Qu’est-ce que l’impressionnisme ? Tout le monde connaît (et utilise) le terme, et quelques noms se présentent aisément quand la conversation touche à ce courant de la peinture du XIXe siècle. Monet, Bazille, Renoir, Sisley, Degas, Cézanne, Morisot. Pourtant, il n’y a jamais eu d” »école » impressionniste. Ni de doctrine fixée par écrit et jetée à la face de la peinture académique, dite de Salon. Il y a eu un groupe d’artistes qui se sont rencontrés à Paris, dans l’atelier de Gleyre d’abord, et qui ont continué à se fréquenter et à travailler ensemble pendant des décennies. S’il y des exemples d’un « style » et d’une facture remarquablement proche (au point que Monet et Renoir, qui se sont amusés à peindre le même sujet, l’un à côté de l’autre, ont eu, plus tard, des doutes quant à l’attribution de ces tableaux), il y a aussi d’importantes divergences : Degas, p.ex. n’a jamais voulu travailler en plein air, et Cézanne ne rentre pas vraiment dans quelque catégorie que ce soit.

Il y a pourtant des raisons qui peuvent expliquer cette volonté de vouloir établir une école, un groupe, un courant « impressionniste ». Tout d’abord, des critiques d’art ont très tôt parlé de l’école de Batignolles pour désigner un groupe d’artistes qui s’est formé autour de Manet et qui a été opposé à l’art « officiel » (contrairement à Manet lui-même, qui a toujours vu le Salon comme le seul moyen d’arriver). Et puis, il y a l’acte « fondateur » qui a donné naissance au terme même qui, depuis, désigne ce groupe de quelques peintres qui a considérablement changé le cours de l’histoire de la peinture depuis, à savoir l’exposition de la « SOCIÉTÉ ANONYME DES ARTISTES PEINTRES, SCULPTEURS, GRAVEURS, ETC… » en 1874, mieux connu comme la première exposition des impressionnistes.

Je ne voudrais pas vous embêter avec trop de détails, mais il fallait poser quelques jalons avant d’introduire le personnage auquel est dédié cet article. Pierre Isidore Bureau a fait partie des artistes qui ont exposé, aux côtés des célèbres chevaux de bataille (en même temps organisateurs de cette exposition), dans l’ancien atelier de Nadar. Il a contribué quatre tableaux, dont je vous indique les numéros répertoriés dans le catalogue (reproduit sur le site nadar 1874 .net.
- 33. Le clocher de Jouy-Comte.
- 34. Près de l’étang de Jouy-le-Comte.
- 35. Bords de l’Oise (Isle-Adam), Clair-de-lune.
- 35 bis. Clair-de-Lune.
Il est difficile de trouver des ressources sur la toile traitant de cet artiste à peu près oublié. La base de donnée des musées français, Joconde, recense quatre tableaux, répartis dans trois musées mineurs :
- Clair de lune sur les bords de l’Oise, à l’Isle-Adam, au musée Louis Senlecq à L’Isle Adam (date d’exécution : 1867)
- La Route, conservé au même endroit
- Le chemin montant, qui se trouve à Beauvais, au musée départemental de l’Oise
- la Plage de Dieppe, détenu par le Château-Musée de la ville éponyme

Ce n’est pas beaucoup. Et l’absence de datation plus exacte pour les trois derniers tableaux témoigne du peu d’intérêt des historiens de l’art… Une recherche sur Google donne un résultat de 7 (!) pauvres pages où se trouvent surtout des liens vers deux de ces tableaux, « la Route » et « Clair de lune » (le tableau de l’exposition de 1874). Ensuite, mauvaise surprise, Wikipedia ne connaît pas du tout cet artiste, sauf dans sa qualité d’ancien résidant de la commune de Parmains (dans l’Oise, vous l’aurez deviné). Il faudrait donc se rendre dans des bibliothèques « analogues » pour en savoir davantage à propos de cet « impressionniste » occulte. Le problème, c’est le peu de temps dont je peux encore disposer pour ce genre de recherche. De l’autre côté, la ville de Cologne possède une bibliothèque dédiée à l’histoire de l’art où on va à coup sûr pouvoir trouver quelque chose. Je vais donc voir si je peux arranger une petite excursion dans les locaux de cette institution prestigieuse, mais en attendant, je vous donne à contempler les tableaux que j’ai pu trouver. Dites-moi ce que vous en pensez, et je serai peut-être plus motivé pour faire un petit effort ;-)
PS – j’ai d’ailleurs découvert cet artiste à travers une illustration dans un très beau livre des éditions Taschen : L’impressionnisme (ISBN : 978–3822850503). À recommander !
5 réponses à “Pierre Isidore Bureau – une absence (ces Impressionnistes qu’on oublie, part II)”
Très interessé par cet article
Je possède un tableau de P.I bureau qui représente une route d’entrée dans un village, de nuit (?) , avec à droite,un mur et le pignon une habitation ; à gauche , une habitation.
Sur la route on aperçoit, en début d’arrière plan, une silhouette fèminine, et en arrière plan, une silhouette masculine et un chien. En premier plan, un coq et des poules
Tableau sombre
Dommage, je n’ai pas reçu de nouvelles de la part de ce commentateur intéressant, malgré un mail envoyé il y a quelques semaines. Il a peut-être été perdu dans le dossier Spam ? J’aimerais voir ce tableau, sérieusement.
Bonjour
Effectivement je n’ai pas reçu votre mail.
Si vous le souhaitez je peut vous faire parvenir une photo de ce tableau
mnhaguet@orange.fr
Voilà, je viens de vous envoyer un mail. On va voir ce que le filtre anti-spam en fait ;-)
Bonjour
Je suis le propriétaire du tableau objet de votre courriel du 4 juin 2011
J’aurais aimé savoir si vous aviez progressé dans vos recherches sur Pierre Bureau
Avec mes remerciements