire en 2013, HQN, un label numé­rique qui accueille déjà une belle col­lec­tion de titres érotiques.

La Musar­dine, active dans le sec­teur depuis 1996, jouit de l’a­van­tage de pou­voir pui­ser dans un richis­sime réser­voir de textes, et la mai­son ne se gêne pas – pour le plus grand plai­sir de ses lec­trices et lec­teurs – d’in­suf­fler une vie nou­velle à ces titres à tra­vers une exploi­ta­tion numé­rique. C’est ain­si que des textes, indis­po­nibles au moins en par­tie, reviennent sur le devant de la scène, dans des col­lec­tions comme Les Inter­dits ou encore Les éro­tiques d’Es­par­bec. Et c’est pré­ci­sé­ment dans ces eaux-là que j’ai pêché un titre très pro­met­teur pour la liste de mes Lec­tures esti­vales 2014, Ini­tia­tion d’une jeune vacan­cière, de Michel Bazin.

On peut se deman­der si le consom­ma­teur de textes por­no­gra­phiques se sou­cie vrai­ment plus que ça d’une intrigue, mais l’au­teur, lui, ne peut pas vrai­ment s’en pas­ser, dans la mesure où celui-ci doit pro­po­ser à ses pro­ta­go­nistes un fil rouge pour les gui­der à tra­vers le dédale des pra­tiques à décou­vrir. Ceci est d’au­tant plus néces­saire quand il s’a­git, comme dans le cas pré­sent, des étapes d’une ini­tia­tion comme celle que Michel Bazin s’est char­gé de racon­ter. L’au­teur a choi­si, pour enca­drer les bati­fo­lages de ses per­son­nages, les vacances nor­mandes de Claire, ado­les­cente en vil­lé­gia­ture auprès de sa tante Sophie et de son oncle Marc, qui ont choi­si de se char­ger tous les deux d’ac­com­pa­gner – et de favo­ri­ser – l’é­veil sexuel de leur nièce. Et comme la jeune femme se révé­le­ra une élève aus­si docile que brillante, les efforts inves­tis pro­fi­te­ront à toute la joyeuse com­pa­gnie atti­rée par la chair fraîche comme un trou­peau de pré­da­teurs affa­més. Au nombre de ceux-ci il faut comp­ter, outre Sophie et Marc, le doc­teur Renaud, adepte de trai­te­ments très par­ti­cu­liers dont il fait pro­fi­ter les femmes en mal d’a­mour et qu’il n’hé­site pas à pro­di­guer à la jeune pro­té­gée de ses vieux amis ; Marie, une amie de Sophie qui affiche une nette pré­fé­rence pour l’a­mour entre femmes et qui ne dédaigne pas une petite ini­tia­tion quand elle se pré­sente en bord de route ; une cer­taine notai­resse, par­faite illus­tra­tion de l’ef­fi­ca­ci­té du trai­te­ment du bon doc­teur ; et fina­le­ment Marthe, la propre mère de notre élève modèle, qui se révèle bien plus por­tée sur les choses du sexe que ce que les allu­sions de Claires ont lais­sé devi­ner auparavant.

À lire :
L'Aventure de Nathalie

L’a­ma­teur des ori­fices com­blés ne sera pas déçus par ce texte qui pro­pose un grand nombre de péné­tra­tions et de fel­la­tions, res­pec­ti­ve­ment admi­nis­trées ou subies par des bites vigou­reuses tou­jours prêtes à s’en­gouf­frer jus­qu’à la garde et à répandre leurs liquides, peu importe la nature de l’o­ri­fice en ques­tion. La musique de chambre y est décli­née sur tous les modes pos­sibles, du mono­logue de la joyeuse mas­tur­ba­tion au qua­tuor, dis­ci­pline royale avec ses mou­ve­ments com­plexes et imbri­qués qu’il faut savoir diri­ger d’une main de maître, en pas­sant par le duo et le trio qui com­pensent le nombre réduit par un enthou­siasme d’au­tant plus déchaî­né des par­ti­ci­pants. Et même l’in­con­di­tion­nel d’am­biance esti­vale que je suis y trouve son compte, sur­tout dans la déli­cieuse scène de la pis­cine du cha­pitre IX où, pour une fois, les odeur de crème solaire et d’eau de pis­cine réchauf­fée par le soleil se révèlent plus fortes que celle du foutre.

Cette Ini­tia­tion pro­pose quelques belles pages et même des pas­sages aptes à titiller le plai­sir, mais l’en­semble ne sort pas vrai­ment de la foule. On a l’im­pres­sion qu’il s’a­gis­sait moins, pour Michel Bazin, de créer des per­son­nages cré­dibles et de les confron­ter à leurs dési­rs et à leurs pul­sions, mais plu­tôt de suivre un pro­gramme, à la façon d’un cuis­tot tel­le­ment sou­cieux de ne pas oublier un des ingré­dients énu­mé­rés par sa recette qu’il en oublie d’y mettre la dose d’im­pro­vi­sa­tion qui en ferait un plat cor­rect. Lec­ture à consom­mer en bord de mer ou de pis­cine, confor­ta­ble­ment ins­tal­lé dans un tran­sat, à proxi­mi­té des peaux nues qui s’é­talent au soleil, quitte à l’ou­blier aus­si­tôt une fois la liseuse éteinte.

À lire :
Alex Bleuet, Les Vacances de Lili

Michel Bazin
Ini­tia­tion d’une jeune vacan­cière
La Musar­dine
Col­lec­tion Média 1000

Réfé­rences

Réfé­rences
1 Citée d’a­près un article paru le 08 mars 2013 sur le site Aldus – depuis 2006.
Dessin d'une femme nue debout, vue de profil. Elle tient un gode dans la main droite qu'elle est en train de s'introduire dans le vagin.
Dessin réalisé par Sammk95

Commentaires

2 réponses à “Michel Bazin, Ini­tia­tion d’une jeune vacancière”

  1. dieu que la cou­ver­ture est horrible..

    1. Oui, elle est hor­rible. Encore que je lui trouve un petit air maniériste…