En-tête de la Bauge littéraire

Alan Hov­ha­ness – des som­mets de cristal

Alan Hovhaness, compositeur américain aux racines arméniennes
Alan Hov­ha­ness, com­po­si­teur amé­ri­cain aux racines armé­niennes. Pho­to prise par Bario­lage, CC BY-SA 4.0.

Si j’ai appris à détes­ter cer­tains côtés de la Toile – notam­ment tout ce qui a un rap­port de près ou de loin aux réseaux « sociaux » et à leurs effets déshu­ma­ni­sants et dis­rup­tifs qui font appel aux ins­tincts les plus bas des gens, rui­nant jus­qu’au tis­su même des socié­tés – un fait reste acquis : On peut y faire des ren­contres et des décou­vertes, et cer­taines sont même d’une immense beauté !

C’est ce qui m’est arri­vé il y a à peine quelques jours quand j’ai enfin déci­dé de don­ner sa chance à un mor­ceau de musique croi­sé dans la sélec­tion Prime de chez Ama­zon un jour de recherche dans toutes les direc­tions, un concer­to pour vio­lon­celle [1]Op. 17 datant de 1937 com­po­sé par Alan Hov­ha­ness, un com­po­si­teur amé­ri­cain peu connu (et encore moins joué) de ce côté-ci de l’At­lan­tique. Rien qu’à écou­ter les pre­mières mesures – une mélo­die comme un chant d’oi­seau confiée d’a­bord à la seule flûte, bien­tôt rejointe par le vio­lon­celle qui lui répond et lui pro­pose des varia­tions, le tout s’é­ten­dant sur plu­sieurs minutes d’un charme exquis avant d’être relayé par l’or­chestre qui reprend à son tour les mélo­dies ini­tiales – je suis tom­bé sous le charme d’un mor­ceau qui – réso­lu­ment moderne – embras­sait fiè­re­ment sa part d’hé­ri­tage de la tra­di­tion de tona­li­té. Et quelques mesures plus tard, j’ai pour la toute pre­mière fois été ébloui par ce trait typique de la musique de Hov­ha­ness, un mur de son, un rem­part éri­gé par les ins­tru­ments unis dans une fan­fare aux allures médié­vales, un mur qui se dresse comme un flanc de mon­tagne pour don­ner la mesure de l’im­men­si­té dont elle domine la plaine où les mélo­dies glissent à ses pieds comme des ser­pents dans l’herbe fraîche des bords de l’eau.

Face à ce com­po­si­teur ori­gi­nal si peu connu en Europe, atteint par une furieuse envie de par­ta­ger cette décou­verte – et la par­ta­ger autre­ment qu’en fai­sant un copier-col­ler d’un lien You­tube sur Face­book et Twit­ter – j’ai encore une fois eu à déplo­rer l’ab­sence de toute édu­ca­tion musi­cale qui mérite son nom. J’ai même failli renon­cer tout court de peur de me ridi­cu­li­ser en par­lant de choses dont je gratte à peine la sur­face. Mais non, j’ai pris mon cou­rage entre les deux mains, j’ai lan­cé le mor­ceau par lequel tout a com­men­cé, et me voi­ci embar­qué dans une drôle d’en­tre­prise – par­ler de ce que l’on aime sans dis­po­ser du voca­bu­laire ni des rudi­ments du savoir pour trans­fé­rer cet amour. Face à ce dilemme, j’ai donc opté pour le seul moyen à ma dis­po­si­tion : don­ner quelques détails faciles à gla­ner sur la toile, le tout rehaus­sé de quelques impres­sions nées en écou­tant cette musique pour laquelle l’é­pi­thète cris­tal­lin semble s’im­po­ser avec une décon­cer­tante facilité.

Quant aux détails sus-men­tion­nés, on peut dire que Hov­ha­ness a trou­vé des pas­sion­nés pour s’en occu­per et four­nir aux ama­teurs ain­si qu’aux cher­cheurs les pistes pour aller de l’a­vant dans l’ex­plo­ra­tion de cette œuvre si ori­gi­nale. Il y a notam­ment deux res­sources incon­tour­nables, à savoir le site hohvaness.com, la des­ti­na­tion de choix pour se docu­men­ter sur la vie, l’œuvre et l’ac­tua­li­té du com­po­si­teur, et ensuite, inté­grée au site et régu­liè­re­ment mise à jour, une dis­co­gra­phie régu­liè­re­ment mise à jour d’E­ric Kunze.

Un com­po­si­teur très pré­sent mais trop peu connu en-dehors de l’Amérique

Alan Hovhaness, Concert pour guitare n° 1, paru dans la collection
Alan Hov­ha­ness, Concert pour gui­tare n° 1, paru dans la col­lec­tion Ame­ri­can Clas­sics chez Naxos.

Séduit par une cer­taine pure­té cris­tal­line, par l’op­po­si­tion entre la gran­deur sym­pho­nique de cer­tains pas­sages se dres­sant comme des chaînes mon­ta­gneuses entre les prai­ries mélo­diques des ins­tru­ments en solo, comme si ceux-ci avaient trou­vé le secret pour réduire l’or­chestre au silence par leurs incan­ta­tions, j’ai aus­si­tôt com­men­cé des recherches, et je me suis retrou­vé avec sur les bras un nombre assez consé­quent  d’en­re­gis­tre­ments pro­po­sés aux ama­teurs par Naxos, un label appré­cié par les ama­teurs de musique clas­sique et dont la renom­mée n’est plus à faire. Quand je dis « nombre consé­quent », il faut peut-être pré­ci­ser qu’il s’a­git là d’une petite ving­taine de CDs com­pre­nant peut-être une cin­quan­taine de mor­ceaux, face à une œuvre qui compte, elle, plu­sieurs cen­taines de com­po­si­tions. [2]Cf. la liste dis­po­nible sur la Wiki­pe­dia anglo­phone : List of com­po­si­tions by Alan Hov­ha­ness. À consul­ter la dis­co­gra­phie sus-men­tion­née, l’on y apprend qu’une bonne par­tie des com­po­si­tions n’a pas encore été enre­gis­trée, comme par exemple la moi­tié des symphonies :

Of 434 lis­ted opuses, about 208 have not been recor­ded, inclu­ding all of his ope­ras, 32 sym­pho­nies and nume­rous large cho­ral works. [3]« Sur 434 œuvres recen­sées, 208 n’ont jamais été enre­gis­trées, par­mi celles-ci tous ses opé­ras, 32 sym­pho­nies et de nom­breux grands tra­vaux pour chœur. » Eric Kunze, Alan Hov­ha­ness, A … Conti­nue rea­ding

Par­mi les enre­gis­tre­ments dis­po­nibles dans le cata­logue de Naxos, on trouve des sym­pho­nies comme Mys­te­rious Moun­tain, City of light ou Mount St. Helens – et aus­si des concer­tos pour des ins­tru­ments très peu pré­sents dans ces sortes de joutes musi­cales, à savoir la gui­tare et le Saxophone :

  • Concer­to pour gui­tare no. 1, op. 325, 1979
  • Concer­to pour gui­tare no. 2, op. 394, 1985
  • Concer­to pour Saxo­phone Sopra­no, op. 344, 1980

Ce sont sur­tout ses concer­tos pour gui­tare qui m’ont for­te­ment impres­sion­né, vu qu’il n’y a que peu de com­po­si­teurs pour éle­ver cet ins­tru­ment – bien trop vite asso­cié à une cer­taine cou­leur locale ibé­rique héri­tée du XIXe siècle et à un roman­tisme de paco­tille – à l’hon­neur des pupitres. C’est d’ailleurs aus­si en écou­tant ses sym­pho­nies qu’on se rend très vite compte de l’im­por­tance que ce com­po­si­teur accorde aux capa­ci­tés des ins­tru­ments de toutes les familles, avec une cer­taine pré­fé­rence (affir­ma­tion har­di­ment avan­cée sur la base d’une dizaine de sym­pho­nie…) pour les ins­tru­ments à vent, ce qui donne à cer­tains de ses mou­ve­ments un air assez solen­nel qui n’est pas sans rap­pe­ler les fan­fares de Gio­van­ni Gabrie­li – ce qui, vu la fas­ci­na­tion pour la tra­di­tion renais­sante, ne sau­rait éton­ner. [4]Écou­ter, pour s’en faire une idée, l’An­dante maes­to­so de la sym­pho­nie No. 20, Op. 223, « Trois voyages vers une mon­tagne sacrée » et ensuite com­pa­rer aux Sym­pho­nies sacrées du com­po­si­teur véni­tien. Pour ce qui est de l’ins­tru­men­ta­tion en géné­ral, l’a­mour de Hov­ha­ness pour l’o­rient et ses tra­di­tions musi­cales a bien sûr lais­sé des traces, sur­tout depuis ses séjours en Inde et au Japon dans les années soixante.

C’est tou­jours sur le site qui lui est consa­cré, hovhaness.com, qu’on trouve dres­sé le réper­toire des repré­sen­ta­tions de ses mor­ceaux – liste qui mal­heu­reu­se­ment s’ar­rête en 2015 – et on se rend compte à le consul­ter du nombre ridi­cu­le­ment peu éle­vé de ces mêmes repré­sen­ta­tions – dont la majeure par­tie a eu lieu – fait très peu éton­nant – aux États-Unis. Ce n’est qu’en 2011, année du cen­te­naire de la nais­sance du com­po­si­teur, qu’on peut consta­ter, avec soixante-dix repré­sen­ta­tions recen­sées, un cer­tain sur­saut de l’in­té­rêt dû sans doute à la culture si répan­due des anni­ver­saires et des com­mé­mo­ra­tions. [5]Il faut signa­ler une assez grosse erreur : Si la page per­met d’af­fi­cher les concerts par année, les liens vers 2014, 2013 et 2012 ren­voient tous à la même page, celle qui regroupe les évé­ne­ments … Conti­nue rea­ding

Cham­pion de la mélo­die – mais pas que

Togi, Masataro : Gagaku - Court music and dance (Performing arts of Japan)
Masa­ta­ro Togi, celui qui a ini­tié Hov­ha­ness au Gaga­ku, est aus­si l’au­teur d’un trai­té de cet art qui, dans les courts japo­naises, mêlait musique et performances.

Quand on parle de Hov­ha­ness, on ne peut assez mettre en valeur la place de la mélo­die dans son œuvre. Il suf­fit d’é­cou­ter pour s’en rendre compte, mais réduire son rôle au seul cham­pion de la mélo­die dans une époque où d’autres furent ten­tés par aban­don­ner la tona­li­té pour de bon, ce serait par trop réduc­teur et revien­drait à négli­ger un autre côté de ses acti­vi­tés, et peut-être celui qui lui assu­re­ra une place de choix dans l’his­toire de la musique du XXe siècle. Très conscient de ses racines armé­niennes, ce fils d’im­mi­grés s’est inté­res­sé de très près aux tra­di­tions musi­cales de la patrie de ses ancêtres. Mais il ne s’est pas arrê­té sous les cimes du Cau­case, il a pous­sé plus loin pour connaître d’autres tra­di­tions encore, et c’est ain­si qu’il a effec­tué des séjours en Inde – un séjour de 1959 à 1960, finan­cé par une bourse Ful­bright, à l’oc­ca­sion duquel il reçut la com­mis­sion de com­po­ser une œuvre rien que pour des ins­tru­ments tra­di­tion­nels indiens – et au Japon en 1962 afin de s’y lais­ser ini­tier à des genres de musique qui, à ce moment-là, étaient loin d’être aus­si à la vogue que dans les der­nières décen­nies du siècle pré­cé­dent. Et bien avant que le terme World music ne fût inven­té, Hov­ha­ness étu­diait déjà auprès de maîtres orien­taux tel que Masa­ta­ro Togi les céré­mo­nies des musiques de court japo­naises et coréennes tel le Ah-ak, le Bun­ra­ku et le Gaga­ku. Tout ça après avoir, en 1956, intro­duit Ravi Shan­kar au public amé­ri­cain et avant d’exer­cer, à tra­vers son ouver­ture aux influences musi­cales de par­tout et la remise en ques­tion des tra­di­tions, une influence notable sur des musi­ciens du jazz comme Keith Jar­rett. Il va de soi que ces études menées avec tout le sérieux d’un com­po­si­teur de métier ont pro­fon­dé­ment mar­qué sa musique. La Fan­tai­sie sur des estampes japo­naises (op. 211) est là pour en témoi­gner. Ou encore le deuxième mou­ve­ment de la sym­pho­nie Mount St. Helens où se trouve « one of the best evo­ca­tions of orches­tral Game­lan one is like­ly to hear » selon les mots de Mar­co Shi­rod­kar.

À lire :
Slipping Tongue - Hommage à Jennie Skulander

Hov­ha­ness et Respi­ghi – deux tra­di­tio­na­listes trop peu connus

Ottorino Respighi, Signature
Otto­ri­no Respi­ghi, Signa­ture. Par Ανδραμοιεννεπε — Tra­vail per­son­nel, CC BY-SA 4.0.

Il y a un autre com­po­si­teur très lar­ge­ment ins­pi­ré par – et fidèle à – la tra­di­tion tonale de la musique occi­den­tale depuis la Renais­sance, un com­po­si­teur bien de chez nous cette fois-ci et dont le nom évoque des sou­ve­nirs ou peut-être plu­tôt des cli­chés de contrées médi­ter­ra­néennes : Otto­ri­no Respi­ghi, né en 1879 (donc presque exac­te­ment une géné­ra­tion avant Hov­ha­ness qui, lui, est née en 1911) et mort beau­coup trop tôt en 1936, dont les tableaux romains (les Fon­taines de Rome (P 106, de 1916), les Pins de Rome (P 141, de 1924) et les Fêtes romaines (P 157, de 1928)) font par­tie du réper­toire de tout orchestre qui se res­pecte et sont inter­pré­tés pra­ti­que­ment en per­ma­nence un peu par­tout autour du globe. Dire que Respi­ghi est trop peu connu peut donc être com­pris comme un non-sens, vu son omni­pré­sence dans les salles de concert du monde entier. Mais il l’est tel­le­ment et presque uni­que­ment pour ces poèmes sym­pho­niques ins­pi­rés par des impres­sions romaines que ceux-ci portent de l’ombre à une œuvre immense condam­née à mener une exis­tence sou­ter­raine. Ins­pi­ré par la tra­di­tion musi­cale et ecclé­sias­tique de la Renais­sance, le com­po­si­teur bolo­nais a lais­sé un témoi­gnage épous­tou­flant de ces influences, avec par exemple les Vetrate de chie­sa (P 150) de 1926 ou encore le Trit­ti­co bot­ti­cel­lia­ni (P 151) de 1927. Tan­dis qu’on a pu dire de Hov­ha­ness que :

At a time when dis­so­nance, seria­lism and other styles were in vogue and many of his col­leagues were wri­ting works meant to be both modern and spe­ci­fi­cal­ly Ame­ri­can, Hov­ha­ness embra­ced tona­li­ty and also sho­wed a fond­ness for archaic ele­ments like the poly­pho­ny of Renais­sance music and the coun­ter­point of Baroque fugues. [6]« Dans un temps où la dis­so­nance, la musique sérielle et autres styles étaient en vogue et où une bonne par­tie de ses col­lègues com­po­saient des œuvres cen­sées être à la fois modernes et … Conti­nue rea­ding

C’est dans les Vitraux d’é­glise – des mor­ceaux où la musique se sai­sit d’une des formes d’arts par excel­lence du Moyen Âge et donne un échan­tillon de son pou­voir en s’emparant des per­son­nages cou­lés dans le verre pour leur rendre non seule­ment la liber­té, mais sur­tout une force bou­le­ver­sante – qu’on trouve une res­sem­blance frap­pante avec une com­po­si­tion de Hov­ha­ness, pré­ci­sé­ment dans le début du deuxième mor­ceau San Michele Arcan­ge­lo, où Respi­ghi exprime à tra­vers un inci­pit aus­si sou­dain et qu’i­nat­ten­du des cordes le vol majes­tueux et ter­rible de l’ange exter­mi­na­teur. C’est pour le début de son troi­sième mou­ve­ment Alle­gro mode­ra­to du pre­mier concer­to pour gui­tare que Hov­ha­ness s’est ser­vi de ces mêmes moyens pro­dui­sant un effet abso­lu­ment ren­ver­sant à l’é­coute, et on a du mal à ne pas croire à un lien au-delà des océans et des géné­ra­tions entre les deux compositeurs.

Alan Hov­ha­ness – où se ren­sei­gner et où trou­ver sa musique ?

Tout d’a­bord, la piste incon­tour­nable pour se docu­men­ter à pro­pos de Hov­ha­ness, c’est le site qui porte son nom et qui ras­semble un tré­sor d’in­for­ma­tions à pro­pos de sa vie et de son œuvre et sur­tout, outil de pre­mière impor­tance pour tout mélo­mane qui se res­pecte, un nombre impres­sion­nant de recen­sions des enre­gis­tre­ments publiés. L’in­clu­sion dans la liste d’en­re­gis­tre­ments récents montre que le site est tou­jours en acti­vi­té, même si les infor­ma­tions se font assez rares depuis trois ans déjà.

À lire :
La musique, la beauté et tout le reste - Joel Frederiksen en concert à Namur

Il n’est pas dif­fi­cile de trou­ver de très bons enre­gis­tre­ments et de décou­vrir une œuvre aus­si diverse par ses ins­pi­ra­tions et ses pistes, une œuvre par­fois presque trop facile d’ac­cès, un fait qui ne sau­rait pour­tant cacher les pro­fon­deurs où le talent de Hov­ha­ness puise la force qui l’a pous­sé, dès le plus jeune âge, à rendre audibles les mélo­dies qu’il enten­dait en per­ma­nence et dont il pou­vait s’é­ton­ner que d’autres ne puissent pas avoir accès à la même richesse :

Hov­ha­ness was born with melo­dy. Even as young as four years old, he was hea­ring melo­dies in his head, and thought eve­ry­bo­dy else did also. [7]« Les mélo­dies accom­pagnent Hov­ha­ness depuis sa nais­sance. Même le jeune enfant de quatre ans écou­tait des mélo­dies dans sa tête, et pen­sait que c’était pareil pour tout le monde. » Hina­ko … Conti­nue rea­ding

Par contre, quand il s’a­git d’as­sis­ter à une repré­sen­ta­tion d’un de ses mor­ceaux, c’est autre chose, et à moins de pou­voir se rendre aux États-Unis il n’y a que peu de chances de trou­ver un chef d’or­chestre enclin à faire décou­vrir au public euro­péen un com­po­si­teur qui ne doit pas se cacher der­rière les grands noms de la musique amé­ri­caine tels que Ger­sh­win, Bern­stein, Ives ou Glass. Et ceci mal­gré de nom­breux séjours du com­po­si­teur de Mys­te­rious Moun­tain en Europe et la très longue ami­tié qui le liait à Sibe­lius [8]J’ai quand même réus­si à trou­ver un concert où un mor­ceau de Hov­ha­ness sera mis à l’hon­neur : le 26 mai 2019, à Linz, le Bru­ck­ner Orches­tra exé­cu­te­ra And God crea­ted great whales. Le fait que … Conti­nue rea­ding.

Quant aux enre­gis­tre­ments, il y a d’a­bord le tré­sor men­tion­né plus haut dis­po­nible dans les archives de Naxos où se trouvent quelques très beaux mor­ceaux, comme les deux concer­tos pour gui­tare, ou plu­sieurs de ses sym­pho­nies comme la n° 2, Mys­te­rious Moun­tain (op. 132), la n° 50 Mount St. Helens (op. 360), ins­pi­rée par l’é­rup­tion du vol­can en 1980 que le com­po­si­teur a pu voir se pro­duire depuis sa mai­son de Seat­tle et par la beau­té des Cas­cade Moun­tains par­mi les­quelles il se dresse, la n° 60, Loon Lake (op. 411) ou le concert pour vio­lon­celle (op. 17) qui est à l’o­ri­gine de ma fas­ci­na­tion pour cette voix soli­taire et superbe.

Ensuite, on trouve un grand nombre d’en­re­gis­tre­ments chez Crys­tal Records, la mai­son qui a acquis les droits de la Posei­don Socie­ty, le label créé par Hov­ha­ness et sa femme pour publier sa propre musique, une sélec­tion qui com­prend des sym­pho­nies (par­mi les­quelles la sym­pho­nie No.11 : All Men Are Bro­thers et la sym­pho­nie St. Var­tan, le Mag­ni­fi­cat, des mor­ceaux pour pia­no et des chan­sons (« Songs ») ain­si qu’une de ses com­po­si­tions les plus spec­ta­cu­laires, And God Crea­ted Great Whales, sorte de poème sym­pho­nique qui com­prend des chants de baleines.

Il y a aus­si de nom­breux mor­ceaux – et par­fois des disques entiers – sur You­Tube, ce qui per­met évi­dem­ment de se faire une idée avant d’al­ler plus loin et de savoir si on veut ou non me suivre dans cette expé­di­tion vers les som­mets de cris­tal de la musique amé­ri­caine, mais je vous conseille très for­te­ment de ne pas en res­ter là. Les artistes – et leurs héri­tiers – méritent de vivre de ce que leur rap­portent leurs créa­tions, je vous invite donc à délier vos bourses, d’au­tant plus qu’une très bonne par­tie des enre­gis­tre­ments sont dis­po­nibles à des prix déri­soires, p. ex. sur Ama­zon où la contre­par­tie numé­rique d’un CD sor­ti chez Naxos est pro­po­sée, au moment de la rédac­tion de cet article, à 7,99 €.

Il ne me reste plus qu’à vous sou­hai­ter de faire de belles décou­vertes dans les terres si fer­tiles de cet artiste extra­or­di­naire. Un artiste qui, quant à lui, n’a jamais ces­sé d’en faire et qui en pro­fi­tait tout le long de sa vie pour enri­chir sa musique. Quelle meilleure façon donc de rendre hon­neur à Alan Hov­ha­ness que de par­ta­ger celle que je viens de faire à mon tour ?

Réfé­rences

Réfé­rences
1 Op. 17 datant de 1937
2 Cf. la liste dis­po­nible sur la Wiki­pe­dia anglo­phone : List of com­po­si­tions by Alan Hov­ha­ness.
3 « Sur 434 œuvres recen­sées, 208 n’ont jamais été enre­gis­trées, par­mi celles-ci tous ses opé­ras, 32 sym­pho­nies et de nom­breux grands tra­vaux pour chœur. » Eric Kunze, Alan Hov­ha­ness, A dis­co­gra­phy. Oct 1996 ; revi­sed Aug 2018
4 Écou­ter, pour s’en faire une idée, l’An­dante maes­to­so de la sym­pho­nie No. 20, Op. 223, « Trois voyages vers une mon­tagne sacrée » et ensuite com­pa­rer aux Sym­pho­nies sacrées du com­po­si­teur vénitien.
5 Il faut signa­ler une assez grosse erreur : Si la page per­met d’af­fi­cher les concerts par année, les liens vers 2014, 2013 et 2012 ren­voient tous à la même page, celle qui regroupe les évé­ne­ments de la seule année 2014.
6 « Dans un temps où la dis­so­nance, la musique sérielle et autres styles étaient en vogue et où une bonne par­tie de ses col­lègues com­po­saient des œuvres cen­sées être à la fois modernes et spé­ci­fi­que­ment amé­ri­caines, Hov­ha­ness embras­sait la tona­li­té et mon­trait son amour pour des élé­ments archaïques comme la poly­pho­nie de la musique renais­sante et le contre­point des fugues baroques. » Lar­ry Roh­ter, A com­po­ser echoes in unex­pec­ted places, article paru dans le New York Times le 4 novembre 2011. Pas­sage mis en relief par moi.
7 « Les mélo­dies accom­pagnent Hov­ha­ness depuis sa nais­sance. Même le jeune enfant de quatre ans écou­tait des mélo­dies dans sa tête, et pen­sait que c’était pareil pour tout le monde. » Hina­ko Fuji­ha­ra Hov­ha­ness dans une note expli­ca­tive pour « Gui­tar Concer­to No. 2 / Sym­pho­ny No. 63 / Fan­fare for the New Atlantis »
8 J’ai quand même réus­si à trou­ver un concert où un mor­ceau de Hov­ha­ness sera mis à l’hon­neur : le 26 mai 2019, à Linz, le Bru­ck­ner Orches­tra exé­cu­te­ra And God crea­ted great whales. Le fait que Den­nis Rus­sell Davies, un des par­ti­sans de Hov­ha­ness, fut le conduc­teur en chef de cet orchestre pen­dant quinze ans n’y est sans doute pas étranger