J’aime l’érotisme, sous toutes ses formes. Ce qui a commencé par l’amour pour un genre littéraire s’est peu à peu étendu à d’autres domaines, surtout le dessin et la peinture. Depuis, j’ai commandé un grand nombre de dessins numériques pour servir à la décoration de ma demeure sur la toile, et je ne me lasse pas de lancer des expéditions en terrain inconnu, en suivant les pistes proposées par les moteurs de recherche, les articles de blog, les publications sur Instagram ou DeviantArt. Souvent, j’y rencontre des artistes qui me laissent bouche-bée, comme par exemple la maîtrise toute hopperienne d’un Bilfy Devdariani ou l’insolence décomplexée et porno d’un Popeye Wong dont la devise « Ruining art one image at a time ! »[1]« Ruiner l’art une image après l’autre ! » m’a fait exploser de rire quand je l’ai vue pour la première fois s’afficher sur son profil Twitter.[2]Popeye Wong est un artiste dont je n’ai pas encore eu l’occasion de parler, ce qui est au moins en partie causé par les grosses lacunes dans notre correspondance très intermittente, mais je suis … Continue reading
Mais je ne me suis pas lancé dans la rédaction de cet article pour vous livrer du blablatage à propos de ce que peut bien aimer votre serviteur, mais plutôt pour vous parler d’un artiste bien précis, à savoir Marcel-René Chassard. Contrairement à la plupart des artistes qui entrent dans ma collection – et qui sont de sacrés inconnus – Chassard a trouvé sa place dans les dictionnaires et les sites qui recensent la cote des artistes et les performances de leurs œuvres aux enchères. Le seul fait de s’y trouver n’est bien sûr pas une garantie de qualité, mais plutôt la preuve que les agents du marché de l’Art ont fait leur boulot et qu’ils arrivent à « placer » leurs clients. Quant à la qualité, on sait que dans un domaine comme l’Art, il ne peut y avoir des critères infaillibles et universellement reconnus. Pour ce qui est de moi, les seuls agents auxquels je fais confiance sont mes yeux et mes expériences visuelles. Et pour ce qui est de collectionner, je dois évidemment compter avec le contenu de ma bourse, ce qui ne me permet pas de faire des folies. Je reste donc dans le domaines des dessins – beaucoup plus abordables que la peinture – et j’essaie de trouver des débutants et des peu connus afin de me constituer une petite collection vers laquelle je reviens avec le plaisir de l’amateur fier de ses découvertes.

Quant au dessin dont je m’apprête depuis un certain temps à vous parler, je l’ai trouvé sur Ebay, offert par un marchand d’art allemand. Quand je fais de telles découvertes, j’ai l’habitude de lancer un moteur de recherche afin de me documenter. Et cette fois-ci, ce ne sont pas les résultats qui ont manqué à l’appel après avoir renseigné « Chassard ». Par contre, quand j’ai suivi les liens et les galeries rassemblées par les vaillants algorithmes, j’ai failli revenir sur ma décision. Parmi les peintures qui s’affichaient, il y avait de véritables croûtes qui seraient déplacées dans les vestibules d’une maison close[3]Et c’est un Allemand qui vous l’assure, quelqu’un donc qui peut aller voir ce qu’il en est dans les dites maisons…. Et quand on tombe sur Pahura la Polynésienne, on se demande si ce ne serait pas là une insulte à Gauguin et à sa vahiné Tehura, icône de l’Histoire de l’Art ?

Quoi qu’il en soit, une fois les yeux près de refuser tout service futur, je me suis rendu compte de ce qu’il y avait autre chose aussi parmi l’avalanche des résultats : des dessins ou plutôt des croquis d’une sobriété à se poser des questions quant à la pertinence des résultats de recherche : Aimée 376, Étude pour Danaé 75 ou encore la merveilleuse Colette 378.


Une remarquable sobriété – surtout par rapport aux Huiles – un usage magistral de la lumière qui se concentre autour des zones érogènes et surtout de la toison sombre, un érotisme remarquable qui se dégage de la pose désinvolte, des seins lourds et des cuisses légèrement ouvertes.
C’est après avoir vu ces beautés que je n’ai pu résister et que j’ai aussitôt contacté le marchand d’art en question. Comme ma bourse n’est pas assez bien garnie pour me permettre toutes sortes de folies, j’ai dû marchander et j’ai surtout dû opter pour une seule des beautés offertes. Mon dévolu est finalement tombé sur Aimée 376 (ou Études pour Aimée), une grande feuille où sont rassemblés plusieurs croquis – ou « études » – d’un modèle dans des positions assez diverses – debout, assis, couché. Je n’ai malheureusement qu’une photographie de très mauvaise qualité à vous proposer pour avoir au moins une idée de l’ensemble. Mais j’espère pouvoir étayer la bonne impression que j’ai eu de l’artiste en question après avoir longuement contemplé le/s dessin/s, et je rajoute quelques détails que j’ai pu rendre assez fidèlement grâce à ma caméra numérique (par contre, les couleurs, c’est plutôt moyen, comme vous allez le constater en regardant les trois photos).
Finalement, pour permettre à mes lecteurs de se faire une idée à propos de l’ensemble, voici le fichier obtenu à travers le site du marchand d’art sur Ebay. Vous êtes prévenus, la qualité est vraiment médiocre.

Marcel-René Chassard fournit l’exemple parfait de ce que les « petites formes » – dessins, études, croquis – souvent dédaignées par rapport à la « grande sœur » peinture, reléguées dans les cabinets des musées où quelques rares amateurs les contemplent sur rendez-vous – sont un moyen d’expression où la sobriété et l’exécution rapide font souvent bon ménage, aboutissant à une œuvre qui n’a rien à envier aux autres productions artistiques. Et parfois même les dépassent carrément, sans doute quand l’artiste a voulu en faire trop, ne sachant s’arrêter avant de sombrer dans le too much.
Vous aurez compris, chères lectrices, chers lecteurs que mes paroles et mes jugements n’engagent que moi, et que je parle de l’Art et des artistes en tant qu’amateur. Il faut aussi rajouter que je ne dispose pas d’une vue d’ensemble de l’œuvre de Marcel-René Chassard, mes opinions étant donc basées sur ce qui peut se trouver sur la toile, notamment dans les catalogues d’enchères. J’espère quand même que j’ai su traduire mon amour pour ces petits riens sur lesquels on tombe à l’improviste et qui dégagent un charme tout à fait extraordinaire. Comme ces merveilleuses Études.
Références
↑1 | « Ruiner l’art une image après l’autre ! » |
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↑2 | Popeye Wong est un artiste dont je n’ai pas encore eu l’occasion de parler, ce qui est au moins en partie causé par les grosses lacunes dans notre correspondance très intermittente, mais je suis sûr que cela viendra ! |
↑3 | Et c’est un Allemand qui vous l’assure, quelqu’un donc qui peut aller voir ce qu’il en est dans les dites maisons… |