Cet article est la deuxième partie d’une série consacrée à mon voyage dans les Ardennes, cette région à cheval sur la France et la Belgique, carrefour, malgré les apparences, des civilisations. Pendant que le premier article a été consacré aux villages et à la nature du côté belge, celui-ci parle de la première ville de la région.
Charleville-Mézières
Pas la peine de le cacher – je suis un littéraire. Et en tant que tel, une visite de Charleville-Mézières, où est né Arthur Rimbaud, est obligée. On est même passé plusieurs fois par là, mais pour des raisons tout à fait profanes : c’était le seul endroit où l’on ait pu débusquer un café avec accès libre au wifi (et quiconque voyage avec une ado qui a l’habitude des réseaux sociaux comprendra la nécessité).

Résumé : Une ville qui vaut la peine de faire un détour, mais on n’a finalement pas vu le musée Rimbaud … Le dernier jour, quand j’aurais enfin eu l’occasion, j’ai choisi de visiter le Musée de l’Ardenne avec ses fresques Romaines impressionnantes provenant de fouilles assez récentes dans la région (pas si littéraire que ça après tout ?). Mais bon, on a quand-même vu de belles choses ! À commencer par :
La Basilique Notre-Dame d’Espérance
Comme elle est située sur une butte, on la voit facilement, et avec sa flèche élancée sur un bâtiment plutôt étroit, elle donne l’impression d’une aiguille qui se dresse dans le ciel ardennais. Ou d’une fusée peut-être.

Quand on arrive, la première impression est plutôt peu favorable. Elle est tout simplement sale. Des déchets un peu partout, des fientes, et les pierres donnent l’impression d’être rongées par des vers (grâce aux mêmes fientes sans doute). Mais dès qu’on pénètre à l’intérieur, tout change. Les ordures restent dehors et le spectacle de la lumière filtrée par les vitraux en fait oublier jusqu’au souvenir. Il s’agit d’une immense œuvre d’art sur plus de mille m², réalisée par le peintre René Dürrbach. Les vitraux, abstraits, sont inspirés par la vie de la Vierge et par les noms qu’elle a reçus dans la tradition chrétienne. Cette approche n’est pas vraiment accessible sans explication, mais l’effet, même par un jour peu lumineux, est sensationnel.
Après, c’était parti pour un tour des
Remparts médiévaux
Pas vraiment grand chose à raconter à leur sujet, sauf que j’ai trouvé le site très pittoresque, avec le voisinage des vieilles pierres couvertes de lichen et les arbres qui faisaient déjà penser à l’automne (attention, c’est un châtaignier infesté par la mineuse du marronnier, parasite très répandu dans nos contrées depuis quelques années) … On ne dirait pas, mais il pleuvait pendant que j’ai pris la photo.

Ensuite, et c’est peut-être ce qui m’a fait le meilleur effet, retour à Charleville, voir le
Grand Marionnettiste
de la place Winston Churchill, à proximité de la Place Ducale.

Depuis un premier séjour dans la région en 2005, je savais que la marionnette y était omniprésente. Et des deux côtés de la frontière encore ! Depuis le minuscule Atelier de Pinocchio à Laforêt jusqu’au Festival Mondial de la Marionnette qu’abrite Charleville-Mézières (qui se veut capitale de la M. par la même occasion), elle règne en maîtresse. Mais je fus néanmoins surpris quand, me promenant avec mes filles près de la Place Ducale, je suis tombé sur un personnage des plus étranges. Du fond d’une lucarne d’une ancienne maison à deux étages, quelqu’un me dévisageait. Au rez de chaussée, derrière des grilles en fer de fonte, des bottes étaient visibles. Le tout, évidemment, formait un ensemble, et j’étais en présence des parties extrêmes d’un seul et même personnage. La lecture du Guide Michelin, compagnon indispensable de mes voyages en France et en Belgique, m’a appris qu’il s’agissait du grand Marionnettiste de la place Churchill et que, toutes les heures, les lames s’ouvraient pour montrer un volet de la Légende des quatre fils Haymon.
Je ne sais pas trop d’où vient cette importance du théâtre de Marionnettes, mais j’ai pu constater que cette particularité était bien valorisée et contribue à rendre encore plus attirante une région au patrimoine déjà très riche. Avis aux amateurs : des événements consacrés aux marionnettes sont organisés régulièrement, par exemple par l’Institut international de la Marionnette.
Crédit photographique : Thomas Galley