Écrire un texte, c’est bien. Le publier, c’est comme se retrouver dans un autre univers. Assister au réveil de la bête, recevoir les communications des infographistes, de directrices régionales et d’ouvrage, échanger des mails à propos de telle ou de telle autre structure grammaticale, justifier l’usage de tel mot, l’osé de telle scène, discuter de la crédibilité d’un personnage et de sa compatibilité avec tel trait de caractère… Un procédé enrichissant, et qui sert à se remettre en question. C’est ce qu’il me faut pour avancer.

Mais là, je suis en train de travailler sur un avertissement dont il faut apparemment faire précéder le roman pour mettre en garde les âmes trop sensibles. Il est vrai, et chacun peut facilement s’en rendre compte en parcourant quelques chapitres de l’Aventure de Nathalie (« Les corps qui s’aiment » ou surtout « incantation »), qu’il y a des scènes érotiques voire pornographiques dans le roman. Ce qui m’étonne pourtant, c’est que la violence passe, tandis que le sexe, il faut le justifier. Bizarre quand-même, non ? L’amour choquerait donc plus que la guerre ? Tout le monde demande des romans policiers de plus en plus crus, violents, des victimes toujours plus mutilées, des crimes toujours plus atroces, mais les abîmes d’un vagin sondé, le goût de la mouille d’une femme en extase, un pénis profondément avalé, cela ferait refuser un auteur ? Drôle de monde, quand-même. D’où cette peur de notre côté physique ? Est-ce la mort sous-jacente, sournoise, qui s’attache à cette idée-là ? Qu’on essaierait de refouler en s’attachant à tout ce qui s’élève au-dessus de la soi-disant boue dans laquelle nous traînons nos membres ?
Dites-moi, chers lecteurs, chères lectrices, dites-moi !
PS – Je viens d’apprendre que l’Aventure de Nathalie paraîtra début octobre :-)