Le San­glier auteur

Je vais très bien­tôt publier un troi­sième roman, le récit des per­ver­sions et des ini­tia­tions suc­ces­sives de Chloé. Le manus­crit est ter­mi­né et n’at­tend plus que sa relec­ture. Plus, éven­tuel­le­ment, une belle illus­tra­tion pour la cou­ver­ture. C’est cette étape majeure dans la genèse d’un texte qui m’a pous­sé à par­ler de mes acti­vi­tés d’au­teur afin de don­ner un petit coup de pro­jec­teur sur mon par­cours et mes moti­va­tions. Voi­ci donc un texte qui pour­ra com­plé­ter ma bio, si tou­te­fois quel­qu’un devait un jour se sen­tir assez de moti­va­tion pour en apprendre davan­tage à pro­pos d’un auteur dont il aura aimé un des ses textes.

La ten­ta­tion du papier

La couverture de l'Aventure de Nathalie

Au début il y a eu l’i­dée, sans doute tou­jours la même pour qui par­tage des ambi­tions lit­té­raires, de se faire publier de façon « clas­sique », par une mai­son spé­cia­li­sée dans le papier, la porte d’en­trée du grand monde de l’é­di­tion et des librai­ries. C’est ain­si que mon tout pre­mier texte, L’A­ven­ture de Natha­lie, a effec­ti­ve­ment paru sous cette forme-là, aux Édi­tions Kiro­gra­phaires, en 2011. Cette mai­son, au par­cours aus­si bref que mou­ve­men­té, est aujourd’­hui de l’his­toire ancienne, mais le texte a pu conti­nuer son bon­homme de che­min : trois ans après l’é­chec de son pre­mier édi­teur, il a été repris, dans une ver­sion for­te­ment rema­niée et en for­mat numé­rique, par les Édi­tions Numé­rik­livres qui l’ont publié sous le titre légè­re­ment modi­fié Les Aven­tures intimes de Natha­lie. J’ai été très content de le voir pour­suivre sa vie chez un édi­teur qui a eu – et qui a su conser­ver depuis – toute ma confiance et mon estime.

L’é­di­tion numérique

Thomas Galley, Les Chattes (couverture)

Si les aven­tures éro­tiques et sen­ti­men­tales d’une dénom­mée Natha­lie sont bien à la base de mon pre­mier texte lit­té­raire, celui-ci n’est pour­tant pas le pre­mier que j’ai publié avec Numé­rik­livres aka Édi­tions NL, la mai­son créée par Jean-Fran­çois Gay­rard. Jean-Fran­çois et moi, c’est toute une his­toire qui a démar­ré sur les cha­peaux de roues. Je l’ai croi­sé assez tôt dans ma car­rière de blo­gueur lit­té­raire, à l’oc­ca­sion de la décou­verte d’un des titres de sa col­lec­tion phare, La Pile du Pont, un roman signé Audrey Betsch et dont il refu­sait sec de mettre à ma dis­po­si­tion un exem­plaire en Ser­vice Presse. On s’est lan­cés dans une longue dis­cus­sion avec ses hauts et ses bas, et en fin de compte est né un pro­fond res­pect mutuel qui m’a conduit à lui confier mon deuxième roman, rédi­gé pen­dant l’hi­ver 201213, Les Chattes. Et le fait que Numé­rik­livres a eu, avec SeX­ta­sy, une col­lec­tion éro­tique n’a évi­dem­ment pas été étran­ger à cette démarche de ma part.

Ensuite, mal­gré ce pre­mier suc­cès et une impli­ca­tion gran­dis­sante dans le monde de l’é­di­tion numé­rique, ça a été le vide sidé­ral côté ins­pi­ra­tion. Et tan­dis que la pro­cras­ti­na­tion s’in­crus­tait chez moi de façon durable, j’ai dû assis­ter à l’ef­fon­dre­ment du pay­sage lit­té­raire de l’é­di­tion numé­rique tel qu’il s’é­tait façon­né dès 2010 avec l’ar­ri­vée des pure players comme Edi­cool, Numé­rik­livres, Wal­rus et tant d’autres. Et puis, la catas­trophe : la mort, en sep­tembre 2018, de Jean-Fran­çois Gay­rard, avec à sa suite la dis­pa­ri­tion de sa mai­son d’é­di­tion créée avec tant d’a­mour et entre­te­nue avec une rare per­sé­vé­rance, englou­tie par le noir en même temps que son fon­da­teur, un des rares qui, vu la qua­li­té de son cata­logue, aurait pu finir par s’im­po­ser face à l’an­cien monde.

Thomas Galley, Les Aventures intimes de Nathalie

Ces choses-là, évi­dem­ment, arrivent, et cela m’a lais­sé avec sur les bras non seule­ment l’im­mense tris­tesse d’a­voir per­du un ami, mais aus­si deux textes qu’il fal­lait caser quelque part quitte à les voir dis­pa­raître pour de bon. C’est peut-être ce choc-là qui a mis en branle le rouage sou­ter­rain qui m’a conduit à me remettre au tra­vail de façon un peu plus sérieuse. Tou­jours est-il que c’est en jan­vier 2019 que j’ai eu l’i­dée qui m’a remis sur la voie, celle d’al­ler plus loin encore dans l’in­dé­cence et la per­ver­si­té, et de pous­ser mes per­son­nages vers des outrages tou­jours plus crus. C’est entre les mois de février et mars de cette année-là qu’ai j’ai écrit une grande par­tie de ce qui allait deve­nir – au bout d’un par­cours fina­le­ment plus long et bien plus tor­tueux que pré­vu – le récit des mul­tiples ini­tia­tions de Chloé. Et s’il m’a fal­lu presque un an avant de fina­le­ment ter­mi­ner ce tra­vail, ce n’est pas uni­que­ment pour des rai­sons intrin­sèques au récit – comme celui d’a­voir chan­gé de per­ver­sion en cours de route – mais en grande par­tie, parce que ma bonne vieille com­pagne, la pro­cras­ti­na­tion, avait fina­le­ment gar­dé une cer­taine emprise sur moi, ce qui a conduit à une deuxième grande pause entre les mois de mars 2019 et celui de 2020. Mais si la pro­cras­ti­na­tion y a sûre­ment été pour quelque chose, il y a aus­si eu un autre fac­teur, un truc plus pénible à cer­ner, à savoir une cer­taine peur d’al­ler jus­qu’au bout, la crainte de devoir ter­mi­ner le texte, de le lâcher et de scel­ler ain­si, en quelque sorte, le sort de mes pro­ta­go­nistes, de me com­mettre, si vous vou­lez, et de me sou­mettre en même temps au juge­ment de tiers, à savoir les lecteurs.

L’au­to-édi­tion

Thomas Galley, Confinement impudique

Je me suis donc retrou­vé, au mois de mars 2020, avec dans mes tiroirs numé­riques un texte ter­mi­né aux deux tiers. Mais, tout comme en 2018, il a fal­lu un choc pour que je sors de ma léthar­gie et que je reprenne mes acti­vi­tés lit­té­raires. Ce choc, ce fut évi­dem­ment celui de l’ar­ri­vée du virus Coro­na. Encore que le véri­table bou­le­ver­se­ment, pour moi, c’é­tait moins celui de la pos­si­bi­li­té de la mala­die et de la mort – la vie m’a­vait déjà don­né à plu­sieurs reprises des occa­sions de contem­pler la Grande Fau­cheuse, et de façon bien plus concrète que la loin­taine pos­si­bi­li­té de mou­rir de la Covid-19 – mais la perte de la liber­té. Une perte non seule­ment subie par les popu­la­tions concer­nées, mais acti­ve­ment récla­mées par ces hys­té­riques pour qui la ligne d’ho­ri­zon ne va pas plus loin que la propre exis­tence et qui, pani­quant face à la pos­si­bi­li­té d’un monde pri­vé de leur auguste pré­sence, ne reculent devant aucune extré­mi­té pour assu­rer leur sur­vie. Même celle de rendre une pla­nète entière pri­son­nière de leurs peurs – aus­si infon­dées soient-elles. Cette réa­li­sa­tion m’a pro­fon­dé­ment dégoû­té de mes sem­blables, et j’ai eu une telle envie de me défon­cer, de prendre pré­texte de la mala­die et du confi­ne­ment, pour pondre une his­toire où la pro­ta­go­niste non seule­ment s’en moque­rait, mais où elle en pro­fi­te­rait pour arri­ver à ses fins pas du tout avouables. C’est ain­si que j’ai ter­mi­né le récit d’une autre Chloé, fli­quette ripou (pour­quoi qu’on ne dit pas « ripouse » ? C’est tel­le­ment plus beau…) chas­seuse de chairs fémi­nines, dans le temps record de deux semaines. Et comme il y a eu urgence, j’ai choi­si de pas­ser par l’au­to-édi­tion. Et quand on vise large, il n’y a qu’un seul choix, celui de la plus grande biblio­thèque à l’é­chelle pla­né­taire, celle d’A­ma­zon, Kindle Unli­mi­ted. Dont le nom est tout un programme.

Les couvertures de mes textes

Confi­ne­ment impu­dique une fois mis en ligne, j’ai déci­dé de tout miser sur Ama­zon, et j’y ai publié mes deux textes orphe­lins quelques jours plus tard. Si Les Chattes ont pu conser­ver leur titre, l’his­toire de Natha­lie a subi encore un chan­ge­ment et ses Aven­tures intimes sont deve­nues ses Aven­tures Pari­siennes. Et puis, une fois si bien lan­cé, je me suis pen­ché sur l’autre Chloé, celle qui me tenait com­pa­gnie depuis un an déjà et que je ne pou­vais tout sim­ple­ment pas aban­don­ner. J’ai donc revu l’in­trigue, j’ai tran­ché des cha­pitres entiers, j’ai pro­fon­dé­ment modi­fié les rela­tions entre les per­son­nages, et j’ai fina­le­ment mis à peine quelques semaines pour ter­mi­ner le roman res­té en chan­tier pen­dant plus d’un an. Res­tait pour­tant la ques­tion du mode d’é­di­tion. Est-ce qu’il fal­lait le faire entrer, lui aus­si, dans la biblio­thèque Kindle ? Ou est-ce qu’il vau­drait mieux se tour­ner vers d’autres mai­sons avec ce texte flam­bant neuf ? Mais, tou­jours triste et tou­jours quelque peu démo­ti­vé face à la dis­pa­ri­tion de Numé­rik­livres, je n’ai pas vrai­ment eu le cou­rage de par­tir à la recherche d’un nou­vel édi­teur. Qui aurait de toute façon très peu de chances de res­sem­bler à Jean-Fran­çois. Et puis, choi­sir un autre édi­teur, cela aurait bien trop res­sem­blé à une sorte de tra­hi­son de sa mémoire. Le texte, pro­vi­soi­re­ment appe­lé L’é­té per­vers de Chloé, rejoin­dra donc sous peu ses com­pa­gnons de route dans les vastes ran­gées d’é­ta­gères de Jeff Bezos.

Mise à jour

Thomas Galley, La Fiancée de la Douleur
La cou­ver­ture de La Fian­cée de la Dou­leur, des­si­née par Josep Giró.

Le texte auquel j’ai fait allu­sion dans le der­nier para­graphe de mon article a fina­le­ment, deux ans et demi à peu près après le début des tra­vaux, vu le jour sous le titre La Fian­cée de la Dou­leur. Comme annon­cé, vous le trou­ve­rez désor­mais dans la biblio­thèque Kindle Unli­mi­ted, ce qui veut dire que vous pou­vez l’ac­qué­rir pour la somme modique de 2,99 € ou l’emprunter dans le cadre de l’abon­ne­ment Kindle. Par contre, cette fois-ci, au lieu de pui­ser dans le stock des pho­tos libre­ment dis­po­nibles sur des sites comme Pixa­bay comme je l’ai fait pour les trois titres pré­cé­dents, j’ai vou­lu faire mieux pour ma Chloé et j’ai deman­dé à Josep Giró, com­pa­gnon de route depuis déjà des années, de me des­si­ner une cou­ver­ture. Tâche dont il s’est acquit­té avec toute la maî­trise dont mes lec­teurs ont l’ha­bi­tude depuis la publi­ca­tion du pre­mier en-tête des­si­né pour la Bauge lit­té­raire il y a de cela trois ans.

Je vous invite donc de par­tir en voyage avec Chloé et Véro­nique pour décou­vrir la plage de son ini­tia­tion, la vil­la où elle sera la pièce de résis­tance d’une orgie à laquelle même les Romains des temps de Néron et de Pop­pée n’au­raient rien trou­vé à redire, jus­qu’au bor­del de la Cos­ta Bra­va où elle subi­ra l’ex­trême avi­lis­se­ment entre les mains de Véro­nique et de ses amantes aus­si fidèles que perverses.

Dessin d'une femme nue debout, vue de profil. Elle tient un gode dans la main droite qu'elle est en train de s'introduire dans le vagin.
Dessin réalisé par Sammk95