2013 a failli être une année plutôt positive. Je parle, bien entendu, uniquement de moi, sur un plan purement personnel. Elle a vu paraître mon premier roman érotique aux Éditions Numériklivres, une collaboration étendue avec les Éditions Edicool, et certaines amitiés qui se sont épanouies au cours des mois passés. Mais finalement, les choses se sont bien dégradées ces dernières semaines, et je garderai un souvenir mitigé de cette année près de se terminer. Parce que j’aurai appris que l’indicible peut surgir des limbes d’un passé sanglant où je croyais ces choses-là enfouies pour toujours. Erreur ! J’aurai appris que mes amis juifs ont de nouveau peur, quatre-vingt ans après l’arrivée au pouvoir du pire assassin que le monde ait jamais connu. Parce qu’il y a un personnage soi-disant comique qui profère des paroles haineuses et qui se fait le chantre de ses amis d’extrême droite, de fascistes et de négationnistes de tout poil, et qui continue à proférer ses insultes et ses incitations à la haine malgré de nombreuses condamnations pour diffamation et injures antisémites, sous le prétexte de la liberté de la parole. La dernière fois que j’ai consulté les textes, cette liberté-là ne pouvait pourtant pas être invoquée pour insulter des gens ou – comble de la perfidie – regretter les chambres à gaz.
Mais le plus grave dans toute cette affaire, ce n’est pas tellement le personnage lui-même auquel la justice finira par apprendre le respect de la loi, mais le fait que celui-ci arrive à rallier des milliers de Français derrière ses propos d’un autre âge dont la stupidité a depuis longtemps été prouvée. Non, il n’y a pas de conspiration sioniste, les Sages de Sion n’ont jamais existé et si vous êtes dans la merde, ce n’est pas la faute d’un système quelconque auquel vous auraient livré des forces occultes ! Il n’y a tout bêtement pas de système, juste la démocratie que nous ont léguée nos parents, un état de droit, garant, pendant des décennies, d’une société stable et plutôt équitable. Et si cette société ne fonctionne plus avec la même efficacité qu’avant, c’est qu’il faut revoir son fonctionnement, prendre en compte des développements que les plus clairvoyants n’ont pu prévoir il y a soixante ans. Chercher un bouc émissaire, c’est choisir la facilité, c’est se dispenser de travailler dur dans l’intérêt des générations futures. Mais détrompez vous, cette facilité-là mènera tout droit vers la barbarie et le meurtre.
Commentaires
2 réponses à “2014 – l’année du combat antifasciste ?”
Tu as bien sûr raison Thomas d’exprimer ces inquiétudes et ton écoeurement quand le racisme sévit ouvertement même sur les marchés de nos villages, mais il ne suffira pas de condamner l’un ou l’autre qui s’exprime par le biais des médias, c’est beaucoup plus insidieux ce qui se passe sur la place publique ou privée où parlent les quidams. Pour autant, je me demande bien s’ils on conscience de ce qu’ils disent, ceux-là…il faut lire Sorj Chalandon qui dit dans le si beau Quatrième mur (je te le conseille ardemment) que celui qui hurle CRS SS n’a certainement jamais rencontré le nazi Alois Brunner. Ce qui veut tout dire…, les gens ne se servent plus de la pensée, de la réflexion et le discours antisémite est du même ressort. L’ignorance, une crasse ignorance anime ces gens-là.
Mais je veux juste faire 2 remarques sur ton billet : ne penses-tu pas qu’il faudrait éviter d’employer le mot “race” en parlant des criminels allemands ? ce n’est pas une race, tout comme les juifs ne sont pas une race ; nous faisons tous partie de la même race humaine, même les plus méchants d’entre nous. Le mot race est employé à tort et à travers. C’est même pourquoi le terme raciste ne me convient pas non plus. Xénophobe ne serait-il pas plus juste ?
Et enfin, lorsque tu parles d’Israël en l’associant à la volonté de paix , à la fin de la peur et du crime…je ne cesse jamais de me demander comment ce peuple qui a tant souffert de cette haine de l’autre a pu ériger ce mur de la honte et de l’infamie et faire endurer des horreurs aux palestiniens.…Bien sûr je ne dis pas que tous les israéliens et que tous les juifs sont prêts à massacrer les palestiniens jusqu’au dernier.…mais, mais.…quand même, je ne peux que comprendre que l’homme reste un loup pour l’homme, ici ou là.…comme en Centre Afrique où l’on décapite et massacre des enfants pour purger la région de la génération à venir.…Oui, Thomas, je pense que l’homme est mauvais intrinsèquement et que l’on passe notre vie à essayer de museler ces horreurs qui sont en nous. Et comme je l’écrivais sur une chronique à propos de la Belle image (qui na rien à voir avec ça) : « Notre besoin de consolation est impossible à rassasier » (Stig Dagerman)…
Merci pour ton beau commentaire. Quant à Israël, je n’ai jamais dit qu’on ne pouvait pas critiquer la politique menée par ses gouvernements successifs. Il faut même le faire, mais pas en remettant en cause l’existence même de cet État. C’est pour cela que je m’oppose aussi violemment au soi-disant « antisionisme », terme trop souvent employé pour masquer un antisémitisme primaire.
Quant au terme « race », il ne s’agit pas ici d’un usage biologique (« la race des criminels ») mais plutôt spirituel. Mais tu as raison, il faudrait sans doute éviter ce mot après les horreurs qui ont été commises au nom de « races supérieures ».