Que pen­ser des auto-édités ?

Il y a quelques semaines, un article publié par le Souffle Numé­rique a déclen­ché une contro­verse dans la blo­go­sphère numé­ri­co-lit­té­raire fran­co­phone : Dans les cou­lisses du Top 100 Ama­zon. Pier­rick Mes­sien, auteur auto-édi­té lui-même, y ana­lyse et dénonce les pra­tiques de cer­tains confrères de l’au­to-édi­tion qui, dans la lutte pour une meilleure visi­bi­li­té, essaient d’in­ves­tir le Top 100 (voire le Top 20) du géant amé­ri­cain dans leurs caté­go­ries res­pec­tives afin de boos­ter leurs ventes, tout en se ser­vant de moyens par­fois dis­cu­tables. Si les uns achètent leurs propres textes, d’autres font confiance à une agence qui pro­pose de pro­pul­ser les textes de leurs clients, le but étant le même dans les deux cas : figu­rer dans le top des ventes et atti­rer le cha­land en lui sug­gé­rant qu’un texte qui a trou­vé assez de lec­teurs pour en arri­ver là, ça doit valoir le coup. Ajou­tez à cela une foule de com­men­taires élo­gieux (ou de mau­vaises appré­cia­tions pour ceux qui le sont moins), et vous n’êtes pas loin du but convoité.

La polé­mique des auto-édités

Les réponses sus­ci­tées par l’ar­ticle en ques­tion sont inté­res­santes non seule­ment par leur grand nombre (une cin­quan­taine de com­men­taires au moment où j’é­cris et quelques articles de blog), mais sur­tout par ce qu’ils font connaître les posi­tions assez diverses et par­fois dia­mé­tra­le­ment oppo­sées des inter­ve­nants, met­tant en lumière un des plus grands pro­blèmes de l’au­to-édi­tion, à savoir le manque de publi­ci­té. S’il y en a qui prennent leurs dis­tances par rap­port aux pra­tiques évo­quées, d’autres les défendent au nom de la dif­fi­cul­té ren­con­trée par les auteurs auto-édi­tés de trou­ver des tri­bunes pour s’ex­pri­mer et pour par­ler de leurs textes. Il y a par­mi ces réac­tions des textes très réflé­chis et bien argu­men­tés, comme celui de J. Hes­ka qui se demande si l’au­to-pro­mo­tion est tout sim­ple­ment pos­sible ou encore celui de Thi­baud Dela­vaud qui déplore que l’ar­ticle ini­tial du Souffle numé­rique « dis­cré­dite un peu plus les auteurs auto-édi­tés et indé­pen­dants » et qu’il « divise la com­mu­nau­té de l’auto-édition ». On peut ou on ne peut pas être d’ac­cord avec les argu­ments avan­cés, encore que je me per­mets de remar­quer qu’une conclu­sion comme celle de M. Dela­vaud se rap­proche dan­ge­reu­se­ment de l’at­ti­tude de ceux qui dégainent sans doute un peu trop vite en accu­sant celui qui dénonce un usage peu recom­man­dable de chier là où eux, ils mangent… Mal­heu­reu­se­ment, il y a d’autres réac­tions aus­si, comme celle d’un cer­tain Éric-Nico­las, « auteur indé­pen­dant et auto-édi­teur »[1]cf. la page « À pro­pos » de son site Laplumeautonome.com. qui, non content de trai­ter l’au­teur de l’a­na­lyse en ques­tion de « don­neur de leçons mal pla­cés », « détec­tive du dimanche », de « gonze » et de « gamin », vou­drait inva­li­der les argu­ments avan­cés en les met­tant sur le compte de la jalou­sie en par­lant d” « auteurs jaloux qui feraient mieux de se remettre en ques­tion les pre­miers ». On peut se deman­der si une telle démons­tra­tion de suf­fi­sance face à des textes argu­men­tés (l’ar­ticle en ques­tion s’en prend aus­si à une autre inter­ve­nante, Pau­line Dou­de­let) rend ser­vice à l’au­teur des lignes en ques­tion, mais cela le concerne.

À lire :
Piratage littéraire

Un sujet passionnant…

On peut tou­te­fois consta­ter, et je pense que les deux par­ties peuvent se ran­ger der­rière une telle conclu­sion, que le sujet pas­sionne. Parce qu’il va au cœur de la ques­tion qui tour­ment les auteurs auto-édi­tés : Com­ment arri­ver à faire par­ler de son texte ? De nom­breuses recettes ont été concoc­tées et échan­gées, des ser­vices se construisent autour de cette demande indé­niable, la solu­tion miracle tarde pour­tant à être trou­vée. Dans cer­tains cas, ce sera le hasard des ren­contres qui fera per­cer un texte, dans d’autres, ce sera le fruit de stra­té­gies savam­ment mises au point pen­dant des années. Dans d’autres encore, et c’est sans doute l’é­cra­sante majo­ri­té, l’au­teur ne sor­ti­ra jamais des ténèbres de l’i­gno­rance dans laquelle stag­nent ses textes. Je pense, per­son­nel­le­ment, que le sésame ne sera jamais trou­vé ni inven­té parce qu’il n’existe tout sim­ple­ment pas. Même l’im­pres­sion­nante machine de l’é­di­tion clas­sique qui dis­pose de tous les leviers dans les milieux jour­na­lis­ti­co-lit­té­raires, de sommes assez impor­tantes à inves­tir dans leurs pro­duits et de tout le brim­bo­rion des prix lit­té­raires, par­fois n’ob­tient pas le résul­tat escomp­té, et des auteurs pro­pul­sés à grands coups de pouce à la ren­trée lit­té­raire dis­pa­raissent sans lais­ser de trace.

et des lec­tures à découvrir

Quelle conclu­sion donc tirer de tout ça ? À mon niveau tout à fait per­son­nel, j’ai déci­dé de me tour­ner du côté des auteurs auto-édi­tés, de les prendre au sérieux et de les lire au lieu de me gaus­ser de toute cette ambi­tion. C’est ain­si que j’ai pu décou­vrir un des pre­miers le très beau texte d’Agnès Mar­tin-Lugand, que je me suis lais­sé empor­ter par deux ados dans un périple à tra­vers la France de l’an 2100, que j’ai pu deve­nir le témoin des ébats d’un jeune couple en train de remon­ter sur Paris après les vacances en Pro­vence, que je suis deve­nu com­plice de la fièvre d’un petit jeune de 15 ans en proie aux hor­mones et aux charmes d’une cou­gar qui s’i­gnore et que j’ai pu lire l’ex­tra­or­di­naire épo­pée de Chris et de ses copines homo­sexuelles à tra­vers 60 ans d’his­toire mou­ve­men­tée. Et je n’ai regret­té aucune de ces lec­tures, trou­vées au bout de longues excur­sions dans les eaux par­fois troubles du géant amé­ri­cain ou encore grâce au hasard d’un article ou d’un com­men­taire. Pas un seul (à ce que je sache, je ne l’ai pas recher­ché après coup) de ces titres était pré­sent dans le Top 20 du clas­se­ment Ama­zon. Je ne sais pas si mes articles ont pu séduire l’un ou l’autre lec­teur. Je l’es­père pour­tant, non point pour cares­ser mon ego, mais parce que ce sont des textes qui méritent d’être lus, et ce sont des auteurs que je vou­drais encou­ra­ger parce que j’ai­me­rais lire d’autres textes sor­tis de leurs plumes.

À lire :
Dominique Lémuri, En Adon je puise mes forces

Mais pour­quoi donc tous ces mots, pour­quoi cet article, cette réac­tion sup­plé­men­taire aux lignes de Pier­rick Mes­sien ? Parce que je pense que les blo­gueurs peuvent contri­buer à faire avan­cer les choses. Au lieu de sau­tiller de joie en rece­vant les envois des grandes mai­sons qui pré­cèdent la ren­trée lit­té­raire, il vau­drait mieux consa­crer quelques heures de recherches à débus­quer un texte, tout seul comme un grand, et de voir ce qu’il vaut. L’in­ves­tis­se­ment finan­cier est, dans la plu­part des cas, minime, et les décou­vertes qui sont à faire dédom­magent ample­ment des quelques décep­tions ren­con­trées en cours de route. Et en plus, on pour­ra enfin voir de ses propres yeux si ce qu’on dit des manus­crits refu­sés par les mai­sons d’é­di­tion est vrai. Parce qu’on peut croire que c’est dans le réser­voir gigan­tesque du KDP qu’on retrou­ve­ra une grande par­tie de ceux-ci.

J’ai choi­si la voie de la curio­si­té et des petites décou­vertes, et je serais très content si je pou­vais y ren­con­trer d’autres blo­gueurs, quitte à faire un bout de route ensemble ou à faire l’ex­pé­rience de la pro­pul­sion d’auteur :-)

Petite Biblio­gra­phie

Réfé­rences

Réfé­rences
1 cf. la page « À pro­pos » de son site Laplumeautonome.com.
Dessin d'une femme nue debout, vue de profil. Elle tient un gode dans la main droite qu'elle est en train de s'introduire dans le vagin.
Dessin réalisé par Sammk95

Commentaires

22 réponses à “Que pen­ser des auto-édités ?”

  1. Mer­ci pour cet article tout à fait mesu­ré et qui aura peut-être le mérite de récon­ci­lier les deux parties ! :-) 

    On a repro­ché à mon article sa viru­lence, et c’est effec­ti­ve­ment un point sur lequel je ne peux pas me défendre. J’y expose mon avis, qui est un avis tran­ché et peut paraître agres­sif, mais reste avant tout un point de vue personnel. 

    Je conçois tout à fait qu’on puisse pen­ser autre­ment, et les réac­tions ont effec­ti­ve­ment mon­tré qu’il s’a­gis­sait d’un sujet qui déchaîne les pas­sions de chacun.

    Le manque de visi­bi­li­té est un pro­blème pour les auteurs indé­pen­dants, à cha­cun de voir jus­qu’où aller pour résoudre ce pro­blème. Recou­rir aux blogs de lec­teurs peut effec­ti­ve­ment être une bonne solu­tion, et je pense par exemple au site Adopte un Auteur qui peut per­mettre une visi­bi­li­té honnête.

    Vous faites bien de remar­quer que même les auteurs édi­tés par les plus grands édi­teurs ne par­viennent pas à per­cer. Au cœur du pro­blème se trouve peut être la notion que ce n’est pas parce qu’on a écrit un livre qu’on est en droit d’at­tendre la célé­bri­té du jour au lendemain.

    En tant que (modeste) auteur auto-édi­té, je ne consi­dère pas for­cé­ment qu’il existe une « com­mu­nau­té » d’au­to-édi­tés, ni que mes pro­pos aient pu dis­cré­di­ter cette com­mu­nau­té, en tout cas pas plus que ne pour­raient le faire des pra­tiques que j’es­time mal­hon­nêtes (ce qui reste mon point de vue).

    Non pas que je n’ai pas pris conscience de l’in­té­rêt pour les auteurs de se ser­rer les coudes ou de l’im­por­tance capi­tale de ne pas avan­cer seul dans l’au­to-édi­tion, mais sur­tout parce que j’ai remar­qué que pour cer­tains auteurs indé­pen­dants, la « com­mu­nau­té » est consi­dé­rée comme une rela­tion à sens unique qui n’a d’autre inté­rêt que celle d’é­cou­ler leur propre livre.

    Vous faites bien de remar­quer l’exis­tence de livres auto-édi­tés de qua­li­té. Le plus grand défaut de mon article étant cer­tai­ne­ment d’a­voir pu faire croire que les auteurs indé­pen­dants étaient tous à mettre dans le même panier.

    Au plai­sir de vous lire ! ;-)

    1. Bon­soir Pier­rick, et mer­ci pour votre com­men­taire. Vous avez tout à fait rai­son, il n’y a pas de com­mu­nau­té des auteurs auto-édi­tés. Il y a un cer­tain nombre d’in­di­vi­dus qui se retrouvent plus ou moins dans la même situa­tion et qui doivent trou­ver des solu­tions. C’est pour cela sans doute que les réflexions de cer­tains se rejoignent, mais de là à par­ler de communauté.

      Je vous féli­cite tou­te­fois d’a­voir déclen­ché cette polé­mique et d’a­voir ain­si don­né un peu de visi­bi­li­té sup­plé­men­taire à celles et ceux qui pro­gressent dans l’ombre et dont cer­tains méri­te­raient de ren­con­trer un public beau­coup plus large.

  2. Gortan Narog

    Très bon article…Etant auto édi­teur moi même (Gor­tan Narog sur Ama­zon) , je suis très sen­sible au sujet et comme beau­coup de mes confrères, j’ai du mal à me faire connaitre. Après le pro­blème est vieux comme le monde : on peut avoir le meilleur livre du monde si per­sonne n’est au cou­rant, il ne sert à rien. La com­mu­ni­ca­tion est essen­tielle et au centre de tout. Les auto édi­tés doivent pas­ser 80 % de leur temps à com­mu­ni­quer sur leurs écrits et 20 % à écrire (cita­tion d’une auteur auto édi­té amé­ri­caine qui a réus­sit et dont j’ai oublié le nom).

    1. Bon­soir, et mer­ci d’a­voir lais­sé un com­men­taire. Il est clair que les auto-édi­tés sont confron­tés au pro­blème de la visi­bi­li­té, et bien plus que ceux qui dis­posent de toute une machine édi­to­riale pour les faire connaître. Quant à moi, je conti­nue­rai à lire et à par­ler de ces auteurs-là, ne fût-ce que pour le plai­sir des décou­vertes à faire en dehors des sen­tiers bat­tus de la littérature.

  3. Bon­jour et mer­ci pour cet article apaisant.
    En ce qui me concerne, je suis auteur auto-édi­té « par défaut », puisque j’ai repris mon roman à mon compte lorsque mon édi­teur a fait faillite. J’ai alors pu consta­ter que si l’on se plai­gnait sou­vent d’a­voir affaire à des requins dans le monde de l’é­di­tion, celui de l’au­to-édi­tion était plu­tôt rem­pli de piranhas.
    Entre les « com­bines » pour grim­per dans le top (pré­sen­tées comme des achats de visi­bi­li­té alors qu’il s’a­git avant tout de tru­quer un clas­se­ment), les groupes d’au­teurs qui s’é­changent des com­men­taires 5 étoiles et les mêmes groupes qui s’or­ga­nisent pour faire des­cendre les com­men­taires les moins élo­gieux en cochant la case « inutile » sur Ama­zon, le monde de l’au­to-édi­tion n’est pas très reluisant.
    Les seuls qui peuvent nous sor­tir de l’or­nière res­tent les lec­teurs et les blog­geurs indé­pen­dants. Ces der­niers pour­ront faire leurs armes de cri­tiques lit­té­raires en s’at­ta­quant au top 100 des gra­tuits (pas­sage obli­gé pour que les « copains » qui votent 5 étoiles béné­fi­cient de la men­tion « a ache­té l’ar­ticle sur Ama­zon ») quant aux lec­teurs, ils devront com­men­cer par télé­char­ger gra­tui­te­ment les extraits des livres les plus ven­dus pour voir s’ils valent vrai­ment le coup d’être achetés.
    S’ils ne font pas cet effort, le livre numé­rique devien­dra à la lit­té­ra­ture ce que les séries TV sont à la créa­tion ciné­ma­to­gra­phique en France, un mar­ché pour gogos avec des pro­duits vite conçus et vite oubliés.

    1. Bon­jour Cédric, et mer­ci pour ton com­men­taire. Il me semble qu’on a été « édi­tés » par la même mai­son, non ? Celle qui com­mence avec Kiro…

      Tout n’est pas rose dans le monde des auto-édi­tés, c’est clair. Et com­ment pour­rait-il en être autre­ment dans un domaine sou­mis, lui aus­si, aux règles du « mar­ché » ? Le tout est de res­ter hon­nête, et si les blo­gueurs, en s’in­té­res­sant de plus près aux auto-édi­tés, peuvent y contri­buer, ce serait déjà un grand pas de fait. Je recom­mande d’ailleurs la série tout à fait remar­quable « Pour­quoi en numé­rique » de notre consœur Chris Simon.

      1. C’est cela même.
        Vu que la boîte a fer­mé, on peut la nom­mer et dire que Kiro­gra­phaire a arna­qué les auteurs, les cor­rec­teurs et sans doutes aus­si quelques clients…

      2. Pour ce qui est des « How to do ? » (parce que c’est une par­tie du sujet de l’ar­ticle de notre Chris Simon) les titres de ceux qui me sont pro­po­sés par Ama­zon se suf­fisent à eux-mêmes :
        – Com­ment bien gagner sa vie en publiant facilement.
        – Com­ment publier des livres en clo­nant les succès.
        – Com­ment publier sim­ple­ment sur Kindle des livres qui vous rap­portent jour après jour.
        – Com­ment vendre son livre sans faire le tapin.
        Le moins qu’on puisse dire, c’est que la qua­li­té lit­té­raire des pro­duits pro­po­sés aux lec­teurs n’y est pas mise en avant. Si le mar­ché du numé­rique se résume à ça, je conti­nue de pen­ser que la lit­té­ra­ture n’a rien à y gagner et j’ap­pelle les lecteurs/consommateurs à la plus grande vigi­lance sur la qua­li­té des pro­duits qu’ils achètent, même à bas prix.

        1. N’au­rais-tu lu que le pre­mier article de Chris ? Celui consa­cré à Éric-Nico­las ? Chris le dit tout au début que celui-ci « n’est pas un auteur de fic­tion », ce qui explique les titres effec­ti­ve­ment très peu lit­té­raires. Il y en a quand même (et sur­tout) d’autres, comme l’in­ter­view avec Agnès Mar­tin-Lugand, qui montrent clai­re­ment à quel point la Lit­té­ra­ture avec une « L » majus­cule peut pro­fi­ter du phé­no­mène de l’auto-édition.

          1. Je pense que si la Lit­té­ra­ture peut pro­fi­ter du phé­no­mène de l’au­to-édi­tion, cela ne se fera qu’a­près avoir éloi­gné tous les web­mar­ke­ters qui sont là pour faire du pro­fit avec de la petite littérature.

          2. Il n’y a pas que dans le monde des auto-édi­tés que pul­lulent de tels stra­tèges du mar­ke­ting, le monde lit­té­raire est concer­né dans son ensemble. Il me semble qu’on est bien pla­cés pour savoir qu’il y a bien des gens dans ces cercles-là dont les moti­va­tions sont tout sauf lit­té­raires :-o !

            Je pense que c’est un phé­no­mène capi­ta­liste qu’on ne fera pas dis­pa­raître tant que c’est l’argent qui règne en maître suprême. Il faut juste le savoir pour essayer de se mettre un peu à l’a­bri des effets néfastes d’un tel sys­tème. Ce qui, soyons hon­nêtes, n’est pas facile…

  4. Bon­jour,
    Mer­ci pour cet article syn­thé­tique et bien réfé­ren­cé ! À mon avis, la ques­tion de la visi­bi­li­té est impor­tante, certes, mais elle est sur­tout symp­to­ma­tique d’un sen­ti­ment d’i­so­le­ment de l’au­teur auto-édi­té. C’est pour­quoi l’in­te­rac­tion est aus­si impor­tante que la visi­bi­li­té, et en tout cas plus inté­res­sante ! Écrire sur un blog et pro­po­ser un conte­nu ori­gi­nal et d’ac­tua­li­té, réagir et com­men­ter sur les réseaux sociaux, bref, tis­ser des liens sur la toile per­met d’être en inter­ac­tion avec le lec­to­rat et les pairs… Éga­le­ment, l’i­dée de bien s’en­tou­rer me paraît impor­tante : à ce titre, je parle dans mon der­nier billet de l’o­pé­ra­tion La jour­née du manus­crit, qui vise à faire du libraire un inter­mé­diaire (et un inter­lo­cu­teur) entre l’au­teur auto-édi­té et le lec­to­rat, et à per­mettre la micro-impres­sion de textes locaux… Je trouve l’i­dée vrai­ment sti­mu­lante, et je suis sure que ce type de nou­velles solu­tions se mul­ti­plie­ra à l’avenir.

    1. Bon­jour Sophie, et un grand mer­ci pour votre com­men­taire et le lien vers votre blog. Il est très per­ti­nent de sou­li­gner la dimen­sion sociale du pro­blème que ren­contrent de nom­breux auteurs auto-édi­tés. Je recom­mande vive­ment votre article qui non seule­ment pré­sente la pro­blé­ma­tique, mais qui pro­pose en même temps un élé­ment de réponse.

  5. J’ai lu les polé­miques en ques­tion. Il y a selon moi, une vaste hypo­cri­sie à dénon­cer un sys­tème qui uti­lise un effet tur­bo pour pro­pul­ser cer­tains auteurs dans le top 100 d’A­ma­zon. Dans la vie, celui qui a de l’argent peut s’of­frir une jolie publi­ci­té dans un maga­zine, à la radio et à la télé. Cela ne choque per­sonne. S’ils n’a­vaient pas payé, seraient t‑ils aus­si visibles ? Regar­dez les res­tau­rants du petit futé. ils ont une belle plaque émaillée parce que ce sont de remar­quables res­tau­rants ? Non, parce qu’ils ont payé ! Après, libre à cha­cun en son âme et conscience d’en­trer dans ce sys­tème My Kin­dex ou pas. Ce n’est pas mon choix pour une simple rai­son : La modes­tie. Et puis, c’est étrange de payer pour que des gens achètent mon livre alors que j’es­saye de le vendre. Il y a un peu de vani­té et d’or­gueil dans cette démarche. Je suis un auteur autoé­di­té comme tant d’autre mais je n’ai pas pour ambi­tion de deve­nir le nou­veau Marc Lévy à tout prix. Si j’ai dix lec­teurs par mois, j’en suis très heu­reux ! J’ai créé des petites his­toires pour pas grand monde mais en y met­tant tout mon cœur. Elles existent et c’est bien ça le plus important.

    1. Com­pa­rons ce qui est com­pa­rable. Entre s’of­frir une publi­ci­té et ache­ter sa place devant les autres à un clas­se­ment, il y a quand même une différence.
      Quand Google affiche des liens spon­so­ri­sés au-des­sus des liens clas­sés par popu­la­ri­té, il pré­vient. Dans le cadre de MyKin­dex, il y a trom­pe­rie sur la mar­chan­dise pour les lec­teurs, sans comp­ter que les auteurs qui n’y ont pas recours se retrouvent lésés.

  6. Le point com­mun c’est le pognon Cédric. C’est ça que je souligne.

    1. Il y a un point com­mun entre MyKin­dex et la pub comme il y a un point com­mun entre MyKin­dex et la coupe que je me suis fait faire chez le coiffeur.
      On ne peut pas com­pa­rer tout ce qui s’a­chète sous pré­texte que ça coûte de l’argent.

  7. du coup je ne sais plus, moi. ex kiro comme vous deux, suis echau­dée et je me demande ce que je vais faire de mon écrit. j’é­cris et je ne sais plus quoi en faire et com­ment faire. j’ai sui­vi ces polé­miques, je me suis révol­tée aus­si, je me suis posé des ques­tions qui res­tent aujourd’­hui sans réponse, malheureusement.

    1. Un roman sur lequel il y a eu un tra­vail d’é­di­tion et de cor­rec­tion devrait avoir le niveau pour être auto-édi­té (même si avec Kiro, il semble que ce ne soit pas évident à 100 %). Après, il faut se pré­pa­rer à voir pas­ser devant tout un tas de types qui payent leur place et s’é­changent des commentaires.
      Le plus dur, c’est quand ces types appellent cela de la visi­bi­li­té et de la soli­da­ri­té alors qu’ils s’a­donnent à la tri­che­rie et au copi­nage pour ber­ner les lecteurs.

    2. Hel­lo Éli­sa­beth, et mer­ci pour ton com­men­taire ! Comme le dit Cédric, ton roman a déjà béné­fi­cié d’un tra­vail édi­to­rial et de nom­breuses (re-)lectures. Tu tra­vailles des­sus avec tout le sérieux de celle qui aime ce qu’elle fait. Si tu as donc le pro­jet de te lan­cer dans l’au­to-édi­tion, pour­quoi pas ? Côté qua­li­té, tout y est. Côté visi­bi­li­té, par contre, c’est déjà moins évident. Ce n’est pas pour rien qu’il y a des gens qui pro­posent les ser­vices en ques­tion… Mais si j’ai sou­ve­nir, tu es bien entou­rée, et rien ne t’empêche de par­ler de ton roman. Et puis, sur Ama­zon, tu peux le pro­po­ser à un prix moins pro­hi­bi­tif que ce qu’a deman­dé notre ancien éditeur.

  8. Très bon article qui résume bien la situa­tion. le monde de l’é­di­tion clas­sique n’est pas joli et celui de l’au­toé­di­tion n’est pas mieux. Les tech­niques pour se faire de la publi­ci­té sont diverses et mykin­dex en fait par­tie tout comme les gros édi­teurs paient gras­se­ment pour qu’un roman soit en tête de gon­dole dans les grosses librairies.
    Il n’y a rien de nou­veau sous le soleil. Mykin­dex dis­pa­raî­tra cer­tai­ne­ment dans quelques temps et un autre sys­tème ver­ra le jour. 

    Là où j’au­rais ten­dance à m’in­sur­ger, c’est sur cette mau­vaise image qu’à l’au­toé­di­tion. Certes de nom­breux livres ont une mise en page hor­rible et on trou­ve­ra une faute par page. Cepen­dant il existe éga­le­ment une entraide forte au sein de ces auteur indé­pen­dants. Comme exemple je cite­rais l’as­so­cia­tion Sai­sons d’é­cri­ture qui per­met aux auteurx de se faire cor­ri­ger leurs livres, com­men­ter, aider pour la confec­tion de la couverture…

    Comme dit plus haut, on y trou­ve­ra aus­si les piran­has qui vien­dront pom­per toutes les aides pour fina­le­ment envoyer leur roman aux mai­sons d’é­di­tion, mais je reste per­sua­dé que ces pro­fi­teurs n’i­ront jamais bien loin dans la vie. L’au­toé­di­tion, si elle est bien faîte, demande beau­coup de tra­vail, mais de mul­tiples pos­si­bi­li­tés existent notam­ment au niveau local.

    1. C’est vrai qu’il y a des ini­tia­tives sur le sujet, comme des groupes de cor­rec­tion, mais si de tels pro­jets sont louables, les résul­tats sont encore déce­vants. Cor­ri­ger un texte prend du temps et peu de gens sont prêts à le faire béné­vo­le­ment en atten­dant un éven­tuel retour d’ascenseur.
      La solu­tion pas­se­ra peut-être par une émer­gence de l’é­di­tion à l’an­glo-saxonne. Comme au Royaume-Uni et aux États-Unis, les fonc­tions d’é­di­teur et de « publi­sher » sont dis­so­ciées, il y est pos­sible de faire cor­ri­ger et mettre en page son texte avant de le pro­po­ser à la vente… d’où un essor plus remar­quable de l’au­to-édi­tion avec des pro­duits qui ne sus­citent pas autant de critiques.