À l’origine, j’ai tout bêtement voulu vous présenter une nouvelle Lecture estivale, et je suis sûr que vous avez aussitôt, à contempler le titre et la couverture, compris la pertinence d’un tel choix. Et puis, j’ai commencé la lecture. Hésitant entre plusieurs textes que je venais d’acquérir, confronté à une véritable vague de nouveautés à fort potentiel estival dans la catégorie Fiction / Érotique de chez 7switch, j’ai juste voulu feuilleter, grignoter quelques pages par-ci par-là, pour, éventuellement, attaquer de façon sérieuse plus tard, mais voici que je me suis trouvé emporté par un violent courant de sensualité, toute volonté anéantie par une montée irrésistible de désir – celui des protagonistes entraînant le mien propre – et j’ai dévoré les cent premières pages sans avoir pu décoller ne fût-ce qu’un instant les regards de l’écran de ma liseuse. Voici la première surprise que ce texte m’a réservé. Quant à la deuxième, et ben, j’ai fini par comprendre que, ce texte, non seulement je l’avais déjà lu, mais que je l’ai même déjà présenté à mes fidèles lecteurs. Il est vrai, entre-temps – et on parle d’une période de trois ans et demi quand même – le nom de l’autrice, le titre, la couverture et le mode d’édition ont changé, mais l’intrigue n’a quant à elle subi aucune modification et a été reprise telle quelle dans cette nouvelle publication. À l’époque, le roman s’appelait Les Innocentes – titre largement supérieur à celui qu’on vient de coller sur les aventures d’Élodie et d’Amandine – , l’autrice s’appelait Mily Barelli – nom d’auteur qui crie « Pseudonyme ! » sur tous les toits – et le texte peuplait les rayons de l’auto-édition de chez Amazon. Vous n’avez qu’à suivre le lien pour avoir une idée des émotions que le texte a fait naître dans le temps.

Et voici la bonne nouvelle : Mes impressions ont été pratiquement les mêmes ! Un rendu excellent d’une vague de désir irrésistible, au point d’arracher les protagonistes à leur quotidien et de leur faire commettre des actes que certains n’hésiteraient à qualifier de bêtise. Si la première des protagonistes, la sœur aînée, Élodie, peut étonner le lecteur par le caractère osé de ses gestes, ceux de la seconde, Amandine, la cadette à peine revenue d’une rupture sentimentale, laissent sans voix face à sa détermination de commando d’aller jusqu’au bout de ses désirs.
Et puis, le même désarroi – de ma part, cette fois-ci – face au dénouement qui laisse la mauvaise impression d’une autrice essayant de se débarrasser de ses personnages et de leur ressenti afin de pouvoir terminer, coûte que coûte, le récit d’un éveil d’une force telle qu’elle l’a peut-être sentie au-delà des siennes, incapable d’endiguer le torrent libéré ? Rien que des spéculations, évidemment, mais si on se pose des questions, c’est parce que la conclusion laisse le lecteur sur sa faim après l’avoir emmené dans une course éprouvante à travers monts et marées, à travers les fantasmes et les effrois d’une sexualité puissante en train de se libérer dans une véritable éruption. Je ne peux donc que répéter ce que j’ai dit il y a trois ans déjà : Je réclame une suite ! Depuis que j’ai assisté à cette fin peu satisfaisante, je ne cesse d’imaginer la suite, les états d’âme d’une Amandine tiraillée entre la peur d’assumer dans la douleur les tentations telluriques révélées dans les bas-fonds d’une repaire de sado-masochistes et celle de se voir anéantie, arrachée pour de bon à son existence bourgeoise, obligée de renoncer à toute prétention de normalité et d’auto-détermination. Rien qu’à imaginer la jeune femme en proie aux souvenirs, aux interrogations, au désir cuisant de revenir hanter les lieux où le désir a été chauffé à blanc dans la forge des douleurs et des humiliations, de mettre la main sur les instruments de torture à peine entrevus dont le souvenir vient la hanter de nuit et de jour, au point de faire naître la décision irréversible et potentiellement fatale de partir à la recherche de la femme en noir, de se rendre corps et âme à celle qui règne en majesté sur ses fantasmes et qui pourra, seule, lui indiquer la route à suivre pour prendre racine dans le noir. Consultez un peu le potentiel de la citation suivante où c’est Élodie qui, narratrice, parle de son point de vue :
Des croix, des roues, des chaînes, des crochets, des poulies. Estomaquée, je me sentais de plus en plus mal, Amandine plus hardie alla regarder de près les objets puis fit mine de s’installer sur une roue. Ça ne me plaisait plus du tout.
Et voici qu’Amandine, quelques pages plus loin, revient sur la visite à la grange :
— « Oui, Elodie était blême en voyant les instruments, nous sommes sorties rapidement et je dois avouer que j’étais contente de me retrouver à l’air libre. En même temps, j’avoue que j’étais curieuse de voir tout ça. »[1]Le texte n’ayant pas de chapitres ni de pagination, je suis dans l’impossibilité de vous indiquer l’emplacement des deux citations. Il ne vous reste, pour les consulter, qu’à lancer la fonction … Continue reading
J’ai même imaginé, face au silence de l’autrice, de rédiger moi-même cette suite, une tentation à laquelle je succomberais avec un énorme plaisir. Dans le temps, il a été impossible de contacter l’autrice, mais cette fois-ci il y a un éditeur qu’on peut contacter. Attendons donc la suite, je vous tiendrai au courant.
Avant de conclure, un mot à propos de Ink Book, l’éditeur du texte en question ainsi que d’un grand nombre de textes érotiques parus fin juillet, début août 2019, pourvus de titres dont certains rappellent le pire de ce que l’auto-édition à la soupe Kindle peut offrir – Mature grave défoncée à la salle de gym, Prise comme une chienne !, Offerte à plusieurs hommes sur une aire d’autoroute, … Malgré un grand nombre de textes à son actif – des textes de tous les domaines – la maison reste pratiquement invisible, les recherches sur la toile ne menant à rien sauf qu’à conduire l’internaute vers les sites des librairies en ligne recensant les textes en raison de leur provenance. Certes, une recherche sur les trois premiers éléments des numéros ISBN présents sur les textes conduit vers le site de l’AFNIL[2]Agence Francophone pour la Numérotation Internationale du Livre. où l’éditeur est répertorié et où se trouvent des adresses pour contacter le responsable, mais cela ne mène pas vraiment plus loin.
Quoi qu’il en soit, je vous recommande une nouvelle fois un texte d’une rare puissance, dans l’espoir sans doute de voir l’éditeur, séduit par les chiffres de vente, demander à l’autrice[3]Dans le doute, je me tiens au pseudo qui indique une personne de sexe féminin, tout en sachant qu’il ne faut se fier à rien. C’est pour cela que je continue à parler d’une autrice pour désigner … Continue reading une suite. Et en me promettant de me procurer d’autres titres de cette maison, dans l’espoir, cette fois-ci, d’y trouver ne fût-ce que l’ombre du talent d’une Emmanuelle Houdou.
Emmanuelle Houdou
L’éte les petites culottes s’envolent
Ink Book
ISBN : 9791023206944
Références
↑1 | Le texte n’ayant pas de chapitres ni de pagination, je suis dans l’impossibilité de vous indiquer l’emplacement des deux citations. Il ne vous reste, pour les consulter, qu’à lancer la fonction « Recherche » de votre liseuse ou de votre logiciel de lecture. |
---|---|
↑2 | Agence Francophone pour la Numérotation Internationale du Livre. |
↑3 | Dans le doute, je me tiens au pseudo qui indique une personne de sexe féminin, tout en sachant qu’il ne faut se fier à rien. C’est pour cela que je continue à parler d’une autrice pour désigner Emmanuelle Houdou aka Mily Barelli. |