Voici un recueil dont le titre, vous l’aurez imaginé, n’est pas sans déplaire à votre serviteur. Des coquines ? Comment s’en passer ? Les vacances ? La période la plus intense de l’année. Des coquines en vacances ? Je dois être au paradis :-) ! Découvrir le recueil et le commander – après avoir pris quelques renseignements de base comme le nombre de pages et après avoir jeté un premier regard sur l’aperçu gentiment mis à la disposition du chaland par les elfes numériques du grand Jeff – fut donc l’affaire d’à peine quelques minutes, et me voici parti pour un voyage en compagnie de quelques ravissantes demoiselles qui ne se gênent pas quand il s’agit de faire valoir leurs atouts afin de profiter à fond de leurs séjours respectifs.
Les quatre textes réunis dans le recueil ont été écrits entre 2015 et 2017 et racontent chacun un épisode dans la vie de quatre jeunes femmes : Laura (Une envie pressante) ; Rose (Crème solaire) ; Elle (Fessée au clair de Lune) ; une anonyme (La photo). Et voici que cette énumération me fournit l’occasion de vous parler d’une particularité de l’univers érotique de Thalia Devreaux : Ses Coquines, c’est tout une ménagerie de personnages qui reviennent d’un récit à l’autre et qui en profitent pour se forger des identité approfondies à travers cette approche multi-angulaire. Parfois, elles sont les protagonistes de leurs récits, parfois des personnages de second plan, parfois des figurants et parfois juste de simples mentions dans la bouche d’une copine comme dans celle de Laura qui, en passant, évoque une de ses copines :
« Parfois nous abordons ce sujet [i.e. le sexe en extérieur] avec Rose, une très bonne amie. »[1]Thalia Devreaux, Une envie pressante. In : Les Coquines en vacances, emplacement 172
Disposer ainsi d’un ensemble de personnages qu’on peut faire interagir, c’est le moyen parfait pour donner une dimension supplémentaire aux textes, un peu à la façon des séries, et le lecteur a le plaisir de replonger, ne fût-ce qu’un instant, dans l’ambiance d’un autre récit grâce à l’évocation d’un souvenir qui, à la façon de l’éclair, ne fait bien sûr que passer, mais pas sans arracher à l’obscurité des détails supplémentaires qui permettent de conférer aux personnages une présence approfondie. Des personnages qui, en même temps, s’enrichissent grâce à des évocations ou des remarques capables de faire ressortir des facettes insoupçonnées.
Si le procédé côté personnages a tout pour me plaire, il y a un bémol que j’aimerais aborder dès le départ. La notion de vacances qui, après tout, est censée fournir le lien principal entre les récits, est ici tout ce qu’il y a de plus superficiel. Le premier récit Une envie pressante, s’ouvre sur l’affirmation de la protagoniste que cet été, de vacances, il n’y en aura pas pour elle. S’il est vrai qu’elle embarque tout de suite après à bord d’un train pour rejoindre son copain quelque part dans les montagnes, la notion de vacances se réduit au seul fait de voyager et à l’évocation d’un décor de montagne qui manque sérieusement de profondeur. Si la protagoniste de Fessée au clair de Lune est, elle, bien en vacances, l’intrigue aurait pu se jouer un peu partout – « L’une des nuits les plus torrides de ma vie se déroula au bord d’une petite départementale. »[2]Devreaux, Thalia. Les coquines en vacances, empl. 664 – et n’importe quand, pas vraiment besoin de partir en vacances pour se faire défoncer en bord de route. Mais la pire dans ce quatuor – remarquez bien que je ne parle pas ici de la valeur du texte, mais seulement de son rapport avec le leitmotif des vacances – est sans doute la dernière, La Photo, censée se dérouler en Crète, une île dont on ne voit strictement rien et qui se réduit à un nom qu’on aurait pu remplacer par celui de n’importe quelle autre île pourvu qu’elle évoque un quelconque lieu de villégiature. Heureusement qu’il y a Crème solaire dont le seul titre suffit pour me mettre sous le charme en évoquant la plage avec ses délices que je n’arrête pas de chanter depuis des années : la plage, les bikinis, l’odeur de la crème solaire qui monte aux narines et met entre parenthèses toutes les notions de morale, les baignades, les petits jeux, la protagoniste qui ne peut s’empêcher de faire joujou avec les garçons… le tout couronné par une petite balade qui tourne à une séance de triolisme.
L’honneur du recueil est donc sauf, et je peux le recommander aux amateurs des plaisirs estivaux, surtout parce que l’ingrédient principal d’un texte érotique y est servi avec toute la maîtrise nécessaire : Les aventures dans lesquelles l’autrice embarque les protagonistes sont tout simplement – bandantes. Cela commence sur les chapeaux de roues avec le voyage de Laura qui, le temps du trajet en train, se laisse aller à toutes sortes de rêveries érotiques à propos de la meilleure façon de séduire son chéri afin que celui-ci, le temps venu, la fasse grimper aux rideaux. Et quel plaisir de la voir passer à l’acte quand, une fois en route pour rejoindre la bande de copains dans leur maison de vacances, elle n’hésite pas à profiter d’une pause-pipi pour prendre les commandes et mener son petit copain là où elle veut par le bout de sa queue fièrement dressée.
J’ai déjà dit tout le bien que je pense de Crème solaire, un récit estival bien comme il faut où tous les ingrédients sont réunis pour permettre au lecteur de s’imaginer sur une plage ou dans un bois de pins en train de guetter les ébats des couples avides de s’offrir un peu de plaisir sous le soleil. Et c’est exactement ce qui se passe quand Thalia Devreaux prend le lecteur par la main pour le guider vers la plage où Rose est en train de séduire non pas un seul, mais bien deux garçons venus pour profiter de la faune locale en train de se prélasser sous le soleil. Et Rose, habile à jouer de ses atouts pour provoquer, pour soumettre et pour exciter juste assez pour se permettre de céder le contrôle aux hommes en rut, se révèle à la hauteur de sa réputation de coquine. La voir passer à l’acte, la voir avancer et reculer dans une stratégie qui ne vise qu’à l’excès des sens, c’est tout simplement délicieux.
Ensuite, c’est Elle qui se charge d’organiser des parties nocturnes de jambes en l’air. Encore que, dans son cas à elle, ce sont plutôt des parties à quatre pattes, à moins de passer sur les genoux de son amant d’un soir pour découvrir les plaisirs de la fessée. Et si la notion de vacances n’est ici qu’un détail ou plutôt un prétexte, ce sont quand même les températures estivales qui permettent à la protagoniste de réduire son costume au strict minimum, voire de pousser le vice jusqu’à se promener en costume d’Ève pour profiter à fond du désir qui l’a poussée entre les bras d’un inconnu qui restera le coup d’une seule nuit.
Le recueil se termine sur un récit assez court qui fait assister le lecteur à une séance de photos de charme qui dégénère en partie de baise. Mais à la différence des autres textes inclus dans le recueil, ce n’est pas le passage à l’acte qui est l’élément central, mais bien le quiproquo qui résulte de la maladie du modèle, ce qui incite sa copine, venue avec elle en Crète pour s’offrir quelques jours de vacances sous le soleil, à se mettre à sa place sous l’objectif du photographe inconscient de cette substitution. Si l’idée peut avoir un certain charme, je trouve que son exécution est assez maladroite, reposant sur le petit détail assez peu vraisemblable que le photographe ne sait pas à quoi ressemble le modèle qu’il a choisi pour une séance de photos en Grèce…
Si je peux me permettre de vous donner un conseil : fermez le recueil après avoir assisté à la Fessée sous la lune et foncez vers votre librairie numérique de confiance afin de consulter un des meilleurs titres d’Erika Sauw, Compromission, pour y découvrir à quoi peut réellement ressembler une séance de photo que le désir chauffé à blanc fait dégénérer…
En attendant, le recueil trouve toute sa place dans les liseuses ou les smartphones de l’estivant avide de nourritures très peu sages, et si ces quatre spécimens de ses Coquines vous ont mis l’eau à la bouche, vous pourrez consulter d’autres textes de Thalia Devreaux sur Atramenta où elle propose quelques nouvelles en lecture libre. Et c’est sur son site que vous pourrez consulter le répertoire de ses écrits avec même une page consacrée aux Coquines et à leurs apparitions dans les textes.
Mise à jour
C’est quelques instants seulement après avoir publié mon article que j’apprends que l’autrice vient de lancer une campagne de promotion estivale sur Kobo. Voici les détails : C’est l’été, les prix fondent !
Envie de vous frotter à des coquines ? Profitez donc de cette promo !
Thalia Devreaux
Les coquines en vacances
Auto-édition
Amazon : ASIN B073YHSK9L
Kobo : ISBN 1230001765113