En-tête de la Bauge littéraire

Cela fait bien long­temps que je n’ai plus eu l’oc­ca­sion de vous par­ler d’un de mes domaines favo­ris, à savoir la pein­ture. Mais quelle meilleure occa­sion pour reprendre ce fil quelque peu négli­gé que le mail de M. Chris­tophe Duvi­vier, conser­va­teur des Musées de Pon­toise, qui m’a envoyé, suite à un échange datant de mai 2012, le visuel d’un tableau d’É­douard Béliard, récem­ment acquis par les Musées de Pon­toise : Le Bou­le­vard des Fos­sés, sujet qu’ont choi­si, vers la même époque, Camille Pis­sar­ro et  Ludo­vic Piette.

Ce tableau, dont le visuel laisse devi­ner un bon état de conser­va­tion, montre le Bou­le­vard des Fos­sés à Pon­toise (l’ac­tuel Bou­le­vard Jean-Jau­rès), dans une vue légè­re­ment plon­geante qui suit la décli­vi­té de la pro­me­nade. L’ef­fet de cette pers­pec­tive est atté­nué par les troncs des arbres qui forment une sorte de clô­ture qui retient et ralen­tit le regard, cachant en même temps les mai­sons du centre ville en les décom­po­sant en bandes de cou­leur. La ran­gée des mai­sons sur la droite et celle des arbres à gauche et au milieu se rejoignent pour for­mer la pointe d’un tri­angle, ce qui a comme effet de faire péné­trer le ciel très loin dans le pay­sage urbain. Quelques flâ­neurs peu nom­breux évo­luent à l’ombre des arbres, jus­qu’à se confondre avec les troncs avec les­quels ils par­tagent la palette sombre. Juste quelques rares touches de cou­leur plus vivaces font res­sor­tir un visage par ci, un bras par là.

Édouard Béliard, Boulevard des Fossés (1872-1873)
Édouard Béliard, Bou­le­vard des Fos­sés (1872−1873)

M. Duvi­vier nous signale en outre qu’il y aura, en automne, une expo­si­tion Édouard Béliard au Musée d’É­tampes, et une autre, en été, à Pon­toise, où seront mon­trés quatre tableaux : Les deux de Pon­toise, le Quai du Pothuis conser­vé à Étampes, et la petite vue du même sujet ven­due par Sothe­by’s le 13 décembre 2007, aujourd’­hui dans une col­lec­tion pri­vée fran­çaise. L’Île de France sera donc, à par­tir de cet été, une des­ti­na­tion de choix pour les enthou­siastes des impres­sion­nistes mineurs, paren­thèse bien­ve­nue pour nous chan­ger des noms et des tableaux bien trop connus et répé­tés ad nau­seam depuis des décennies.

À lire :
L'automne des expositions : des regards sur la France

Je pro­fite de cet article pour mettre à la dis­po­si­tion des lec­teurs de la Bauge deux tableaux sup­plé­men­taires du peintre recon­ver­ti à la poli­tique, la Rue de vil­lage (« French street scene ») du Art Ins­ti­tute Chi­ca­go, dis­po­nible jusque-là dans une assez mau­vaise repro­duc­tion en noir et blanc, et le Mou­lin de Chauf­four, conser­vé au Musée d’É­tampes, dont la repro­duc­tion a été mise en ligne assez récemment.

Édouard Béliard, French street scene (scène de rue / rue de village)
Édouard Béliard, Rue de vil­lage (« French street scene »)
Édouard Béliard: Le moulin de Chauffour (huile sur toile, vers 1878, musée d’Etampes)
Édouard Béliard : Le mou­lin de Chauffour