Je vais très bientôt publier un troisième roman, le récit des perversions et des initiations successives de Chloé. Le manuscrit est terminé et n’attend plus que sa relecture. Plus, éventuellement, une belle illustration pour la couverture. C’est cette étape majeure dans la genèse d’un texte qui m’a poussé à parler de mes activités d’auteur afin de donner un petit coup de projecteur sur mon parcours et mes motivations. Voici donc un texte qui pourra compléter ma bio, si toutefois quelqu’un devait un jour se sentir assez de motivation pour en apprendre davantage à propos d’un auteur dont il aura aimé un des ses textes.
La tentation du papier

Au début il y a eu l’idée, sans doute toujours la même pour qui partage des ambitions littéraires, de se faire publier de façon « classique », par une maison spécialisée dans le papier, la porte d’entrée du grand monde de l’édition et des librairies. C’est ainsi que mon tout premier texte, L’Aventure de Nathalie, a effectivement paru sous cette forme-là, aux Éditions Kirographaires, en 2011. Cette maison, au parcours aussi bref que mouvementé, est aujourd’hui de l’histoire ancienne, mais le texte a pu continuer son bonhomme de chemin : trois ans après l’échec de son premier éditeur, il a été repris, dans une version fortement remaniée et en format numérique, par les Éditions Numériklivres qui l’ont publié sous le titre légèrement modifié Les Aventures intimes de Nathalie. J’ai été très content de le voir poursuivre sa vie chez un éditeur qui a eu – et qui a su conserver depuis – toute ma confiance et mon estime.
L’édition numérique

Si les aventures érotiques et sentimentales d’une dénommée Nathalie sont bien à la base de mon premier texte littéraire, celui-ci n’est pourtant pas le premier que j’ai publié avec Numériklivres aka Éditions NL, la maison créée par Jean-François Gayrard. Jean-François et moi, c’est toute une histoire qui a démarré sur les chapeaux de roues. Je l’ai croisé assez tôt dans ma carrière de blogueur littéraire, à l’occasion de la découverte d’un des titres de sa collection phare, La Pile du Pont, un roman signé Audrey Betsch et dont il refusait sec de mettre à ma disposition un exemplaire en Service Presse. On s’est lancés dans une longue discussion avec ses hauts et ses bas, et en fin de compte est né un profond respect mutuel qui m’a conduit à lui confier mon deuxième roman, rédigé pendant l’hiver 2012⁄13, Les Chattes. Et le fait que Numériklivres a eu, avec SeXtasy, une collection érotique n’a évidemment pas été étranger à cette démarche de ma part.
Ensuite, malgré ce premier succès et une implication grandissante dans le monde de l’édition numérique, ça a été le vide sidéral côté inspiration. Et tandis que la procrastination s’incrustait chez moi de façon durable, j’ai dû assister à l’effondrement du paysage littéraire de l’édition numérique tel qu’il s’était façonné dès 2010 avec l’arrivée des pure players comme Edicool, Numériklivres, Walrus et tant d’autres. Et puis, la catastrophe : la mort, en septembre 2018, de Jean-François Gayrard, avec à sa suite la disparition de sa maison d’édition créée avec tant d’amour et entretenue avec une rare persévérance, engloutie par le noir en même temps que son fondateur, un des rares qui, vu la qualité de son catalogue, aurait pu finir par s’imposer face à l’ancien monde.

Ces choses-là, évidemment, arrivent, et cela m’a laissé avec sur les bras non seulement l’immense tristesse d’avoir perdu un ami, mais aussi deux textes qu’il fallait caser quelque part quitte à les voir disparaître pour de bon. C’est peut-être ce choc-là qui a mis en branle le rouage souterrain qui m’a conduit à me remettre au travail de façon un peu plus sérieuse. Toujours est-il que c’est en janvier 2019 que j’ai eu l’idée qui m’a remis sur la voie, celle d’aller plus loin encore dans l’indécence et la perversité, et de pousser mes personnages vers des outrages toujours plus crus. C’est entre les mois de février et mars de cette année-là qu’ai j’ai écrit une grande partie de ce qui allait devenir – au bout d’un parcours finalement plus long et bien plus tortueux que prévu – le récit des multiples initiations de Chloé. Et s’il m’a fallu presque un an avant de finalement terminer ce travail, ce n’est pas uniquement pour des raisons intrinsèques au récit – comme celui d’avoir changé de perversion en cours de route – mais en grande partie, parce que ma bonne vieille compagne, la procrastination, avait finalement gardé une certaine emprise sur moi, ce qui a conduit à une deuxième grande pause entre les mois de mars 2019 et celui de 2020. Mais si la procrastination y a sûrement été pour quelque chose, il y a aussi eu un autre facteur, un truc plus pénible à cerner, à savoir une certaine peur d’aller jusqu’au bout, la crainte de devoir terminer le texte, de le lâcher et de sceller ainsi, en quelque sorte, le sort de mes protagonistes, de me commettre, si vous voulez, et de me soumettre en même temps au jugement de tiers, à savoir les lecteurs.
L’auto-édition

Je me suis donc retrouvé, au mois de mars 2020, avec dans mes tiroirs numériques un texte terminé aux deux tiers. Mais, tout comme en 2018, il a fallu un choc pour que je sors de ma léthargie et que je reprenne mes activités littéraires. Ce choc, ce fut évidemment celui de l’arrivée du virus Corona. Encore que le véritable bouleversement, pour moi, c’était moins celui de la possibilité de la maladie et de la mort – la vie m’avait déjà donné à plusieurs reprises des occasions de contempler la Grande Faucheuse, et de façon bien plus concrète que la lointaine possibilité de mourir de la Covid-19 – mais la perte de la liberté. Une perte non seulement subie par les populations concernées, mais activement réclamées par ces hystériques pour qui la ligne d’horizon ne va pas plus loin que la propre existence et qui, paniquant face à la possibilité d’un monde privé de leur auguste présence, ne reculent devant aucune extrémité pour assurer leur survie. Même celle de rendre une planète entière prisonnière de leurs peurs – aussi infondées soient-elles. Cette réalisation m’a profondément dégoûté de mes semblables, et j’ai eu une telle envie de me défoncer, de prendre prétexte de la maladie et du confinement, pour pondre une histoire où la protagoniste non seulement s’en moquerait, mais où elle en profiterait pour arriver à ses fins pas du tout avouables. C’est ainsi que j’ai terminé le récit d’une autre Chloé, fliquette ripou (pourquoi qu’on ne dit pas « ripouse » ? C’est tellement plus beau…) chasseuse de chairs féminines, dans le temps record de deux semaines. Et comme il y a eu urgence, j’ai choisi de passer par l’auto-édition. Et quand on vise large, il n’y a qu’un seul choix, celui de la plus grande bibliothèque à l’échelle planétaire, celle d’Amazon, Kindle Unlimited. Dont le nom est tout un programme.

Confinement impudique une fois mis en ligne, j’ai décidé de tout miser sur Amazon, et j’y ai publié mes deux textes orphelins quelques jours plus tard. Si Les Chattes ont pu conserver leur titre, l’histoire de Nathalie a subi encore un changement et ses Aventures intimes sont devenues ses Aventures Parisiennes. Et puis, une fois si bien lancé, je me suis penché sur l’autre Chloé, celle qui me tenait compagnie depuis un an déjà et que je ne pouvais tout simplement pas abandonner. J’ai donc revu l’intrigue, j’ai tranché des chapitres entiers, j’ai profondément modifié les relations entre les personnages, et j’ai finalement mis à peine quelques semaines pour terminer le roman resté en chantier pendant plus d’un an. Restait pourtant la question du mode d’édition. Est-ce qu’il fallait le faire entrer, lui aussi, dans la bibliothèque Kindle ? Ou est-ce qu’il vaudrait mieux se tourner vers d’autres maisons avec ce texte flambant neuf ? Mais, toujours triste et toujours quelque peu démotivé face à la disparition de Numériklivres, je n’ai pas vraiment eu le courage de partir à la recherche d’un nouvel éditeur. Qui aurait de toute façon très peu de chances de ressembler à Jean-François. Et puis, choisir un autre éditeur, cela aurait bien trop ressemblé à une sorte de trahison de sa mémoire. Le texte, provisoirement appelé L’été pervers de Chloé, rejoindra donc sous peu ses compagnons de route dans les vastes rangées d’étagères de Jeff Bezos.
Mise à jour

Le texte auquel j’ai fait allusion dans le dernier paragraphe de mon article a finalement, deux ans et demi à peu près après le début des travaux, vu le jour sous le titre La Fiancée de la Douleur. Comme annoncé, vous le trouverez désormais dans la bibliothèque Kindle Unlimited, ce qui veut dire que vous pouvez l’acquérir pour la somme modique de 2,99 € ou l’emprunter dans le cadre de l’abonnement Kindle. Par contre, cette fois-ci, au lieu de puiser dans le stock des photos librement disponibles sur des sites comme Pixabay comme je l’ai fait pour les trois titres précédents, j’ai voulu faire mieux pour ma Chloé et j’ai demandé à Josep Giró, compagnon de route depuis déjà des années, de me dessiner une couverture. Tâche dont il s’est acquitté avec toute la maîtrise dont mes lecteurs ont l’habitude depuis la publication du premier en-tête dessiné pour la Bauge littéraire il y a de cela trois ans.
Je vous invite donc de partir en voyage avec Chloé et Véronique pour découvrir la plage de son initiation, la villa où elle sera la pièce de résistance d’une orgie à laquelle même les Romains des temps de Néron et de Poppée n’auraient rien trouvé à redire, jusqu’au bordel de la Costa Brava où elle subira l’extrême avilissement entre les mains de Véronique et de ses amantes aussi fidèles que perverses.