Emma­nuelle Hou­dou, L’é­té les petites culottes s’envolent

À l’o­ri­gine, j’ai tout bête­ment vou­lu vous pré­sen­ter une nou­velle Lec­ture esti­vale, et je suis sûr que vous avez aus­si­tôt, à contem­pler le titre et la cou­ver­ture, com­pris la per­ti­nence d’un tel choix. Et puis, j’ai com­men­cé la lec­ture. Hési­tant entre plu­sieurs textes que je venais d’ac­qué­rir, confron­té à une véri­table vague de nou­veau­tés à fort poten­tiel esti­val dans la caté­go­rie Fic­tion / Éro­tique de chez 7switch, j’ai juste vou­lu feuille­ter, gri­gno­ter quelques pages par-ci par-là, pour, éven­tuel­le­ment, atta­quer de façon sérieuse plus tard, mais voi­ci que je me suis trou­vé empor­té par un violent cou­rant de sen­sua­li­té, toute volon­té anéan­tie par une mon­tée irré­sis­tible de désir – celui des pro­ta­go­nistes entraî­nant le mien propre – et j’ai dévo­ré les cent pre­mières pages sans avoir pu décol­ler ne fût-ce qu’un ins­tant les regards de l’é­cran de ma liseuse. Voi­ci la pre­mière sur­prise que ce texte m’a réser­vé. Quant à la deuxième, et ben, j’ai fini par com­prendre que, ce texte, non seule­ment je l’a­vais déjà lu, mais que je l’ai même déjà pré­sen­té à mes fidèles lec­teurs. Il est vrai, entre-temps – et on parle d’une période de trois ans et demi quand même – le nom de l’au­trice, le titre, la cou­ver­ture et le mode d’é­di­tion ont chan­gé, mais l’in­trigue n’a quant à elle subi aucune modi­fi­ca­tion et a été reprise telle quelle dans cette nou­velle publi­ca­tion. À l’é­poque, le roman s’ap­pe­lait Les Inno­centes – titre lar­ge­ment supé­rieur à celui qu’on vient de col­ler sur les aven­tures d’É­lo­die et d’A­man­dine – , l’au­trice s’ap­pe­lait Mily Barel­li – nom d’au­teur qui crie « Pseu­do­nyme ! » sur tous les toits – et le texte peu­plait les rayons de l’au­to-édi­tion de chez Ama­zon. Vous n’a­vez qu’à suivre le lien pour avoir une idée des émo­tions que le texte a fait naître dans le temps.

Mily Barelli, Les Innocentes
Mily Barel­li, Les Inno­centes. Depuis, le nom de l’au­trice, le titre, la cou­ver­ture et le mode d’é­di­tion ont chan­gé, l’in­trigue est res­tée telle quelle.

Et voi­ci la bonne nou­velle : Mes impres­sions ont été pra­ti­que­ment les mêmes ! Un ren­du excellent d’une vague de désir irré­sis­tible, au point d’ar­ra­cher les pro­ta­go­nistes à leur quo­ti­dien et de leur faire com­mettre des actes que cer­tains n’hé­si­te­raient à qua­li­fier de bêtise. Si la pre­mière des pro­ta­go­nistes, la sœur aînée, Élo­die, peut éton­ner le lec­teur par le carac­tère osé de ses gestes, ceux de la seconde, Aman­dine, la cadette à peine reve­nue d’une rup­ture sen­ti­men­tale, laissent sans voix face à sa déter­mi­na­tion de com­man­do d’al­ler jus­qu’au bout de ses désirs.

Et puis, le même désar­roi – de ma part, cette fois-ci – face au dénoue­ment qui laisse la mau­vaise impres­sion d’une autrice essayant de se débar­ras­ser de ses per­son­nages et de leur res­sen­ti afin de pou­voir ter­mi­ner, coûte que coûte, le récit d’un éveil d’une force telle qu’elle l’a peut-être sen­tie au-delà des siennes, inca­pable d’en­di­guer le tor­rent libé­ré ? Rien que des spé­cu­la­tions, évi­dem­ment, mais si on se pose des ques­tions, c’est parce que la conclu­sion laisse le lec­teur sur sa faim après l’a­voir emme­né dans une course éprou­vante à tra­vers monts et marées, à tra­vers les fan­tasmes et les effrois d’une sexua­li­té puis­sante en train de se libé­rer dans une véri­table érup­tion. Je ne peux donc que répé­ter ce que j’ai dit il y a trois ans déjà : Je réclame une suite ! Depuis que j’ai assis­té à cette fin peu satis­fai­sante, je ne cesse d’i­ma­gi­ner la suite, les états d’âme d’une Aman­dine tiraillée entre la peur d’as­su­mer dans la dou­leur les ten­ta­tions tel­lu­riques révé­lées dans les bas-fonds d’une repaire de sado-maso­chistes et celle de se voir anéan­tie, arra­chée pour de bon à son exis­tence bour­geoise, obli­gée de renon­cer à toute pré­ten­tion de nor­ma­li­té et d’au­to-déter­mi­na­tion. Rien qu’à ima­gi­ner la jeune femme en proie aux sou­ve­nirs, aux inter­ro­ga­tions, au désir cui­sant de reve­nir han­ter les lieux où le désir a été chauf­fé à blanc dans la forge des dou­leurs et des humi­lia­tions, de mettre la main sur les ins­tru­ments de tor­ture à peine entre­vus dont le sou­ve­nir vient la han­ter de nuit et de jour, au point de faire naître la déci­sion irré­ver­sible et poten­tiel­le­ment fatale de par­tir à la recherche de la femme en noir, de se rendre corps et âme à celle qui règne en majes­té sur ses fan­tasmes et qui pour­ra, seule, lui indi­quer la route à suivre pour prendre racine dans le noir. Consul­tez un peu le poten­tiel de la cita­tion sui­vante où c’est Élo­die qui, nar­ra­trice, parle de son point de vue :

Des croix, des roues, des chaînes, des cro­chets, des pou­lies. Esto­ma­quée, je me sen­tais de plus en plus mal, Aman­dine plus har­die alla regar­der de près les objets puis fit mine de s’installer sur une roue. Ça ne me plai­sait plus du tout.

Et voi­ci qu’A­man­dine, quelques pages plus loin, revient sur la visite à la grange :

— « Oui, Elo­die était blême en voyant les ins­tru­ments, nous sommes sor­ties rapi­de­ment et je dois avouer que j’étais contente de me retrou­ver à l’air libre. En même temps, j’avoue que j’étais curieuse de voir tout ça. »[1]Le texte n’ayant pas de cha­pitres ni de pagi­na­tion, je suis dans l’im­pos­si­bi­li­té de vous indi­quer l’emplacement des deux cita­tions. Il ne vous reste, pour les consul­ter, qu’à lan­cer la fonc­tion … Conti­nue rea­ding

J’ai même ima­gi­né, face au silence de l’au­trice, de rédi­ger moi-même cette suite, une ten­ta­tion à laquelle je suc­com­be­rais avec un énorme plai­sir. Dans le temps, il a été impos­sible de contac­ter l’au­trice, mais cette fois-ci il y a un édi­teur qu’on peut contac­ter. Atten­dons donc la suite, je vous tien­drai au courant.

À lire :
La Reine et le Sanglier - de retour pour le RaysDay !

Avant de conclure, un mot à pro­pos de Ink Book, l’é­di­teur du texte en ques­tion ain­si que d’un grand nombre de textes éro­tiques parus fin juillet, début août 2019, pour­vus de titres dont cer­tains rap­pellent le pire de ce que l’au­to-édi­tion à la soupe Kindle peut offrir – Mature grave défon­cée à la salle de gym, Prise comme une chienne !, Offerte à plu­sieurs hommes sur une aire d’autoroute, … Mal­gré un grand nombre de textes à son actif – des textes de tous les domaines – la mai­son reste pra­ti­que­ment invi­sible, les recherches sur la toile ne menant à rien sauf qu’à conduire l’in­ter­naute vers les sites des librai­ries en ligne recen­sant les textes en rai­son de leur pro­ve­nance. Certes, une recherche sur les trois pre­miers élé­ments des numé­ros ISBN pré­sents sur les textes conduit vers le site de l’AF­NIL[2]Agence Fran­co­phone pour la Numé­ro­ta­tion Inter­na­tio­nale du Livre.l’é­di­teur est réper­to­rié et où se trouvent des adresses pour contac­ter le res­pon­sable, mais cela ne mène pas vrai­ment plus loin.

Quoi qu’il en soit, je vous recom­mande une nou­velle fois un texte d’une rare puis­sance, dans l’es­poir sans doute de voir l’é­di­teur, séduit par les chiffres de vente, deman­der à l’au­trice[3]Dans le doute, je me tiens au pseu­do qui indique une per­sonne de sexe fémi­nin, tout en sachant qu’il ne faut se fier à rien. C’est pour cela que je conti­nue à par­ler d’une autrice pour dési­gner … Conti­nue rea­ding une suite. Et en me pro­met­tant de me pro­cu­rer d’autres titres de cette mai­son, dans l’es­poir, cette fois-ci, d’y trou­ver ne fût-ce que l’ombre du talent d’une Emma­nuelle Houdou.

À lire :
Nicolas Kapler, À l'abri des vieilles pierres

Emma­nuelle Hou­dou
L’éte les petites culottes s’en­volent
Ink Book
ISBN : 9791023206944

Réfé­rences

Réfé­rences
1 Le texte n’ayant pas de cha­pitres ni de pagi­na­tion, je suis dans l’im­pos­si­bi­li­té de vous indi­quer l’emplacement des deux cita­tions. Il ne vous reste, pour les consul­ter, qu’à lan­cer la fonc­tion « Recherche » de votre liseuse ou de votre logi­ciel de lecture.
2 Agence Fran­co­phone pour la Numé­ro­ta­tion Inter­na­tio­nale du Livre.
3 Dans le doute, je me tiens au pseu­do qui indique une per­sonne de sexe fémi­nin, tout en sachant qu’il ne faut se fier à rien. C’est pour cela que je conti­nue à par­ler d’une autrice pour dési­gner Emma­nuelle Hou­dou aka Mily Barelli.
Dessin d'une femme nue debout, vue de profil. Elle tient un gode dans la main droite qu'elle est en train de s'introduire dans le vagin.
Dessin réalisé par Sammk95