Mar­cel-René Chas­sard, Aimée 376 (Études pour Aimée)

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J’aime l’é­ro­tisme, sous toutes ses formes. Ce qui a com­men­cé par l’a­mour pour un genre lit­té­raire s’est peu à peu éten­du à d’autres domaines, sur­tout le des­sin et la pein­ture. Depuis, j’ai com­man­dé un grand nombre de des­sins numé­riques pour ser­vir à la déco­ra­tion de ma demeure sur la toile, et je ne me lasse pas de lan­cer des expé­di­tions en ter­rain incon­nu, en sui­vant les pistes pro­po­sées par les moteurs de recherche, les articles de blog, les publi­ca­tions sur Ins­ta­gram ou Devian­tArt. Sou­vent, j’y ren­contre des artistes qui me laissent bouche-bée, comme par exemple la maî­trise toute hop­pe­rienne d’un Bil­fy Dev­da­ria­ni ou l’in­so­lence décom­plexée et por­no d’un Popeye Wong dont la devise « Rui­ning art one image at a time ! »[1]« Rui­ner l’art une image après l’autre ! » m’a fait explo­ser de rire quand je l’ai vue pour la pre­mière fois s’af­fi­cher sur son pro­fil Twit­ter.[2]Popeye Wong est un artiste dont je n’ai pas encore eu l’oc­ca­sion de par­ler, ce qui est au moins en par­tie cau­sé par les grosses lacunes dans notre cor­res­pon­dance très inter­mit­tente, mais je suis … Conti­nue rea­ding

Mais je ne me suis pas lan­cé dans la rédac­tion de cet article pour vous livrer du bla­bla­tage à pro­pos de ce que peut bien aimer votre ser­vi­teur, mais plu­tôt pour vous par­ler d’un artiste bien pré­cis, à savoir Mar­cel-René Chas­sard. Contrai­re­ment à la plu­part des artistes qui entrent dans ma col­lec­tion – et qui sont de sacrés incon­nus – Chas­sard a trou­vé sa place dans les dic­tion­naires et les sites qui recensent la cote des artistes et les per­for­mances de leurs œuvres aux enchères. Le seul fait de s’y trou­ver n’est bien sûr pas une garan­tie de qua­li­té, mais plu­tôt la preuve que les agents du mar­ché de l’Art ont fait leur bou­lot et qu’ils arrivent à « pla­cer » leurs clients. Quant à la qua­li­té, on sait que dans un domaine comme l’Art, il ne peut y avoir des cri­tères infaillibles et uni­ver­sel­le­ment recon­nus. Pour ce qui est de moi, les seuls agents aux­quels je fais confiance sont mes yeux et mes expé­riences visuelles. Et pour ce qui est de col­lec­tion­ner, je dois évi­dem­ment comp­ter avec le conte­nu de ma bourse, ce qui ne me per­met pas de faire des folies. Je reste donc dans le domaines des des­sins – beau­coup plus abor­dables que la pein­ture – et j’es­saie de trou­ver des débu­tants et des peu connus afin de me consti­tuer une petite col­lec­tion vers laquelle je reviens avec le plai­sir de l’a­ma­teur fier de ses découvertes.

Marcel-René Chassard, Aimée 376 (détail)
Mar­cel-René Chas­sard, Aimée 376 (détail)

Quant au des­sin dont je m’ap­prête depuis un cer­tain temps à vous par­ler, je l’ai trou­vé sur Ebay, offert par un mar­chand d’art alle­mand. Quand je fais de telles décou­vertes, j’ai l’ha­bi­tude de lan­cer un moteur de recherche afin de me docu­men­ter. Et cette fois-ci, ce ne sont pas les résul­tats qui ont man­qué à l’ap­pel après avoir ren­sei­gné « Chas­sard ». Par contre, quand j’ai sui­vi les liens et les gale­ries ras­sem­blées par les vaillants algo­rithmes, j’ai failli reve­nir sur ma déci­sion. Par­mi les pein­tures qui s’af­fi­chaient, il y avait de véri­tables croûtes qui seraient dépla­cées dans les ves­ti­bules d’une mai­son close[3]Et c’est un Alle­mand qui vous l’as­sure, quel­qu’un donc qui peut aller voir ce qu’il en est dans les dites mai­sons…. Et quand on tombe sur Pahu­ra la Poly­né­sienne, on se demande si ce ne serait pas là une insulte à Gau­guin et à sa vahi­né Tehu­ra, icône de l’His­toire de l’Art ?

« Vahinés » polynésiennes, vues à cent ans de distance par Paul Gauguin (à gauche) et Marcel René Chassard.
« Vahi­nés » poly­né­siennes, vues à cent ans de dis­tance par Paul Gau­guin (à gauche) et Mar­cel René Chassard.

Quoi qu’il en soit, une fois les yeux près de refu­ser tout ser­vice futur, je me suis ren­du compte de ce qu’il y avait autre chose aus­si par­mi l’a­va­lanche des résul­tats : des des­sins ou plu­tôt des cro­quis d’une sobrié­té à se poser des ques­tions quant à la per­ti­nence des résul­tats de recherche : Aimée 376, Étude pour Danaé 75 ou encore la mer­veilleuse Colette 378.

Marcel-René Chassard, Colette 378
Mar­cel-René Chas­sard, Colette 378
Marcel-René Chassard, Aimée 376 (détail)
Mar­cel-René Chas­sard, Aimée 376 (détail)

Une remar­quable sobrié­té – sur­tout par rap­port aux Huiles – un usage magis­tral de la lumière qui se concentre autour des zones éro­gènes et sur­tout de la toi­son sombre, un éro­tisme remar­quable qui se dégage de la pose désin­volte, des seins lourds et des cuisses légè­re­ment ouvertes.

C’est après avoir vu ces beau­tés que je n’ai pu résis­ter et que j’ai aus­si­tôt contac­té le mar­chand d’art en ques­tion. Comme ma bourse n’est pas assez bien gar­nie pour me per­mettre toutes sortes de folies, j’ai dû mar­chan­der et j’ai sur­tout dû opter pour une seule des beau­tés offertes. Mon dévo­lu est fina­le­ment tom­bé sur Aimée 376 (ou Études pour Aimée), une grande feuille où sont ras­sem­blés plu­sieurs cro­quis – ou « études » – d’un modèle dans des posi­tions assez diverses – debout, assis, cou­ché. Je n’ai mal­heu­reu­se­ment qu’une pho­to­gra­phie de très mau­vaise qua­li­té à vous pro­po­ser pour avoir au moins une idée de l’en­semble. Mais j’es­père pou­voir étayer la bonne impres­sion que j’ai eu de l’ar­tiste en ques­tion après avoir lon­gue­ment contem­plé le/s dessin/s, et je rajoute quelques détails que j’ai pu rendre assez fidè­le­ment grâce à ma camé­ra numé­rique (par contre, les cou­leurs, c’est plu­tôt moyen, comme vous allez le consta­ter en regar­dant les trois photos).

Fina­le­ment, pour per­mettre à mes lec­teurs de se faire une idée à pro­pos de l’en­semble, voi­ci le fichier obte­nu à tra­vers le site du mar­chand d’art sur Ebay. Vous êtes pré­ve­nus, la qua­li­té est vrai­ment médiocre.

Marcel Renée Chassard, Aimée 376 (Études pour Aimée)
Mar­cel Renée Chas­sard, Aimée 376 (Études pour Aimée)

Mar­cel-René Chas­sard four­nit l’exemple par­fait de ce que les « petites formes » – des­sins, études, cro­quis – sou­vent dédai­gnées par rap­port à la « grande sœur » pein­ture, relé­guées dans les cabi­nets des musées où quelques rares ama­teurs les contemplent sur ren­dez-vous – sont un moyen d’ex­pres­sion où la sobrié­té et l’exé­cu­tion rapide font sou­vent bon ménage, abou­tis­sant à une œuvre qui n’a rien à envier aux autres pro­duc­tions artis­tiques. Et par­fois même les dépassent car­ré­ment, sans doute quand l’ar­tiste a vou­lu en faire trop, ne sachant s’ar­rê­ter avant de som­brer dans le too much.

Vous aurez com­pris, chères lec­trices, chers lec­teurs que mes paroles et mes juge­ments n’en­gagent que moi, et que je parle de l’Art et des artistes en tant qu’a­ma­teur. Il faut aus­si rajou­ter que je ne dis­pose pas d’une vue d’en­semble de l’œuvre de Mar­cel-René Chas­sard, mes opi­nions étant donc basées sur ce qui peut se trou­ver sur la toile, notam­ment dans les cata­logues d’en­chères. J’es­père quand même que j’ai su tra­duire mon amour pour ces petits riens sur les­quels on tombe à l’im­pro­viste et qui dégagent un charme tout à fait extra­or­di­naire. Comme ces mer­veilleuses Études.

Réfé­rences

Réfé­rences
1 « Rui­ner l’art une image après l’autre ! »
2 Popeye Wong est un artiste dont je n’ai pas encore eu l’oc­ca­sion de par­ler, ce qui est au moins en par­tie cau­sé par les grosses lacunes dans notre cor­res­pon­dance très inter­mit­tente, mais je suis sûr que cela viendra !
3 Et c’est un Alle­mand qui vous l’as­sure, quel­qu’un donc qui peut aller voir ce qu’il en est dans les dites maisons…
Dessin d'une femme nue debout, vue de profil. Elle tient un gode dans la main droite qu'elle est en train de s'introduire dans le vagin.
Dessin réalisé par Sammk95