Jean Arec, Manon au Cap : Initiations

On pour­rait dire que, en cette sai­son esti­vale 2025, le Cap a la cote. Au moins pour ce qui est de votre ser­vi­teur vu que le texte signé Jean Arec – que je ne vais pas tar­der à vous pré­sen­ter – est déjà le deuxième qui ins­talle ses per­son­nages au pied du Mont Saint-Loup, ancien vol­can dont la braise sou­ter­raine semble tou­jours, par des voies aus­si occultes que mys­té­rieuses, ani­mer la flamme du désir éro­tique voire libidineux.

Si le Cap a déjà été mis à l’hon­neur dans les colonnes de ma Bauge (dif­fi­cile pour un por­no­vore tel que votre ser­vi­teur de contour­ner un endroit à la renom­mée aus­si déli­cieu­se­ment sul­fu­reuse), Jean Arec est un nou­veau venu que je tiens à accueillir avec tous les hon­neurs dus à un auteur qui a le cou­rage – même s’il signe ses textes éro­tiques avec un nom de plume – de mon­trer sa figure et de dévoi­ler ses anté­cé­dents. Lit­té­raires et autres. Je sou­haite donc la bien­ve­nue au Sieur Arec aka Alain Decortes. Et un grand mer­ci de la part du San­glier, au nom de toutes celles et de tous ceux qui – trop nom­breux, hélas – se sentent tou­jours obli­gés de se cacher. Et bien trop sou­vent d’ailleurs pour des rai­sons pertinentes.

Manon au Cap, donc ! Voi­ci une petite série qui, ini­tiée en jan­vier 2024 (date du dépôt légal), compte déjà trois volumes un an plus tard : Ini­tia­tions ; Révé­la­tions ; Jeux de dames à Bora-Bora. Bel exploit quand même pour quel­qu’un qui vient de se lan­cer dans le domaine éro­tique1. Mais il faut dire que Jean a su réunir les atouts pour assu­rer une belle réus­site à son opus aga­thois : Une jeune femme dans la fleur de l’âge (le début de la tren­taine pour vous don­ner une meilleure idée), quelque peu oie blanche, récem­ment divor­cée et tout ce qu’il y a de plus sexy.

Je suis une jeune femme brune, coupe au car­ré, yeux mar­ron. Assez grande avec mon mètre soixante-dix qui lisse bien mes formes.2

Un mètre soixante-dix3 doté de belles fesses (dont vous enten­drez par­ler, ras­su­rez-vous !) et d’une poi­trine pro­vo­cante, comme on ne tar­de­ra pas à l’ap­prendre4. Ajou­tez à cela un endroit légen­daire qui foca­lise les fan­tasmes, bai­gné par les flots bleu­tés de la Médi­ter­ra­née, chauf­fé à blanc par le soleil du Midi et les sens en ébul­li­tion des esti­vants, et tous les ingré­dients sont réunis pour ravir un public avide de beau­té et d’un peu de débauche.

Voi­ci donc notre pro­ta­go­niste prête à débar­quer dans l’u­ni­vers du Cap, même si elle ne le sait pas encore et que sa seule ambi­tion, pour l’ins­tant, est de pas­ser quelques jours calmes en bord de mer afin de se libé­rer de l’empreinte d’une sépa­ra­tion dont le sou­ve­nir est encore trop frais. Un pro­jet quelque peu mis à mal par la déci­sion – plus ou moins consciente – de choi­sir pour sa vil­lé­gia­ture l’en­droit même des vacances en couple d’une autre époque. Où Manon n’ar­rive pas à se libé­rer de ses démons, de sa soli­tude – et de ses inhi­bi­tions. Même si elle n’est pas vrai­ment consciente de ces der­nières. Vu qu’elle

« n’[a] jamais éprou­vé le besoin de [s]’exposer entiè­re­ment nue sur une plage.« 5

Ce qui, vous en convien­drez d’a­près la des­crip­tion que je viens de vous citer un peu plus haut, est bien dom­mage. Sur­tout dans l’en­droit qui, comme aucun autre dans le monde, résume l’es­sence du natu­risme. Mais ne vous inquié­tez pas, chers com­pa­gnons de mes débauches lit­té­raires, la belle Manon ne va pas tar­der à faire une ren­contre qui la chan­ge­ra de fond en comble et qui fini­ra par l’i­ni­tier aux joies non seule­ment du natu­risme, mais aus­si du liber­ti­nage. Ini­tia­tion dont se char­ge­ra Nathan, le pro­ta­go­niste mas­cu­lin du roman.

À lire :
Michel Bazin, Initiation d'une jeune vacancière

Croi­ser celui-ci et conve­nir d’un ren­dez-vous ne furent qu’un pour notre belle et voi­ci que le récit dou­ce­ment com­mence à s’emballer. Et je parie que vous autres – habi­tués des récits ini­tia­tiques – aurez déjà devi­né sur quel cap le cher Jean a choi­si de mettre sa nar­ra­tion, et par quelles cas­se­roles il compte faire pas­ser sa pro­ta­go­niste afin de la libé­rer, une fois pour toutes, de tout ce qui la retient pri­son­nière d’un pas­sé où les dési­rs res­tent tou­jours inassouvis.

Avant d’ar­ri­ver à bon port, il y a tou­te­fois au menu de la belle pro­ta­go­niste une foule de ren­contres et d’ac­ti­vi­tés dont cer­taines sont faites pour effa­rou­cher la jeune femme – que je n’ai pas trai­tée d’oie blanche pour rien : des séances de bai­gnade et de bron­zage où il ne faut sur­tout pas son­ger à pou­voir gar­der ses maillots aus­si sexy furent-ils ; des sor­ties dans des bars et des clubs que la mam’­zelle n’a pas l’ha­bi­tude de fré­quen­ter et qu’elle découvre en com­pa­gnie de – ou plu­tôt gui­dée par – Nathan et ses copines ; des concours où notre Manon natio­nale appren­dra à mettre ses charmes à pro­fit en s’ex­po­sant devant un public à conqué­rir. Et ce n’est pas encore là la fin de son par­cours initiatique…

Par­mi les per­son­nages qui jalon­ne­ront sa route il ne faut sur­tout pas oublier de men­tion­ner Katri­jn et Geer­ta, un couple de les­biennes venues han­ter les plages de la Médi­ter­ra­née. Un détail que Manon tarde un peu à décou­vrir, mais qui lui ser­vi­ra à repous­ser un peu plus loin et avec d’au­tant plus d’ef­fi­ca­ci­té les fron­tières de sa vie bien ran­gée et – en fin de compte – bien trop limi­tée par les conven­tions, les qu’en dira-t-on et une quel­conque bien­séance dont elle fini­ra heu­reu­se­ment par se libérer.

Et voi­ci, pour vous don­ner une idée à pro­pos des décou­vertes que notre héroïne sera ame­née à faire au cours de ses vacances délu­rées, une impres­sion tirée d’une de ses visites dans un club :

Les ins­tru­ments et acces­soires étaient nom­breux, cer­tains bar­bares, d’autres ano­dins mais détour­nés de leur uti­li­sa­tion conven­tion­nelle : croix de Saint-André, pilo­ri, car­can, sling, écar­teur, barres de contrainte, chaise gyné­co­lo­gique, pinces à seins, fucking-machine, sus­pen­sion, cage, balan­çoire, appa­reil de levage… la liste était longue.6

Votre ser­vi­teur n’a pas l’ha­bi­tude de dévoi­ler trop de détails en par­lant des textes rete­nus pour peu­pler les éta­gères de son repaire. À vous, lec­trices et lec­teurs, de tenir com­pa­gnie à Manon et à ses amis afin de décou­vrir, en même temps que celle-ci et au rythme ima­gi­né par Jean Arec, les délices que son élan vers une nou­velle vie lui pré­pare. Il va de soi que le par­cours ini­tia­tique n’est pas tou­jours facile vu que le sou­ve­nir de décen­nies d’une édu­ca­tion plus ou moins « tra­di­tion­nelle » revient quand même s’in­ter­po­ser entre la jeune femme bien ran­gée et sa quête de plus de liber­té. À ces obs­tacles « inté­rieurs » viennent d’ailleurs s’a­jou­ter des contre­temps d’une autre nature vu que Manon fini­ra par se retrou­ver au milieu d’une intrigue cri­mi­nelle dont elle était loin d’i­ma­gi­ner les retom­bées néfastes sur sa personne.

À lire :
Anne Dézille, Les caresses

J’ai pas­sé quelques heures très agréables en com­pa­gnie de Manon et de ses cama­rades délu­rés, dans l’am­biance esti­vale et bien par­ti­cu­lière du Cap d’Agde. Lec­teur invé­té­ré de textes à carac­tères por­no­gra­phiques, j’ai par­fois pu regret­ter la trop grande rete­nue de l’au­teur quand il s’a­gis­sait de pas­ser à l’acte, mais c’est un choix qu’il faut res­pec­ter, Jean ayant opté pour le domaine de la « romance ». Quoi qu’il en soit, je peux chau­de­ment recom­man­der ces aven­tures sen­suelles pour vous tenir com­pa­gnie à la plage. Où l’hé­roïne fini­ra peut-être par se glis­ser dans vos fan­tasmes ? Rap­pe­lez-vous un peu l’ex­pé­rience de June Sum­mer qui a vu une de ses pro­ta­go­nistes faire des appa­ri­tions au bout des nuits chaudes du Cap ! Et oui, la lit­té­ra­ture ne laisse pas indif­fé­rente et il en va de même de ses héroïnes au calibre d’une Jen ou d’une Manon, des créa­tures qu’on ne croise pas impunément.

Avant de ter­mi­ner, une petite bonne nou­velle pour toutes celles et tous ceux qui se lais­se­raient ten­ter par les aven­tures sen­suelles de Manon et de ses par­te­naires d’a­ven­ture : Manon au Cap est paru dans la col­lec­tion Kindle Unli­mi­ted. Ce qui veut dire que, si vous pro­fi­tez d’un abon­ne­ment, vous pou­vez emprun­ter les livres sans frais sup­plé­men­taires7. Belle piste pour des lec­tures de plage très prometteuses :-)

Jean Arec
Manon au Cap : Ini­tia­tions
Kindle Unli­mi­ted
ASIN ‏ : ‎ B0CQQQMG8D

  1. L’au­teur lui-même colle d’ailleurs l’é­ti­quette « New Romance » sur les trois titres de sa série. Pour mieux atti­rer une clien­tèle peut-être un brin trop farouche quand il s’a­git d’as­su­mer ses pul­sions ? ↩︎
  2. Jean Arec, Manon au Cap – Ini­tia­tions, p. 10 ↩︎
  3. On se demande quand même un peu pour­quoi le Sieur Arec insiste sur le mètre soixante-dix quand il aurait suf­fi d’en­le­ver à sa belle pro­ta­go­niste rien qu’un tout petit cen­ti­mètre… ↩︎
  4. Cf. pp. 10 et 37 res­pec­ti­ve­ment ↩︎
  5. Jean Arec, Manon au Cap – Ini­tia­tions, p. 10 ↩︎
  6. Jean Arec, Manon au Cap – Ini­tia­tions, p. 63 ↩︎
  7. Ce que j’ai d’ailleurs fait pour mieux pro­fi­ter de mes vacances à Sète, tout en contem­plant le Cap se dres­ser juste à l’autre bout de la Lagune… ↩︎
Dessin d'une femme nue debout, vue de profil. Elle tient un gode dans la main droite qu'elle est en train de s'introduire dans le vagin.
Dessin réalisé par Sammk95