Avec ce volume consacré au sexe en vacances, paru dans la célébrissime collection Osez…, c’est à la Musardine que revient sans doute la palme de la lecture estivale par excellence, avec son florilège des hauts lieux de la villégiature et du vice. Que ce soit dans la capitale déserte du mois d’août où une fleur éclot au milieu du béton des cités, dans l’air printanier des Fêtes des Saintes-Maries-de-la-Mer, dans un pré normand où coulent d’autres sources encore que celles des ruisseaux, dans un bled vosgien où la douceur des eaux de la Meuse accompagne la tendresse naissante et timide de deux quadras timorés, au lac de Sainte-Croix dont les reflets bleutés teintent de leur charme les ébats initiatiques de la lycéenne entre les bras d’une femme mûre, ou encore sous une tente plantée quelque part sur une colline lozérienne, c’est grâce à l’ambiance des vacances, cette parenthèse de la vie, par où se glisse un ailleurs onirique dans l’existence la plus profane, propice à la naissance de désirs qui n’ont pas à attendre longtemps avant d’être comblés. Et c’est ainsi que le lecteur devient le témoin non seulement des ébats des protagonistes, mais encore et surtout de la naissance des souvenirs qui illumineront des existences entières et feront revisiter, encore et encore, ces endroits rendus magiques par ce qu’on y a vécu.
Dans ce recueil sont réunis vingt textes de dix-huit auteurs qui se lisent tous avec plaisir. Si certains fournissent tout juste un petit quart d’heure d’évasion, d’autres par contre s’incrustent, grâce à leurs personnages brossés par quelques mots rapides et drus, auxquels un passé entraperçu confère une dimension supplémentaire, et qui entrent par là dans une vie qui n’est plus circonscrite par les mots de l’auteur, mais uniquement par les bornes de l’imagination du lecteur contaminé.
On y trouve des passés qu’on devine douloureux, comme celui de Lucas et d’Èveline, héros timorés d’un texte aux couleurs de l’automne, qui se rapprochent l’un de l’autre tandis que l’année s’enfonce dans le froid et le noir de l’hiver (Vacance, de Frida Ebneter).
Il y en a d’autres, comme celui de la jeune fille tombée entre les bras d’une amante et initiatrice, marqué au fer chauffé à blanc de la passion par une expérience que se disputent la joie et la peine et qui met dix-huit ans, bercés par le souvenir des vaguelettes du lac de Sainte-Croix, à éclore (Le Lac, par Ian Cecil).
Puis, il y a des textes tout simplement pétillants qui, s’ils se tiennent loin de l’ambiguë magie des souvenirs, entendent explorer les instants d’un présent intense, quand des hommes et des femmes, emportés par le tourbillon des sentiments et des hormones, se jettent dans leurs bras – voire entre leurs jambes – que ce soit pendant un trajet en taxi (Les Saintes-Maries, par Aline Tosca), une escapade sur une plage naturiste (Plage des Salins, par Arthur Vernon), une randonnée en forêt qui, si elle révèle l’envie toujours aussi grande au sein d’un couple après des années de mariage, permet de découvrir les effets d’une vie peut-être un peu trop confortable (Forest Fire, par Frédéric Chaix), ou encore une virée dans les toilettes d’un TGV – scénario ferroviaire fort classique et dont la plume de Loïc Lecanu sait exploiter les charmes (Uzarche).
Je ne peux pas conclure cette note sans nommer un texte tout à fait remarquable par la peinture de la confusion des sentiments et de la gêne d’une de ses protagonistes qui, victime d’une erreur de réservation, se retrouve réduite à partager son appartement de vacances – et son lit – avec une jeune femme tout à fait désirable et plus qu’entreprenante. Si on peut se poser des questions à propos de la façon de motiver cette rencontre-là, l’illustration en est tellement appétissante qu’on est non seulement prêt à pardonner à son auteur cette petite faiblesse, mais encore à lui demander d’autres épisodes d’une sensualité aussi poignante (Erreur de réservation, par Tobin Williams).
Avec une telle panoplie de textes, on se demande pourquoi les éditeurs ont décidé d’ouvrir et de fermer le recueil par les morceaux les plus faibles. Surtout parce que ce sont précisément ces éditeurs-là qui devraient connaître la valeur des préliminaires… Quoi qu’il en soit de ce mystère-là, c’est un recueil qui se consume sans modération aucune, que ce soit au fond d’un appartement parisien ou sur une plage de Méditerranée. À mettre donc entre les mains de tout vacancier assoiffé de fantasme et de délire.
Osez… 20 histoires de sexe en vacances
La Musardine
ISBN : 9782364903524
Commentaires
2 réponses à “Collectif, Osez… 20 histoires de sexe en vacances”