L’été avance, les vacances se profilent à l’horizon, et les juillettistes n’ont plus que deux petites semaines pour boucler les derniers préparatifs. Tandis que les rêves de dépaysement sont donc près de se concrétiser pour une bonne partie de mes lecteurs, votre serviteur met au menu de ses Lectures estivales un texte quasiment incontournable pour l’aficionado des plaisirs de la plage. Le moyen, je vous le demande, de résister à un titre qui arbore ceux-ci en première de couverture : Après-midi libertine à la plage ?
Signé Robin Green Alfaic, il s’agit d’une sorte de novella que j’ai dégotée dans les rayons numériques de l’auto-édition à la sauce de Jeff Bezos, à savoir chez Amazon Kindle. L’intrigue n’est pas des plus complexes et se laisse vite résumer : Emma et Tom, un couple marié rodé aux joies de l’échangisme et de la séduction – tous les deux conscients aussi des problèmes qui viennent avec – se paient un week-end à la plage, loin des obligations familiales. Toujours à l’affût du plaisir à plusieurs, ils ont fini par mettre au point une méthode pour se trouver des partenaires : Procédant à des caresses intimes assez osées, ils scrutent leurs voisins jusqu’à identifier ceux qui se laisseraient tenter par ces propositions à distance. Cette fois-ci, ça tombe bien, et nos deux aventuriers de la baise tombent sur Amandine et Arnaud, un couple ayant déjà envisagé le libertinage afin d’échapper à la routine et prêt à sauter le pas. Une rencontre qui rajoute les plaisirs de l’initiation à ceux de la découverte intime d’autres corps ! Le tout se termine de la meilleure des façons, comme on peut l’imaginer dans un texte qui n’a d’autre vocation que d’occuper une ou deux petites heures de lecture pour pimenter un après-midi sous le soleil ou rythmer le temps d’une échappée solitaire. C’est évidemment dans ce contexte-là que j’aimerais qualifier cette petite soixantaine de pages de bien innocente, dans la mesure où un tel épithète peut s’appliquer à un texte consacré à une séance de séduction et de libertinage entre quatre personnes qui n’hésitent pas à se faire plaisir en public. Un texte qui n’a rien à voir – ou si peu – avec les problèmes sociétaux, les éternelles remises en questions ou encore la condition humaine – à moins, évidemment, de vouloir la réduire à la quête d’une chatte assez bonne pour s’occuper de la queue qui se présente dans l’espoir de juter au fond d’un trou glorifié par le charme de l’inconnu.
Après-midi libertine à la plage, c’est donc un texte parfait pour cette grande parenthèse des vacances d’été, parenthèse permettant d’échapper aux cris de guerre et à la sempiternelle contestation qui remuent la France depuis le séisme des Présidentielles 2017. Un texte aussi qui s’oublie aussitôt, une fois la liseuse éteinte, quitte à s’inviter une ou deux fois dans l’instant chantilly de l’estivant surchauffé par la vision de la chair qui s’étale autour de lui pendant de longues heures de bronzage sans qu’il ait pour autant trouvé de partenaires pour réaliser ses fantasmes.
SI je vous le dis, un texte bien innocent… Le sexe, bien qu’il ait vocation à se jouer à plusieurs, y reste conscrit aux habitudes des plus sages (un petit pelotage de seins, une branlette, un doigtage de minou avec comme comble une pénétration a l’abri des regards), rien qui touche, ne fût-ce que de très loin, aux pulsions fondamentales et à la sauvagerie que ces mêmes pulsions peuvent engendrer.
Comme il convient de mesurer chaque texte à la hauteur de ses ambitions, on ne saurait en vouloir à celui-ci de se borner à une vision finalement assez conventionnelle du sexe. Ce qui est déjà un brin plus agaçant, ce sont les dialogues parfois assez malhabiles avec en supplément un petit côté didactique qui s’exprime à travers les questions et les assurances multipliées ad nauseam à longueur de rapport, genre : Vous n’êtes pas obligée, Madame… Vous avez le droit d’arrêter… Et si je vous caressais le minou, est-ce que cela ne vous incommoderait pas ? [1]Remarque : Ce ne sont pas des citations, j’ai juste essayé de convier une certaine idée ! Cela peut bien sûr être vu comme la marque d’une certaine bienveillance des personnages et du respect qui s’impose entre personnes qui consentent à inviter des inconnus dans ce qu’elles ont de plus intime, mais on finit par s’en lasser. « Et si vous y alliez avec un peu plus de franchise ? » a‑t-on envie de dire à l’auteur qui retranche ses personnages un peu trop derrière les remparts d’un certain code, les empêchant de céder à ce qu’on peut trouver au fin fond de ce désir de baiser : pénétrer dans l’inconnu, déverser une partie de son existence entre les parois d’une chatte « interdite », revenir des profondeurs avec ce sentiment délicieux d’avoir bravé, une fois de plus, un obstacle dressé par la société dans ce qu’elle a de plus intraitable.
Se rajoute à cela un souci du détail qui va vraiment trop loin, capable de produire l’effet devant lequel il met en garde :
« Car une fois qu’il aurait déversé son sperme […], sa queue allait inévitablement se ramollir »
Vous l’aurez compris, ce texte n’a aucune vocation à enter dans un concours de philosophie. Ce qui ne devrait pas l’empêcher de remplir agréablement le temps d’une séance de bronzage et de donner à vos regards une perspicacité renouvelée pour débusquer, autour de vous, les potentielles infractions aux bonnes mœurs :-)
Pour conclure, je me permets de citer ce gros coquin de Tom, avec une pensée spéciale pour celles et pour ceux qui partagent mon amour immodéré de la plage :
À cette merveilleuse journée d’été !
Références
↑1 | Remarque : Ce ne sont pas des citations, j’ai juste essayé de convier une certaine idée ! |
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