Cela fait bien longtemps que je n’ai plus eu l’occasion de vous parler d’un de mes domaines favoris, à savoir la peinture. Mais quelle meilleure occasion pour reprendre ce fil quelque peu négligé que le mail de M. Christophe Duvivier, conservateur des Musées de Pontoise, qui m’a envoyé, suite à un échange datant de mai 2012, le visuel d’un tableau d’Édouard Béliard, récemment acquis par les Musées de Pontoise : Le Boulevard des Fossés, sujet qu’ont choisi, vers la même époque, Camille Pissarro et Ludovic Piette.
Ce tableau, dont le visuel laisse deviner un bon état de conservation, montre le Boulevard des Fossés à Pontoise (l’actuel Boulevard Jean-Jaurès), dans une vue légèrement plongeante qui suit la déclivité de la promenade. L’effet de cette perspective est atténué par les troncs des arbres qui forment une sorte de clôture qui retient et ralentit le regard, cachant en même temps les maisons du centre ville en les décomposant en bandes de couleur. La rangée des maisons sur la droite et celle des arbres à gauche et au milieu se rejoignent pour former la pointe d’un triangle, ce qui a comme effet de faire pénétrer le ciel très loin dans le paysage urbain. Quelques flâneurs peu nombreux évoluent à l’ombre des arbres, jusqu’à se confondre avec les troncs avec lesquels ils partagent la palette sombre. Juste quelques rares touches de couleur plus vivaces font ressortir un visage par ci, un bras par là.

M. Duvivier nous signale en outre qu’il y aura, en automne, une exposition Édouard Béliard au Musée d’Étampes, et une autre, en été, à Pontoise, où seront montrés quatre tableaux : Les deux de Pontoise, le Quai du Pothuis conservé à Étampes, et la petite vue du même sujet vendue par Sotheby’s le 13 décembre 2007, aujourd’hui dans une collection privée française. L’Île de France sera donc, à partir de cet été, une destination de choix pour les enthousiastes des impressionnistes mineurs, parenthèse bienvenue pour nous changer des noms et des tableaux bien trop connus et répétés ad nauseam depuis des décennies.
Je profite de cet article pour mettre à la disposition des lecteurs de la Bauge deux tableaux supplémentaires du peintre reconverti à la politique, la Rue de village (« French street scene ») du Art Institute Chicago, disponible jusque-là dans une assez mauvaise reproduction en noir et blanc, et le Moulin de Chauffour, conservé au Musée d’Étampes, dont la reproduction a été mise en ligne assez récemment.

