À la fin de Like a Virgin, on avait quitté les deux protagonistes, Agnès et Fabrice, à l’aéroport d’Hyères où ils avaient pris rendez-vous avec Angèle, une des amie d’Agnès parties avec elle dix ans plus tôt pour vivre des vacances sous le soleil. Celle-ci venait de planter Fabrice – devenu son mari depuis – devant le carrousel à bagages pour rejoindre son amie le plus tôt possible. Beau détail qui annonce aux lecteurs la couleur des événements à venir et que l’autrice – à travers la plume d’Angèle – ne tardera pas à étaler sous les yeux de lecteurs avides de belles rencontres, preuve tangible d’une complicité des plus sensuelles établie entre les deux jeunes femmes depuis les vacances mythiques à Porquerolles.
Tout comme dans Like a virgin, première partie de La Fleur de Porquerolles, l’intrigue proprement dite de ce nouveau volume est enveloppée dans un récit-cadre qui transporte les personnages dans le temps – dix ans en avant, en l’occurrence – et elle est rapportée à travers les entrées d’un journal. Un journal dont on apprend maintenant qu’Agnès – dont les escapades sont exposées par elle-même dans la première partie – n’est que la moitié d’un tandem d’autrices, l’autre partie ayant été confiée à Angèle qui se glissera dans la peau de la narratrice afin de raconter les évènements qui auront lieu après la dernière initiation d’Agnès. Dont on se souvient que Fabrice lui avait promis que « [s]on sexe sera la dernière virginité« 1 qu’il lui prendra. C’est donc chose faite, mais les événements sont apparemment – au plus grand plaisir des lectrices et des lecteurs – loin de s’arrêter après avoir pris un aussi bel élan. Et quelle meilleure publicité pour ce nouveau récit que de rassembler les aventures d’Angèle sous un titre qui sent si bon les étés de délire d’une jeunesse insouciante – Sea, Sex and Sun2 !
Après la belle Agnès et ses multiples initiations, c’est donc au tour d’Angèle de prendre le relais et de se mettre à la place de son amie pour nous détailler, dans un récit chaud brûlant, les événements marquants d’une autre initiation qui, si elle reflète par maints détails celles d’Agnès, est surtout une suite d’événements uniques, capables de donner une orientation et un sens à une vie entière – que nous sommes appelés à découvrir…
Mais avant de vous parler des détails croustillants impatiemment attendus par une foule de lecteurs, voici un petit truc qui pourra se révéler utile : Il est impératif de se rappeler que c’est désormais Angèle qui aura obtenu la position de narratrice à la première personne. Comme les noms des deux jeunes femmes ne sont pas sans se ressembler, cela peut parfois porter à confusion et votre serviteur a dû des fois revenir en arrière afin de démêler les fils. Du coup, si vous aussi deviez vous perdre dans les contorsions des multiples partenaires, cherchez le « je » ou le « moi » et vous saurez à quoi – ou à qui – vous en tenir ;-)
L’intrigue fait donc un grand saut en arrière et on apprend, à travers la plume d’Angèle, que les vacances déjà abordées dans le plus grand détail par sa copine n’ont pas été, contrairement à celles d’Agnès, une pure partie de plaisir. Je vous laisse découvrir les détails d’un épisode sordide, mais sachez que la jeune femme en a été réduite à demander l’asile auprès d’Agnès et de son amant. Et que c’est ensuite entre les bras – et entre les cuisses – de celle-ci qu’elle a commencé à retrouver goût à la vie. En même temps qu’au plaisir. Un plaisir frais, renouvelé et tout à fait différent de ce qu’elle avait pu imaginer et dont Agnès s’occupe à lui révéler des facettes dont elle ne soupçonnait même pas l’existence. Et tout comme Agnès, Angèle passera par une multitude de mains, finira par s’empaler sur un certain nombre de bites et de langues et par se faire bouffer la chatte par des bouches expertes avant d’avoir retrouvé une innocence dont le plaisir sans remords n’est que le plus beau prix.
En attendant ce dénouement des plus heureux, Angèle mènera ses lecteurs et ses lectrices à travers les dédales d’un univers estival où le Minotaure, avide de chair fraîche et bien mouillée, n’est jamais bien loin. Sauf que celui-ci n’est pas toujours du sexe qu’on croit connaître à travers les mythes. Agnès et Fabrice feront voir de toutes les couleurs à leur jeune amie, lui programmant « la totale » chez Minette, la faisant goûter aux plaisirs mitigés de la jouissance portée à son paroxysme par une bonne grosse dose de culpabilité, lui infligeant les morsures des outils de correction et la lâchant enfin dans une soirée libertine sur l’île mythique de Levant, royaume du naturisme3. Ses lecteurs auront, eux, le privilège d’assister à ses découvertes depuis la meilleure des places – ses propres réflexions et son ressenti. Parce qu’Angèle aura soin de nous raconter tout ce qu’elle ressent pendant que la bite factice d’Agnès se fraye un passage dans ses fondements pour lui enlever sa virginité anale, pendant qu’elle se tortille autour du corps de son amante dans les eaux cristallines de la Méditerranée ou au moment de se révéler femme-fontaine.
Tout comme pour Agnès, les initiations multiples, les innombrables confrontations avec l’autre qui révélera une multitude infinie de facettes, finiront par imprimer sur Angèle un sceau indélébile, par donner à sa vie une nouvelle orientation – professionnelle aussi, mais pas que – en lui ouvrant de nouvelles perspectives sur la vie et ce qu’elle peut lui offrir. Et en lui faisant comprendre que les paroles et les signifiés sont malléables et qu’il appartient à chacun de trouver sa place dans le dédale des perspectives. Quant à Angèle, elle finira par s’approprier la parole qu’on avait l’habitude de lui lancer comme la pire des insultes :
Je porte désormais cette indignité et ce mot vulgaire comme une fierté. Je suis devenue une salope par orgueil…4
Vous aurez compris que j’ai franchement adoré lire les deux textes rassemblés sous le titre de La Fleur de Porquerolles. Les aventures d’Agnès et d’Angèle ont tout pour séduire l’amateur de pornographie érotique sous le soleil estival dans une ambiance d’indécente légèreté. Je dois pourtant aborder un côté moins séduisant, un point toujours trop présent dans les textes des auteurs et autrices auto-édités, dans lesquels je trébuche un peu trop souvent sur des coquilles ou des fautes qu’il aurait été facile de corriger. Depuis le participe dédoublé (« après avoir appris dans un fou rire appris à larguer les amarres« 5) en passant par une parole quelque peu accidentée (« Je porte mes phalanges imprégnées de cyprine à ma bouche et me lèche longuement avant de passer ma, mais [sic !] sur mes obus devenus durs…« 6) jusqu’à la phrase complètement aberrante (« Mon abricot collé sur sa bouche que je me fais alors lécher« 7), le texte8 est malheureusement truffé de ce genre de coquilles et d’erreurs de composition qui s’expliquent sans doute par la rapidité de la composition et un peu trop de hâte à vouloir jeter le texte en pâture à un public avide de galipettes. Mais le texte aurait sans aucun doute profité d’un peu de calme et d’un travail éditorial approfondi. C’est d’autant plus dommage que l’intrigue est franchement ravissant et que le texte satisfait les exigences des lecteurs aux appétits les plus indécents. Et de celles et de ceux, évidemment, qui tout simplement adorent voir évoluer de jeunes personnes sous le soleil d’un été méditerranéen. Avec rien entre les rayons de soleil et les peaux dénudées sauf peut-être une couche de crème solaire…
Avant de conclure, un dernier mot à propos de la couverture. Juste un petit détail qui – malgré le peu d’importance pour ce qui est de la qualité du texte ou du charme de l’intrigue – qui m’a pourtant dérangé. Au point de vouloir en parler ici. C’est la couverture ou plus précisément la femme qui y est présentée. Est-ce qu’il n’y a rien qui vous saute aux yeux, à vous autres lectrices et lecteurs ? Moi, quand je les contemple – ce que je fais avec un énorme plaisir, vous pouvez me croire sur parole – j’y vois deux femmes séparées par bien plus qu’une seule décennie. Mais regardez un peu :

Et souvenez-vous de l’âge que l’autrice a donné à ses protagonistes – dix-huit ans. C’est-à-dire que le modèle est censé avoir 28 ans sur la couverture du second volume. Et même s’il devait s’agir d’Angèle – protagoniste de Sea, Sex and Sun – elle a le même âge qu’Agnès. Quant à moi, j’y vois une femme bien plus près de la cinquantaine que de la trentaine. Ne vous méprenez pas sur ce que je voudrais exprimer ! J’adore les femmes « mûres », les MILF et autres déesses qui, du haut de leurs expériences, nous font voir de toutes les couleurs. Mais ici, sur la couverture d’un texte qui parle, dans les deux tomes, de femmes jeunes – voire très jeunes – cela cloche. Je sais, c’est bête d’insister sur un détail d’aussi peu d’importance, mais il y a parfois des choses qui te trottent dans la tête et te taquinent. Voilà, c’est tout.
Ce détail mis à part, je ne peux que recommander ce petit roman jailli de la plume de July Derval. Bien construit, aux détails succulents, baignant dans une merveilleuse ambiance estivale, c’est tout et bien plus que ce que je peux demander à une Lecture estivale. Franchement, the texte à emporter sur la serviette !
July Derval
La fleur de Porquerolles – 2. Sea, Sex and Sun
KindleUnlimited
ASIN : B0BW4CN9ZF
- July Derval, Like a Virgin, position 126 ↩︎
- Qui ne se souviendrait avec plaisir de la collection homonyme publiée par La Musardine dans leur collection « Vingt histoires de… » ? ↩︎
- C’est ici que j’adresse un grand bonjour venu du fond du cœur au maître incontesté du naturisme, chantre de la beauté des plages de son coin du monde et de la faune qui les peuple. J’ai nommé Maître Golov, patron des Lectures estivales. ↩︎
- July Derval, Sea, Sex and Sun, position 508 ↩︎
- July Derval, Sea, Sex and Sun, position 1002 ↩︎
- July Derval, Sea, Sex and Sun, position 504 ↩︎
- July Derval, Sea, Sex and Sun, position 1127 ↩︎
- J’ai remarqué cela surtout dans le deuxième volume d’où tous les exemples cités ont été tirés. ↩︎