Ren­trée lit­té­raire – mon œil !

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Cette fois-ci, c’est offi­ciel, c’est la ren­trée lit­té­raire. S’il y avait encore des doutes, une news­let­ter reçue ce matin les a très effi­ca­ce­ment dis­si­pés. Et c’est Numi­log qui le dit, librai­rie numé­rique appa­rem­ment sou­cieuse de noyer ses lec­teurs sous l’a­va­lanche des titres que l’é­di­tion fran­çaise a l’ha­bi­tude de faire par­tir une fois que l’é­té tout dou­ce­ment touche à sa fin :

Numilog : C'est la rentrée littéraire !
Numi­log : C’est la ren­trée littéraire !

La liste des titres pro­po­sés par la librai­rie en ligne est révé­la­trice : Par­mi les édi­teurs, on trouve cer­tains des plus grands noms du pay­sage édi­to­rial : Gras­set, Stock, Gal­li­mard, Seuil, Actes Sud, Fayard, et j’en passe. Avec comme grands absents, encore une fois, toutes ces petites mai­sons pion­nières de l’é­cri­ture numé­rique, les Pure Players, qui pul­lu­laient au début de la deuxième  décen­nie du XXIè siècle et dont cer­taines existent tou­jours, mal­gré la vague de dis­pa­ri­tions qui ne cesse d’en empor­ter des nou­velles tous les ans : Wal­rus, Les Édi­tions NL, Publie.net, Les Édi­tions de Londres, Les Édi­tions Ska, et tant d’autres qui essaient tou­jours de s’im­po­ser en don­nant une voix à des auteurs sou­vent incon­nus au bataillon. Par­mi ces édi­teurs numé­riques (et je per­siste à les dési­gner comme tels, mal­gré le fait que beau­coup pro­posent aujourd’­hui des ver­sions papier de leurs titres) on trouve certes des approches dif­fé­rentes, et s’il y a des mai­sons plus « tra­di­tion­nelles » comme par exemple les Édi­tions NL (ancien­ne­ment Numé­rik­livres) avec leur cata­logue bien four­ni, il y en a d’autres (là, je pense prin­ci­pa­le­ment à Wal­rus diri­gé par Julien Simon dont l’al­ter ego Neil Jomun­si ne cesse de réflé­chir à pro­pos de ce que peut être la lit­té­ra­ture à l’âge du numé­rique enva­his­sant) qui essaient de don­ner de nou­velles impul­sions à la lit­té­ra­ture et à la façon de pro­po­ser et d’a­bor­der des textes.

À lire :
À propos des "auteurs numériques"

Il va sans dire que la ren­trée lit­té­raire, cette méga­lo­ma­nie bien fran­co-fran­çaise où les grands noms se taillent leurs parts de mar­ché et où les figures – et les textes à leur suite – de sai­son en sai­son se res­semblent, passe à côté de ces « petits » édi­teurs – si ce n’est qu’elle leur passe des­sus, à la façon d’un rou­leau com­pres­seur. Et tout ceci sans même abor­der le sujet des auteurs indé­pen­dants qui se passent entiè­re­ment des ser­vices d’un édi­teur et partent tout seuls à l’a­ven­ture, comme des grands.

On ne change pas le monde en pous­sant des coups de gueule, et les habi­tués de la Bauge connaissent les pré­fé­rences du San­glier. Il suf­fit de par­cou­rir la liste des titres pour se rendre compte que les Pure Players et les indé­pen­dants y ont un droit de cité tout ce qu’il y a de plus solide, et cette cou­tume n’est pas près de chan­ger. Et soyez assu­rés, chères lec­trices, chers lec­teurs, de retrou­ver, sur ma ser­viette de plage que je m’ap­prête à étendre dans les criques de la Côte Ver­meille, des auteurs et des titres que vous ne ris­quez pas de croi­ser en sui­vant les lec­teurs mou­ton­nants et les maga­zines lit­té­raires, déjà dans les star­ting-blocks pour remâ­cher les noms que vous retrou­ve­rez de ren­trée en ren­trée, au point de faire par­tie du décor d’un pay­sage édi­to­rial qui semble drô­le­ment en manque d’inspiration.

Voi­ci un échan­tillon des titres dont vous enten­drez par­ler dans les semaines qui viennent :

À lire :
Éric Neirynck, FACEBOOK mon amour !

Tabou n’a certes rien d’un petit édi­teur indé­pen­dant voire pure player, mais le monde de l’é­ro­tisme de qua­li­té (entendre par là, tout ce qui ne peuple pas les éta­gères où les 50 nuances tiennent le haut du pavé) se rétré­cis­sant comme peau de cha­grin, je n’ai pu résis­ter aux sirènes de leurs char­gés de com” :-)

S’a­joutent à cela quelques titres de chez Ska gra­cieu­se­ment mis à la dis­po­si­tion de votre ser­vi­teur par Miss Ska elle-même, et une nou­veau­té de chez Hugo qui, si elle obéit bien à la logique des ren­trées, me semble assez pro­met­teuse pour faire des conces­sions – d’au­tant plus que j’ai gran­de­ment appré­cié le pre­mier titre de l’au­trice, Décou­sue, paru jadis chez un petit édi­teur suisse avant d’être dis­po­nible en ver­sion numé­rique chez L’ivre-Book. J’ai nom­mé Outrage de Marys­sa Rachel.

Donc, chers amis, je ne chô­me­rai pas, mal­gré les appa­rences, et quand d’autres me croi­ront occu­pé à faire la crêpe sous le soleil de sep­tembre, je serai en train de vous pré­pa­rer quelques petits mor­ceaux pour célé­brer une par­tie bien peu visible de la littérature.

PS : Oui, je suis sans doute trop dur avec la ren­trée… On m’as­sure qu’on peut y faire de belles décou­vertes, et je n’empêcherai per­sonne d’al­ler se pro­me­ner dans les rayons des librai­ries pour y dégo­ter de nou­veaux talents. Si seule­ment vous pou­viez faire un tour chez les édi­teurs numé­riques aus­si ? Je vous assure qu’on y trouve des mer­veilles, et La Saga de Mô – pour ne don­ner qu’un seul exemple – réunit quelques-uns des meilleurs textes qu’il ait été don­né à ma liseuse d’accueillir.

Une dernière lecture estivale - Thierry Berlanda, Tempête sur Nogales
La lec­ture à la plage pour pré­pa­rer un automne sous le soleil – lit­té­raire (pho­to prise en 2016).
Dessin d'une femme nue debout, vue de profil. Elle tient un gode dans la main droite qu'elle est en train de s'introduire dans le vagin.
Dessin réalisé par Sammk95