Avec ce roman, il n’y a pas la moindre ambigüité, et ce dès le départ : Le protagoniste du livre est bien – le grain de café. Et pour tous ceux qui n’auraient pas été mis sur la bonne piste par le titre pourtant peu équivoque, la page de couverture présente des grains de café en abondance. Cela n’empêche pas toutefois la présence d’une intrigue, mais celle-ci a du mal à s’imposer à côté des passages qui racontent le café, ses origines, ses terroirs, ses arômes, les meilleures façons de le consommer. Et je dirais même que cela est tant mieux, vu que l’intrigue présente un certain manque de profondeur (si ce n’est plutôt un manque certain…) : Julien, orphelin aveugle, grandit auprès de son grand-père torréfacteur. Inutile de préciser qu’il apprend le café dès le berceau. Viré pour cause de lèse-majesté (« Nespresso aussi fait du bon café. »), il se retrouve à la rue. Accueilli par son amie Johanna, il profite de sa liberté octroyée pour initier sa compagne de malheur à l’art de débusquer et de déguster les meilleurs jus à Paris. Dopé par trop de caféine, il conçoit le projet de se rendre au Brésil pour visiter une plantation. Il y apprend des détails de sa prime jeunesse tandis que Johanna, engagée pour lui servir d’oreille, se paie une randonnée (mal accompagnée) au Costa Rica. Quelques déboires et des litres de jus plus tard, le couple retrouve ses pénates, pourvu d’une somme rondelette laissée par le grand-père qui a eu la sagesse de leur laisser la route libre en crevant de façon fort opportune.
Bon, on peut concevoir qu’une telle intrigue n’est pas de celles qui font le bonheur du Sanglier. Mais cela n’a aucune importance vu que l’intention de l’auteur n’a visiblement pas été d’écrire le meilleur polar du siècle ou de remporter la palme du roman psychologique en adressant les états d’âme des aveugles au chômage. Non, il s’est agi, pour l’auteur, d’exprimer son amour du café, et le roman prouve qu’il est largement à la hauteur de ce défi. Au bout d’une cinquantaine de pages, je me suis retrouvé sur la toile, le groin fourré dans les manuels de la meilleur préparation du café, à la recherche des adresses des torréfacteurs de Cologne… Et je peux dire que le breuvage que je me prépare chaque matin se ressent déjà de ce que j’ai pu découvrir suite à ces études ! Si vous avez donc envie d’en apprendre des nouvelles à propos de votre boisson préférée, présentées sans la moindre pédanterie et d’une écriture agréable, ce livre est pour vous.
Le roman du café
Éditions du Rocher
ISBN : 978–2268075815