Depuis le temps, vous connaissez mon goût pour l’univers artistique déjanté de chez DeviantArt et vous n’êtes pas non plus sans savoir que j’engage régulièrement des artistes pour embellir ma sombre demeure. La plupart du temps, ce sont de nouvelles bannières qui viennent enrichir la collection destinée à contribuer à une expérience de lecture plus riche et de donner un cadre convivial à mes articles, un cadre qui permet à de ravissantes demoiselles de montrer les effets d’une lecture décomplexée. Et comme par hasard, j’ai encore été contacté tout récemment par un de ces artistes qui est venu me proposer une esquisse dont il avait pensé qu’elle rentrait pile-poil dans la ligne éditoriale de la Bauge littéraire. Et quand on connaît mes goûts en matière de beauté, on ne s’étonnera pas d’apprendre que j’ai aussitôt accepté. Voici donc un petit dessin dont le titre s’est imposé pratiquement sans réfléchir, et j’ai l’honneur de vous présenter Lascivité, chef‑d’œuvre d’un érotisme aussi sensuel que décomplexé, rehaussé par cette dose d’ironie que Josep fait sournoisement entrer dans ses réalisations pour leur conférer ce je-ne-sais-quoi leur conférant une dimension humaine qui fait toute la différence entre un dessin, même techniquement parfait, et – l’art.

L’impression qui se dégage de ce petit chef‑d’œuvre, c’est celle d’un artiste ayant trouvé le secret pour imprégner la chair du modèle de son sourire malicieux, un sourire à même de faire détourner les regards des charmes de la belle – ne fût-ce qu’un instant – pour essayer de traquer ce sourire moqueur qui se dérobe, qui nargue les efforts déployés, et qui communique une chaleur si irrésistiblement humaine à cette sybarite moderne qui se vautre – à l’abri de toutes les intrusions – sous les yeux des spectateurs.
L’art de rendre la sensualité de façon aussi efficace ne s’explique pas sans mentionner la maîtrise des couleurs dont Josep donne ici une nouvelle fois la preuve avec une palette extrêmement réduite, composée d’un mauve très sombre qui s’épaissit dans une progression graduelle de gauche à droite jusqu’au noir, des tons rouge-braise dont l’éclat est rehaussé par le voisinage d’un bleu métallique, une opposition qui crée un contraste remarquable composé de chaud et de froid, un composé de divergences dont l’énergie investit la femme languissante d’une tension qu’on a du mal à s’expliquer dans un premier temps. Mais quand on a à faire à du Giró, mieux vaut regarder longtemps sans se laisser distraire afin de comprendre que rien n’est aussi facile que la première impression pourrait le faire croire. Je vous invite donc à contempler ses dessins – ceux que vous trouverez réunis dans la Bauge et ceux visibles sur les pages hantées par cet artiste – un artiste que je n’hésite pas à qualifier d’excellent.
