Comme j’adore la pornographie dans toutes ses déclinaisons, le site web BD-Adultes.com, vitrine sur la Toile de Dynamite, la marque BD de la Musardine, est une des destinations incontournables où je me rends au moins une fois par semaine. Et cette fois-ci, pas plus tard que ce dimanche matin ensoleillé, j’ai eu la bonne surprise de voir s’afficher une nouveauté tellement alléchante que j’ai aussitôt décidé de délier les ficelles de ma bourse virtuelle afin d’enrichir mon expérience dominicale en profitant du premier chapitre d’un hentai où des démons aux attributs proprement monstrueux envahissent l’univers de nous autres mortels, massacrant au passage la population masculine et veillant scrupuleusement à investir et à profondément fouiller tous les trous qui se trouvent sur la route de leur progrès.

Mais avant de passer à l’acte, l’auteur, Redjet, prend soin de présenter aux lecteur une de ses protagonistes, Lily, une toute jeune étudiante de 21 ans qui – le sort d’un grand nombre de jeunes femmes promises aux sévices des auteurs qui s’en emparent avec un malin plaisir afin de les jeter aux prédateurs les plus pervers venus des quatre coins de la planète – privée du soutien financier de la part de ses parents, doit péniblement gagner ses sous dans un fast food aussi merdique que sa clientèle et que les collègues. Bref, un point de départ qui non seulement résonne comme un appel au changement, mais qui carrément met le sort au défi de l’arracher à son triste quotidien. Et bien, la demoiselle sera servie quand, en fin de service, un des démons sus-mentionnés débarquent dans sa boutique et que le premier acte de la créature en question consiste à déchirer l’uniforme de la belle afin de dévoiler le beau paire de nichons qui, malgré une taille modeste, ne demandent qu’à faire sauter les murs de la prison textile où ils sont enfermés à longueur de journée. Et sans doute de nuit, vu le niveau de frustration de la jeune femme.
Quoi qu’il en soit de sa frustration, on comprend le désarroi de la belle face à une créature d’une taille qui relègue l’être humain plus ou moins normalement constitué au rayon des nains de jardin et qui arbore une bite fièrement dressée dont la longueur est proportionnelle à celle du corps auquel elle est attachée. Il n’y a que peu de doutes à concevoir quant aux intentions de la Bête et au sort réservé à la belle serveuse promise à passer à la casserole voire pire quand un intervenant supplémentaire fait son entrée en scène : Ève, la chasseuse éponyme de démons dont le premier geste sera de – s’emparer de la bite fièrement dressée afin de s’en délecter. Et d’envoyer ad patres le démon en question, mais ça, c’est une autre affaire, et la serveuse quelque peu dépassée par les événements le découvrira en même temps que le lecteur que le physique d’enfer de la belle chasseresse aura fait baver depuis son entrée en scène.
La petite trentaine de pages – parfaite pour agréablement remplir un dimanche matin – n’est que le premier chapitre d’une saga que l’auteur – en même temps dessinateur et scénariste de ses aventures délurées d’après ce que j’ai pu comprendre en visitant ses repaires sur la Toile – est toujours en train de réaliser. Le lecteur avide de chairs lubriquement dessinée n’aura qu’à faire un tour sur le Patreon de l’auteur ou de jeter un coup d’œil sur e‑hentai.org où Ève et Lily se donnent rendez-vous au rythme des parutions de leurs aventures.
Si Redjet est loin d’être un inconnu au régiment – au moins parmi les amateurs du genre – avec sa centaine de contributeurs sur Patreon, ses presque 17.000 de Deviants qui le suivent sur DA, et avec à son actif quatre ans d’activités sur les sites hantés par les artistes et leur public – DeviantArt, Instagram, Patreon – le mérite de Dynamite et de son infatigable équipe de scouts en train de passer au crible les profondeurs de la Toile consiste principalement à l’avoir introduit au public hexagonal qui préfère son plaisir dans la langue d’Esparbec plutôt que dans celle de Miller. Franchement, en contemplant les planches de Redjet, je dois avouer qu’il y a de ces jours où je me découvre une profonde jalousie face à une activité aussi rémunératrice – je parle évidemment sur un plan purement idéel, ne sachant strictement rien à propos de la générosité de la Musardine à l’égard ses collaborateurs – que celle de dépisteur de talent dans le domaine artistico-pornographique. Dis donc, Nicolas, la prochaine fois que t’auras besoin d’un traducteur, tu penseras à moi, hein ?!
Pour en revenir au texte en question, les deux belles, une fois débarrassées de l’incommodant visiteur sorti des ténèbres, se retrouvent sur la terrasse du building en train de contempler le panorama de l’invasion démoniaque qui se déroule sous leurs yeux, tandis qu’Ève se lance dans les premières explications afin de ne pas laisser sa camarade se débattre toute seule contre l’ignorance de ce qui l’attend. Et le premier chapitre se clôt sur un beau cadre où l’auteur exploite la belle opposition – des plus classiques, d’ailleurs – entre les deux protagonistes : d’un côté la brune aguerrie à la beauté sculpturale et aux attributs saillants face à la blonde, de l’autre, bouleversée par la tragédie qui se déroule sous ses yeux, avec son corps bourgeonnant toujours en train d’atteindre vers l’épanouissement féminin, des expériences qu’on imagine très peu étendues et le charme certain de la naïveté et de la gêne qu’elle doit éprouver face à la femme confirmée qui prend un malin plaisir à exposer ses charmes sous les yeux de la biche qu’elle vient de sauver d’entre les crocs du grand méchant loup.

J’ai tout particulièrement apprécié le style sobre de Redjet qui, au milieu d’une sensualité exacerbée, confère à la lecture une sorte de calme en opposition parfaite avec l’explosion des sens et de la violence qui menace d’engloutir les protagonistes et de les faire sombrer dans le noir du désespoir. Et j’ai toujours cru qu’une trop grande attention aux détails est l’ennemie de la perfection telle qu’elle se construit dans les méninges des lecteurs / spectateurs invités à s’approprier l’univers qu’on leur propose et dans lequel on leur promet de découvrir les charmes d’un monde surréel où la sensualité et le monstrueux font un si bon ménage. D’après ce que j’ai pu glaner sur les sites hantés par Redjet, l’artiste est actuellement en train de composer le septième chapitre de Hentai Demon Huntress, les six chapitres précédents étant déjà disponibles sur la Toile dans une version anglaise. Une langue qui ne semble pas être celle de l’artiste vu qu’il remercie sa copine Arechan d’avoir traduit la BD dans la langue de Shakespeare. Malheureusement, je n’ai pas pu trouver des indices supplémentaires qui permettraient de mieux saisir des détails biographiques à propos de Redjet. Mais comme de toute façon l’œuvre a toujours été la partie la plus importante dans les découvertes artistiques, celle qui invite les regards, les avis, les fuites, les réflexions, je ne regrette pas trop ce côté légèrement obscur d’un artiste qui se dérobe pourvu qu’il offre à nos regards lubriques l’intimité de ses personnages.
J’ai hâte de découvrir l’univers de Redjet et de sa Hentai Demon Huntress et j’invite mes lecteurs à investir le site des Éditions Dynamite afin de permettre à la maison de continuer son travail de dépistage de talents à la base de tant de belles découvertes.
Redjet
Hentai Demon Huntress (chapitre 1)
Dynamite
ISBN : 978−2−38209−099−2 (PDF)
ISBN : 978−2−38209−098−5 (EPUB)