June Sum­mer, Retour au Cap

June Sum­mer est de retour dans les Lec­tures esti­vales du San­glier, et je parie que ni vos par­ties ni vos neu­rones ne res­tent indif­fé­rentes devant les pro­messes lubriques liées à l’u­ni­vers natu­riste et liber­tin du Cap d’Agde tel que vous avez pu le décou­vrir en com­pa­gnie de Jus­tine et de Jor­dane dans les volumes pré­cé­dents, Aven­tures liber­tines, le Cap ! et L’é­té de Jor­dane.

Il va sans dire qu’a­vec un pseu­do pareil et un sujet qui titille tous les sens, June a toute sa place dans ces colonnes dédiées aux joies de l’é­té avec son défi­lé de belles femmes légè­re­ment vêtues et prêtes à bati­fo­ler sur les plages inon­dées de soleil ou à céder aux ten­ta­tions moins avouables encore qui se vivent dans l’obs­cu­ri­té des boîtes et des clubs. Et le fait que June n’ar­rête pas de nar­guer votre ser­vi­teur avec ses publi­ca­tions autour du qua­trième volume de sa série à suc­cès y est sans aucun doute aus­si pour quelque chose. Parce que s’il est vrai que le texte que je vous pré­sente aujourd’­hui a été publié il y a quatre ans déjà, June est bien en train de nous pré­pa­rer un petit nou­veau qui ne devrait pas tar­der à voir la lumière du jour :

Le livre en écri­ture « Le Cap, la Suite ! » pro­gresse avec rapi­di­té, au fil des aven­tures vécues par ses héroïnes déjà pré­sentes dans les volumes pré­cé­dents de cette saga éro­tique-roman­tique.1

J’ai d’ailleurs envoyé un mail à June pour connaître la date exacte. Que je vous révé­le­rai dès que j’au­rai une réponse2. Mais aujourd’­hui, il sera ques­tion du tome pré­cé­dent que – pour des rai­sons qui m’é­chappent – je n’ai pas encore eu l’oc­ca­sion de pro­po­ser à la bande jouis­sive de mes lec­trices et lecteurs. 

Celle-ci sera ravie de trou­ver dans le volume en ques­tion de la Saga Aga­thoise une nou­velle pro­ta­go­niste, June Sum­mer, dont les cha­pitres vont, au fur et à mesure, dévoi­ler les péré­gri­na­tions éro­tiques et liber­tines. Et dont on peut ima­gi­ner qu’elle par­tage avec son autrice bien plus de qua­li­tés que le nom de plume et le fait d’être écri­vaine. Fait qui d’ailleurs four­nit le pré­texte pour l’in­trigue3 vu que June est invi­tée au Cap pour une séance de dédi­caces. Et comme June – l’au­trice, en l’oc­ca­sion – voit les choses en grand, son héroïne homo­nyme sera super­be­ment accom­pa­gnée pour ses péré­gri­na­tions éro­tiques et liber­tines. Parce que la nou­veau­té prin­ci­pale de ce troi­sième volume consiste à intro­duire dans l’in­trigue les héroïnes des autres volumes qui viennent rejoindre June au Cap dans la recherche d’une liber­té de tous les sens, incon­ce­vable ailleurs que dans ces parages mythiques bai­gnés par les eaux méditerranéennes.

C’est ain­si que nous sui­vons, à tra­vers les cha­pitres, les par­cours de Jus­tine (pro­ta­go­niste du pre­mier volume de la saga), de Jor­dane (pro­ta­go­niste de l’é­té épo­nyme, en com­pa­gnie, celle-ci, de son amou­reux Kenan) et de June, par­ties de leurs dif­fé­rentes contrées avec un seul et même but. Et pour intro­duire un peu plus de diver­si­té, on y croise aus­si un couple de jeunes amants, Élo­die et Tris­tan, dont l’âge (début de la tren­taine) tranche assez net­te­ment sur celui des autres héroïnes toutes pas très loin de la soixan­taine. Ce qui donne à l’au­trice l’oc­ca­sion d’in­tro­duire de dif­fé­rentes pers­pec­tives sur le liber­ti­nage. Qui se vit dif­fé­rem­ment selon l’âge et les expé­riences. Ce sera même un point non négli­geable abor­dé dans le texte que celui des chan­ge­ments que peuvent appor­ter les années avec leur lot d’ex­pé­riences et leurs effets sur des corps qui ne res­tent pas éter­nel­le­ment jeunes. Mais cette diver­si­té obte­nue grâce à la mul­ti­tude de per­son­nages ne suf­fit pas à l’au­trice. Qui a le culot de glis­ser dans l’in­trigue la jeune Jen, pro­ta­go­niste d’une autre de ses sagas, Un voyage inavouable, parue en deux volumes4 en 2012 et 2014 respectivement.

À côté de ces per­son­nages émi­nents ras­sem­blés autour de June, le lec­teur a le plai­sir de retrou­ver d’an­ciennes connais­sances côtoyées à l’é­poque des pre­mières Aven­tures liber­tines. Il y a Richard, l’an­cien amant de Jus­tine qui ouvre le bal avant de rejoindre le bal­let évo­luant autour de la déli­cieuse Jus­tine, il y a Josiane, ins­tal­lée, depuis sa rup­ture avec son ancien mari, de façon per­ma­nente au Vil­lage et tra­vaillant pour une agence de loca­tion, ain­si que sa copine Ray­monde. Des per­son­nages certes de second plan – voire de troi­sième -, mais qu’on se réjouit de retrou­ver et qui servent à ren­for­cer les liens entre les dif­fé­rentes par­ties de la Saga.

Tous ces per­son­nages réunis au Cap pour une semaine de vacances et de débauche y vivront d’ex­tra­or­di­naires aven­tures sur ses plages et dans ses boîtes, des aven­tures plus ou moins enso­leillées, mais dont cer­taines se teignent de cou­leurs plus sombres, comme par exemple la soi­rée pas­sée dans la Boîte à sévices, club SM qui abrite une dimen­sion oni­rique dans laquelle June manque de très peu de se perdre. Ou quand la jalou­sie s’in­tro­duit dans le jeu, ce qui manque de faire écla­ter le couple des jeunes un peu trop entre­pre­nant qui, à l’op­po­sé de leurs aînées, manquent d’ex­pé­riences et de sagesse pour tenir en échec la mul­ti­tude de sen­sa­tions par­fois très violentes.

À lire :
Josep Giró - l'intimité incandescente

Si les retrou­vailles avec toutes les pro­ta­go­nistes fémi­nines du Cap sont l’oc­ca­sion pour l’au­trice d’in­car­ner une mul­ti­tude de facettes aus­si bien éro­tiques que sen­suelles et d’ob­te­nir ain­si une belle varié­té dans l’in­trigue, le coup de génie est, au moins d’a­près l’a­vis de votre ser­vi­teur, l’ap­pa­ri­tion de Jen. Qui non seule­ment per­met de créer des liens sou­ter­rains entre les textes (et de mon­trer ain­si les liens sous-jacents qui tissent et sup­portent la toile de l’u­ni­vers lit­té­raire de June Sum­mer), mais qui pro­pose aux lec­trices et aux lec­teurs d’a­bor­der des phé­no­mènes sup­plé­men­taires enri­chis­sant la réflexion et offrant de suivre une mul­ti­tude de pistes où la pen­sée n’est plus déli­mi­tée par le seul texte et son intrigue.

D’un côté, Jen est l’en­voyée d’un uni­vers fan­tas­tique et oni­rique près de se super­po­ser au nôtre5, tout aus­si tan­gible dans sa réa­li­té lit­té­raire que celui qui entoure June dans sa vie de tous les jours. Qui n’est donc plus seul à pou­voir pré­tendre au titre de réel, dans la mesure où tous ces uni­vers ont été créés par la seule June. De l’autre, et c’est sans doute le côté le plus sombre du roman, la pré­sence de Jen per­met d’a­bor­der le sujet très sérieux de la psy­chose, même évo­qué à mots cou­verts6, où l’on a peur de voir som­brer June. Une June qui semble de plus en plus erra­tique, qui échappe à ses amies, qui côtoie des per­son­nages que d’autres ne voient pas (encore), capable d’en­tendre des voix inau­dibles aux autres. Autant de symp­tômes d’une psy­chose à un stade déjà avan­cé. Per­met­tez-moi d’in­sis­ter un peu sur ce point, vu qu’il s’a­git là d’un phé­no­mène pas si rare que ça qu’on voit tou­cher un grand nombre de femmes, sur­tout autour de la méno­pause, une mala­die au pro­grès sou­vent très lent et qu’il est dif­fi­cile de cer­ner, mais capable de détruire des rela­tions et des vies. Je tiens à adres­ser ici un grand mer­ci à l’au­trice d’a­voir eu le cou­rage de par­ler de ce mal trop sou­vent invi­sible. Ce qui plus est, d’en par­ler dans un uni­vers inon­dé de lumière esti­vale qui très sou­vent aborde plu­tôt les côtés plus lumi­neux et jouis­sif de la condi­tion humaine.

Mais il ne faut pas oublier non plus le côté lumi­neux, c’est-à-dire la vie esti­vale près de la mer et sous un soleil omni­pré­sent qui fait scin­tiller les vagues, qui chauffe le sable à blanc et qui fait bron­zer les peaux dénu­dées relui­santes de crème solaire. Un bal­let des corps des plus sen­suels, pré­lude à celui des bars, des clubs et des boîtes de nuit où ces mêmes corps se frottent les uns contre les autres, chauf­fés – à défaut de soleil – par le désir, car­bu­rant essen­tiel du Cap. Et June Sum­mer excelle à l’art de dres­ser des conden­sés esti­vaux qui ren­ferment comme l’es­sence de cette sai­son heureuse :

Enfin, [Jor­dane et Kenan] notèrent au loin deux femmes qui se dou­chaient ensemble, riant et plai­san­tant. Elles avaient un peu la sta­ture de Jor­dane, grandes avec des formes géné­reuses, des seins fiers, des che­veux longs qu’elles rin­çaient en ren­ver­sant la tête en arrière sous l’eau ruis­se­lante qui les nim­bait de lumière éblouis­sante.7

Ce pas­sage évoque un autre détail qui mérite une inves­ti­ga­tion plus appro­fon­die. Les deux femmes aper­çues par Jor­dane et Kenan sont bel et bien Jus­tine et June. Qui ont donc « un peu la sta­ture de Jor­dane ». Et dont voi­ci un détail évo­qué un peu plus tôt :

Elles étaient toutes deux grandes et élan­cées avec des formes géné­reuses et des che­veux clairs, un teint mat et des yeux noi­sette.8

La res­sem­blance entre les trois femmes est un phé­no­mène men­tion­né assez sou­vent dans le texte. Et com­ment pas­ser à côté d’une par­ti­cu­la­ri­té aus­si remar­quable quand de telles beau­tés évo­luent en groupe, dans une tenue qui au lieu de cacher leurs charmes met ceux-ci bien en évi­dence ? Si elles ne sont pas déjà vêtues de leur cos­tume pré­fé­ré, à savoir celui d’Ève… La pré­sence simul­ta­née de June, de Jus­tine et de Jor­dane, au même endroit et en même temps, per­met­trait donc au type (sans doute celui de l’au­trice elle-même) qu’elles incarnent de se dédou­bler et de se décli­ner sur une mul­ti­tude de facettes. Comme si un seul corps ne serait pas assez pour expri­mer tout ce qu’une per­son­na­li­té pour­rait res­sen­tir et être ame­née à vivre. Inté­res­sante varia­tion sur le motif lit­té­raire du Dop­pelgän­ger qui d’ha­bi­tude incarne une enti­té plu­tôt mal­veillante, tan­dis que les trois pro­ta­go­nistes du Retour au Cap, enve­lop­pées de lumi­no­si­té, n’ont rien d’obs­cur, l’au­trice pro­fi­tant au contraire de leur dédou­ble­ment pour aug­men­ter et conden­ser la charge éro­ti­co-sen­suelle du texte. Le côté légè­re­ment inquié­tant est dévo­lu par l’au­trice à une autre de ses pro­ta­go­nistes, Jen, qui intro­duit des réflexions plus sombres dans le texte, p.ex. sa jalou­sie exa­cer­bée et mala­dive face à Kris quand celui-ci se pointe dans le Train pour rame­ner sa copine :

« L’autre femme, que Kris sup­po­sa être la fameuse Jen, sou­rit avec mépris ; — « Ceux qui t’aiment ? » Per­sonne ne l’aime autant que nous, autant que moi ! n’est-ce pas, June ? […] Jen s’interposa sur un ton furieux : — Per­sonne ne l’aime plus que moi !« 9

Autre détail remar­quable, il n’y a que le Cap qui ait le pou­voir de faire coexis­ter ces trois décli­nai­sons qui nous font par­ti­ci­per à leurs aven­tures et à leurs par­ties de jambes en l’air. Dès que s’an­nonce le départ, on les voit se sépa­rer afin de rega­gner leurs foyers res­pec­tifs. Le Cap se pré­sente donc comme un endroit d’une sin­gu­lière attrac­ti­vi­té (au sens éty­mo­lo­gique d’atti­rer), endroit où toutes les facettes convergent pour y être mises en valeur. Un endroit bel et bien – singulier !

À lire :
Roseline Parny, Un été d'enfer

Je ne vou­drais pas vous lais­ser, chères lec­trices, chers lec­teurs, sans vous dévoi­ler une scène superbe de sen­sua­li­té, sans doute une des meilleures dans l’œuvre de June Sum­mer, une scène où l’a­mour se décline aux rythmes des corps et des chattes qui se frottent afin que l’ex­tase phy­sique vienne faire com­bler un amour des plus spi­ri­tuels, celui de June et de Jen, son per­son­nage et amante :

Sur sa ter­rasse, June allon­gée sur le mate­las tiré dehors, fai­sait l’amour avec Jen, pas­sion­né­ment, furieu­se­ment. Elles se tenaient tête-bêche et jambes entre­croi­sées, s’attirant l’une contre l’autre pour mieux se faire jouir par leurs chattes acco­lées, ondu­lant sou­ple­ment pour inten­si­fier ou varier les sen­sa­tions déli­cieuses qu’elles savaient si bien se don­ner. Elles allaient jouir jusqu’au bout de la nuit…10

À vous le plai­sir de suivre les par­cours des per­son­nages afin de finir, en com­pagne de ces deux amantes superbes, sur la ter­rasse de June, dans un endroit mythique où rien ne semble impos­sible et où le scin­tille­ment des étoiles berce les rêves et accueille les jouissances.

Je ne peux que recom­man­der ce texte pour pré­pa­rer voire pour accom­pa­gner des vacances sous le soleil. Et peut-être qu’il pour­ra même don­ner envie aux unes et aux autres de voir de plus près11 à quoi pour­rait res­sem­bler ce lieu de débauche, cet endroit qui per­met de s’as­su­mer loin des conven­tions, de renouer avec une cer­taine authen­ti­ci­té, trop sou­vent diluée dans le quo­ti­dien pas­sé loin des rivages enchan­tés célé­brés par June Sum­mer. Et puis, ce texte est aus­si une mer­veilleuse réflexion sur la créa­tion lit­té­raire, sur la condi­tion des auteurs et le rôle de ceux-ci en tant qu’ar­chi­tectes de leurs uni­vers et de leurs créa­tures. Des créa­tures qui peuvent très bien venir les han­ter, voire les absor­ber. « Well done ! » Mme Summer !

June Sum­mer
Retour au Cap
Auto-édi­tion
ISBN : 979–8732640861

  1. La Tri­lo­gie d’A­ven­tures Liber­tines s’a­gran­dit d’un 4e volume…, article publié le 23 février 2025 sur le blog June Sum­mer auteure. ↩︎
  2. Et le voi­ci qui vient de paraître comme June l’an­nonce dans son article du 2 juin 2025 : Le Cap, la Suite ! est dis­po­nible à la vente ! J’es­père que mon article vous aura don­né envie de connaître la suite des Aven­tures liber­tines autour du Cap de tous les rêves. ↩︎
  3. Un détail qu’on retrouve dans le compte-ren­du d’une telle dédi­cace dans un article de son blog : Dédi­cace au Cap ! ↩︎
  4. Un voyage inavouable 1 est d’ailleurs annon­cé comme « le pre­mier tome de la tri­lo­gie » (cf. la pré­sen­ta­tion sur sa page sur Ama­zon). Le troi­sième volume n’a pour autant jamais exis­té, et la tri­lo­gie est res­tée inache­vée. Un détail auquel June, confron­tée par ses propres per­son­nages, fait allu­sion dans le roman, comme dans le pre­mier dia­logue avec Mon­sieur Chris­tophe qui l’in­vite à reprendre la plume, à quoi elle répond, avec un culot d’au­trice : « Mais non, je ne suis plus ins­pi­rée… » (cha­pitre 7, Voyage) ↩︎
  5. Ou, pour le dire avec plus de pré­ci­sions, à celui dans lequel évo­lue June en com­pa­gnie de ses amies. June étant, en tant qu’au­trice-démiurge, le point de conver­gence des per­son­nages, de leurs vies et de leurs cir­cons­tances. ↩︎
  6. Voi­ci un bel exemple de cette réserve dans la bouche de Jus­tine : « Il faut la rat­tra­per, elle (i.e. June) n’a pas toute sa tête ! » ↩︎
  7. June Sum­mer, Aven­tures liber­tines, retour au Cap !, p. 177 ↩︎
  8. June Sum­mer, Aven­tures liber­tines, retour au Cap !, p. 135 ↩︎
  9. June Sum­mer, Aven­tures liber­tines, retour au Cap !, p. 481 ↩︎
  10. June Sum­mer, Aven­tures liber­tines, retour au Cap !, p. 428 – 429 ↩︎
  11. Et dire que j’ai une amie qui habite à deux pas du vil­lage mythique. Je viens de lui offrir le livre ;-) ↩︎

Dessin d'une femme nue debout, vue de profil. Elle tient un gode dans la main droite qu'elle est en train de s'introduire dans le vagin.
Dessin réalisé par Sammk95