Le Sanglier adore l’été avec son lot de coups de soleil, de noyades évitées in extremis, de piqûres de méduses et de râteaux généreusement distribués par les beautés de plage excédées par la balourdise des mecs. Ce n’est pas nouveau, et les Lectures Estivales en sont un témoignage aussi magnifique qu’irréfutable.
Mais saviez-vous que l’immonde habitant des profondeurs de la forêt teutonique raffole aussi des fêtes de fin d’année, de la douce lumière vacillante des cierges, de l’odeur résineuse qui se dégage des branches de sapin et jusqu’au plaisir de choisir des cadeaux à distribuer à pleines pattes ? Voici un trait du Sanglier nettement moins connu. Et pourtant, la bête pousse le vice jusqu’à présenter à ses visiteurs, [pendant les weekends de l’Avent et les trois jours de Noël], pendant les quelques semaines qui encore nous séparent de la fin de l’année, une beauté qui se vautre sous le sapin, peu soucieuse des regards lascifs qui se posent sur son corps entièrement dénudé. [Remarque : Comme vous semblez apprécier la petite nouvelle-venue avec sa franchise désarmante et son regard mi-espiègle mi-innocent lancé du fond de ses grands yeux brillants, j’ai décidé de lui donner l’occasion de vous régaler de ses charmes jusqu’à la fin de l’année.]
J’ai fait appel, pour réaliser ce projet nourri depuis bien longtemps, aux services de Cheunchin, l’artiste thaïlandais qui a déjà contribué une Skater Chic à la galerie de ces beautés qui tendent la main aux lecteurs pour leur tenir compagnie à travers le dédale des pistes sur lesquelles je les emmène. Comme à chaque fois, j’ai laissé la main libre à l’artiste, lui donnant juste quelques contraintes techniques afin que le site puisse intégrer le nouvel en-tête. Et voici donc ce qu’il vient de me proposer :

Si j’aime le style de Cheunchin en général, son érotisme joyeux et tout à fait décomplexé, il y a en plus de cela, chez le modèle qu’il vient de m’envoyer, un côté naturel qui m’a séduit aussitôt que je l’ai découvert. J’adore cette approche du corps féminin qui, au lieu d’imiter les modèles anorexiques ayant peuplé les galeries de mode pendant bien trop longtemps, cherche son inspiration du côté des femmes bien en chair des époques de la Renaissance et du Baroque nordique. Et qui refuse, dans un souci qu’on pourrait presque qualifier de « réaliste », de doter une femme aux seins aussi volumineux que ceux de notre Liseuse de Noël, d’un ventre qui ferait pâlir une nymphette adolescente. C’est une tranche de la vie la plus luxuriante que Cheunchin sert aux lecteurs de la Bauge littéraire, et comment imaginer plus grande beauté que celle qui vous permet de palper l’essence même de la vie, celle où vous plongez les mains, la langue et bien d’autres appendices, celle que vous serrez avec la force désespérée de celui qui embrasse la vie quand, nel mezzo del cammin di nostra vita, celle-ci se dérobe avec de plus en plus de facilité ? Quel meilleur hommage à la beauté que celui qui, une fois encore, rallume l’espoir ?
C’est donc avec un grand sourire – et une étincelle de nostalgie au fond des yeux – que j’adresse un énorme bonjour à Cheunchin et à l’hommage qu’il a rendu à la beauté. Quant à vous, chères lectrices, chers lecteurs, je vous invite à allumer une bougie et à écouter cette chanson qui tourne en boucle dans la demeure de votre serviteur. Vous aurez peut-être le plaisir de voir à votre tour se lever le soleil noir de la Mélancolie.
