Vous savez que je préfère vous parler des peintres impressionnistes « mineurs », peu connus et / ou mal appréciés. Mais, et une fois n’est pas coutume, je fais exception à la règle pour vous parler de celui dont le nom seul résume à peu près tout ce que le terme « Impressionnisme » peut susciter comme images et idées reçues : Claude Monet.
Celui-ci, après quelques années passées à Argenteuil, s’établit, en 1878, à Vétheuil, petite bourgade de quelques centaines d’habitants, aux bords de la Seine, et qui offre des sites pittoresques, immortalisés depuis par la soif irrésistible de peinture du maître de Giverny. Il suffit de lancer un moteur de recherche quelconque et d’entrer les termes « Monet » et « Vétheuil » pour se rendre compte de la prolixité qui est à l’origine de quelques 150 tableaux dont une bonne partie ont pour sujet des paysages voisins du nouveau domicile du peintre. Je vais pourtant vous faciliter la tâche : Suivez ce lien pour découvrir, l’un à côté de l’autre, une bonne partie des tableaux en questions. Soit dit en passant : c’est un véritable régal pour vos nerfs optiques :-) !
Mais pour en revenir au sujet de l’article. C’est hier que le musée des Beaux-Arts de la ville de Cologne a dévoilé l’existence, dans ses entrepôts, depuis vingt ans (!), d’un tableau peu connu de Monet : « Ambiance de printemps à Vétheuil » (je donne une traduction sans doute approximative, car les journaux allemands n’ont indiqué ni le numéro sous lequel le tableau est recensé dans le répertoire officiel, ni le titre français). L’histoire de l’acquisition est des plus curieuses.
Il paraît que, il y a plus de vingt ans, le curateur du musée (déjà sur le même poste donc à cette époque) a reçu un coup de fil d’une dame qui aurait voulu savoir comment se débarrasser de son Monet … Le bonhomme arrive, incrédule, et elle lui raconte qu’elle possède le tableau depuis l’année 1940, sans entrer dans le détail de l’affaire. Cette année-là suscite évidemment le trouble. S’agit-il de butin de guerre ? De la spoliation d’un collectionneur juif ? On ne le sait pas (encore). Le tableau se trouve dans le registre des œuvres d’art perdus (Art Loss Register), mais personne, à ce jour, ne l’a revendiqué auprès des autorités compétentes. Autre fait curieux : la femme a bien fait donation au musée du tableau en question, mais a stipulé que le silence le plus strict était à garder à propos de cette donation, jusqu’à sa mort. C’est pour cela que le mystère continuait à entourer cette œuvre, dont les traces se sont perdues depuis son acquisition par les négociants d’art Bernheim Jeune, en 1899 !
Je suis convaincu qu’on n’aura pas fini de parler de cette toile. Pour l’instant, soyons tout simplement contents de cette trouvaille inattendue, dont la beauté mérite d’être rendue accessible au plus grand nombre possible d’admirateurs. Rendez-vous, pour tous ceux qui habitent trop loin, sur le site du musée Wallraf-Richartz :
- une nouvelle acquisition du Wallraf (article en allemand)
- le site du musée (en anglais)
Commentaires
3 réponses à “Claude Monet – un tableau du maître de Giverny au musée Wallraf”
Après avoir écrit au musée Wallraf pour obtenir des renseignements plus détaillés, je peux vous préciser que le tableau en question porte le titre : « Au dessus de Vétheuil, effet de printemps » et est répertorié sous le numéro Wildenstein N° 587 dans le répertoire de l’œuvre de Monet.
Monet, Valladon, Auvers. C’est chez moi ! Je vais revenir, régulièrement m’abreuver à cette source. Merci.
Merci d’avoir laissé une trace de ton passage. Je sens que je vais partir à la découverte des hauts lieux de l’impressionnisme, la prochaine fois que je serai en France. Et comme ce sont surtout les peintres « oubliés », ou soi-disant mineurs, qui attirent mon intérêt, Étampes sera sans doute ma première destination :-) Mais je ne vais pas manquer de passer par Auvers, Pontoise, Giverny …