En-tête de la Bauge littéraire

Annie May, Bio Super Élite

Il est temps, après la noire jour­née du 7 jan­vier, de reve­nir vers un sem­blant de nor­ma­li­té, même si je reste bou­le­ver­sé par l’at­ten­tat contre la liber­té d’ex­pres­sion et le mépris affi­ché des ter­ro­ristes isla­mistes pour ce qui est le bien le plus pré­cieux – la vie humaine. Mais nous autres, auteurs et chro­ni­queurs, nous avons non seule­ment le droit, mais le devoir, de conti­nuer à nous ser­vir de cette liber­té que nous confèrent les lois de la Répu­blique, liber­té qui nous per­met d’a­bor­der dans nos publi­ca­tions ce genre hon­ni et mal­me­né pen­dant des siècles, et dans cer­tains cas jus­qu’à nos jours, à savoir l’é­ro­tisme. Un éro­tisme sur­tout qui ne se borne pas à la niai­se­rie des 50 nuances, mais qui ose reven­di­quer son côté por­no­gra­phique et se nour­rit de la trans­gres­si­vi­té inhé­rente à une pul­sion aus­si fon­da­men­tale que la sexua­li­té humaine. Mettre en avant ce genre, défendre une notion tou­jours plus large et plus osée de ce que ce terme peut recou­vrir, élar­gir en quelque sorte le champ d’ac­tion, mieux son­der les pro­fon­deurs de l’âme humaine là où elle s’ex­prime à tra­vers une sexua­li­té débor­dante, ça aus­si, c’est la liber­té – et presque le devoir – d’expression.

Ceci étant dit, reve­nons donc un peu vers cette chère Stel­la, pro­ta­go­niste de Bio Super Élite, une petite série hyper éro­tique signée Annie May, série que j’ai déjà eu l’oc­ca­sion d’accueillir, il y a un an, dans les colonnes de la Bauge, peu après la sor­tie de ses deux pre­miers volumes. Depuis, deux volumes sup­plé­men­taires ont vu la lumière du jour, Oui, mon colo­nel et SVP Doc­teur, et le moins qu’on puisse dire, c’est que ceux-ci ne déçoivent pas le lec­teur avide d’é­ro­tisme pornographique.

À lire :
Aline Tosca, Mon journal intime, érotique et pornographique

Stel­la conti­nue de faire son petit bon­homme de che­min dont elle espère qu’il la mène­ra un jour au sta­tut tel­le­ment convoi­té de pilote pour par­ti­ci­per acti­ve­ment dans le com­bat contre ces « aber­ra­tions » qui peuplent l’u­ni­vers de Bio Super Élite. Mais, fidèle à ce qui lui arrive depuis le début de son par­cours, elle voit se mul­ti­plier les obs­tacles, et Stel­la doit accep­ter la néces­si­té d’ap­prendre à se ser­vir de son corps pour y faire face. Une démarche qui ne sau­rait éton­ner dans une per­sonne déter­mi­née à faire de son corps une arme. Mais l’ap­pren­tis­sage s’ac­com­pagne d’hu­mi­lia­tion et de honte, élé­ments d’un cock­tail qui fait explo­ser la libi­do de notre belle aspi­rante qui, à chaque fois que cela lui arrive (et Annie May sait faire de la sorte que les occa­sions ne manquent pas), se retrouve dans des situa­tions tou­jours plus indé­centes où elle sera obli­gée de se plier non seule­ment aux exi­gences de ceux qui cherchent à pro­fi­ter d’elle, mais aus­si à ceux de son propre corps qui réclame avec une insis­tance peu com­mune d’être sub­ju­gué aux dési­rs les plus – physiques.

Tout ça n’est pas vrai­ment nou­veau par rap­port aux deux pre­miers volumes, et j’ose affir­mer que ce n’est pas prin­ci­pa­le­ment pour les rebon­dis­se­ments de l’in­trigue que les lec­teurs s’in­té­ressent de très près au sort réser­vé à la belle aspi­rante, mais il faut consta­ter que l’as­si­dui­té et l’ex­pé­rience crois­sante de l’au­teure la rendent capable de confé­rer une telle inten­si­té aux aven­tures sca­breuses de sa pro­ta­go­niste qu’il lui suf­fit de quelques mots savam­ment dosés pour hyp­no­ti­ser ses lec­teurs qui, à l’ins­tar du doc­teur Ley­land dans le tome 4, fini­ront par se lais­ser mener par le bout de leurs – queues. Remar­quez pour­tant, Mes­dames, que, même si ce petit calem­bour pour­rait lais­ser croire autre chose,  les atouts et le savoir-faire de Stel­la ne sont pas réser­vés à un public uni­que­ment mas­cu­lin. Celle-ci conti­nue bien au contraire à sus­ci­ter l’in­té­rêt des femmes qui l’en­tourent, un inté­rêt qui, soyez ras­su­rées, dépasse de très loin le cadre du « tout bien, tout hon­neur », cher­chant par contre les moyens les plus lubriques pour s’exprimer.

À lire :
Comte Kerkadek, Pacifico

Après un début des plus pro­met­teurs, voi­ci que Bio Super Élite prend son envol, belle démons­tra­tion du talent de son autrice et des effets de l’as­si­dui­té. On attend la suite.

Annie May
Bio Super Élite
Oui, mon Colo­nel (t. 3)
ISBN : 9781311407818
SVP Doc­teur (t. 4)
ISBN : 9781311018496

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