Emma­nuelle Urien, Vénus Atlantica

Cette fin d’é­té me semble un bon moment pour enfin par­ler d’un tout petit livre (atten­tion, c’est à prendre au pied de la lettre) qui m’est tom­bé entre les mains il y a quelques mois déjà, et que j’ai lu avec un plai­sir non miti­gé. Il s’a­git de la nou­velle éro­tique Vénus Atlan­ti­ca d’Em­ma­nuelle Urien, parue dans la col­lec­tion « porte à côté » aux Édi­tions de l’A­te­lier in8 (vous aurez com­pris pour­quoi je parle d’un petit livre). Cette col­lec­tion vou­drait pro­po­ser au lec­teur « dix minutes d’évasion », ou encore « un bon­heur simple, une loin­taine nos­tal­gie d’un Sud com­plexe, une mémoire courte pour ce siècle nou­veau ». Je peux affir­mer que, dans le cas de la Vénus atlan­tique, c’est un pari réussi.

L’in­trigue est banal : Un homme, flic, la qua­ran­taine, en a marre de son couple, de la vie mono­tone et de la gri­saille qu’il lui pro­met pour l’a­ve­nir. Il divorce pour rompre la mono­to­nie et – sur­tout – pour pou­voir libre­ment côtoyer les Naïades, les sur­feuses de Biar­ritz dont les corps bron­zés et mus­clés le séduisent depuis long­temps. À force de se remettre en forme, il réus­sit son pro­jet pour ter­mi­ner sa fugue pro­lon­gée dans les filets de Dora, la plus res­plen­dis­sante de ces demoiselles.

L’at­trait du livre n’est pour­tant pas là. Il est dans ce concen­tré d’é­ro­tisme aqua­tique qu’in­carnent les naïades, quand elles se déhanchent sur la plage, quand elles offrent leurs corps indé­cem­ment beaux et souples, quand elles baisent et se font bai­ser, ne recu­lant même pas devant ce qu’il y a de plus irré­sis­tible dans la nature, la mâle force de l’o­céan, qu’elles mettent tout leur art et toute leur appli­ca­tion à maî­tri­ser entre leurs cuisses d’airain :

« Dora est une furie che­vau­chant la vague, domp­tant le rou­leau entre ses cuisses ner­veuses, mus­clées, char­nues » (p. 20)

Un petit livre, un conden­sé d’im­pres­sions gla­nées à tra­vers des années, dont les mots vibrent au rythme des vagues qui se déchaînent sur les rochers et les plages de la façade atlan­tique. Et qui évoquent le goût salé que laisse le sexe de Dora sur les lèvres du voya­geur imprudent.

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Cré­dit pho­to­gra­phique : Mike Baird

Emma­nuelle Urien,
Vénus Atlan­ti­ca
Ate­lier In8 Edi­tions
ISBN : 978−2−916159−90−4

La Sirène de Montpeller