Depuis le temps, vous devez le savoir que l’animateur de ces colonnes est un inconditionnel des vacances. Passées de préférence sur une plage chauffée à blanc par un soleil torride et en train de mater les fesses et les seins des beautés qui s’y étalent afin de parfaire leur bronzage. Bon, c’est tout simplement un détail de ma vie, et si vous voulez savoir où cette passion a déjà pu me conduire, je vous conseille de parcourir la catégorie des Lectures estivales. Je parie que, amateur de chair nue et de corps en sueur, vous y trouverez matière à votre goût.
On ne s’étonne donc pas de constater que votre serviteur ait pu se laisser séduire par un texte qui se place sous l’étendard de cette parole magique et qui s’intitule tout simplement Les vacances. Et quand, en plus, le titre s’accompagne du sobriquet « Histoire érotique », on se demande si l’autrice n’aurait pas choisi le titre afin de mieux assurer son entrée triomphale dans la Bauge littéraire. Mais bon, choisir un titre afin de séduire le chaland et ensuite faire le poids face aux attentes, c’est une autre paire de manches, et on verra si l’autrice est à la hauteur du défi.
Si le début nous propulse drôlement en arrière, à savoir à l’époque des « vacances d’été de l’année 1989 », on ne s’attarde pas trop à contempler ce détail face à la tournure que prennent les événements, vu que le protagoniste et narrateur, Alex, un jeune Français, tombe tout de suite sur la belle Anna qui se présente à lui dans une tenue digne d’être évoquée ici avec les paroles de l’autrice :
Elle [i.e. Anna] m’a reçu, vêtue d’une sorte de débardeur long, qui couvre à peine plus que ses fesses. Et visiblement, elle n’a pas grand-chose dessous. Pas de soutien-gorge, en tout cas : les tétons saillent à travers le tissu et l’arrondi du décolleté dévoile le dessus de ses seins laiteux. Quant à porter une culotte, c’est peu probable.
À une telle allure, le lecteur risque de perdre ses moyens dès la première page et de tomber sous le charme d’une protagoniste aussi belle que peu farouche. S’arrêter en si bon chemin afin de se poser des questions ? Vous n’y pensez pas, et le lecteur non plus qui suit le parcours du héros de très près, soucieux de ne rien manquer du spectacle qui se prépare et qui promet d’être torride. Et je peux vous dévoiler ici sans porter atteinte aux intentions de l’autrice que celle-ci ne manque pas de tenir les promesses faites par une telle entrée en matière sur les chapeaux de roues : quelques paragraphes supplémentaires suffisent à notre héros hexagonal pour avoir le doigt « englué de mouille » ramassée à même la source abondante que sa présence a fait couler d’entre les cuisses de sa belle hôtesse.
Une rencontre aussi intempestive suscite des questions de la part du lecteur, dès que la trêve sensuelle causée par l’arrivée des parents le lui permet. Parce que, avouons-le, qui ne comprendrait pas que, les yeux rivés sur le spectacle offert par les jeunes gens en train de se tripoter, il aurait d’autres choses à ruminer que les antécédents d’une si belle retrouvaille. Parce que c’est bien de cela qu’il s’agit ici, de retrouvailles. Et les indices ne manquent pas, il suffit de les relever : Alex est « de retour » et il prend soin de préciser la date de son arrivée « cette année », sous-entendant par là qu’il y a eu une autre année ayant précédé l’intrique que l’autrice vient de (re)lancer à une allure folle. Anna, quant à elle, est « toujours aussi craquante » et elle ne se prive pas de faire des allusions aux événements de l’année passée, des événements qui auraient laissé de beaux souvenirs au jeune Français à peine débarqué. Vous l’aurez compris, les relations entre d’un côté les deux sœurs – parce que la belle Anna a une frangine, Chloé – et Alex de l’autre sont loin d’être innocentes et on imagine avec plaisir ce qui a pu se passer entre eux l” »année passée ». Seulement, et je vous le révèle tout de suite, on n’en saura rien, l’autrice se contentant de faire à peine quelques allusions dans le genre de ce qui a déjà été évoqué, et tous mes efforts de trouver un autre texte signé « Zoé Camille » se sont soldés par un échec pur et simple. Bref, l’autrice fait miroiter devant nos yeux brillants de désir la possibilité d’une belle histoire enfouie dans les profondeurs de la mémoire, et elle passe sa route sans rien nous en révéler. Et oui, je lui en veux, ce qui, en l’occurrence, est un bel hommage adressé à l’efficacité d’une plume qui me donne une telle envie de demander du rab… Encore heureux que cette rencontre initiale n’est qu’un aperçu de ce qui va suivre, un petit avant goût des mets bien plus consistants que le lecteur pourra croquer en suivant notre trio dans l’aventure sensuelle de ces vacances.
Je peux vous dire sans la moindre honte que j’ai été assez surpris par ce texte. Tout d’abord, qui aurait pensé à la Tchécoslovaquie en entendant parler de « vacances » ? Certes, un week-end à Prague, ça oui, mais lancer une expédition dans les profondeurs de la campagne de Bohême ou de Moravie ? C’est plutôt exotique, même trente ans après la chute du Mur et la levée du rideau de fer. Et ce n’est pas la couverture qui te prépare à un dépaysement aussi insolite. J’aurais juré y voir une nana en train de se rendre à la plage. Mais bon, je suis sans doute obsédé par cela, et le fait d’en avoir été privé cette année-ci (2020, année de merde) n’aide pas à amadouer la nostalgie brûlante de la mer…
Quoi qu’il en soit, je ne saurais vous dire pourquoi l’autrice a choisi ces terrains de la vieille Mitteleuropa, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que les passions déchaînées par les sens exacerbés n’en battent pas moins leur plein, que ce soit sur les hauteurs des Carpates ou au pied des Albères. L’indécence est au rendez-vous, où que les deux diablesses décident d’emmener notre petit Français qui n’a qu’à bien se tenir, surtout quand il en est réduit à servir de vestiaire pendant que les deux sœurs se font enfiler au cour d’une belle orgie qui n’a rien à envier à celle de Paris, de Berlin ou de Londres. Et la force de la plume de Zoé Camille est telle que la sensualité n’est pas près de s’évaporer une fois la liseuse éteinte
Je vous conseille donc vivement de délier les cordons de votre bourse afin de pouvoir profiter de ce texte assez particulier et de vous laisser emmener entre les bras et les cuisses de ces deux filles de Bohême. Qui allient la beauté slave aux doux accents des prénoms français[1]Le titre faisant partie de la bibliothèque Kindle Unlimited, vous pourriez aussi opter pour un abonnement à cette formule qui m’a permis d’économiser pas mal de sous au cours de mes expéditions … Continue reading.
Un mot avant de terminer à propos de la couverture. Force est de constater que les textes auto-édités sont assez souvent plutôt desservis par les robes dont les affublent des auteurs spécialistes de la parole et assez souvent très peu doués quand il s’agit des arts visuels. Et pas assez friqués pour pouvoir se payer les services d’un bon graphiste / illustrateur. La couverture du texte en question est différente. Elle n’a pourtant, au premier abord, rien d’extraordinaire ou de particulièrement entraînant. C’est par sa sobriété qu’elle excelle, par l’avarice des moyens d’un artiste qui s’est contenté de jeter quelques lignes sur le papier afin de dresser une silhouette et de la placer dans une sorte de prairie. Mais ces lignes-là, elles vibrent, et c’est là leur secret, la vie secrète qu’elles confèrent au personnage doté de ses grosses lunettes, accessoire estival par excellence. Le seul problème que j’ai avec cette couverture, c’est que je l’ai retrouvée sur un site russe où elle apparaît en relation avec des « questions difficiles pour les gars » (si je peux me fier à Google Translate). Si le voisinage slave peut interpeler, on se pose quand même des questions à propos de ses origines. Mais bon, c’est un problème qui ne doit pas trop nous préoccuper vu qu’elle est parfaite pour introduire les belles sœurs qui sauront vous conduire au fin fond de leurs fantasmes.
Mise à jour (2022)
Le texte n’est plus disponible sur le site du géant de Seattle. Disparu sans laisser de traces, le sort de tant de titres érotiques prometteurs. Je suis désolé, mais c’est tout ce que je sais.
Références
↑1 | Le titre faisant partie de la bibliothèque Kindle Unlimited, vous pourriez aussi opter pour un abonnement à cette formule qui m’a permis d’économiser pas mal de sous au cours de mes expéditions dans les sous-sols de Jeff Bezos. |
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