Écrire sous pseudonyme

Ceci est sans aucun doute un non-sujet, mais comme il fait chaud, que je n’ai pas encore ter­mi­né ma pro­chaine Lec­ture esti­vale et que je viens de décou­vrir une chan­teuse grecque dont j’en­tends les titres en boucle, j’ai réso­lu de consa­crer quelques lignes à cette ques­tion du pseu­do­nyme en littérature.

Marlène Schiappa, femme politique et autrice érotique (Crédits photographiques : Nantilus)
Mar­lène Schiap­pa, femme poli­tique et autrice éro­tique (Cré­dits pho­to­gra­phiques : Nantilus)

Vous l’au­rez devi­né, c’est l’ar­ticle paru dans l’Ex­press le 7 juillet qui m’a pous­sé à par­ler dans ces colonnes d’un phé­no­mène extrê­me­ment répan­du, à savoir la publi­ca­tion sous pseu­do­nyme, sur­tout quand il s’a­git de lit­té­ra­ture éro­tique. Au point que cela peut être consi­dé­ré comme un non-sujet, comme je l’ai affir­mé plus haut. Ce qui n’empêche pas cer­tains jour­na­listes de se décou­vrir une voca­tion de Sher­lock Holmes de paco­tille, comme dans le cas de Clau­dio Gat­ti par exemple qui a eu la mau­vaise idée de révé­ler l’i­den­ti­té d’Ele­na Fer­rante.

Plus près de chez nous, c’est Jean-Bap­tiste Daou­las qui a cru bon de pimen­ter le début des vacances en publiant un long article aux allures de jour­na­lisme inves­ti­ga­teur à pro­pos de l’i­den­ti­té d’une dénom­mée Marie Minel­li – autrice d’un cer­tain nombre de textes éro­tiques tels que Les filles bien n’a­valent pas – qui ne serait per­sonne d’autre que Mar­lène Schiap­pa, blo­gueuse, autrice et actuelle secré­taire d’État à l’é­ga­li­té entre les femmes et les hommes.

Est-ce que cela m’in­té­resse que quel­qu’un, n’im­porte qui, publie du cul ? Oui, dans la mesure où j’a­dore lire ce genre de lit­té­ra­ture et que les visi­teurs de la Bauge savent qu’on y trouve des perles, loin du mains­tream des prix lit­té­raires et des hit-parades des maga­zines. Est-ce que l’i­den­ti­té de la per­sonne qui écrit pose le moindre inté­rêt ? Non, pas vrai­ment, dans la mesure où c’est le texte qui me pas­sionne. Ou me laisse indif­fé­rent, voire me dégoûte, c’est selon. Je ne vous cache pas le fait que j’ai pu croi­ser des autrices et des auteurs et qu’une cer­taine bien­veillance peut s’ins­tal­ler au fil des ren­contres et des échanges, mais le juge­ment rela­tif à la qua­li­té lit­té­raire se fait tou­jours à l’aune du texte. Et qu’im­porte de connaître l’i­den­ti­té de la per­sonne ? Par­fois je regrette vrai­ment de ne pas rédi­ger mes articles en anglais, parce que cela m’au­rait per­mis de ver­te­ment lan­cer à la gueule de celles et de ceux qui croient pou­voir s’at­ta­quer à cette ques­tion : I don’t give a fuck !

À lire :
Aujourd'hui, la Bauge se met aux couleurs de l'arc en ciel

Je me fous roya­le­ment de ce qu’un per­son­nage poli­tique écrive (ou ait écrit) du cul. Sachez que votre ser­vi­teur fait par­tie de ces gens-là, même si c’est à un niveau sou­le­vant net­te­ment moins d’in­té­rêt que celui auquel a pu accé­der Mme Schiap­pa : Je fais par­tie du conseil muni­ci­pal de ma ville, et tout le monde peut connaître mes pen­chants lit­té­raires. En même temps, je com­prends par­fai­te­ment si cer­tains optent pour l’a­no­ny­mat, garan­ti – dans une cer­taine mesure au moins, jus­qu’à ce qu’un cer­tain jour­na­lisme s’en mêle – par le pseu­do­nyme, sur­tout quand il s’a­git d’une femme. Parce qu’il y a ceux qui ont ten­dance à confondre l’au­trice et ses écrits et qui se croient tout per­mis dès lors qu’une femme manie des termes « sul­fu­reux » comme chatte ou bite, ou se laisse prendre en fla­grant délit d’a­voir ima­gi­né une scène tor­ride. Deman­dez un peu aux autrices qui se trouvent sur les réseaux sociaux, vous aurez droit à de belles histoires.

Quant aux qua­li­tés lit­té­raires des textes de Mme Schiap­pa ou de son alter ego pré­su­mé, je n’en sais rien, n’ayant pas encore eu le bon­heur de les lire. Si j’ai déjà pu faire entrer des titres de la col­lec­tion Osez 20 his­toires de … dans la Bauge, c’é­tait dans le cadre des Lec­tures esti­vales : Osez 20 his­toires de sexe en vacances et Osez 20 his­toires de sexe tor­ride, res­pec­ti­ve­ment en 2013 et 2014, les autres recueils ne m’ayant tout sim­ple­ment pas ten­té. Erreur ? Aucune idée. J’ai par contre pu consta­ter qu’il m’est arri­vé de citer Marie Minel­li dans un article à pro­pos d’À volon­té, roman signé Léa Rivière, un texte assez par­ti­cu­lier mais pas­sé lar­ge­ment inaper­çu. J’ai d’ailleurs trou­vé les remarques de l’au­trice assez pertinentes.

À lire :
Collectif, Osez 20 histoires de sexe au soleil

Qu’en est-il main­te­nant des acti­vi­tés lit­té­raires de Mar­lène Schiap­pa ? Je ne pense pas que son bou­lot lui laisse le temps d’é­crire, mais j’es­père qu’il lui ins­pi­re­ra encore de belles his­toires. Aux­quelles je me pro­mets de goû­ter une fois qu’elles auront été publiées. Clin d’œil à Sté­phane Rose !

Dessin d'une femme nue debout, vue de profil. Elle tient un gode dans la main droite qu'elle est en train de s'introduire dans le vagin.
Dessin réalisé par Sammk95

Commentaires

Une réponse à “Écrire sous pseudonyme”

  1. Bon­soir Thomas,

    J’ai hési­té à com­men­ter ce billet. J’ai hési­té sur l’ad­jec­tif à employer. Fai­sant par­tie d’un conseil muni­ci­pal moi aus­si, je me suis bien gar­dé de dévoi­ler mes acti­vi­tés clas­sées X. J’i­gnore com­ment ce serait inter­pré­té, et pour être sin­cère, je n’ai pas envie de le découvrir !

    Je pense d’ailleurs que, de ce point de vue, femmes et hommes ne sont pas égaux. Aujourd’­hui une femme qui écrit de l’é­ro­tique, c’est une femme libé­ré. Alors qu’un homme qui fait de même…

    Ou peut-être est-ce une idée que je me fais ? J’ai pour­tant l’im­pres­sion, à bien y regar­der, que nous sommes loin d’être majo­ri­taires dans le petit monde des écrits polis­sons ? Faut-il y voir une rela­tion de cause à effet ? Mystère…

    Au plai­sir,