Faut-il se débar­ras­ser du livre numérique ?

À pro­pos d’un article de Wal­rus Books

Le 9 jan­vier, un nou­vel article est venu s’af­fi­cher sur le blog de Wal­rus Books, article où il est ques­tion de la situa­tion du livre numé­rique qui, après l’en­thou­siasme du départ, serait tom­bé en « désa­mour » et serait même « un échec à l’échelle de l’industrie française ».

L’ar­ticle, annon­cé sur le compte Twit­ter de la mai­son [1]Le compte Twit­ter – ain­si que le site web – de Wal­rus Books a depuis la liqui­da­tion été sup­pri­mé, il est donc désor­mais impos­sible de consul­ter les tweets émis depuis ce compte. le 9 jan­vier à 10 h 05, s’est vite fait remar­quer sur le réseau où il jouit, à l’heure qu’il est, d’une soixan­taine de « ret­weets ». Une heure plus tard, le maga­zine lit­té­raire en-ligne Actua­lit­té l’a annon­cé de son côté sur le même réseau, l’ar­ticle ayant été repris dans son inté­gra­li­té – sous un titre dif­fé­rent – par le magazine.

L’é­di­teur de Wal­rus Books, Julien Simon,  vaillam­ment assis­té – au moins jus­qu’au 24 novembre 2016, date qui marque sa dis­pa­ri­tion des réseaux sociaux – par son alter ego, Neil Jomun­si, ani­ma­teur de page42.org, s’est taillé une solide répu­ta­tion dans le domaine de la publi­ca­tion numé­rique, ce qui, joint à sa maî­trise des outils média­tiques de la géné­ra­tion 2.0, lui assure régu­liè­re­ment une audience de taille. On n’est donc pas sur­pris de voir très vite s’af­fi­cher des réac­tions sous forme de com­men­taires et d’ar­ticles en réponse aux thèses de Julien Simon.

Livre numé­rique vs. « objet numérique »

Justin Yost, Books being donated

Ces thèses consistent, d’un côté, à remettre en ques­tion le terme « livre » pour dési­gner l’ob­jet numé­rique en tant que sup­port de texte – fausse bonne idée qui serait à l’o­ri­gine d’un grand nombre de dis­cus­sions assez sté­riles à pro­pos de la concur­rence entre livre numé­rique et livre tra­di­tion­nel en papier – pour ensuite pro­po­ser de brouiller « les fron­tières entre web et livre ». Comme quoi la ques­tion du sup­port est, une fois de plus, arri­vée au centre du débat. À tort ? À raison ?

Jetons tout d’a­bord un coup d’œil sur l’é­tat du livre numé­rique – terme que j’en­tends gar­der pour l’ins­tant vu qu’il a fini par s’im­po­ser. Il est vrai que la qua­si-tota­li­té des « livres numé­riques » que j’ai ache­tés ou reçus en SP (pas loin de 500 textes) res­semble drô­le­ment à leur contre­par­tie en papier (si tou­te­fois une telle contre­par­tie existe). Le texte est le même, évi­dem­ment, pareil pour le for­ma­tage (dans la mesure du pos­sible), et les élé­ments du livre numé­rique sont en grande par­tie cal­qués sur ceux du livre-papier : une cou­ver­ture, une page réser­vée au cha­ra­bia édi­to­rial (copy­right, adresse de l’é­di­teur, numé­ro ISBN), jus­qu’à une sorte de « qua­trième de cou­ver­ture » où se trouve en géné­ral un texte cen­sé séduire le lec­teur pros­pec­tif – des atouts évo­luant autour de l’élé­ment cen­tral et immuable – le texte. Autant d’élé­ments pour illus­trer que le livre numé­rique et le livre tra­di­tion­nel sont per­çus, à la base, comme une seule et même chose : un texte qu’il s’a­git de faire arri­ver chez les lec­teurs, peu importe le sup­port. Le choix de celui-ci a évi­dem­ment des consé­quences – juri­diques, par exemple, (un texte livré sous forme de fichier, pro­prié­té ou licence ? Com­ment évi­ter le par­tage en masse du fichier en ques­tion ?) ou tech­no­lo­giques (quel for­mat de fichier adop­ter, com­ment assu­rer la com­pa­ti­bi­li­té ?), mais cela ne fait pas dis­pa­raître le constat de base : Il y a, au cœur du débat, un texte qui se lit, un texte qui, dans la qua­si-tota­li­té des cas, est construit selon un mode héri­té de – l’An­ti­qui­té. Contrai­re­ment à Julien Simon, j’ar­rive donc à la conclu­sion que le terme de « livre numé­rique » est un choix excellent pour dési­gner le texte sur sup­port imma­té­riel, dans la mesure où il n’y a pas de pro­blème à assi­mi­ler un texte à un livre, des termes deve­nus presque syno­nymes [2]Quant à la Bauge lit­té­raire, j’ai pris l’ha­bi­tude d’y par­ler de « textes » plu­tôt que de « livres », mais il s’a­git là sur­tout d’une remise en ques­tion des genres, un grand nombre de textes étant … Conti­nue rea­ding. Et je ne trouve rien à redire non plus aux efforts des déve­lop­peurs de logi­ciels de lec­ture et de liseuses qui vou­draient sau­ve­gar­der une expé­rience de lec­ture (le feuille­tage, l’ap­pa­rence du papier, etc.) pra­ti­que­ment entrée dans les gènes. Sur­tout quand ces mêmes outils offrent aux lec­teurs des pos­si­bi­li­tés de confi­gu­ra­tion qui per­mettent une lec­ture clas­sique, mais aus­si une lec­ture cal­quée sur celle des pages web.

Pro­chaine étape – le livre-web ?

Si donc l’u­sage du terme « livre numé­rique » est tout à fait jus­ti­fiable pour iden­ti­fier le sup­port choi­si, il me semble que la pro­po­si­tion du fon­da­teur de Wal­rus Books est beau­coup plus qu’une ques­tion de voca­bu­laire. N’y a‑t-il pas, der­rière la dis­cus­sion ter­mi­no­lo­gique, une volon­té de cou­per les racines, d’a­van­cer vers quelque chose de radi­ca­le­ment nou­veau ? De dire au revoir au texte mono­li­thique tel qu’il pul­lule autour de nous, que ce soit dans les rayons des éta­gères ou dans les médias de sto­ckage d’un appa­reil de lec­ture ? Julien Simon, quant à lui, défend l’i­dée qu’il faut mettre la lec­ture en numé­rique en rap­port avec le Web et ses usages :

« Le livre numé­rique est intrin­sè­que­ment lié au web »

Ce disant, l’é­di­teur de Wal­rus reste fidèle à une idée que la mai­son a illus­trée de façon brillante en 2014 en lan­çant l’expé­rience Radius :

Radius est un livre-web autant qu’une expé­rience de lec­ture : plu­sieurs auteurs et un scé­na­riste don­ne­ront vie au fil des semaines à cette nar­ra­tion en temps réel, sous forme de jour­nal de bord. Le site est un livre, le livre est un site : les fron­tières entre web et ebook sont volon­tai­re­ment flou­tées. […] Ici, pas d’enrichi, pas de mul­ti­mé­dia, juste du texte (et quelques images) : c’est par ce biais que doit pas­ser la nar­ra­tion lit­té­raire. Radius est un livre, et à ce titre, l’expérience est payante pour per­mettre de rému­né­rer les cou­ra­geux auteurs. [3]Radius expé­rience, à pro­pos. Mise en relief par moi.

Quelques para­graphes plus loin, on peut lire que :

Radius se lit comme un livre connec­té au web. Ce n’est pas un abon­ne­ment que vous ache­tez, mais bel et bien un livre (et nous insis­tons sur ce terme).

On constate le che­min par­cou­ru en termes de – ter­mi­no­lo­gie (!) en com­pa­rant les extraits pré­cé­dents à cette phrase qui se trouve dans l’ar­ticle du 9 jan­vier 2017 :

le livre numé­rique n’a pas néces­sai­re­ment voca­tion à être un livre.

Guillaume Apollinaire, Calligramme
Poème de Guillaume Apol­li­naire en forme de Cal­li­gramme, une forme poé­tique qui a su exploi­ter les « pos­si­bi­li­tés gra­phiques et typo­gra­phiques » de l’imprimerie.

À lire cela – et à bien com­prendre la signi­fi­ca­tion – on se rend compte que le sujet de l’ar­ticle n’é­vo­lue pas tel­le­ment autour de la ques­tion du sup­port, mais dis­cute plu­tôt la notion de « texte ». Simon lui-même oppose le « livre numé­rique homo­thé­tique » [4]Épi­thète dont, en toute hon­nê­te­té, je ne sai­sis pas tout à fait la signi­fi­ca­tion. Le contexte semble sug­gé­rer un texte avec une cer­taine uni­té, mais c’est loin d’être clair à des « objets lisibles » qu’il pro­pose aux édi­teurs numé­riques de créer en dehors des conven­tions liées à la notion du livre, en jouant « des pos­si­bi­li­tés gra­phiques et typo­gra­phiques de l’écran ». Ceci n’a pour­tant rien de radi­ca­le­ment nou­veau, et d’autres, depuis au moins le début du XXe siècle, ont joué des pos­si­bi­li­tés « gra­phiques et typo­gra­phiques » de l’im­pri­me­rie, ce dont cer­tains se sou­vien­dront en pen­sant aux cal­li­grammes d’un Apollinaire.

À lire :
Questions pour un Morse - Julien Simon dans la Bauge littéraire

Si donc il n’y a rien de radi­ca­le­ment nou­veau dans l’ar­ticle de Julien Simon, pour­quoi l’ur­gence qui s’ex­prime dès le titre, urgence qui res­semble à s’y méprendre à un mea culpa de la part d’un des pro­ta­go­nistes de l’é­di­tion numé­rique ? Pour­quoi cette insis­tance à récla­mer un chan­ge­ment de cap, cet appel aux confrères d’ou­blier « l’héritage du livre » ? Et si l’ar­ticle était plu­tôt un cri de détressse, une mise en garde, face à la dis­pa­ri­tion d’un grand nombre de mai­sons du numérique ?

L’é­di­tion numé­rique – pay­sage tou­jours en pleine ébullition

Le pay­sage numé­rique est effec­ti­ve­ment, une décen­nie à peine après l’é­mer­gence des moyens tech­no­lo­giques et des pre­mières struc­tures, tou­jours en pleine ébul­li­tion. Des struc­tures naissent, vivent – ou vivotent – pen­dant un cer­tain temps, avant de mettre l’arme à gauche. 2016 a vu ain­si dis­pa­raître, entre autres, House made of dawn, la Bour­don­naye et Arta­lys, des mai­sons qui ont pro­duit des textes de qua­li­té dont on peut trou­ver un échan­tillon dans la Bauge lit­té­raire. Et la liste des struc­tures ayant dis­pa­ru est deve­nue, au fur et à mesure des années, assez longue. La dis­pa­ri­tion d’un édi­teur est  tou­jours une triste affaire, et le carac­tère imma­té­riel du numé­rique a une consé­quence par­ti­cu­liè­re­ment fâcheuse : Les textes concer­nés dis­pa­raissent sans lais­ser de traces, pas moyen de les récu­pé­rer du nau­frage chez le bou­qui­niste du coin ou sur un mar­ché aux puces.

Et il y a un autre pro­blème, évo­qué dans l’ar­ticle en ques­tion dans des termes quelque peu fata­listes, celui de la visi­bi­li­té des nou­veaux acteurs du mar­ché éditorial :

Per­sonne n’en vou­lait [i.e. du livre numé­rique], aucun acteur de poids n’a donc vrai­ment fait d’effort pour pro­mou­voir ce média.

Mis à part le fait qu’une très grande par­tie des mai­sons tra­di­tion­nelles pro­posent aujourd’­hui leurs textes dans les deux for­mats (papier ET numé­rique), on ne peut s’empêcher de consta­ter, comme l’a fait Anne Bert dans un réqui­si­toire dres­sé contre le maga­zine LIRE, le peu d’a­mour que les petites struc­tures numé­riques ren­contrent notam­ment auprès de la presse, quitte à perdre toute visi­bi­li­té au pro­fit de l’au­to-édi­tion. Ce qui est évi­dem­ment un pro­blème et peut expli­quer le refus – de la part d’une par­tie des lec­teurs – de lire en numé­rique quand tout ce qu’ils connaissent, c’est soit l’offre des grandes mai­son, sou­vent bar­dées de DRM et pro­po­sée à des prix « sou­vent ridi­cu­le­ment chers » (pour reprendre les mots de Julien), soit l’au­to-édi­tion, celle sur­tout à la sauce Ama­zon. Est-ce qu’on s’é­tonne encore de voir dis­pa­raître, les uns après les autres, les pure players, les mai­sons « nati­ve­ment numé­riques » (dont Anne Bert par­lait encore avec une telle insis­tance il y a à peine quelques mois) qui finissent par pro­po­ser leurs textes en numé­rique et en papier ? Reste à savoir si c’est là un mal, étant don­né que ces édi­teurs n’ont fait autre chose que réa­li­ser que les gens ne sont pas tous pareils, et que cer­tains pré­fèrent le papier. Et pour­quoi s’obs­ti­ner à refu­ser de leur offrir ce qu’ils réclament ? Julien Simon a abso­lu­ment rai­son quand il dénonce une approche qui consiste à défendre le livre numé­rique comme une valeur en soi. N’ou­blions pas qu’il est sur­tout ques­tion d’un sup­port : et que seule l’é­vo­lu­tion per­met de s’a­dap­ter aux défis de demain et aux usages qui changent :

Ce chan­ge­ment n’est pas pour autant un constat d’échec, si ces édi­teurs ont la capa­ci­té de publier aujourd’hui des livres impri­més, c’est parce que leur renom­mée s’est construite autour du numé­rique. [5]Éli­za­beth Sut­ton, Pas­ser du ebook au papier : il n’y a que les imbé­ciles qui ne changent pas d’avis, inter­view avec Jean-Fran­çois Gay­rard paru dans IDBOOX le 13 avril 2016

Je com­prends que les uns ou les autres puissent arri­ver à une vision alar­miste de la chose. Mais il ne faut pas oublier que cer­tains acteurs de la pre­mière heure sont tou­jours là et conti­nuent à se battre, comme, à titre d’exemple, les Édi­tions NL (avec leur patron tou­jours prêt à rompre une lance pour ses convic­tions,  ce qui ne l’empêche pas de s’a­dap­ter, si la donne change), publie.net, véné­rable dino­saure de l’é­di­tion ini­tia­le­ment numé­rique, ou encore Wal­rus lui-même, un édi­teur qui conti­nue à enri­chir le pay­sage lit­té­raire fran­co­phone et qui n’hé­site pas à pro­po­ser à ses lec­teurs (er à ses auteurs) des expé­riences comme celle de Radius, véri­table jalon de la publi­ca­tion numé­rique de ces der­nières années dont il fau­drait par­ler beau­coup plus sou­vent. Si les pure players ont sans doute vécu, c’est aus­si parce que, en fin de compte, l’é­di­tion dite numé­rique n’est rien d’autre que de l’é­di­tion pure et simple, une forme d’é­di­tion que des pion­niers ont eu le cou­rage – et les moyens, grâce aux outils tech­no­lo­giques pas chers et aux nou­velles infra­struc­tures – de mettre sur pied pour se lan­cer dans un domaine qui jouit tou­jours d’une renom­mée brillante. Un domaine qu’ils ont contri­bué à enri­chir en ouvrant leurs portes à des autrices et des auteurs sou­vent peu connus ou novices.

À lire :
Le livre numérique - braderie littéraire ou support de textes originaux ?

Main­te­nant, l’âge des pion­niers étant révo­lu, les nou­velles struc­tures res­semblent de plus en plus aux petits édi­teurs clas­siques, dont cer­tains finissent étouf­fés par les grands, tan­dis que d’autres trouvent le cou­rage et les moyens de ten­ter des expé­riences, comme celle de Radius (sans que je puisse savoir quelles ont été les réper­cus­sions éco­no­miques de cette expé­rience), ou celle encore qui mise sur l” acces­si­bi­li­té en équi­pant leurs livres (numé­riques, bien enten­du) de dis­po­si­tifs per­met­tant l’u­ti­li­sa­tion des lec­teurs d’é­cran, comme ACT édi­tions l’a fait pour une par­tie de son cata­logue (à titre d’exemple, Le sapeur Camem­ber de Chris­tophe ou Les pieds nicke­lés de Louis Forton).

Pour conclure, il me semble ques les petites mai­sons – quel que soit le for­mat de leurs livres – ont encore de beaux jours devant elles, et que l’âge du livre numé­rique dans sa forme « tra­di­tion­nelle » (c’est à dire en tant qu’i­mi­ta­tion du livre papier) est loin d’être révo­lu. En même temps, et c’est là que je rejoins Julien Simon, on est loin d’a­voir épui­sé les pos­si­bi­li­tés des nou­veaux for­mats et du réseau­tage, mis à la dis­po­si­tion du monde lit­té­raire par le pro­grès et la démo­cra­ti­sa­tion de la tech­no­lo­gie. Les années à venir seront pas­sion­nantes, dans la mesure où il y aura des défri­cheurs tels que le patron de Wal­rus Books.

Pho­to d’illustration : Jus­ton Yost, Books being dona­ted (CC BY-NC 2.0)

Réfé­rences

Réfé­rences
1 Le compte Twit­ter – ain­si que le site web – de Wal­rus Books a depuis la liqui­da­tion été sup­pri­mé, il est donc désor­mais impos­sible de consul­ter les tweets émis depuis ce compte.
2 Quant à la Bauge lit­té­raire, j’ai pris l’ha­bi­tude d’y par­ler de « textes » plu­tôt que de « livres », mais il s’a­git là sur­tout d’une remise en ques­tion des genres, un grand nombre de textes étant dif­fi­ciles à clas­ser selon les cri­tères tra­di­tion­nels : roman, nou­velle, poème, autant de tiroirs qui per­mettent de ran­ger, de mettre de l’ordre, dans un ter­rain lit­té­raire inquié­tant par la créa­ti­vi­té qui s’y exprime.
3 Radius expé­rience, à pro­pos. Mise en relief par moi.
4 Épi­thète dont, en toute hon­nê­te­té, je ne sai­sis pas tout à fait la signi­fi­ca­tion. Le contexte semble sug­gé­rer un texte avec une cer­taine uni­té, mais c’est loin d’être clair
5 Éli­za­beth Sut­ton, Pas­ser du ebook au papier : il n’y a que les imbé­ciles qui ne changent pas d’avis, inter­view avec Jean-Fran­çois Gay­rard paru dans IDBOOX le 13 avril 2016
Dessin d'une femme nue debout, vue de profil. Elle tient un gode dans la main droite qu'elle est en train de s'introduire dans le vagin.
Dessin réalisé par Sammk95

Commentaires

4 réponses à “Faut-il se débar­ras­ser du livre numérique ?”

  1. Je n’au­rais pas mieux dit ! C’est exac­te­ment ce que j’ai res­sen­ti à la lec­ture de la tri­bune de Julien Simon. Je me méfie tou­jours des appels incantatoires.
    J’ai plus enten­du cela comme un cri du coeur : c’est dur de faire vivre une mai­son d’é­di­tion et de payer son loyer avec, sur­tout lorsque l’on défend ses auteurs.
    Et bien oui, l’é­di­tion est une siné­cure lorsque l’on est un petit édi­teur. Et cela, que l’on soit numé­rique, papier ou les deux.
    Les pure-players sont seule­ment rat­tra­pés par la réa­li­té éco­no­mique. Cela n’en­lève rien au talent du fon­da­teur de Walrus.

    1. « Cri du coeur », c’est très juste comme expres­sion. À part ça, c’est grâce à Wal­rus que j’ai décou­vert des auteurs tels que Nico­las Car­te­let, Domi­nique Lému­ri ou Aude Cen­ga. Cha­peau donc pour le bou­lot de Julien !

  2. Juste une pré­ci­sion sur le tra­vail que nous avons fait sur la bande des­si­née en epub, avec le Sapeur Camem­ber et les Pieds nickelés.
    Il n’y a aucun dis­po­si­tif à ajou­ter à dans l’e­pub pour que les aveugles et les mal-voyants puissent y avoir accès. Ceux qui sont équi­pés de lec­teurs d’é­crans (qui se répandent aujourd’­hui beau­coup plus puis­qu’ils sont natifs sur beau­coup d’é­qui­pe­ments). N’im­porte quel texte qui s’ins­crit sur une page numé­rique (web, ebook) peut- être lue par ces lec­teurs d’é­cran, et les aveugles ont donc accès à une biblio­thèque infi­ni­ment plus impor­tante que celle en braille ou en livre audio grâce à l’ebook.
    C’est un pro­grès considérable.
    Pour que ça marche, il faut que ce soit du vrai texte, pas des images. La BD repré­sente donc une dif­fi­cul­té… Mais, comme pour une page web, il y a dans le code source d’un epub une balise spé­ciale pour insé­rer une image et, dans cette balise, un attri­but sup­plé­men­taire qui per­met de rédi­ger une des­crip­tion de l’image.
    Le tra­vail que nous avons fait a donc été de faire un epub « com­plet », c’est-à-dire avec le texte du sapeur ou des Pieds Nicke­lés retrans­crit en texte vrai, et avec toutes les images décrites dans le code. Les lec­teurs d’é­cran lisent ces des­crip­tions qui sont cachées à ceux qui n’u­ti­lisent pas cet équi­pe­ment et qui voient les images et lisent les textes.
    Le tra­vail était donc avant tout un tra­vail de tra­duc­tion des images en texte, un tra­vail lit­té­raire, per­mis par la struc­ture même du livre numérique.
    Et main­te­nant, bra­vo pour cet article !

    1. Mer­ci pour ces pré­ci­sions ! Je suis très content de consta­ter qu’il y a de petits édi­teurs tels que vous pour exploi­ter au mieux les capa­ci­tés du numérique :-)