Mais qui est donc Rita Renoir ? Je vous vois venir, chers amis visiteurs de la Bauge, ce nom vous fait sans aucun doute penser à la célèbre strip-teaseuse qui s’est produite, dans les années cinquante, au Crazy Horse, et qui a largement contribué à la renommée sulfureuse et néanmoins mondiale de cet établissement. Je vous le concède, vous avez un point, une telle artiste ne serait nullement déplacée dans la modeste demeure de votre serviteur. C’est même pour cela que je vous jette en pâture un clip où vous pourrez voir la beauté se lancer dans une danse des plus lascives :

Ce n’est pourtant pas de cette « tragédienne du strip-tease », qui s’est éteinte le 4 mai 2016 et dont la renommée est passée à la postérité, que je voudrais vous entretenir ici.
La Rita Renoir dont il sera question aujourd’hui est une dessinatrice qui a choisi de se servir du même pseudonyme que l’illustre actrice burlesque pour mieux développer ses aspirations artistiques :
Ma mystérieuse Rita m’a permis de renouer avec les activités artistiques que j’affectionnais mais que j’avais mis de côté ces dernières années. [1]Rita Renoir – Rita Renoir
Un coup d’œil – même ultra-rapide – sur les galeries qu’elle a rassemblées sur son compte Instagram suffit pour se convaincre de la pertinence de sa démarche et de la variété de ses efforts, des efforts qui, on l’espère, ne fournissent que la base de ce qu’elle peut encore atteindre.
À l’instar de l’autre Rita, celle que j’ai l’honneur d’accueillir dans la Bauge met, elle aussi, ses talents au service de la beauté, mais au lieu d’y aller de son corps entier (tant que je sache, au moins), elle se sert plutôt de son crayon, outil qui lui sert à imprimer au corps féminin une certaine indécence rendue d’autant plus frappante par une retenue tout simplement délicieuse. Retenue qui s’exprime non seulement dans les gestes pudiques et le regard souvent baissé ou détourné de ses femmes qui se livrent à la contemplation du spectateur avec une déconcertante insouciance, mais jusque dans le jeu des lignes qui les composent et qui en même temps les exposent, qui les font ondoyer et les étalent.
Au centre de son art se trouve donc le corps féminin, un corps où le visage – et plus particulièrement le regard – est le grand absent. Caché, détourné, baissé, il nous titille par son absence même, nous amène à poser des questions, à nous interroger à propos de la signification de l’exposition de ces femmes – est-elle concédée ? guettée ? espérée ? arrachée ? Et quel est donc le degré d’intimité que ces femmes concèdent aux regards qui voluptueusement se posent sur leurs courbes ? Jusqu’où ceux-ci peuvent-ils percer, et quels mystères – exactement – pénétrer ? On ne peut le savoir, les femmes de Rita Renoir préférant garder la main haute sur le spectacle dont elles restent les seules maîtresses.

Et pourtant, l’indécence est, elle aussi, de la partie, et elle se met en scène de façon d’autant plus provocatrice que les modèles restent aux commandes. Quel exemple plus pertinent que cette liseuse qui s’expose avec nonchalance dans une totale liberté frôlant l’impudicité au moment où le livre devient non seulement objet de convoitise, mais organe sexuel ouvrant ses pétales sous les regards inquisiteurs des spectateurs, les invitant à pénétrer aux tréfonds d’une intimité grande ouverte, accueillante, intrigante. Quelle plus belle invitation au voyage et à la lecture que celle formulée par ces lèvres écartées, et quelle meilleure garantie de satisfaction que ces doigts posés sur les pages et prêts à déclencher l’orgasme ?
J’ai croisé Rita Renoir, à l’improviste, dans les médias numériques. J’ai tout de suite été séduit par ses dessins, et j’ai été plus qu’heureux quand elle a accepté de contribuer une illustration pour la Bauge littéraire. Et comment vous dire mon bonheur quand j’ai enfin découvert le dessin que ma modeste demeure lui a inspiré ? Enfin quelqu’un qui ose l’indécence ! Qui présente une femme à la hauteur de l’impudicité qu’elle dégage à travers les contorsions de son corps et sur laquelle le texte se greffe en organe du plaisir. Quelle illustration pour un endroit consacré aux délices – charnels autant qu’intellectuels ! Et c’est Rita Renoir qui a su donner un corps à mes aspirations, et l’accueil que son dessin fait aux textes aussi bien qu’aux visiteurs capte l’essence même de l’érotisme tel que je le conçois.
Découvrir l’art de Rita Renoir
- Le compte Instagram de Rita Renoir
- Esquisse en douce – érotisme léger et poétique en textes et images de Rita Renoir – article paru chez Roomantic
- Rita Renoir se dévoile – article paru sur le site Désinformations.com
Références
↑1 | Rita Renoir – Rita Renoir |
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Commentaires
Une réponse à “Rita Renoir – indécente retenue”
Une belle artiste, incontestablement !