Je suis Char­lie et nous sommes tous Français

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Je suis Charlie ! Hommage aux artistes assassinés de Charlie Hebdo : Cabu, Charb, Tignous et Wolinski

Quand je me suis réveillé ce matin et que j’ai pen­sé à la funeste jour­née du 7 jan­vier 2015, ensan­glan­tée par la bar­ba­rie et la lâche­té, je me suis sou­ve­nu des paroles d’une des plus belles chan­sons que je connaisse, Les Poètes, tirée du recueil Fer­rat chante Ara­gon. Et sur­tout d’un vers bien particulier :

Tout le ciel cette nuit pro­clame l’hé­ca­tombe des rossignols

Ce poème est né de la triste réa­li­té du XXe siècle, celle des poètes assas­si­nés par les sbires de régimes meur­triers, repères de bar­ba­rie aux quatre coins du monde :

L’homme crie où son fer le ronge et sa plaie engendre un soleil / Plus beau que les anciens mensonges

La mort des poètes et des artistes conti­nue à nous han­ter, mais aujourd’­hui, la bar­ba­rie et la haine, naguère encore du domaine presque exclu­sif des dic­ta­teurs, sont pas­sées entre les mains de par­ti­cu­liers, de ter­ro­ristes assas­sins qui s’i­ma­ginent jus­ti­fiés par leur dieu.

Les rai­sons de la mon­tée en force des inté­grismes et de l’in­to­lé­rance reli­gieuse sont mul­tiples et échappent sans doute à une ana­lyse exclu­si­ve­ment ration­nelle, mais il y a une arme pour les com­battre, une arme de construc­tion mas­sive si l’on veut, elle aus­si basée sur le verbe : la Loi. Celle que s’est don­née la Répu­blique pour assu­rer la paix de ses citoyens et pour per­mettre à des hommes venus du globe entier et se récla­mant des mêmes valeurs de vivre ensemble. Et quelle Répu­blique incar­ne­rait mieux cette aspi­ra­tion mon­diale que celle des Fran­çais, une et indi­vi­sible, pla­cée sous la célèbre devise tri­par­tite Liber­té, Éga­li­té, Fra­ter­ni­té ?

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Si, aujourd’­hui, nous sommes tous Char­lie, nous sommes aus­si – tous et sur­tout – citoyens de cette Répu­blique uni­ver­selle qu’il importe de conser­ver et de pro­té­ger contre ceux qui vou­draient impo­ser aux autres leur façon de pen­ser. Et pour cela, un seul moyen : lais­ser faire la loi qui, elle, ne connaît pas la revanche et peut nous pré­ser­ver du pire dan­ger, celui de deve­nir sem­blables aux assas­sins abrutis.

Vive la France !

La Sirène de Montpeller

Commentaires

8 réponses à “Je suis Char­lie et nous sommes tous Français”

  1. La loi, certes, mais plus que cela : notre res­pon­sa­bi­li­té et notre enga­ge­ment à tous ! Notre devoir de citoyen, crier, hur­ler notre rage est une chose mais il faut aus­si œuvrer, par exemple en s’a­bon­nant tous à Char­lie Heb­do sans attendre. La démo­cra­tie et la liber­té le valent bien, ils ont don­né leur vie pour vivre libres, don­nons au moins quelques dizaines d’eu­ros pour qu’ils ne tombent pas dans le silence et l’oubli

    1. La rage, jus­te­ment, est une très mau­vaise conseillère. C’est pour cela qu’il faut savoir prendre du recul et lais­ser la der­nière parole à la Loi, patiem­ment construite à tra­vers des siècles pour éta­blir les parts de res­pon­sa­bi­li­té des par­ties concer­nées, pour juger et condam­ner. Pour ce qui est ensuite de l’en­ga­ge­ment per­son­nel, cha­cun est appe­lé à le faire selon ses capa­ci­tés. Dépen­ser quelques sous peut effec­ti­ve­ment être une façon de se mon­trer soli­daire. Ou, pour le dire avec nos amis amé­ri­cains : Put your money where your mouth is !

  2. Tipram Poivre

    Entiè­re­ment d’ac­cord avec l’ar­ticle de Tho­mas et le com­men­taire de Anne.

    T.

  3. je suis réser­vée sur cette his­toire de rage ou de colère Tho­mas et voi­là pour­quoi : tout d’a­bord comme beau­coup je fus abat­tue, et si triste si triste…puis c’est la colère…la colère, les hommes et les femmes en colère res­tent debout, et je suis per­sua­dée que tout au fond de ces hommes et cette femmes assas­si­nés, il y avait au fond d’eux un peu de colère qui les ani­mait lors­qu’ils des­si­naient et qu’ils fabri­quaient Char­lie, l’ir­ré­vé­rence c’est de la colère contre l’ordre éta­bli, de la colère contre les cons et les salauds. Et en moi il y a de la colère qui veille comme une sen­ti­nelle, je suis tou­jours un en colère contre l’obs­cu­ran­tisme et ceux qui veulent impo­ser leur loi (tiens …la loi, c’est quoi au fait ? un beau sujet de discussion…pas la loi des dieux qui n’ont jamais deman­dé de mas­sa­crer, la loi des fous de dieu ?, la loi de la république…)Alors la loi oui donc, mais tu sais très bien que la loi dépend des moyens mis à sa disposition…or si ces assas­sins passent les fron­tières, il y a peu de chance qu’ils soient arrê­tés et rame­nés en France, jugés…et même s’ils passent le res­tant de leur vie en pri­son, ça ne chan­ge­ra rien au fait que ces 12 per­sonnes ont été abat­tues comme des chiens. C’est pour cela que même si je fais confiance comme toi en la loi , je ne m’en remets pas à elle comme si elle était mira­cu­leuse et lavait le mal en bien, ce n’est pas la loi qui fait chan­ger les men­ta­li­tés, les esprits, ce sont les citoyens eux-mêmes qui peuvent , aidés des lois, faire bou­ger le monde. Crois-tu que les lois de la répu­blique empêchent le fas­cisme de mon­ter ? crois-tu qu’elles empêchent les dis­cours nau­séa­bonds, les amal­games ? crois tu que les lois pro­tègent réel­le­ment les plus pauvres ? crois tu que la loi sur le droit au loge­ment a abri­té les sans abris ? Voi­là pour­quoi que je mets en avant l’en­ga­ge­ment citoyen

    1. tiens : https://anneelisa.wordpress.com/2015/01/08/les-canards-voleront-toujours-plus-haut-que-les-fusils/ depuis le lever du jour je cherche à m’a­bon­ner, mais le site de Char­lie est en deuil, impos­sible, il faut attendre qu’il rouvre pour les sou­tiens par abon­ne­ment afin que le voix des hommes libres ne s’é­teigne pas

      1. Quand je parle de la Loi, je parle – évi­dem­ment – de celle de la Répu­blique telle qu’elle s’est éta­blie à tra­vers des siècles voire, si l’on veut prendre en compte les loin­taines sources d’ins­pi­ra­tion comme la loi de Moïse (« Tu ne tue­ras point »), des mil­lé­naires. Celle qui, jus­te­ment, ne connaît plus la peine de mort. Et c’est le bon fonc­tion­ne­ment de cette loi qui empê­che­ra la socié­té de tom­ber dans l’a­nar­chie, et qui s’occupera des auteurs de l’as­sas­si­nat du 7 jan­vier comme de ceux qui ont atta­qué, aujourd’hui même, une mos­quée. Et quand je parle de recul, je pense à celles et ceux qui sont char­gés de juger, aux magis­trats de la Répu­blique qui doivent essayer de ne pas céder à la colère que peuvent res­sen­tir les hommes et les femmes indi­gnés par les assas­si­nats. On ne devrait jamais céder aux pul­sions qui réclament la ven­geance quand il s’a­git de jus­tice. Peu importe que celle-ci soit impar­faite et ne puisse pas vrai­ment redres­ser les torts, parce que, comme tu le dis, elle ne sau­ra pas res­sus­ci­ter les morts. D’où le désir, tout à fait com­pré­hen­sible, de se voir éta­blir une jus­tice qui dépasse celle que nous autres humains sommes en mesure d’ad­mi­nis­trer, ou encore de voir débar­quer pour de bon les célèbres redres­seurs de torts si pri­sés par les ama­teurs de BD. Mais on vient de voir où cela peut mener, quand des indi­vi­dus se croient inves­tis de la jus­tice de Dieu…

        1. oui, ok avec toi , mes magis­trats , c’est leur bou­lot de juger dans la séré­ni­té, mais quand même, indi­vi­duel­le­ment, et même col­lec­ti­ve­ment une cer­taine colère est néces­saire piur ne jamais bais­ser les bras, et colère n’est pas le syno­nyme de ven­geance. il faut juste savoir la doser,

          1. Tout à fait d’ac­cord avec toi là-des­sus. Et puis, la colère fait par­tie de la pano­plie des sen­ti­ments humains. Et si on peut la faire fruc­ti­fier pour faire avan­cer, tant mieux.