Voici une découverte qui m’étonne vraiment : Les lecteurs numériques (de Belgique) privilégieraient le PDF par rapport à l’EPUB. C’est ce qui ressort d’une enquête du Partenariat interprofessionnel du livre et de l’édition numérique (PILEn) sur « Les usages du livre numérique en Belgique », menée en mars et avril 2013 sur un échantillon de 1.130 personnes, dont 700 lecteurs (au moins un livre par an) :
Le lecteur belge privilégie une lecture de livres numériques téléchargés au format PDF, ce qui explique qu’ils soient 71% à utiliser un ordinateur comme appareil de lecture. [1]Analyse de Lettres Numériques
La percée des liseuses et des tablettes, est-ce qu’elle serait moins importante que ce qu’on essaie de faire croire ? Est-ce que les vieilles habitudes mettent si longtemps à mourir ? Chaque utilisateur de tablette le sait, le PDF se lit très, très mal sur ce genre d’appareil. C’est pour cela d’ailleurs que les éditeurs numériques pure players en proposent de moins en moins (l’éditeur Numériklivres y ayant renoncé pour de bon) au profit de l’EPUB, format qui permet de manipuler l’affichage du texte selon les exigences de l’utilisateur, contrairement au PDF qui a justement été inventé pour sauvegarder l’apparence (et en quelque sorte, l’illusion) du texte imprimé, et de toujoursle présenter de la même façon, peu importe l’appareil où il s’affiche. Et pourtant, les chiffres qui ressortent du sondage sont univoques : Non seulement sept lecteurs sur dix utilisent-ils un ordinateur pour lire leurs livres numériques, mais parmi ceux-ci, les deux tiers donnent la préférence au format « classique », à savoir le PDF.
Quand on essaie d’expliquer ce résultat, la pénurie ou plutôt la mauvaise visibilité de bons logiciels pour afficher les fichiers EPUB sur ordinateur vient immédiatement à l’esprit. Après tout, les efforts des éditeurs numériques pour expliquer à leurs lecteurs comment lire leurs textes témoignent assez clairement de certaines difficultés techniques du lectorat. Et qui se frotte aux lecteurs potentiels connaît les questions maintes fois répétées et les problèmes qui se ressemblent. Parce que s’il y a un certain nombre de lecteurs qui aimeraient découvrir un texte numérique, bon nombre d’entre eux ne savent pas comment s’y prendre. Et l’installation d’Adobe Digital Editions qui demande tout d’abord au lecteur d’ouvrir un compte n’est pas faite pour faciliter les choses. Problème d’ailleurs particulièrement épineux pour les éditeurs pure players vu qu’il faut impérativement se mettre au numérique pour pouvoir accéder à leurs textes. Et comme de plus en plus d’auteurs confirmés ne rechignent plus devant le numérique « pur », le nombre de lecteurs potentiels augmente d’autant.
Il faut pourtant constater que, depuis un certain temps, le nombre de logiciels d’affichage pour fichiers EPUB semble suivre les besoins d’un marché naissant, avec les efforts notamment des géants que sont Google et la Fondation Mozilla, qui proposent, avec Readium et l’Epubreader, des extensions pour lire des livres numériques en toute facilité. Mais il faut constater, vu les résultats de l’enquête en question, que la route qui mène le lecteur à se défaire de ses bonnes vieilles habitudes reste encore longue. Aux éditeurs et aux auteurs donc de propager le format libre qui permet, pour l’instant, seul de pleinement profiter des avantages d’une lecture numérique.
Avant de terminer, j’aimerais relever une lacune assez curieuse dans cette enquête. Parmi les formats numériques énumérés, il y a donc, bien sûr, le PDF et l’EPUB, mais on n’y trouve pas le format du mastodonte de la distribution numérique, à savoir Amazon, à moins de vouloir le ranger parmi les « autres » qui, avec quatre pour cent, arrivent en fin de peloton, ou de penser que les utilisateurs du Kindle se range majoritairement au nombre de ceux qui « ne savent pas » quel format ils téléchargent, ce qui laisserait penser à des questions plutôt maladroites.
Quoi qu’il en soit, une enquête bien intéressante qui donnera à réfléchir aux éditeurs numériques. Dont on aimerait savoir si leurs statistiques peuvent étayer les résultats obtenus, rappelons-le, en Belgique.
Références
↑1 | Analyse de Lettres Numériques |
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