Petite gale­rie linéaire

Je reviens à l’ar­ticle que j’ai consa­cré, il y a quelques jours, à l’ex­po­si­tion « Hen­drick Golt­zius et les artistes de la ligne ». J’ai pro­fi­té d’une deuxième visite pour prendre quelques cli­chés que je me per­mets de vous présenter.

Hendrick Goltzius, La Visitation (détail)
Hen­drick Golt­zius, La Visi­ta­tion (détail)

À force de regar­der les gra­vures des Golt­zius, Saen­re­dam, Mul­ler, Matham et autres, je n’ai pu m’empêcher d’être frap­pé par leur façon bien par­ti­cu­lière de trai­ter le corps fémi­nin et par l’a­mour du détail qui guide le burin quand ils labourent le cuivre. Des femmes, cer­taines sveltes aux membres élan­cés, d’autres robustes et mus­clées, y arborent leurs seins ronds et fermes aux tétons poin­tus et leurs ventres bom­bés, ren­dus douillets par une couche de graisse bien pla­cée, telles des éten­dards de la fer­ti­li­té. Les regards des spec­ta­teurs, dociles à tra­vers les siècles, répondent pré­sents à l’ap­pel de telles maî­tresses, et par­courent en fris­son­nant la chair ingé­nu­ment éta­lée. Femme divine ou simple idée faite image, ces êtres imma­té­riels prennent forme, se revêtent de l’é­clat de leurs robes char­nelles et par­tagent avec les curieux la condi­tion humaine où la beau­té est encore aug­men­tée par sa remise en ques­tion sous le regard de l’artiste.

Avant de vous lais­ser vous perdre dans la minus­cule gale­rie que j’ai dres­sée à l’in­ten­tion des amou­reux du burin, un petit rap­pel : Il convient de faire atten­tion au détail [1]Dans ce but, je vous recom­mande le site du MOMA, consa­cré au mariage d’É­ros et de Psy­ché. Après avoir cli­qué sur « Fulls­creen », vous pou­vez agran­dir l’i­mage et zoo­mer dans les détails., comme dans cette gra­vure superbe qu’est la Visi­ta­tion, de Golt­zius (en haut à droite). Il s’a­git, bien sûr, d’une repré­sen­ta­tion d’un épi­sode de la vie de la Vierge Marie, à savoir la ren­contre de celle-ci et de Sainte Éli­sa­beth, mère de Saint Jean Bap­tiste. Mais est-ce que ce n’est pas ce petit détail mer­veilleux, le chat qui vient d’at­tra­per, avec une inno­cente cruau­té, l’oi­seau, et qui s’ap­prête à le tuer, qui donne toute sa valeur à cette estampe ? La maî­trise de l’ar­ti­san-artiste pous­sée au plus haut degré (le poil du chat, les vibrisses, les pattes avec les inter­stices où se rétractent les griffes, les ailes de l’oi­seau en panique, le bec grand ouvert) et le choix du sujet, pré­fi­gu­ra­tion de la souf­france et de la mort futures du divin enfant, concordent à la créa­tion d’une œuvre puis­sante qui réus­sit à cap­ter le regard du pas­sant, mal­gré le pas­sage des siècles.

À lire :
Les arbres et la Forêt

Femmes allé­go­riques

Cornelis Jacobsz Drebbel, Les Sept Arts Libéraux (1587-1605) (d'après Goltzius)
Cor­ne­lis Jacobsz Dreb­bel, Les Sept Arts Libé­raux (détail)
Jacob Matham, Les cinq sens, 1588 (d'après Goltzius)
Jacob Matham, Les cinq sens
Jan Saenredam, Allégorie de la vision et de la peinture, 1616 (d'après Goltzius)
Jan Saen­re­dam, Allé­go­rie de la vision et de la peinture

Femmes mytho­lo­giques

Jan Saenredam, Vertumne et Pomone au jardin (détail)
Jan Saen­re­dam, Ver­tumne et Pomone au jar­din (détail)

 

Goltzius, Le mariage d’Éros et de Psyché (détail)
Golt­zius, Le mariage d’Éros et de Psy­ché (détail)
Jan Harmensz. Muller, Enlèvement de Psyché par Mercure
Jan Har­mensz. Mul­ler, Enlè­ve­ment de Psy­ché par Mercure
Anonyme, Vénus donne l'ordre à Amor de tirer sa flèche sur Pluton
Ano­nyme, Vénus donne l’ordre à Éros de tirer sa flèche sur Pluton

 

Réfé­rences

Réfé­rences
1 Dans ce but, je vous recom­mande le site du MOMA, consa­cré au mariage d’É­ros et de Psy­ché. Après avoir cli­qué sur « Fulls­creen », vous pou­vez agran­dir l’i­mage et zoo­mer dans les détails.
La Sirène de Montpeller