Agathe Legrand, Exhib, chan­tage et sexe

J’ai déjà appris, à l’oc­ca­sion d’une pré­cé­dente Lec­ture esti­vale, que le 1er juin est consi­dé­ré comme le début de l’é­té météo­ro­lo­gique et que cette date est le début de l’é­té « légal » dans cer­tains États comme par exemple la Rus­sie. On peut donc consi­dé­rer que je suis en retard pour pré­sen­ter à mes lec­trices et à mes lec­teurs une pre­mière décou­verte aux cou­leurs de l’é­té. À moins qu’on ne veuille me repro­cher de ne pas res­pec­ter les délais et de me pré­sen­ter trop tôt au ren­dez-vous dans une sorte d’é­ja­cu­la­tion lit­té­raire pré­coce. Quoi qu’il en soit, je peux affir­mer une chose : J’ai hâte de voir arri­ver la belle sai­son, sur­tout après la gri­saille et les pluies de ce qui passe, sous ces lati­tudes, pour prin­temps. Un prin­temps lar­ge­ment confi­né suite à la panique de nos com­pa­gnons de misère que nos chers gou­ver­nants ont si bien su exa­cer­ber afin d’ar­ri­ver à leurs buts en muse­lant et en met­tant à leurs bottes la popu­lace. Mais bon, l’é­té arrive – ou va arri­ver – et avec lui au moins un soup­çon, un air de liber­té. À laquelle il fau­dra cette fois-ci s’ac­cro­cher et qu’on sau­ra, je l’es­père, défendre contre la bande qui usurpe le pou­voir. Mais bon, quit­tons ces rivages sombres pour nous lais­ser empor­ter par les charmes de l’é­té et ceux des femmes que je compte faire para­der sous vos yeux avides. Et les hon­neurs reviennent, cette année-ci, à une autrice que j’ai déjà eu l’hon­neur de pré­sen­ter dans ces colonnes. Agathe Legrand a déjà été l’in­vi­tée d’une édi­tion anté­rieure des Lec­tures esti­vales, et les aven­tures de son héroïne ne m’ont lais­sé rien que de très bons sou­ve­nirs. Je vous invite d’ailleurs à consul­ter l’article que je lui ai consa­cré il y a deux ans et sur­tout à (re-)lire un texte qui sau­ra vous don­ner un aper­çu des joies esti­vales qui se goûtent sous le soleil, entre une paire de belles cuisses lar­ge­ment écartées.

Rien de plus nor­mal, donc, que de consul­ter la liste assez volu­mi­neuse de ses publi­ca­tions afin d’y pui­ser un de ces textes allé­chants dont elle a le secret pour le pro­po­ser ensuite aux fidèles du San­glier qui attendent avec impa­tience l’é­di­tion 2021 de ses Lec­tures esti­vales. Et si le décor des aven­tures de Cathe­rine est un brin moins esti­val que le cam­ping han­té par Julie et sa bande de joyeuses luronnes, le soleil et la cha­leur y sont quand même au ren­dez-vous, tout comme une héroïne qui prend un plai­sir du diable à s’of­frir aux regards et qui pro­fite à fond de la cha­leur esti­vale pour se débar­ras­ser de ses vête­ments au moindre pré­texte. Et même par­fois sans le moindre pré­texte pour­vu que cela lui per­mette de chauf­fer à blanc les sens de celles et de ceux qui ont le bon­heur de se trou­ver dans les parages qu’elle a choi­si de hanter.

Quant à la forme, il s’a­git ici, contrai­re­ment au récit de Julie qui se pré­sente sous la forme d’une seule longue intrigue, d’une sorte de recueil de nou­velles – ou plu­tôt de récits – les­biennes, qui, reliées entre elles par la pro­ta­go­niste et son goût pour l’ex­hi­bi­tion, auraient pu être publiées sépa­ré­ment[1]Elles l’ont peut-être été, je n’ai pas pu le véri­fier dans la liste assez impres­sion­nante des publi­ca­tions signées Agathe Legrand., sans qu’il soit néces­saire de connaître les récits pré­cé­dents ou de les lire dans un ordre don­né, mal­gré la pré­sence d’élé­ments récur­rents qui aident à se trou­ver des repères dans l’u­ni­vers de Cathe­rine. Celle-ci, contrai­re­ment à la pro­ta­go­niste des Vacances de Julie, est une femme confir­mée qui, du haut de ses qua­rante prin­temps, sait se mettre en valeur en jouant de ses charmes consi­dé­rables. Prin­ci­pa­le­ment (mais pas que) atti­rée par ceux de son propre sexe, elle adore séduire les femmes quitte à se sou­mettre ensuite aux caprices de ses vic­times dont plus d’une se découvre alors l’âme d’une maî­tresse face à une belle MILF aus­si pul­peuse que géné­reuse quand il s’a­git de faire pro­fi­ter autrui de ses atouts. Vous l’au­rez com­pris, l’au­trice a choi­si avec jus­tesse le titre sous lequel elle a ras­sem­blé les esca­pades de sa bouillon­nante pro­ta­go­niste : Exhib, chan­tage et sexe.

Si les plai­sirs de l’ex­hi­bi­tion sont un des ingré­dients prin­ci­paux du plat savam­ment concoc­té par Agathe Legrand, ceux-ci sont le plus sou­vent rehaus­sés par des condi­ments qui en font un mets déli­cieu­se­ment épi­cé qu’on ne sau­rait assez recom­man­der aux ama­teurs dont les palais sont exci­tés par la cha­leur telle qu’elle brûle au ventre de Cathe­rine et de ses com­pagnes de débauche. Dans ce monde-ci, l’ex­hi­bi­tion est donc un délice qui peut très bien se savou­rer seul, mais qui ne peut que gagner par la com­pa­gnie d’autres plai­sirs et qui sert donc sou­vent d’en­trée en matière afin de pré­pa­rer les palais aux par­ties de jambes (ou de culs) en l’air voire à des ses­sions de BDSM dans la plus pure tra­di­tion anglaise. Il convient d’ailleurs de pré­ci­ser que Cathe­rine, prin­ci­pa­le­ment por­tée sur le plai­sir au fémi­nin, ne se refuse pas celui de séduire des petits jeunes quand ceux-ci ont l’heur de lui plaire et de mettre en ébul­li­tion le cock­tail hor­mo­nal qui ne manque jamais de la trans­for­mer en ogresse qui ne dédaigne pas un mor­ceau de chair quand il se pré­sente sous la forme allé­chante d’une belle bite bien dure.

À lire :
Agnès Martin-Lugand, Les gens heureux lisent et boivent du café

Vous aurez com­pris que, face à une telle pro­ta­go­niste, la tem­pé­ra­ture n’ar­rête pas de mon­ter, ce qui en fait une belle com­pagne pour les séances de lec­ture sous le soleil ou face à la mer. Et quelques-unes de ses aven­tures conduisent la belle et entre­pre­nante Cathe­rine dans le décor très déci­dé­ment esti­val d’une mai­son de cam­pagne dans le sud. C’est le cas du pre­mier récit qui a pour scène « une immense mai­son dans le Midi », celle de sa sœur Chan­tal qui l’y a invi­tée pour y pas­ser quelques jours d’un congé bien méri­té. Et comme les bonnes choses n’ar­rivent jamais seules, le der­nier récit de cette col­lec­tion qui ne dit pas son nom recon­duit la joyeuse luronne dans le Midi, dans la mai­son de sa meilleure amie près d’Aix-en-Pro­vence, où elle conti­nue à par­faire l’é­du­ca­tion les­bienne de celle-ci. Tout en trou­vant l’oc­ca­sion de se taper, au pas­sage, le copain du fils de l’a­mie en ques­tion. À force de pas­ser en revue les scé­na­rios des intrigues, on finit d’ailleurs par se deman­der com­bien de temps l’au­trice à pu pas­ser sur des sites de vision­nage de por­nos comme xham­ster ou xvideo ;-)

Mal­heu­reu­se­ment, la cou­leur locale reste assez pâle dans les récits, et le Midi ne sert ici que de cadre pour appor­ter un peu de chan­ge­ment de décor aux esca­pades de la pro­ta­go­niste et de ses cama­rades de jeu du moment. Il en est tout autre­ment, par contre, de la sai­son et de ses tem­pé­ra­tures éle­vées qui font peser une atmo­sphère étouf­fante sur les récits où les sens sont en per­ma­nence irri­tés et près de s’en­flam­mer et les corps, rapides à se dévoi­ler. Un bel exemple en est la scène de la pis­cine du pre­mier récit qui a lieu, nous l’a­vons vu, quelque part dans le Midi, dans une « immense mai­son » évi­dem­ment dotée d’une « pis­cine géante ». Celle-ci sert de lieu de ras­sem­ble­ment à une bande de jeunes invi­tée par le neveu de Cathe­rine pour y célé­brer la fin de l’an­née d’é­tudes. Quoi de plus nor­mal, dans un décor invi­tant au dolce far niente où des corps lar­ge­ment dénu­dés évo­luent sous un soleil tor­ride, de voir les fan­tasmes par­tir en vrille ? Et comme le décor s’y prête à mer­veille, quoi de plus nor­mal que de voir Cathe­rine s’embarquer dans une sorte de concours wet t‑shirt avec elle comme seule par­ti­ci­pante ? Ce sont de tels ins­tants qui jus­ti­fient avec une belle per­ti­nence le choix de ce texte pour l’é­di­tion 2021 des Lec­tures esti­vales. Et de tels ins­tants, vous en trou­ve­rez beau­coup dans la suite de récits qui voient Cathe­rine voler de conquête en conquête, tout en se concé­dant quelques défaites en suc­com­bant aux dési­rs d’une maî­tresse qu’elle a hâte de plei­ne­ment satis­faire. Et com­ment ne pas suc­com­ber face à une telle créa­ture, toutes les résis­tances balayées par sa poi­trine impres­sion­nante et une fougue que rien n’ar­rête quand la mèche a pris et que l’ex­plo­sion des sens est immi­nente ? Et puis, la voir jouer avec ses proies comme la chatte pro­ver­biale avec les sou­ris, être le témoin du plai­sir qu’elle prend en choi­sis­sant une garde-robe en fonc­tion des pers­pec­tives que celle-ci peut offrir aux regards lubriques, la voir arran­ger les moindres ficelles en vue d’ob­te­nir l’ef­fet vou­lu qui ne manque d’ailleurs jamais de se pro­duire, ce sont des ins­tants magiques que l’au­trice offre à pleines mains aux lec­trices et aux lec­teurs. Je vous donne un exemple. La meilleure amie de Cathe­rine lui a deman­dé de la dépan­ner en lui prê­tant une main pour le ser­vice du soir dans son res­to. On est en plein été, et les tem­pé­ra­tures tiennent la pro­messe de la sai­son. Pas ques­tion donc de trop se cou­vrir. Et comme la belle femme plan­tu­reuse se trouve très vite la cible de tous les regards, Cathe­rine tombe aus­si­tôt sous le coup de son vice per­son­nel et réflé­chit au meilleur moyen de por­ter les sens à ébul­li­tion. Voi­ci ce qu’elle a trouvé :

Une fois enfer­mée à l’intérieur, je pose le bric-à-brac qui m’encombre les mains. Libres, elles glissent dans mon dos pour dégra­fer mon sou­tien-gorge. Une fois défait, il m’est facile de l’extirper de sous mon haut et libé­rer ain­si mes seins de leur pro­tec­tion. Après un bref regard sur le miroir pla­cé au-des­sus du lava­bo, je suis satis­faite du résul­tat. Mes bouts exci­tés dardent et tendent le tis­su, une légère secousse de mon buste fait trem­bler tout l’ensemble dans tous les sens. Je jouis déjà par avance de l’effet que je vais faire une fois dans la salle.[2]Agathe Legrand, Exhib, chan­tage et sexe, empla­ce­ment 4419

L’ef­fet escomp­té ne peut man­quer de se pro­duire, mais comme toute bonne action mérite sa récom­pense, Cathe­rine n’est pas au bout de ses sur­prises. Je vous invite donc à vous embar­quer en com­pa­gnie de cette ravis­sante pro­ta­go­niste afin de connaître la suite, et dans l’es­poir aus­si de voir reve­nir la joie de vivre sous le soleil, les jambes bai­gnées par l’eau fraîche, un cock­tail à por­tée de main et la langue pro­fon­dé­ment enfouie dans une chatte juteuse.

À lire :
Thomas Galley, La Fiancée de la Douleur

Mise à jour (jan­vier 2022)

Les titres d’Agathe Legrand ont dis­pa­ru du site d’Amazon. Si sa page-auteur sub­siste, elle est vierge de toute entrée, ce qui, pour une autrice éro­tique, est un comble. Je regrette infi­ni­ment cette dis­pa­ri­tion, vu la qua­li­té de ses textes. Je ne sais pas si elle a pris le large ou si Ama­zon a choi­si de la virer. J’espère seule­ment qu’elle refe­ra sur­face quelque part dans un ave­nir pas trop loin­tain. Si quelqu’un réus­sit à avoir des nou­velles de sa part, faites-moi signe !

Agathe Legrand
Exhib, chan­tage et sexe
Ama­zon Kindle
ASIN : B07N12YZHG

Réfé­rences

Réfé­rences
1 Elles l’ont peut-être été, je n’ai pas pu le véri­fier dans la liste assez impres­sion­nante des publi­ca­tions signées Agathe Legrand.
2 Agathe Legrand, Exhib, chan­tage et sexe, empla­ce­ment 4419
La Sirène de Montpeller