Tha­lia Devreaux, Un dimanche d’é­té à la campagne

Le pro­gramme de la sai­son 2025 des Lec­tures esti­vales du San­glier est fice­lé depuis long­temps, et les Lec­tures elles-mêmes ont démar­ré il y a quelques semaines déjà, le 1er juin très pré­ci­sé­ment, le jour du début météo­ro­lo­gique de l’é­té, par un article consa­cré à June Sum­mer, vieille connais­sance lit­té­raire de votre ser­vi­teur. Mais par­fois, même une vieille char­rue comme moi a droit à des sur­prises. Et celle-ci, je la dois à Tha­lia Devreaux, autre com­pa­gnonne lit­té­raire depuis main­te­nant la moi­tié d’une décen­nie déjà.

Comme vous le savez, Tha­lia a déjà été rete­nue pour faire par­tie du pro­gramme lit­té­raire de cette sai­son avec son titre pro­met­teur Chaudes vacances à Cuba. Mais comme je patrouille régu­liè­re­ment la toile afin de four­rer mon groin jusque dans ses der­niers recoins à la recherche de truffes et autres tré­sors à me mettre sous le nez, je viens de tom­ber sur un titre récem­ment publié par cette autrice des plus déli­cieuses dont les textes sans la moindre pudeur débordent de sen­sua­li­té et de mouille. Une autrice que je recom­mande donc sans la moindre rete­nue à mes lec­trices et à mes lec­teurs. Et celle-ci vient donc, à point nom­mé, de me pondre un de ces textes dont elle a le secret et qui entre dans le sujet de mes Lec­tures comme si elle l’a­vait écrit sur com­mande. De taille réduite, plu­tôt une nou­velle ou peut-être un novel­la, Tha­lia y pro­pose un petit épi­sode éro­tique tiré de la vie d’une de ses Coquines. Et ces épi­sodes-là, elle sait les fice­ler de façon à vous empor­ter très loin, jus­qu’au bout de vos fan­tasmes. Et par­fois même au-delà.

En l’oc­cur­rence, il s’agit de Manon, jeune femme que l’au­trice pré­sente de façon à réveiller jus­qu’aux libi­dos les plus endor­mies par la canicule :

Si le désir est pré­sent, [Manon] ne dira jamais non, même dans les situa­tions inat­ten­dues. Et s’il le faut, elle pro­vo­que­ra l’envie de son ou ses amants du moment…1

Vous vous ren­drez compte que Manon a un petit côté plu­tôt inha­bi­tuel quant il s’a­git de ses dési­rs et des objets qui les réveillent : Elle a un faible assez pro­non­cé pour « les vieux » – terme qu’elle assume et qu’elle uti­lise volon­tiers afin de mieux se vau­trer dans ce qui pour­rait pas­ser pour une obses­sion per­verse pour une jeune femme pas encore sor­tie du lycée :

C’est ici [i.e. en vacances] que j’ai eu ma pre­mière rela­tion sexuelle avec un vieux. En termes poli­ti­que­ment cor­rect, je devrais écrire « per­sonne âgée ». Mais je res­sens davan­tage de fris­son en employant le mot péjo­ra­tif.2

Cette pre­mière expé­rience est le sujet de la nou­velle Pre­mière sex­tape avec un vieux, titre qui ne laisse que peu de place au doute à pro­pos du sujet et des pen­chants quelque peu hors du com­mun de la pro­ta­go­niste3.

À lire :
Thalia Devreaux, Chaudes vacances à Cuba

S’il y a donc bien sûr une héroïne dans l’a­ven­ture que je m’ap­prête à vous pré­sen­ter, entrée comme une sorte de bonus dans les Lec­tures du San­glier, le choix de son par­te­naire dans le crime a de quoi sur­prendre les habi­tués de l’u­ni­vers des Coquines. Parce que, l’ob­jet qui lui tra­vaille les méninges – avant de faire un tour par ses entrailles – pen­dant une bonne par­tie de ses vacances chez ses grands-parents, c’est bien une boîte de jouets : un gode, des fla­cons d’huile – et des plugs. Ces objets, Manon les a décou­verts par hasard, pen­dant le séjour heb­do­ma­daire chez des amis de ses grands-parents. Qui ont l’ha­bi­tude d’ac­cueillir leur petite-fille à la cam­pagne pen­dant les vacances. Et si le séjour chez les amis en ques­tion res­semble d’ha­bi­tude au plus pur cal­vaire – ima­gi­nez une ado contrainte de s’oc­cu­per pen­dant que les vieux passent leur temps à jouer, à boire du vin et à attendre le goû­ter – l’am­biance change quand Manon tombe sur la boîte sus-men­tion­née qui ren­ferme, outre les objets déjà énu­mé­rés, des pers­pec­tives d’é­va­sion en intro­dui­sant un peu de varié­té pimen­tée dans ses occu­pa­tions du dimanche. Et le moyen de s’ar­ra­cher à la mono­to­nie des après-midis à la cam­pagne en lais­sant tour­ner ses réflexions à lon­gueur de jour­née et pen­dant une semaine entière autour de la ten­ta­tion, cris­tal­li­sée par une sorte de fruits défen­dus – en latex.

Je me rends compte à l’ar­ri­vée du week-end que je suis plus atti­rée par des jouets que par une véri­table rela­tion sexuelle. En fait, c’est sur­tout l’en­vie de les uti­li­ser chez nos hôtes du dimanche qui m’é­mous­tille. Ce serait trans­gres­ser une nou­velle ligne de conduite dans les choses qui ne se font pas. J’aime pour­tant m’af­fran­chir de toutes ces règles morales. Tant que le plai­sir pro­cu­ré est pré­sent, ça me suffit.

Ce para­graphe, c’est comme l’es­sence même de Manon, une ado qui, mal­gré son jeune âge, à déjà goû­té à toutes sortes de plai­sirs « inso­lites », des plaisrs que les autres filles de son âge auraient ten­dance à igno­rer voire à reje­ter très loin. Comme par exemple les gali­pettes avec « les vieux ». Vous devi­nez donc, chères lec­trices, chers lec­teurs, quels plai­sirs la plume de Tha­lia Devreaux peut vous pro­cu­rer quand celle-ci se met aux ser­vices des délires d’une Manon. Ima­gi­nez l’u­ni­vers débor­dant « de sen­sua­li­té et de mouille » (cf. supra) de l’au­trice éle­vé au car­ré par les fan­tasmes débor­dants d’une jeune femme qui cherche à trans­gres­ser « toutes ces règles morales ».

À lire :
Jean Arec, Manon au Cap : Initiations

Quoi vous dire d’autre ? La ten­ta­tion, la volon­té de trans­gres­ser, la cha­leur d’un après-midi d’é­té, la peau lui­sante de sueur, le corps aux ori­fices béants ren­dus acces­sibles à toutes les péné­tra­tions par l’huile ver­sée en abon­dance… Est-ce qu’il faut vous faire un dessin ?

Je suis sûr que vous goû­te­rez à ces fruits défen­dus avec un plai­sir au moins égal au mien. Et vous consta­te­rez, comme moi et comme Manon, que la ten­ta­tion se terre par­fois dans les endroits les plus impro­bables et dans les moments les plus inat­ten­dus. Ce qui la rend d’au­tant plus irré­sis­tible. Les sou­ve­nirs en seront d’au­tant plus viru­lents, capables de nous tenir com­pa­gnie pen­dant très longtemps.

Avant de ter­mi­ner, j’ai une de ces envies d’in­ter­pel­ler l’au­trice afin de lui faire com­prendre qu’il faut se dépê­cher afin de nous racon­ter la suite de la quête de Manon, une quête de trans­gres­sion où la jeune femme s’en­gage corps et âme pour essayer d’as­sou­vir des fan­tasmes appe­lés pour­tant à sans cesse se renou­ve­ler. Quitte à empor­ter qui­conque les pour­suit dans un mael­ström de délices… Mais comme Tha­lia nous laisse entendre, à tra­vers son site inter­net, que « Manon revien­dra pro­chai­ne­ment dans une nou­velle his­toire« 4 et « que 2025 mar­que­ra [peut-être] un tour­nant déci­sif pour [Manon]« 5, il suf­fit sans doute de s’ins­tal­ler confor­ta­ble­ment dans son tran­sat et d’at­tendre de nou­velles révé­la­tions. Parce qu’il y a des lec­teurs qui en redemandent !

Tha­lia Devreaux
Un dimanche d’é­té à la cam­pagne
Auto-édi­tion (Kobo)
ID : 1230008381620

Des objets dispersés saur un drap de lin - un plug anal, un soutien-gorge, un flacon de lubrifiant, des préservatifs. Une main de femme se rapproche des objets par le haut.
  1. Texte tiré de la page consa­crée à Manon sur le site de l’au­trice. ↩︎
  2. Tha­lia Devreaux, Un dimanche d’é­té à la cam­pagne, p. 8 (dans le lec­teur Kobo) ↩︎
  3. J’ai déjà ache­té et dévo­ré ce texte dont je garde un très bon sou­ve­nir. Par contre, et je ne sau­rais vous en don­ner les rai­sons, je ne l’ai pas encore fait ren­trer dans les colonnes de la Bauge. Oubli dont je me veux et qui en même temps me donne un pré­texte pour dégus­ter à nou­veau ce petit texte. ↩︎
  4. Sur la page consa­crée à Manon, sous l’in­ti­tu­lé « En pro­jet ». ↩︎
  5. Dans l’ar­ticle Quelques nou­velles de mes écrits publié le 18 mai 2025 ↩︎
Dessin d'une femme nue debout, vue de profil. Elle tient un gode dans la main droite qu'elle est en train de s'introduire dans le vagin.
Dessin réalisé par Sammk95