À pro­pos d’un tableau de John William Wate­rhouse – Le mar­tyre de Sainte Eulalie

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C’est en fai­sant des recherches pour l’ar­ticle pré­cé­dent – celui à pro­pos du décro­chage d’un tableau de John William Wate­rhouse, Hylas et les nymphes, drôle d’acte de cen­sure dégui­sé en per­for­mance artis­tique et orches­tré par quelques col­la­bo­ra­teurs de la Man­ches­ter Art Gal­le­ry – que je suis tom­bé sur un drôle de bon­homme, un dénom­mé Wal­de­mar Januszc­zak, cri­tique d’art qui, à l’oc­ca­sion d’une rétros­pec­tive consa­crée à Wate­rhouse en 2009 par la Royal Aca­de­my, s’est déchaî­né avec une vio­lence inouïe contre le peintre de l’é­poque Vic­to­rienne, le trai­tant au pas­sage de « secret por­no­gra­pher » [1]C’est sans doute à cause de son arti­cu­let de 2009 qu’il a plu­sieurs fois été cité en tant que témoin à charge dans le contexte du décro­chage d’Hylas et les nymphes.. Par­mi les tableaux expo­sés, il y en a un en par­ti­cu­lier qui a eu le mal­heur de déclen­cher l’ire du cri­tique, Le mar­tyre de Sainte Eula­lie, un tableau qu’il décrit dans ces termes :

« Eula­lia was a 12-year-old Spa­nish girl who refu­sed to wor­ship the Roman gods, so the Romans exe­cu­ted her in AD304. A mil­len­nium and a half later, Wate­rhouse pain­ted her lying dead in the snow, in front of what looks like the Bri­tish Museum, with her tunic slip­ped down to her waist to reveal her bud­ding breasts. Her pose is the pose of someone who has been cru­ci­fied. » [2]« Eula­lie était une jeune Espa­gnole de douze ans qui a refu­sé de sacri­fier aux dieux romains. C’est pour cela que les Romains l’ont exé­cu­tée en 304. 15 siècles plus tard, Wate­rhouse l’a peinte … Conti­nue rea­ding

Avant de pas­ser, dans le para­graphe sui­vant, un juge­ment sans appel :

« How is it pos­sible for anyone, anyw­here, at any time, not to reco­gnise this as a ludi­crous por­trayal on eve­ry front ? For­cing ero­tic nudi­ty onto a 12-year-old girl is cree­py. Dres­sing up these lusts as a reli­gious pas­sion is momen­tous­ly hypo­cri­ti­cal. » [3]« Com­ment est-ce qu’on peut igno­rer, qui que l’on soit, où que l’on soit, à quel période que ce soit, que ceci est une repré­sen­ta­tion fri­vole sous tous les côtés ? For­cer de la nudi­té éro­tique … Conti­nue rea­ding

Et ben… Des siècles d’exal­ta­tion mys­tique, rien que des pous­sières empor­tées par le râle d’un bri­tan­nique ? Toutes ces « fian­cées du Christ », rien que des hys­té­riques ? Il me semble au contraire que la « pas­sion reli­gieuse » sert très sou­vent à subli­mer le désir sexuel, et qui­conque a vu une seule fois les pou­pées fabri­quées par des reli­gieuses dans un simu­lacre aus­si cruel qu’é­pous­tou­flant de la mater­ni­té, aura du mal à nier tout rap­port entre l’ex­tase reli­gieuse et sexuelle. Mais ce n’est ici qu’une parenthèse…

John William Waterhouse, Martyre de Sainte-Eulalie
John William Wate­rhouse, Mar­tyre de Sainte-Eulalie

La des­crip­tion que Januszc­zak donne du tableau en ques­tion et de la pose de la jeune fille n’est certes pas fausse, un regard suf­fit pour s’en convaincre. Mais ce que le cri­tique ignore (ou feint d’i­gno­rer ou encore omet de don­ner), ce sont les détails du mar­tyre de la jeune sainte qui expliquent dans une large mesure les choix ico­no­gra­phiques du peintre – et de ces pré­dé­ces­seurs, Wate­rhouse étant loin d’être le seul à s’être sai­si du sujet.

Qui fut donc cette Eula­lie, à l’o­ri­gine de l’é­norme coup de gueule venu d’outre-Manche diri­gé contre un peintre qu’on a pu appe­ler, en fla­grante contra­dic­tion avec les idées défen­dues par M. Januszc­zak, le pré­ra­phaé­lite moderne (c’est le titre de l’ex­po­si­tion que la Royal Aca­de­my, le Gro­nin­ger Museum, et le Mon­treal Museum of Fine Arts lui ont consa­crée en 2009 et 2010) ? Tout d’a­bord, il faut savoir qu’il y a une cer­taine confu­sion à pro­pos du per­son­nage his­to­rique, vu qu’il n’y a pas une, mais bien deux Eula­lie, celle de Méri­da et celle dite de Bar­ce­lone. Cer­tains pensent que ce sont deux per­sonnes dif­fé­rentes, d’autres pré­ten­dant que c’est une seule et même per­sonne. La fidé­li­té des sources étant ce qu’elle est, cha­cun choi­si­ra au gré de ses convic­tions. Tou­jours est-il que, selon la ver­sion fran­çaise de la Wiki­pé­dia, « Eula­lie de Bar­ce­lone et Eula­lie de Méri­da sont sou­vent confon­dues parce que leurs vies sont presque iden­tiques. » Quoi qu’il en soit, leurs mar­tyres ne se déroulent pas tout à fait de la même façon, même s’il y a des élé­ments par­ta­gés, comme la neige recou­vrant les cadavres. Il serait fati­gant d’é­nu­mé­rer ici tous les sup­plices ima­gi­nés par les tor­tion­naires (ou les chro­ni­queurs), qu’il suf­fise d’in­di­quer que la pre­mière est morte sur une croix de Saint-André (cf. plus bas le retable de Ber­nat Mar­to­rell) et que la deuxième a été suf­fo­quée par la fumée des fers chauf­fés à rouge plon­gés dans ses plaies. Par­mi les traits com­muns aux deux récits, il y a d’un côté la colombe blanche que des témoins auraient vu sor­tir de sa bouche – en guise de der­nier souffle – à l’ins­tant de la mort, et de l’autre, un trait impor­tant pour com­prendre la toile de Wate­rhouse, la neige aurait com­men­cé à tom­ber pour ense­ve­lir la jeune fille sous un lin­ceul à la blan­cheur imma­cu­lée. C’est cet ins­tant qu’a cap­té l’ar­tiste bri­tan­nique, et il se dégage des minus­cules flo­cons qui tombent sur le cadavre d’une exquise beau­té un charme auquel il est dif­fi­cile de se soustraire.

À lire :
Balthus, #MeToo et la censure tentatrice
Bernat Martorell, Martyre de Sainte-Eulalie
Ber­nat Mar­to­rell, Mar­tyre de Sainte-Eulalie

Les élé­ments du tableau com­po­sé par Wate­rhouse s’ex­pliquent donc : La pré­sence des colombes sym­bo­li­sant l’âme de la jeune fille, la neige qui peu à peu recouvre la scène, le gar­dien veillant sur le cadavre (à l’ins­tar de ceux ayant gar­dé le corps du Christ – avec le suc­cès que l’on connaît), et jus­qu’à la pose – sou­li­gnée par Januszc­zak – d’une per­sonne cru­ci­fiée. Le cri­tique ayant d’ailleurs expres­sé­ment nom­mé une par­tie de l’a­na­to­mie d’Eu­la­lie, à savoir ses seins nais­sants (« bud­ding breasts »), on aime­rait lui rap­pe­ler que ces seins jouent un rôle dans le mar­tyre attri­bué à la sainte Eula­lie dite de Bar­ce­lone qui, jetée dans les flammes, en aurait eu les seins brû­lés : « Lue­go fue pues­ta de pie sobre un bra­se­ro ardien­do y le fue­ron que­ma­dos los pechos » [4]« Puis elle a été pla­cée sur un bra­se­ro ardent et ses seins furent brû­lés », Eula­lia de Bar­ce­lone. Il faut croire que c’est ce détail si expli­ci­te­ment men­tion­né qui a inci­té les peintres à repré­sen­ter la jeune fille en topless, même si la décence (ou une cer­taine idée de beau­té vir­gi­nale retrou­vée au seuil du para­dis) les a conduits à peindre un corps imma­cu­lé, les traces du mar­tyre supprimées.

J’ai­me­rais reve­nir aux reproches adres­sés par M. Januszc­zyk à J.W. Wate­rhouse, en par­ti­cu­lier celui d’a­voir abu­sé d’une fille de douze ans en lui « infli­geant » une pose de nu éro­tique (« For­cing ero­tic nudi­ty onto a 12-year-old girl ») et celui de dégui­ser le désir (« lust ») en pas­sion reli­gieuse (« reli­gious pas­sion »). Tout d’a­bord, quant à l’âge d’Eu­la­lie, les sources ne sont pas una­nimes, la gamme variant entre douze et quinze ans, notre cri­tique ayant bien sûr opté pour le bas de l’é­chelle, dans un sou­ci de scan­da­li­ser le bour­geois au maxi­mum – hon­ni soit qui mal y pense. Ensuite, je vou­drais vous pro­po­ser d’é­lar­gir le champ de bataille : si Eula­lie a ins­pi­ré bien des peintres comme Mar­to­rell ou Wate­rhouse, elle n’est pas pas­sée inaper­çue des poètes. Et la mar­tyre étant d’o­ri­gine ibé­rique, on ne sau­rait s’é­ton­ner de ce qu’un des plus grands poètes espa­gnols, García Lor­ca, se soit ser­vi de son des­tin pour l’in­clure dans son Roman­ce­ro gita­no, un recueil de poèmes qui passe pour une de ses œuvres principales.

Dans le poème consa­cré au sort de la « blanche Eula­lie », il y a abon­dance de sym­boles sexuels, de la longue queue (« lar­ga cola ») du che­val en pas­sant par les fentes de l’aube (« grie­tas del alba »), la nudi­té de Flore (« Flo­ra des­nu­da »), les deux seins d’Eulalie (« los senos de Olal­la ») et son sexe qui tremble comme un oiseau dans les ronces (« « Su sexo tiem­bla enre­da­do / como un pája­ro en las zar­zas. ») jus­qu’à la nudi­té de char­bon (« Su des­nu­do de carbón ») d” « Eula­lie morte dans l’arbre » (« Olal­la muer­ta en el árbol »). Lor­ca s’est très clai­re­ment ins­pi­ré des deux récits confon­dus des mar­tyres de Méri­da et de Bar­ce­lone, et il a su en tirer des effets superbes. Je vous invite à le relire en entier, avant que quel­qu’un ne vienne dénon­cer l’au­teur d’a­voir abu­sé d’une jeune fille en la mon­trant dans sa nudi­té « car­bo­ni­sée » et en met­tant en avant le désir qui se mêle à la mort dans une danse macabre aus­si ancienne que banale. Et pour­quoi les auteurs ne seraient-ils pas dans le col­li­ma­teur des cen­seurs ? Sous pré­texte qu’ils ne montrent rien, qu’il faut tra­duire leurs paroles en images, et que l’obs­cé­ni­té char­riée par les vers se joue prin­ci­pa­le­ment dans les têtes ? N’ayez peur, les pro­cu­reurs ont tou­jours su y voir clair, et les textes inter­dits sont légion.

John William Wate­rhouse n’est peut-être pas le meilleur ou le plus pro­fond des artistes et on peut bien sûr se deman­der si ses toiles ne devaient pas céder à d’autres leurs places sur les cimaises, mais le fait que cer­tains de ses tableaux puissent tou­jours déran­ger, jus­qu’à faire perdre conte­nance au « cri­tique d’Art le plus dis­tin­gué de Grande Bre­tagne » [5]« Wal­de­mar Januszc­zak is Britain’s most dis­tin­gui­shed art cri­tic. », pre­mière phrase de sa bio­gra­phie. « Quel culot ! », me direz-vous, il faut pour­tant concé­der que l’au­teur ne se prend pas très au … Conti­nue rea­ding, cela laisse augu­rer d’un ave­nir assu­ré pour ce peintre mort il y a presque exac­te­ment un siècle.

Annexe

Je vous pré­sente ici le poème de García Lor­ca dans une ver­sion bilingue :

PANORAMA DE MÉRIDA

Por la calle brin­ca y corre
cabal­lo de lar­ga cola,
mien­tras jue­gan o dor­mi­tan
vie­jos sol­da­dos de Roma.
Medio monte de Miner­vas
abre sus bra­zos sin hojas.
Agua en vilo redo­ra­ba
las aris­tas de las rocas.
Noche de tor­sos yacentes
y estrel­las de nariz rota
aguar­da grie­tas del alba
para der­rum­barse toda.
De cuan­do en cuan­do sona­ban
blas­fe­mias de cres­ta roja.
Al gemir, la san­ta niña
quie­bra el cris­tal de las copas.
La rue­da afi­la cuchil­los
y gar­fios de agu­da com­ba.
Bra­ma el toro de los yunques,
y Méri­da se coro­na
de nar­dos casi des­pier­tos
y tal­los de zarzamora.

À lire :
Les Vacances, ou "Resistance is futile"

II

EL MARTIRIO

Flo­ra des­nu­da se sube
por esca­le­rillas de agua.
El Cón­sul pide ban­de­ja
para los senos de Olal­la.
Un chor­ro de venas verdes
le bro­ta de la gar­gan­ta.
Su sexo tiem­bla enre­da­do
como un pája­ro en las zar­zas.
Por el sue­lo, ya sin nor­ma,
brin­can sus manos cor­ta­das
que aún pue­den cru­zarse en tenue
ora­ción deca­pi­ta­da.
Por los rojos agu­je­ros
donde sus pechos esta­ban
se ven cie­los dimi­nu­tos
y arroyos de leche blan­ca.
Mil arbo­lil­los de sangre
le cubren toda la espal­da
y opo­nen húme­dos tron­cos
al bis­turí de las lla­mas.
Cen­tu­riones ama­rillos
de carne gris, des­ve­la­da,
lle­gan al cie­lo sonan­do
sus arma­du­ras de pla­ta.
Y mien­tras vibra confu­sa
pasión de crines y espa­das,
el Cón­sul por­ta en ban­de­ja
senos ahu­ma­dos de Olalla.

III

INFIERNO Y GLORIA

Nieve ondu­la­da repo­sa.
Olal­la pende del árbol.
Su des­nu­do de carbón
tiz­na los aires hela­dos.
Noche tirante reluce.
Olal­la muer­ta en el árbol.
Tin­te­ros de las ciu­dades
vuel­can la tin­ta des­pa­cio.
Negros mani­quíes de sastre
cubren la nieve del cam­po
en lar­gas filas que gimen
su silen­cio muti­la­do.
Nieve par­ti­da comien­za.
Olal­la blan­ca en el árbol.
Escua­dras de níquel jun­tan
los picos en su costado.

*

Una Cus­to­dia reluce
sobre los cie­los que­ma­dos
entre gar­gan­tas de arroyo
y rui­señores en ramos.
¡Sal­tan vidrios de colores !
Olal­la blan­ca en lo blan­co.
Ángeles y sera­fines
dicen : San­to, San­to, Santo.

PANORAMA DE MERIDA

Dans la rue court et bon­dit
Un che­val à la queue longue
Tan­dis que jouent ou som­meillent
Quelques vieux sol­dats de Rome.
Une futaie de Minerves
Ouvre mille bras sans feuilles.
De l’eau sus­pen­due redore
Les arêtes de rochers.
Une nuit faite de torses,
D’étoiles au nez cas­sé,
Attend les fentes de l’aube
Pour s’écrouler toute entière.
De temps à autre résonnent
Des jurons à crête rouge.
Les sou­pirs de l’enfant sainte
brisent le cris­tal des coupes.
La roue aiguise ses lames
et ses cro­chets sur­ai­gus.
Le tau­reau des forges brame
Et Méri­da se cou­ronne
De nards presque réveillés
et de mûres sur leurs tiges.

II

LE MARTYRE

Voi­ci Flore nue qui monte
De petits esca­liers d’eau.
Le Consul veut un pla­teau
Pour les deux seins d’Eulalie.
De la gorge de la sainte
Sort un jet de veines vertes.
Son sexe tremble, embrouillé
Comme un oiseau dans les ronces
Sur le sol, déjà sans norme,
Sautent ses deux mains cou­pées
Pou­vant encore se .croi­ser
Dans une prière ténue,
Ténue mais déca­pi­tée.
Et par les trous pur­pu­rins
Où naguère étaient ses seins
On voit des ciels tout petits
Et des ruis­seaux de lait blanc.
Mille petits arbres de sang
Opposent leurs troncs humides
Aux mille bis­tou­ris du feu.
De jaunes cen­tu­rions,
Chair grise ayant mal dor­mi,
Vont au ciel entre­cho­quant
Leurs armures en argent.
Pen­dant que vibre confuse
Une pas­sion de cri­nières
Et d’épées longues et courtes
Le Consul sur son pla­teau
Tient les seins fumés d’Eulalie.

III

ENFER ET GLOIRE

La neige ondu­lée repose.
Eula­lie pend à son arbre.
Sa nudi­té de char­bon
Char­bonne les airs gla­cés.
La nuit tendre brille haut.
Eula­lie morte dans l’arbre.
Tous les encriers des villes
Versent l’encre dou­ce­ment.
Noirs man­ne­quins de tailleurs
Vous cou­vrez la neige au loin.
Vos longues files gémissent
Un silence muti­lé.
La neige vient à tom­ber.
Eula­lie blanche dans l’arbre.
Des esca­drons de nickel
Joignent à son flanc leurs lances.

*

On voit luire un osten­soir
Sur un fond de ciels brû­lés
Entre des gorges d’eau douce,
Des bou­quets de ros­si­gnols.
Sau­tez, vitres de cou­leurs !
Eula­lie blanche sur neiges.
Des anges, des séra­phins
Disent : Sainte, sainte, sainte.

Réfé­rences

Réfé­rences
1 C’est sans doute à cause de son arti­cu­let de 2009 qu’il a plu­sieurs fois été cité en tant que témoin à charge dans le contexte du décro­chage d’Hylas et les nymphes.
2 « Eula­lie était une jeune Espa­gnole de douze ans qui a refu­sé de sacri­fier aux dieux romains. C’est pour cela que les Romains l’ont exé­cu­tée en 304. 15 siècles plus tard, Wate­rhouse l’a peinte nue dans la neige, devant un bâti­ment qui res­semble au Bri­tish Museum, sa tunique tirée vers le bas pour révé­ler ses seins nais­sants. Sa pose est celle d’une per­sonne cru­ci­fiée. » Wal­de­mar Januszc­zak, JW Wate­rhouse at the Royal Aca­de­my.
3 « Com­ment est-ce qu’on peut igno­rer, qui que l’on soit, où que l’on soit, à quel période que ce soit, que ceci est une repré­sen­ta­tion fri­vole sous tous les côtés ? For­cer de la nudi­té éro­tique sur une fille de 12 ans, cela fait fris­son­ner. Dégui­ser le stupre en pas­sion reli­gieuse, c’est d’une inef­fable hypo­cri­sie. » loc. cit.
4 « Puis elle a été pla­cée sur un bra­se­ro ardent et ses seins furent brû­lés », Eula­lia de Barcelone
5 « Wal­de­mar Januszc­zak is Britain’s most dis­tin­gui­shed art cri­tic. », pre­mière phrase de sa bio­gra­phie. « Quel culot ! », me direz-vous, il faut pour­tant concé­der que l’au­teur ne se prend pas très au sérieux par la suite…
Dessin d'une femme nue debout, vue de profil. Elle tient un gode dans la main droite qu'elle est en train de s'introduire dans le vagin.
Dessin réalisé par Sammk95

Commentaires

Une réponse à “À pro­pos d’un tableau de John William Wate­rhouse – Le mar­tyre de Sainte Eulalie”

  1. Les cen­seurs de Man­ches­ter, comme ce M. Januszc­zak oublient que les deux tableaux de Wate­rhouse répondent aux canons aca­dé­miques de la repré­sen­ta­tion du nu de l’é­poque où il les a peint. Sujet tiré de l’his­toire ancienne ou de la mytho­lo­gie, corps blancs, pubis caché (ou sans poil), ce qui est, par­fois, pré­texte à pré­sen­ter des œuvres sen­suelles comme la « Nais­sance de Vénus » de Caba­nel à laquelle Zola fait moult reproches… mais pas d’ordre moral. C’est pré­ci­sé­ment là où la chose devient inté­res­sante. Les reproches que les cen­seurs modernes font aux deux tableaux dont on parle (Ste Eula­lie et les Nymphes) sont du même ordre que ceux adres­sés à Manet pour son « Déjeu­ner sur l’herbe » et son « Olym­pia », ils contre­viennent à la morale. A ceci près que Manet, homme du XIX° siècle contre­ve­nait, aux règles en cours au XIX° siècle et fut assas­si­né par les cri­tiques de son temps. Alors que nos cen­seurs de Man­ches­ter et M. Januszc­zak revi­sitent les œuvres du XIX° avec les codes du XXI° nés de l’af­faire Wein­stein et des # divers et variés qui ont éclos suite aux révélations .
    Nous avons donc à faire en l’es­pèce à une relec­ture de l’his­toire de l’art du XIX° siècle en fonc­tion des cri­tère de notre époque. Il s’a­git donc bien d’un acte de cen­sure qui signe un retour de la morale d’an­tan où le corps doit être caché, ou du moins, où sa repré­sen­ta­tion doit être codi­fiée et répondre à des cri­tères moraux. Il n’est qu’à voir la chasse aux tétons qui à cours sur Ins­ta­gram, FB et autres réseaux sociaux pour s’en convaincre. Le capi­tal à besoin de clients… et de vertus !

    Dans un monde où la seule valeur qui soit semble être l’argent, le retour de la morale sur le corps cache la reprise en main des esprits et aus­si, la volon­té de mettre un ver­nis ver­tueux sur un monde de plus en plus injuste en met­tant en avant des débats aux thèmes fédé­ra­teurs (qui songe à nier qu’il faut pro­té­ger les enfants des agres­sions sexuelles, qui songe à s’in­sur­ger contre le juste com­bat des femmes pour l’é­ga­li­té ?) qui détournent l’at­ten­tion d’autres sujets cen­traux ; réchauf­fe­ment de la pla­nète, acca­pa­re­ment de la richesse par une mino­ri­té, dis­pa­ri­tion de la démo­cra­tie au pro­fit d’un tota­li­ta­risme d’entreprises…)